Scènes Prototypiques De Protestations Féministes: La Matérialité Signifiante Du Corps Dans Le Mouvement Du Discours (original) (raw)
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La représentation corporelle dans le discours signé
Lidil, 2019
Dans cet article, nous montrons que l’utilisation de la représentation corporelle est influencée par des facteurs externes et notamment des facteurs discursifs, comme le type de discours et l’intention pragmatique du locuteur. Cette démonstration prend source dans l’analyse de 18 discours narratifs et 18 discours descriptifs, produits en langue de signes québécoise (LSQ) par trois groupes de signeurs sourds : des signeurs natifs de la langue des signes québécoise (LSQ-L1), des signeurs non natifs de la LSQ ayant la langue des signes américaine comme L1 (LSQ-L2), et des signeurs natifs de la langue des signes américaine (ASL-L1). Nous décrivons l’utilisation de la représentation corporelle dans le discours LSQ, en regard de trois caractéristiques propres à ce phénomène (forme de la représentation corporelle, type de marqueurs, fonction discursive), et de facteurs de variation propres au contexte (types de discours, langue de production et langue du signeur). Les résultats suggèrent que la variable langue de production n’a pas d’incidence sur l’utilisation des structures de représentation corporelle (forme et type de marqueur) et que la variation dans la présence de structures de représentation corporelle dans le discours, est plutôt explicable par la motivation pragmatique. En effet, une analyse croisée des variables fonction discursive et type de discours montre que la représentation corporelle est davantage utilisée pour l’adhésion dans les discours narratifs et pour la distanciation dans les discours descriptifs.
Esquisse n° 11 - Représentations du corps féminin - Les femmes en noir
Etienne Copeaux [Article initialement publié sur susam-sokak.fr, le blog d'Etienne Copeaux, le 2 avril 2011] A propos de la fête de Newroz-Nevruz , j'évoquais la manière dont les femmes se revêtent de costumes traditionnels aux couleurs du drapeau kurde (vert, rouge et jaune). Ces femmes sont des drapeaux : le port d'un tel vêtement, lorsqu'il est le fait d'un groupe, transforme la fête en manifestation revendicative. Le signe adressé au public est fortement perçu puisque la couverture médiatique en est transformée ; les photographes de presse sont à l'affût de ce genre de message visuel. Il s'agit en fait d'un système de communication, dans lequel un signe émis doit être reconnu en tant que tel par le destinateur, puis traité en tant que tel par le média (photographe, comité de rédaction, metteur en page ou monteur), enfin reconnu comme tel par le destinataire (lecteur du journal, téléspectateur). Une telle sémiologie fonctionne donc, comme tout processus de communication, sur la capacité de reconnaissance du signe, la capacité d'interpréter l'intention du destinateur qui émet le signe, et l'existence d'un savoir partagé (la capacité du lecteur/spectateur d'interpréter le signe, sa mise en scène par le destinateur puis par le média).
Circulation ordinaire des discours sexistes et sens symbolique
La question de la case « Mademoiselle » sur les formulaires administratifs a été à nouveau posée en 2011. Pourquoi ? Deux camps s'opposent : ceux pour qui la dimension symbolique et politique est suffisante en soi pour être défendue et ceux qui ne la jugeant que symbolique l'estiment secondaire. Nous traiterons à partir de là la problématique de la nomination, de l'adresse et de leur dimension performative : nommer fait exister (comme). Entre construction sexuée, culturelle et discursive, nous analysons comment se négocie et se modalise en langue et en discours la parole de l'autre, et l'adresse à l'autre. Abstract : The question of "Mademoiselle" in government forms was raised again in 2011. Why? Two camps oppose one another : those for whom the symbolic and political dimension is sufficient in itself to be defended and those who believe the symbolic to be secondary. We argue from there the issue of nomination, address and their performative dimension: to be named means to exist (as). We analyze from there the way we address one another and how it helps building the sexual, cultural and discursive meaning of whom we are.
STÉRÉOTYPES DE GENRE CONCERNANT L'EXPRESSION DES ÉMOTIONS : PENSEZ SUBORDONNÉ - PENSEZ FEMME?
STÉRÉOTYPES DE GENRE CONCERNANT L’EXPRESSION DES ÉMOTIONS : PENSEZ SUBORDONNÉ – PENSEZ FEMME ?, 2020
DE GENRE CONCERNANT L'EXPRESSION DES ÉMOTIONS : PENSEZ SUBORDONNÉ -PENSEZ FEMME ? Résumé : L'objectif de cette étude est d'examiner les stéréotypes concernant l'expression des émotions (SEE) dans le cadre du biais qui avantage les femmes pour des postes subordonnés (think followerthink female ; Braun, Stegmann, Hernandez Bark, Junker, & van Dick, 2017). Nous supposons que les SEE des femmes et des subordonnés sont plus similaires que les SEE des hommes et des subordonnés. L'examen de la similarité entre 17 émotions jugées caractéristiques des subordonnés, des femmes et des hommes ne soutient pas cette hypothèse. Cependant, nous observons que les SEE masculines diffèrent des subordonnés et des femmes pour certaines émotions (fierté et colère) alors que les SEE féminines diffèrent des subordonnés et des hommes pour d'autres émotions (honte, culpabilité). Ces résultats sont discutés en termes de contrecoup et de préjudices pour les femmes qui exprimeraient ces émotions au travail.
Les groupes de parole ou la triple concrétisation de l'utopie féministe
Education et sociétés, 2016
La pensée politique a été longtemps marquée par une dichotomie entre privé et public. Dans les années 1960, les mouvements féministes affirment “le privé est politique” et invitent à penser les questions soulevées dans ces deux sphères comme interdépendantes. En France, au cours des années 1970, la création de groupes de parole favorise le partage entre femmes de leurs vécus personnels et intimes, de leurs expériences de la domination masculine. La raison d’être de ces groupes est triple : permettre aux femmes de prendre la parole sans avoir à se battre avec les hommes ; valoriser leur point de vue subjectif comme source de savoir ; rassembler des expériences vécues isolément et générer des solidarités. Cet article, qui s’appuie sur deux immersions dans le mouvement féministe français (2005-2006 et 2007-2010), est centré sur le partage de vécus en collectif. Il montre d’abord que cette pratique participe à la traduction concrète de l’utopie féministe aux échelles individuelle, collective et sociale. Il souligne ensuite l’affirmation d’un sujet collectif féministe et, au-delà, un renouvellement du langage, passant progressivement du strict entre soi des années 1970 à une publicisation des récits échangés et contribuant à faire évoluer les façons de dire le privé ou l’intime.
Babylonia Journal of Language Education, 2021
Le discours médiatique – étant une source puissante de (dés)information et souvent de manipulation – véhicule des modèles dominants et genrés à travers des stratégies qui incluent tous les niveaux du langage. Ainsi, par l’analyse contrastive de 100 articles de presse en français et en italien, l’étude vise à identifier les procès linguistiques utilisés par les journalistes de la Suisse latine pour représenter les femmes au sein des manifestations féministes. En s’appuyant sur les catégories socio-sémantiques pour la représentation des acteurs sociaux et des actrices sociales, nous voulons également vérifier si les procédés repérés s’inscrivent dans le protest paradigm ou s’ils en génèrent un autre, tout aussi discriminatoire et reposant sur le stéréotype de genre.
Feminisme marron. Du corps doublure au corps propre
Résumé : L’histoire du marronnage nous permet de repenser l’importance d’un féminisme de la libération qui se distingue du simple affranchissement. Les femmes qui marronnaient étaient loin d’être des personnes secondaires dont les expériences se résorberaient derrière celles de l’homme marron. Car même si elles ont été vraisemblablement souvent minoritaires au sein des communautés marronnes, l’importance et la signification de leur rôle sont indéniables et sont même révélatrices du potentiel émancipateur du marronnage, au-delà de la simple fuite hors de la plantation. L’utopie dont le marronnage est porteur pour le féminisme est donc entièrement à élucider et réside dans les stratégies déployées pour fuir le « dédoublement » mortifère des corps dans l’esclavage où les esclaves – a fortiori les femmes – deviennent des corps « doublures » qui endossent le soin et la réparation du corps du maitre et de la maitresse. La réflexion sur cette histoire du marronnage d’un point de vue féministe – et au prisme de la notion de « doublure » – permet ainsi de repenser la revendication « notre corps nous appartient » dans une perspective qui dénoue l’idée d’une appréhension du corps à partir de la notion de propriété individuelle. [Sommaire] Abstract: The history of marooning enables us to rethink the importance of a feminism of liberation different from mere manumission from slavery. The women who were marooning were far from being secondary persons whose experiences could be absorbed behind those of the maroon male. Even if they were probably often a minority in Maroon communities, the importance and significance of their role are undeniable and reveal the emancipatory potential of marronage, beyond the simple escape from the plantation. The translation of the utopia of marronnage to feminism is therefore entirely to be elucidated and lies in the strategies deployed to escape the deadly « splitting » of bodies into slavery, where slaves – especially women – become « lining » bodies who endorse the care and repair of the body of the master and the mistress. The reflection on this history of marronnage from a feminist point of view – and the prism of the notion of « lining » or “double body” – thus enable us to rethink the claim « our body, our property » in a perspective that unties the emancipatory apprehension of the female body from the concept of individual property.
Les femmes contestent. Genre, féminismes et mobilisations collectives
Les mobilisations collectives menées par les femmes - dans le cadre de mouvements de femmes, ou en tant que mouvements féministes contestant la hiérarchie socialement établie entre les sexes - ont fait l'objet d'importantes recherches, principalement dans le monde académique anglophone et surtout américain. Leur apport au champ de la sociologie des mouvements sociaux n'est pas seulement empirique, il offre aussi des clés analytiques pour critiquer et enrichir les concepts de la sociologie des mouvements sociaux. Ce dossier s'attache à en présenter certains aspects encore peu diffusés en France ainsi que les récents travaux menés sur des terrains français ; il croise enfin les apports du riche champs d'analyse anglophone avec les perspectives, développées en France, de la sociologie du militantisme et des études sur le genre. SOMMAIRE Introduction Laure Bereni et Anne Revillard Les femmes contestent Genre, féminismes et mobilisations collectives Laure Bereni et Anne Revillard Un mouvement social paradigmatique ? Ce que le mouvement des femmes fait à la sociologie des mouvements sociaux Bibia Pavard Quand la pratique fait mouvement La méthode Karman dans les mobilisations pour l'avortement libre et gratuit (1972-1975) Alban Jacquemart Du registre humaniste au registre identitaire La recomposition du militantisme féministe masculin dans les années 1970 Marion Charpenel Quand l'événement crée la continuité L'intégration de Sohane Benziane dans les mémoires féministes en France Mary F Katzenstein Quand la contestation se déploie dans les institutions