Les livres de dialogue de Guillaume Apollinaire, un moment dans l’histoire du livre (original) (raw)
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LES COMBATS D’ORPHÉE: la poésie de guerre de Guillaume Apollinaire
RELIEF - REVUE ÉLECTRONIQUE DE LITTÉRATURE FRANÇAISE, 2014
Jusque tard dans le vingtième siècle la poésie de guerre d'Apollinaire a été méconnue par un grand nombre de critiques littéraires français. Après avoir passé en revue les motifs principaux à l'origine de cette attitude hostile, le présent article propose une caractérisation succincte de la poésie du poilu Apollinaire, moyennant une analyse critique d'un poème sévèrement critiqué mais mal lu par les adversaires du poète : « Merveille de la guerre ».
Apollinaire en “marchepied”. Biomythologie de l’écrivain en régime fictionnel
"Cahiers de Littérature française", 2021
Suspendu entre le factuel et le fictionnel, qu’est devenu Apollinaire ? L’article vise à répondre à cette question par l’analyse de trois fictions biographiques contemporaines, 100 ans avant minuit d’Éric Chatillon, Le Tombeau d’Apollinaire de Xavier-Marie Bonnot et À la ligne. Feuillets d’usine de Joseph Ponthus. Il se propose d’identifier la fonction mythopoïétique d’Apollinaire au cœur de ces modèles d’exofiction et d’en découvrir les différents degrés de reconfiguration mytho-biographique.
Apollinaire, quand la poésie inspire la guerre
Lublin Studies in Modern Languages and Literature, 2015
For Apollinaire, poetry inspires war. Calligrammes, written at the very heart of the drama, involves a three-dimensional combat. His I acquires three representations that differ in status, process and the ideal defended. The first I is the empirical soldier fighting on behalf of his country in the real world. The second lyrical I is fictitious in order to fight for convulsive emotions made of dreams and frustrations. The third, creative, I of the poet defends an aesthetic that is necessary, in a pioneering spirit, to crystallize it in modern culture. In short, the creative warrior is transmuted into creating war.
50 ans d’histoire du livre, 2014
le travail accompli, l'ampleur de vue, le courage intellectuel qui ont fait de L'Apparition une rupture avec les travaux érudits qui l'ont précédée, en France, et qui tenaient souvent lieu d'histoire du livre. Grâce à son travail avec Lucien Febvre, à sa force de travail, à son intelligence, à son audace, c'est « une histoire totale du livre » 5 qui est tentée là, une ouverture globalisante, une « diaspora mentale » (Michel Melot) qui décloisonne une discipline pour lui donner une ampleur encore jamais vue et une fertilité sans doute inespérée. Dans leurs entretiens avec Henri-Jean Martin, Jean-Marc Chatelain et Christian Jacob retracent la trajectoire intellectuelle du chercheur pour en souligner les effets de rupture, grâce notamment, disent-ils affectueusement, à « un style de pensée et de langage frappés au coin d'une grande liberté et d'un goût avoué pour une certaine provocation. » 6 On ne reviendra pas ici sur l'approfondissement de ses travaux, vers une histoire plus politique ou culturelle 7 , sur l'enrichissement de la bibliographie matérielle à l'anglo-saxonne grâce à l'étude de la mise en texte 8 ou sur un élargissement quasi cosmique autour des questions de communication abordées dans son dernier ouvrage 9. Sa bibliographie comporte des dizaines d'items 10. Au-delà des travaux du chercheur, on reviendra par contre sur son activité magistrale, je veux dire d'enseignant, de formateur, d'entraîneur, de chef d'équipe. De maître. Sans ces qualités d'entraînement, comment comprendre d'une part l'affection dont ses élèves l'ont entouré ? Comment comprendre, d'autre part, son rôle comme animateur, promoteur, de travaux collectifs ? Suscitant l'intérêt de ses étudiants grâce à sa compétence, son autorité, son humour, il savait aussi provoquer leur adhésion par sa disponibilité, sa générosité, ses coups de gueule, son côté décalé, tellement vivant dans un monde un peu assoupi-nombre de témoignages l'atteste. Les promotions chartistes qui l'ont eu comme professeur ont massivement 5. Frédéric Barbier, dans sa Postface à la réédition de L'Apparition du livre (Albin Michel, 1999), hésite sur la formule : il emploie « histoire sociale (p. 556), « histoire totale » (p. 558) ou « histoire globale » (p. 572). 6. Henri-Jean Martin, Les métamorphoses du livre, op. cit., p. 9. 7. Livre, pouvoirs et société à Paris au xvii e siècle, Genève, Droz, 1969. Histoire et pouvoirs de l'écrit, Paris, Librairie académique Perrin, 1988. 8. La naissance du livre moderne (xiv e-xvii e siècles) : Mise en page et mise en texte du livre français,
Apollinaire aime la guerre ou lecture de l’assertion d’une masculinité nouvelle
Voix Plurielles
Masculinité et guerre ont toujours été liés, et nous allons relever dans les textes d'Apollinaire les signes de l'émergence de cette "masculinité nouvelle", c'est-à-dire l'apparition de valeurs masculines teintées par l'esprit nouveau. Parmi les phénomènes de l'écriture qui laissent transparaître cette masculinité nouvelle, mentionnons les rôles attribués aux sexes, le rite de passage, l'amitié virile et, enfin, l'appropriation des symboles masculins. La lecture que nous proposerons porte essentiellement sur un corpus formé par les poèmes de guerre qu'on trouve presque en totalité dans les recueils Calligrammes et Poèmes à Lou.
Biographie du livre : dialogue sur la genèse
Études littéraires africaines, 2011
Ce dialogue s'est construit sous la forme d'un échange d'emails. Il nous a permis de revenir sur les questionnements qui ont été les nôtres pendant les mois qu'a duré l'élaboration de la version publiée du texte de Serge Amisi. Entre un transcripteur qui envisageait son travail comme un projet d'artiste, et un écrivain au fait à la fois des questions et enjeux de la littérature africaine contemporaine, et du contexte éditorial. * Jean-Christophe Lanquetin-J'ai rencontré Serge Amisi à Kinshasa en juillet 2004 où je travaillais en tant que scénographe pour une création théâtrale. Il sculptait la « ferraille » dans le cadre d'un programme de réinsertion d'anciens enfants-soldats démobilisés organisé par l'Espace Masolo. Nous lui avions demandé de souder une kalachnikov à partir de morceaux de métal récupéré, pour les besoins du spectacle. C'est en voyant qu'il en connaissait par coeur les proportions que j'ai découvert qu'il était un ancien enfant-soldat. Amisi parlait beaucoup de son histoire et nos discussions sur son passé ont été l'un des déclencheurs de l'écriture des récits. Un an après, il avait écrit une première série de cahiers, en lingala, comme d'un trait. La question de les traduire s'est alors posée, mais immédiatement il a paru essentiel que cette traduction respecte le texte originel. Nous avons cherché un traducteur congolais, qui s'est avéré difficile à trouver parce que peu de gens étaient capables de mener un tel travail et surtout parce le texte remémorait aux personnes sollicitées un passé très douloureux et très récent. La solution qui s'est alors imposée a été que ce soit Amisi qui traduise ses récits et que j'en assure une transcription. Ce travail, commencé durant l'été 2006, s'est échelonné sur trois années, durant mes séjours à Kinshasa. Il a eu lieu, discrètement, là où je vivais, car Amisi prenait un risque en écrivant cette histoire et il avait été menacé. Je travaillais sur d'autres projets avec de jeunes artistes visuels. Eux savaient ce que nous faisions et ils nous ont « protégés », une sorte de cordon amical et solidaire, car ils comprenaient l'importance et la nécessité de raconter cette histoire. Malgré le caractère assez inédit pour moi de ce processus, quelques règles de travail se sont vite imposées :