Introduction : Réflexions sur la construction des identités dans des régions frontalières (original) (raw)

Construction des identités en situation migratoire : territoire des hommes, territoire des femmes

Autrepart, 2000

Les mouvements associatifs respectivement impulses par des migrants et des migrantes africains en France font preuve d'un dynamisme exceptionnel. L'A. analyse comment joue, de maniere differenciee selon les appartenances de sexes, la reference a un ou plusieurs territoires dans les processus identitaires a l'oeuvre en situation migratoire. Les hommes et les femmes, originaires de la vallee du fleuve Senegal, creent des associations dont les objectifs sont a la fois contradictoires et complementaires. Pour les hommes, il s'agit de redefinir les cadres d'une citoyennete qui s'actualise sur un espace recomposee : la France et le Mali, de participer aux transformations economiques et politiques en cours dans leur region d'origine, en valorisant au mieux leur mobilite. Les preoccupations des femmes manifestent, quant a elles, une volonte de conquerir le nouvel espace local urbain, espace de residence. Ce faisant, elles construisent conjointement les bases nece...

Identités et territoire : trois réflexions

1993

Identités et territoire une classe sociale transcende les limites géographiques et réunit des individus localisés dans des lieux divers et éloignés. De plus, l'identité et sa reconnaissance se définissent au travers des relations, si bien que, dans une interrelation sociale, les individus sont amenés à assumer une identité spécifique selon l'identité attribuée à l'interlocuteur. Prenons le cas, rapporté par B. Poche, du professeur d'une université bretonne qui réalise une entrevue avec un pêcheur d'un village du littoral breton. Soucieux d'établir une bonne relation le professeur s'adresse au pêcheur en breton. Celui-ci s'empresse de lui répondre en français. Cette situation, selon Poche, peut être interprétée de trois façons. 1) Une première interprétation veut que le pêcheur ait voulu montrer à ce professeur de la ville que lui aussi connaissait le français, ce qui témoignerait d'une réaction d'humiliation. 2) La deuxième interprétation veut que le professeur ait utilisé une langue bretonne universitaire sans rapport avec le langage quotidien du pêcheur, si bien que celui-ci ne s'est pas senti interpellé. 3) La troisième interprétation, privilégiée par Poche, veut que la relation entre ces deux interlocuteurs ait défini une situation où les codes culturels appelaient l'utilisation du français, langue appropriée au rapport des citoyens de la localité avec l'extérieur, alors que le breton serait plutôt réservé aux rapports internes à la localité. Le professeur aurait dérogé à ce code et le pêcheur l'aurait remis à sa place. Les trois interprétations s'insèrent dans autant d'expressions possibles de l'identité et des rapports identitaires. Elles montrent que les faits d'identité et d'appartenance sont complexes et multiformes ce qui oblige à agir avec prudence. Ces faits concernent la culture des peuples et des communautés et, donc, relèvent de l'histoire, forcément contradictoire, des groupes et acteurs qui la construisent. Chaque communauté englobe donc plusieurs identités et plusieurs appartenances. Néanmoins, certaines d'entre elles s'imposent aux autres par des mécanismes divers de type historique, géographique et institutionnel et sont reconnues comme communes à l'ensemble. Souvent mythiques, ces identités et appartenances partagées et unificatrices cimentent les communautés leur donnant des allures de cohérence et de spécificité. Reconnues comme communes elles peuvent agir aussi bien comme des facteurs de rassemblement et de mobilisation collective, si elles sont perçues de façon positive, que comme des facteurs de déstructuration et de dispersion, si leur perception est négative.

Frontières interétatiques et identités collectives

Debarbieux B., « Frontières interétatiques et production des identités collectives», in J. ---F. Staszak (dir.), Frontières en tous genres, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2017, 125---146. Chapitre 6 Frontières interétatiques et production des identités collectives Bernard Debarbieux Les frontières étatiques constituent l'archétype de la notion de frontière. Au point que c'est à elles que l'on pense spontanément quand on mentionne le mot, au point aussi que c'est leur image qui s'impose quand on réfléchit aux discontinuités spatiales en général. Avec les autres frontières dont parle ce livre, elles ont en commun la caractéristique d'accompagner la construction des identités collectives et des formes d'altérité. Leur genèse et leur fonctionnement méritent donc d'être étudiés comme une modalité parmi d'autres du cloisonnement de l'univers social, culturel et politique dans lequel a évolué et évolue encore l'humanité. Toutefois, dans la grande famille des frontières, des limites et des discontinuités, les frontières étatiques présentent quelques spécificités. On peut être tenté de chercher ces spécificités dans les formes matérielles et les dispositifs géographiques (des bornes, des murs, des postes de douane, etc.) auxquels les représentations communes les associent le plus volontiers. Mais si ces marquages et les contraintes qu'ils opposent à la circulation des humains et des biens sont souvent bien réels, et participent des représentations et des expériences que nous avons tous de leur existence, ils ne sont pas universels : la plupart des frontières étatiques ne sont pas marquées de la sorte, ni même perceptibles in situ d'aucune façon. Ces formes matérielles ne sont pas non plus spécifiques des frontières étatiques : des murs marquent aussi des limites de propriété, parfois même séparent des quartiers urbains ; des sas existent aussi dans les bâtiments publics et les centres commerciaux. De fait, la spécificité de ces frontières tient plutôt à leur caractère institutionnel : autrement dit, elles participent de l'institution de certaines entités sociales (l'État, la nation, le territoire, etc.) et sont subjectivement intériorisées par les individus quand ils se pensent dans leur rapport à chacune de ces entités. C'est en cela qu'elles participent d'un imaginaire social de l'espace : elles constituent une modalité nécessaire de la constitution de ces entités, et des sentiments d'appartenance ou de dépendance que les individus éprouvent vis---à---vis d'elles. Pour s'en rendre compte, on présentera successivement la genèse historique du régime de la frontière qui caractérise la naissance des États et des nations dans l'Europe moderne, mais aussi sa banalisation et son Debarbieux B., « Frontières interétatiques et production des identités collectives», in J.---F. Staszak (dir.), Frontières en tous genres, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2017, 125---146. intensification durant la période industrielle, l'acclimatation du régime au contexte colonial et postcolonial, avant de suivre les développements récents des rapports entre frontière étatique et identités collectives au temps de la mondialisation présente.

Recomposition territoriales et identités en situation de confins

2003

Colloque Recompositions territoriales, confronter et innover, Territorial restructurings, comparisons and innovations. Proceedings of the French-South African meeting on territorial innovation. Actes des Rencontres franco-sud-africaines de l'innovation territoriale janvier 2002 Partie II Villes secondaires, confins et métropoles : l'innovation au coeur ou à la périphérie ? Marie-Christine FOURNY (Université Joseph Fourier) : Recomposition territoriales et identités en situation de confins "Rencontres de l'innovation territoriale" 1

Des territoires aux identités

2000

On observe actuellement, à travers le monde, une recrudescence des mobilisations identitaires qui suscitent un intérêt d'autant plus vif que s'affirme parallèlement la difficulté de s'accorder sur le sens de cette recrudescence dans le présent contexte de la mondialisation. Il existe évidemment différentes manières de poser le problème, selon la discipline et l'échelle d'observation privilégiées, selon la notion choisie, aussi, pour entrer dans l'analyse des phénomènes identitaires : ici le territoire, ailleurs plus directement l'espace, ou encore la mémoire, l'histoire… En tant que tel ou dans sa relation à la question identitaire, le territoire a déjà fait l'objet de nombreuses réflexions. Il est possible de distinguer à cet égard deux grands types d'approches, qui correspondent en grande partie à des disciplines ou des groupes de disciplines.

BÂTIR DES TERRITOIRES CULTUELS POUR CONSTRUIRE DES IDENTITÉS

2008

"As a protestant theologian, Olivier Bauer explains how liturgical performances build liturgical spaces and what kind of identities they construct doing so. He feeds his thoughts by his experience of worship on three continents: Europe, Oceania and North America. In his first part, he precisely relates what both liturgists and people are doing during worship – celebrating, looking, moving, hearing, speaking, touching, eating, smelling… – in order to let appear the pattern of the liturgical space these actions create. In his second part, he emphases how the construction of a liturgical space affects the religious identity of those who enter in it, especially in their relation with God, with the Church and with the worship itself. Le théologien protestant Olivier Bauer réfléchit sur la manière dont les actions liturgiques bâtissent des espaces cultuels et sur les identités qu’elles construisent ainsi. Ses réflexions sont nourries par son expérience des cultes sur 3 continents, en Europe, en Océanie et en Amérique du Nord. Dans une première partie, il détaille ce que font les officiants et les célébrants – célébrer, regarder, bouger, écouter, s’exprimer, toucher, manger, sentir… – pour faire apparaître les représentations de l’espace cultuel qu’elles créent. Dans une seconde partie, il met en évidence les conséquences de l’aménagement d’un territoire cultuel sur l’identité religieuse de celles et ceux qui le fréquentent : sur leurs relations à Dieu, à l’Église et au culte lui-même."