Discours et légitimation (original) (raw)
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Légitimité, légitimation, normativité
Recherches en Communication
L'usage sociologique des termes «légitimité» et «légitimation» propose une interprétation spécifi que de la normativité inhérente aux comportements communicatifs et à la pragmatique du discours. Comme Bourdieu l'a défendu, l'attribution aux énoncés langagiers d'une performativité propre, d'une force intrinsèque, comme par exemple la force illocutoire, ne peut rendre compte des rapports sociaux sous-jacents aux échanges discursifs 2. La pragmatique du discours, inspirée de Austin, Searle ou encore Brandom 3 , a néanmoins débouché sur une «théorie de l'agir communicationnel» qui se présente à la fois comme une théorie de la société à forte teneur sociologique, et une théorie du langage qui accorde à la logique du discours une certaine autonomie 4. Je défendrai
Les discours de légitimation: identité narrative et violence terroriste
Les Presses de l'Université de Montréal eBooks, 2021
L'origine de ce texte est double, elle prend racine d'abord dans la réflexion du philosophe Paul Ricoeur sur la narrativité du temps humain et, d'autre part, dans l'un des discours de légitimation de la violence politique de Maximilien Robespierre lors de la Révolution française. « Qu'il l'eût recherché ou non, Robespierre était devenu pour toute la France révolutionnaire le vrai chef du gouvernement 1. » À cela s'ajoute une référence complémentaire à un texte du stratège djihadiste d'origine syrienne Mustafa ben Abd al-Qadir Setmariam Nasar (mieux connu sous le nom d'Abou Moussab al-Souri ou Abou Moussab le Syrien), Appel à la résistance islamique mondiale, affiché sur Internet à la fin de l'année 2004, en pleine « guerre contre la terreur » américaine 2. La justification politique de la violence Le but de cette réflexion est modeste et pour tout dire programmatique. Il s'agit d'une tentative de clarification du lien, aussi ténu soit-il, entre la notion
Légitimité et légitimation des marques
Management transversal de la marque - Une exploration au coeur des marques, 2013
Lorsque Fleury Michon a lancé une gamme de jambon de volaille halal sous sa propre marque, le responsable marketing charcuterie de Fleury Michon a expliqué que « Fleury Michon avait toute la légitimité pour se lancer sur ce nouveau segment » (Le quotidien du marché). Toutefois, on peut s’interroger sur la réalité de cette légitimité. En quoi Fleury Michon, marque spécialisée dans la transformation et la commercialisation du porc, est-elle légitime pour commercialiser des produits halal ? D’ailleurs, les nombreux appels au boycott de la marque au sein de la communauté musulmane montrent bien l’importance et la complexité de la question de la légitimité des marques. Même si la légitimité de marque est un concept (encore) peu développé, il est amené à prendre une place centrale dans les réflexions sur la marque car il est complémentaire du concept d’identité de marque. Alors que l’identité de marque permet de définir l’être de la marque, la légitimité de la marque correspond à la capacité de la marque à être et à agir. Si une marque apparaît comme légitime, elle possède alors une autorité naturelle à agir sur les marchés. La légitimité se construit à travers les actions de la marque et les interactions avec les tiers (clients, partenaires, journalistes, salariés, etc.). Par conséquent, la question se déplace d’une question identitaire (« ce qu’est la marque ») à une justification agissante (« les actions de la marque qui justifient que la marque soit définie ainsi »). Il s’agit d’une justification de l’identité de marque à travers les actions et réalisations de la marque. L’attention se déplace donc du résultat (la légitimité) à la légitimation, à savoir le processus de construction de cette légitimité. Une marque peut s’appuyer sur trois systèmes de légitimation : la légitimation rationnelle-légalefondée sur les lois et les règles, la légitimation traditionnelle ancrée sur la tradition et la coutume et la légitimation charismatique basée sur le charisme d’un leader. Ces systèmes de légitimation ne sont pas exclusifs les unes des autres. Les marques peuvent panacher les systèmes de légitimation pour créer un système propre et faire évoluer ce système de légitimation selon l’actualité de la marque où les évolutions de l’identité de la marque.
Genres et enjeux de légitimation
2016
Le troisieme numero de la revue "A l’epreuve" souhaite interroger la complexite de la notion de « genre » sans se limiter aux seuls aspects poetiques de la question : quels sont les traits definitoires d’un genre ? Les modeles generiques elabores par la theorie sont-ils operatoires lorsque nous les confrontons a la diversite foisonnante des produits culturels ? S’il s’agit la de deux questionnements certes incontournables sur la notion, la formulation de la thematique du numero invite egalement a accorder une importance particuliere aux implications ideologiques et axiologiques du geste d’etiquetage generique. Car l’association d’un objet culturel et d’un genre ne vise pas toujours a une fin exclusivement descriptive mais dissimule souvent une intention prescriptive. Classifier revient parfois non simplement a departager mais egalement a etablir une hierarchie entre les « grands » et les « petits » genres. Ainsi comme le rappelait Pierre Bourdieu tout effort de taxinomie n...
Repères Le discours argumentatif exprime une opinion, un jugement qui prend souvent la forme d'éloge ou du blâme, cherche à prouver une idée, à convaincre, à séduire à l'aide d'arguments qui peuvent être illustrés d'exemples. Il explicite quand il expose des thèses claires, fondées sur le raisonnement de la démonstration. Il est implicite quand il essaie de convaincre sur un mode indirect et allusif. 1. Les marques du discours argumentatif a. un vocabulaire abstrait et concret Le discours argumentatif développe des idées, présente des notions au moyen d'un vocabulaire abstrait. Lorsque L'argumentation s'appuie sur des exemples, elle utilise des termes concrets qui ancrent la théorie dans la réalité des faits. Ce double vocabulaire crée des oppositions à valeur argumentative. ▪ Demandez à un crapaud ce que c'est que le beau, le grand beau, le to Kalon. Il vous répondra que c'est sa crapaude avec deux gros yeux ronds sortant de sa petite tête, une gueule large et plate, un ventre jaune, un dos brun Voltaire, Dictionnaire philosophique, « L'idée du beau » ➢ Voltaire montre que l'idée du beau est relative. Pour exposer sa thèse, il s'appuie sur un vocabulaire abstrait (« Le beau, le grand beau ») qui contraste avec un vocabulaire descriptif très concret. b. des champs lexicaux précis L'argumentation s'appuie sur des champs lexicaux bien délimités ainsi que sur un vocabulaire appréciatif ou dépréciatif qui a tendance à enfermer le lecteur dans les vues du locuteur. ▪ Le front le plus pur, le plus blanc, surmontait son visage d'un ovale parfait ; une frange de cils, tellement longs qu'ils frisaient un peu, voilait à demi ses grands yeux bleus. Le duvet de la première jeunesse veloutait ses joues rondes et vermeilles. Eugène Sue, les Mystères de Paris ➢ Le champ lexical de la beauté domine dans ce portrait élogieux. En multipliant les termes appréciatifs, le narrateur cherche à faire partager au lecteur la sympathie que lui inspire son personnage. c. des liens logiques forts Les connecteurs logiques soulignent la pensée et structurent la progression du raisonnement. Ils explicitent la démarche intellectuelle du locuteur en faisant apparaitre des liens de cause à effet, des oppositions, etc.
Appel a communication Discours de legitimation
« Le discours de légitimation : construire la légitimité politique, de l'Antiquité à nos jours » Journée d'études doctorales, Paris I, salle Marc Bloch, 22 octobre 2016 « Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir 1. » Par ces mots, Jean-Jacques Rousseau suggère que le véritable rouage du gouvernement n'est pas tant un ensemble de pouvoirs mesurables que l'acceptation de ses règles et de sa domination de la part de ceux qu'il entend gouverner. La coercition, première raison de la domination, ne saurait être pensée sans le consentement à l'exercice du pouvoir. Or, cette intériorisation du rapport de force est à l'origine de la notion de légitimité. Le plus souvent, la domination durable repose sur le consentement des dominés, lesquels croient en la légitimité du gouvernement. Un certain nombre de travaux récents questionnent à nouveaux frais la notion de légitimité politique, invitant à la retravailler au croisement de l'histoire et de la sociologie 2. La légitimité est définie par Max Weber comme une forme de « crédit » qui consolide l'existence du pouvoir 3. On peut d'emblée distinguer deux formes de légitimité : la légitimité théorique, laquelle découle du droit et du discours d'autorité, et la légitimité pratique, qui provient de la mise en oeuvre de gestes, de routines politiques qui donnent à voir le pouvoir en acte. Pour le judaïsme antique, est légitime le grand prêtre descendu de Saddok 4. Pourtant, les Hasmonéens cumulent la fonction royale et la fonction sacerdotale 5 malgré leur manque de droit juridique ou traditionnel 6. Cela, jusqu'au rejet d'Alexandre Jannée, en 96 av. J.-C. 7 : il faut croire que la dynastie n'a pas réussi à convaincre par son discours.