Se soutenir. Expériences de sororité aux frontières de l'Europe (original) (raw)
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Les frontières de la solidarité dans l'Union européenne
2012
Au moment où l'Union européenne est entrée dans la plus grave crise depuis la Seconde Guerre Mondiale, tous les gouvernements des États membres cherchent à tirer leur épingle du jeu, à agir afin de persuader leurs populations du fait qu'ils s'occupent d'elles et des problèmes majeurs de l'économie. Alors que jamais dans l'histoire humaine sans doute, les interdépendances de toutes sortes n'ont été plus variées et multiples, la solidarité, cependant, est restée à des niveaux bien plus restreints, nationale, régionale, locale, voire familiale. C'est de ce fait-trop souvent oublié-que nous cherchons à rendre compte ici. 1 Le présent texte est une version non définitive. Une première version du présent texte a fait l'objet d'un exposé lors de la conférence organisée par l'Université d'Évry (Centre Pierre Naville) et le réseau RT6 de l'Association française de sociologie, dont le présent auteur est le président. La conférence s'est tenue les 11 et 12 janvier 2011. 2 www.publico.pt, le 29 février 2012.
Passants et Étrangers ; les fondations du compagnonnage en Europe
Villa Europa n° 3, 2012
L’origine des compagnonnages se perd dans les brumes des légendes. En fait, la recherche historique à leur sujet est longtemps restée comme paralysée à cause de l’insuffisance des sources documentaires, soit qu’elles aient disparu au cours des siècles, des guerres et des révolutions, soit que pour diverses raisons (à commencer par le « secret » entourant plus ou moins les rites et traditions compagnonniques) il n’en existerait pas ou peu. Cependant, depuis le milieu des années 1990, diverses découvertes ont montré que les fonds d’archives publiques et privées n’ont pas encore livré toutes leurs richesses. Qui plus est, ces découvertes ont permis de réorienter les recherches et de remettre radicalement en question certaines idées reçues, notamment quant à la vocation première des compagnon -nages, trop schématiquement réduite à un pré-syndicalisme ou, au contraire, à une spiritualité vaguement anti-cléricale à cause de son caractère initiatique et de son symbolisme ésotérique. La réalité est en fait pleine de nuances et elle varie sensiblement selon les métiers, les régions et les époques.
Axe Belgique-Québec-France: aspect de sororité
Anuario de Estudios Filologicos, 1998
Je propose dans ce contexte une réflexion sur trois livres de femmes, provenant chacun d'un des pays francophones, la Belgique, le Canada (c'está-dire le Québec) et la France. Si je pensais, en proposant mon théme de «sororité», pouvoir me concentrer principalement sur deux auteures, en l'occufrence Claire Lejeune et France Théoret, il semblait nécessaire d'intégrer á ce questionnement au moins une théoricienne et philosophe, á savoir Luce Irigaray. Ceci pour la simple raison que j'ai trouvé, malgré les différences «normales», par exemple dans l'écriture de ces femmes, une série de liens qui raménent á un dénominateur possiblement commun leurs formulations distinctes au sujet des rapports entre les femmes comme «sceurs», comme porteuses d'enseignements pour la gent humaine. Ainsi, les «aspects de sororité» m'ont parus extrémement bien développés dans le livre de Claire Lejeune, Le livre de la sceur (L'Hexagone, 1992). La comparaison avec certaines idées féministes telles que développées au Québec s'imposait, puisque cette auteure belge entretient des rapports privilégiés avec les milieux littéraires québécois, trés particuliérement avec France Théoret dont le livre Journal pour mémoire est sorti chez le méme éditeur (L'Hexagone, 1993). Sans que Théoret y engage une vraie discussion avec sa collégue belge, les deux traitent, dans leurs livres respectifs, de la question des rapports entre femmes et hommes, femmes et femmes, des changements qui sont nécessaires pour une meilleure entente, dans le processus de restructuration des relations humaines. Toutes deux insistent par ailleurs sur le róle de la littérature, de la «poésie» comme acte créateur, dans l'identification des thles, de celui de la femme par rapport á elle-méme, en premier lieu: poésie comme création d'un «soi» qui échappe á l'institution sociale traditionnelle.
Frontières et migrations: les Européens au défi de la solidarité
Revue Diplomatique, 2021
Les défis auxquels l’Union européenne, ses institutions et ses États membres doivent actuellement faire face sont nombreux, et sans doute sans précédent dans l’histoire de l’intégration européenne. Trois priorités semblent toutefois faire consensus en ce début d’année 2021: organiser la transition écologique, assurer la relance de l’économie européenne dans le contexte post-crise sanitaire et, enfin, trouver des solutions durables aux difficultés rencontrées par l’Union et les États membres dans les domaines de l’asile et de la migration. De ces trois défis, le dernier apparaît comme étant le plus lourd de menaces pour l’unité européenne. L’enjeu de la gestion des phénomènes migratoires portent en effet en lui le ferment de la division, comme en témoignent les traces laissées par la gestion chaotique de la crise des réfugiés et l’échec de la mise œuvre de l’Agenda européen en matière de migration adopté en 2015. Le partage des responsabilités et l’affirmation d’un principe de solidarité entre États membres sont apparus comme la principale pierre d’achoppement de la politique européenne en matière d’asile, de migration et de gestion des frontières et, au-delà, de l’intégration européenne elle-même. Cinq ans après le début de la crise, la Commission présentait le 23 septembre 2020 un nouveau Pacte européen sur la Migration et l’Asile (NPMA) censé jeter les fondations d’un "nouveau départ" dans le domaine des migrations. Au-delà de ces effets d’annonce, le Pacte proposé est-il à la hauteur de ces ambitions? C’est à cette question que se propose de répondre cette contribution.
Axe Belgique-Quebec-France: Aspects de sororité
Anuario De Estudios Filologicos, 1998
Je propose dans ce contexte une réflexion sur trois livres de femmes, provenant chacun d'un des pays francophones, la Belgique, le Canada (c'está-dire le Québec) et la France. Si je pensais, en proposant mon théme de «sororité», pouvoir me concentrer principalement sur deux auteures, en l'occufrence Claire Lejeune et France Théoret, il semblait nécessaire d'intégrer á ce questionnement au moins une théoricienne et philosophe, á savoir Luce Irigaray. Ceci pour la simple raison que j'ai trouvé, malgré les différences «normales», par exemple dans l'écriture de ces femmes, une série de liens qui raménent á un dénominateur possiblement commun leurs formulations distinctes au sujet des rapports entre les femmes comme «sceurs», comme porteuses d'enseignements pour la gent humaine. Ainsi, les «aspects de sororité» m'ont parus extrémement bien développés dans le livre de Claire Lejeune, Le livre de la sceur (L'Hexagone, 1992). La comparaison avec certaines idées féministes telles que développées au Québec s'imposait, puisque cette auteure belge entretient des rapports privilégiés avec les milieux littéraires québécois, trés particuliérement avec France Théoret dont le livre Journal pour mémoire est sorti chez le méme éditeur (L'Hexagone, 1993). Sans que Théoret y engage une vraie discussion avec sa collégue belge, les deux traitent, dans leurs livres respectifs, de la question des rapports entre femmes et hommes, femmes et femmes, des changements qui sont nécessaires pour une meilleure entente, dans le processus de restructuration des relations humaines. Toutes deux insistent par ailleurs sur le róle de la littérature, de la «poésie» comme acte créateur, dans l'identification des thles, de celui de la femme par rapport á elle-méme, en premier lieu: poésie comme création d'un «soi» qui échappe á l'institution sociale traditionnelle.
"Savoir être étranger": la question des réfugiés dans les Suppliantes d'Eschyle
« Savoir être étranger » : la question des réfugiés dans Les Suppliantes d'Eschyle On a pu lire dans les Suppliantes d'Eschyle une pièce sur les immigrants 1. Je propose d'y voir plutôt une pièce sur les réfugiés, parce que ce terme, qui implique à la fois exil forcé et demande d'asile statutaire dans un autre pays, semble mieux correspondre à la situation de son protagoniste éponyme. L'argument de la pièce est le suivant : les cinquante filles de Danaos fuient l'Égypte sous la conduite de leur père pour échapper au mariage que leurs cinquante cousins, les Egyptiades ou Egyptiens, veulent leur imposer, et viennent demander asile à Pélage, le roi d'Argos. Après des hésitations fondées sur des arguments principalement politiques, Pélage leur accorde le statut de métèques. Ce qui dans la situation des Danaïdes évoque clairement la condition des réfugiés contemporains, c'est la fuite, l'abandon nostalgique du pays aimé, la dangerosité d'un voyage, l'isolement une fois arrivé à destination, un avenir incertain et menaçant, et la conscience du regard parfois négatif porté sur elles. Au point que le choeur des Danaïdes assimile à la mort sa condition présente : « j'entame des chants funèbres bien qu'étant vivante » (θρεοµένη µέλη / ζῶσα 114-115) ; « la mort est là » (ὁπόθι θάνατος ἀπῇ, 124). La pièce n'est pas, toutefois, le simple portrait des réfugiées et de leurs difficultés. Elle n'est pas non plus, ou pas seulement, la transcription poétique des solutions politiques et juridiques qui ont pu être historiquement apportées par diverses cités, notamment Athènes, dans des situations similaires (par exemple en créant le statut de métèque 2). Eschyle, à mon sens, à la façon de certains philosophes contemporains 3 , fait plutôt du réfugié une figure politique centrale, l'enjeu d'une réflexion conceptuelle sur l'altérité, sur le rapport du Même et de l'Autre et les moyens de son inscription dans l'espace de la cité. Que nous en dit-il donc ? Pour le comprendre, il faut partir de cette réplique étonnante qu'il place dans la bouche de Pélage. Au messager des Égyptiades, qui fait violence aux Danaïdes pour tenter de les ramener en Égypte, le roi d'Argos déclare en effet : « Tu ne sais pas être xenos (ξένος µὲν εἶναι πρῶτον οὐκ ἐπίστασαι) » (917). Que veut-il dire par-là ? Quel est ce savoir qu'un xenos – traduisons pour l'instant par « étranger » – devrait posséder pour en être vraiment un ? Pélage prononce cette formule juste après avoir rappelé le messager à sa condition de « barbare » (914). Or l'opposition des Barbares et des Grecs, dans laquelle les premiers figurent l'anti-genos des seconds, leur autre absolu, fut forgée en grande partie par les dramaturges de la première moitié du V e siècle, notamment par Eschyle lui-même dans les Perses 4. Le messager serait xenos en ce qu'il serait totalement étranger, soit barbare. Une telle hypothèse prête cependant le flanc à une objection de taille : Danaos et ses cinquante filles, eux aussi barbares et de même provenance que le messager, reçoivent l'hospitalité de la part des Argiens, et Pélage les évoque pourtant comme des xenoi (xenai 277, xenos 500 ; astoxenoi 356 ; cf. epèludas 401). Une autre interprétation serait alors que ce terme signifie « réfugié » ou « demandeur d'hospitalité » (sens avéré : LSJ A.II). La suite de l'échange entre le roi et le héraut va dans ce sens : tandis que ce dernier reproche au roi de ne pas se montrer « philoxenos » (φιλόξενον, 926) dans ses propos, Pélage lui répond qu'il n'offre pas l'hospitalité (xeneisthai) à ceux qui spolient les dieux (οὐ γὰρ ξενοῦµαι τοὺς θεῶν συλήτορας, 927) – allusion à la tentative d'enlèvement par le messager des Danaïdes placées sous la protection de Zeus. Ce que semble vouloir dire Pélage, c'est donc qu'on ne peut accueillir comme xenoi (soit xeneisthai) que ceux qui savent se conduire en réfugiés, soit ceux qui à la fois sont reconnus comme tels et savent reconnaître l'altérité de ceux qu'ils supplient. En quoi consiste alors cette reconnaissance mutuelle ? Que se passe-t-il quand elle fait défaut ?
Les Etrangers de la Coopération
Revue Projet, 2006
Les migrants sont aussi porteurs de projets dans leur pays d'origine. Comment soutenir cette vitalité associative (les Osim) qui s'exerce sur deux espaces en même temps ?