L’événementialisation comme co-construction des connaissances : esquisse d’une multi-méthode issue de l’analyse de l’activité et de l’analyse narrative (original) (raw)
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De la complexité du social aux parcours atypiques : l'apport d'une « sociologie événementielle »
Par opposition aux thèses monistes de la stratification sociale pour lesquelles un rapport de pouvoir fondamental 2 serait à l'origine des inégalités économiques et culturelles, une pensée de la complexité (Fassin, 2006) affirme que les différents systèmes hiérarchiques se co-construisent mutuellement et deviennent indissociables dans les pratiques et l'expérience des inégalités (Kergoat, 2001). Dans cette perspective les inégalités de classe et de genre sont à penser conjointement, ce qui induit un changement de perspective dans l'analyse de la mobilité sociale. A une hiérarchie univoque se substitue un système de stratification complexe où les inégalités de classe et de genre interagissent, se conjuguent de manière différenciée en divers points de l'espace social. Le propos est de saisir ici cette dynamique. De quelle manière ces inégalités s'agencent-elles, se potentialisent-elles mais aussi se compensent-elles au cours du parcours de vie d'une cohorte de femmes de milieu populaire ? L'analyse vise à aller au-delà des trajectoires modales, au sens de régularité statistique, sans nier pour autant leur poids, afin de se centrer sur les processus qui mènent pas à pas les unes aux marges du marché du travail, voire à l'inactivité et/ou à la pauvreté, les autres vers un emploi qualifié et, pour certaines, débouchent à terme sur une carrière professionnelle. Pour reprendre la métaphore de Pierre Bourdieu (Bourdieu, 1986), il s'agit de suivre de manière longitudinale les passagers qui sont dans le métro, quelles sont leurs bifurcations, à quel moment ils en descendent, pour quel motif, et leur trajet ultérieur. Certes, les parcours sont contraints par la structure du réseau mais certains en sortent, circulent à pied, font des rencontres, vivent des événements spécifiques, peuvent reprendre le métro à une autre station ou continuer par le biais d'un autre moyen de locomotion avec parfois des parte-naires. L'attention portée aux parcours atypiques, définis comme ceux qui dérogent aux trajectoires modales, pose la question du statut accordé à l'imprévisibilité dans l'analyse sociologique. Faut-il la rejeter à la marge ou au contraire l'intégrer à part * Chercheuse au Groupe de Recherche Innovations et Sociétés (GRIS), chercheuse associée au laboratoire Genre, Travail et Mobilités (GTM), Maître de conférences à l'Université de Rouen. 1 (Sewell, 1996). 2 On pense bien sûr ici à la pensée marxiste pour laquelle le rapport de classe subsume les autres rapports sociaux, mais aussi à certains courants féministes des années 70 qui accordent la préé-minence à la hiérarchie de genre (Lepinard, 2005).
Pratiques langagières de l'« événementialisation » : illustrations dans le discours médiatique
2013
Cette étude s'intéresse aux mécanismes langagiers de l'événementialisation dans le discours médiatique, en s'appuyant sur une démarche analytique (analyse de discours) et une analyse sémantique. En utilisant le terme d' « événementialisation », je me situe d'emblée dans une perspective plutôt constructiviste, qui-sans nier l'existence de faits et choses qui arrivent-voit l'événement comme un produit de toute une série de mécanismes cognitivodiscursifs. L'événement est appréhendé comme ontologiquement non autonome, dans le sens où la mise en discours et l'impact sur l'humain constituent des facteurs nécessaires à la configuration-validation de l'événement 1. On peut opportunément citer ici Ricoeur : dans un contexte d'action, donc d'intérêt, tout ce qui arrive ne fait pas événement, mais seulement ce qui surprend notre attente, ce qui est intéressant, ce qui est important ; par là l'ordre des choses est vu du point de vue de notre préoccupation, de notre souci, donc, sous un horizon
L’événementialité du phénomène selon « Neue Phänomenologie in Frankreich »
2015
Cet article cherche a examiner la these fondamentale de Neue Phanomenologie in Frankreich, selon laquelle la specificite du mouvement phenomenologique recent en France consisterait a decrire le « phenomene phenomenologique » d’une nouvelle maniere et precisement selon son « evenementialite ». A cette fin, il ne suffit pas simplement de reconstruire ou de resumer cette these telle qu’elle est exposee dans l’ouvrage, mais il est egalement necessaire de construire de maniere progressive le concept general d’evenement et celui de « phenomene phenomenologique » concu selon son evenementialite. Cette etude essaie de repondre aux trois questions suivantes : qu’est-ce que la « nouvelle phenomenologie en France » ; qu’entend-t-on couramment par « evenement » ? ; comment cette transformation du concept phenomenologique de phenomene motive-t-elle une reorganisation remarquable de sa methode, a laquelle Janicaud a reproche d’etre un « tournant theologique » ?
La fabrique de l’événement littéraire : l’exemple de La Vie mode d’emploi
Communication & langages, 2009
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Cet article se présente comme une contribution à l’historiographie de la phénoménologie contemporaine. Il s’agit en effet d’analyser les transformations qu’a subies la notion d’« événement » (et ses différents présupposés) pour devenir non seulement un concept proprement phénoménologique, mais également le pivot autour duquel s’est défini un usage contemporain inédit de la phénoménologie, celui de la « phénoménologie française ». De ce point de vue, l’article prend position à l’égard de Neue Phänomenologie in Frankreich, qui retrace le « tournant événementiel » de la phénoménologie française exclusivement dans la métabolisation du concept d’Ereignis de Heidegger ; au contraire, on tente de souligner l’importance d’autres influences – heideggeriennes et non-heideggeriennes. Ainsi, on montre qu’à l’intérieur du champ phénoménologique se mêlent en réalité l’influence de la phénoménologie heideggerienne de l’inapparent, la matrice bergsonienne et les influences structuralistes et post-structuralistes. On analyse ensuite les cas des auteurs de tradition française qui s’intéressent à la phénoménologie et qui exploitent le thème de l’événement (Levinas, Derrida, Marion, Romano). Cela permet finalement de proposer une reconstruction textuelle et une cartographie de l’utilisation de la notion et du thème d’« événement » dans la phénoménologie française contemporaine. The present paper aims at contributing to the historiography of contemporary phenomenology: the main focus being the vicissitudes of the notion of “event” in contemporary French phenomenology. On the one hand, we show how the notion of “event” has to undergo some kind of transformation in order to adapt, and thus play a strategic role in a phenomenological context; on the other hand, I show to what extent phenomenology itself is affected by this introduction of the notion of event. In order to do so, the paper starts off with an analysis of the Neue Phänomenologie in Frankreich, whose claim is that the origin of such phenomenological transformations has its roots back in the assimilation of the Heideggerian concept of Ereignis. The present paper strives to provide an alternative thesis: we advance the claim that, perhaps, what is called “event” in contemporary phenomenology is closer to Geschehen than Ereignis. Moreover, a sharp distinction is made between Heidegger’s ontological project (Sein as no-thing, hence never present) from what we can call the “need” of phenomenology, i.e., the need for a direct access to Sein (which characterizes the “phenomenology of the inapparent”). The latter distinction explains why so many authors reject the Heideggerian ontological implications while still agreeing with his critical perspective on Husserl’s phenomenology, and de facto accepting the “phenomenology of the inapparent”. I also try to take into account other influences in order to understand the French phenomenological way, and its transformations, as a sort of dynamics immanent to the history of French philosophy, rather than as something determined by external factors. In this sense, I take the relation between the Bergsonian, the Structuralist, and Post-Structuralist influences, as well as the French reception of Heidegger’s “phenomenology of the inapparent”, to be a crucial pattern. In conclusion, I try to also offer an analysis of some specific authors, such as E. Levinas, J. Derrida, J.-L. Marion and C. Romano. These investigations lead us to outline a cartography of the different applications of the notion of “event” in contemporary French phenomenology, and its theoretical implications.
Pratiques langagières de l'« événementialisation » : illustrations dans le discours médiatique", E. Ballardini, R. Pederzoli, S. Reboul-Touré, G. Tréguer-Felten (éds.), Les facettes de l'événement : des formes aux signes, mediAzioni 15, http://mediazioni.sitlec.unibo.it, ISSN 1974-4382.
L’enquête sur les savoirs au travail: entre activité narrative et processus dialogiques
Revista da FAEEBA - Educação e Contemporaneidade
L’appréhension, la compréhension et la reconnaissance des savoirs incorporés et tacites qui circulent au sein des collectifs de travail supposent une forme d’enquête bien particulière au sein des approches ethnographiques :l’enquête narrative et dialogique, qui permet d’appréhender, à partir du travail réel, les savoirs au travail. Cette forme d’enquête sollicite l’expression du vécu, en première personne, dans le cadre des récits de pratique ou de la narration biographique, et en seconde personne lors des phases de mise en dialogue au sein des collectifs de recherche-formation. Elle permet d’appréhender le travail à partir de ses dimensions anthropologiques, impliquées et biographiques.
L’écriture journalistique comme organisation de l’expérience
Mon intervention aura pour objectif d’interroger la manière dont l’écriture journalistique contribue à l’organisation de diverses formes d’expériences dont je m’efforcerai de caractériser les moments esthétiques. 1) Je prendrai pour point de départ les résultats des analyses anthropologiques et historiques consacrées à l’écriture. J’en retiendrai principalement que l’écriture a permis la désindexicalisation de la communication, laquelle est au fondement d’une forme de vie sociale, intellectuelle et politique organisée en référence à une saisie factuelle du monde et des événements qui le traversent. 2) Ce rappel servira d’arrière-plan à mon argument central. Je proposerai de considérer qu’á son origine, le travail journalistique a étroitement été associé au développement de l’écriture imprimée. Et qu’il a donc a partie liée avec cette manière de saisir le monde et avec l’institution de la forme de vie collective qui lui est associée. Plus précisément, je suggérerai que le journalisme peut être analysé comme une institution de factualisation, au même titre que la justice et la science. 3) Je conclurai sur une inquiétude qui a progressivement pris forme au cours des mes recherches consacrées au traitement médiatique de controverses politiques. Au cours de ces enquêtes, j’ai vu apparaître des discours journalistiques qui, loin d’enrichir le monde, de renforcer la possibilité de le penser, et de multiplier les prises pour y agir, tendent au contraire à nous renvoyer à la seule expérience de notre impuissance.
Archivistique, histoire et Web sémantique : une approche interdisciplinaire basée sur l’événementiel
Archives, 2017
Le Web sémantique commence à intéresser les chercheurs en sciences historiques au Québec. Son fonctionnement demande par contre une restructuration des méthodologies archivistique et historienne afin d’accroître l’interopérabilité des données produites par chacune de ces disciplines. Les données liées, initiative technique qui sous-tend le Web sémantique, nécessitent l’utilisation de multiples vocabulaires et normes afin de créer des liens entre les contenus dans le but d’inscrire ces derniers dans un nuage de données interrogeable dynamiquement. Ce court article explique succinctement le fonctionnement du Web sémantique dans le but de présenter un modèle ontologique construit autour de la notion d’événement qui s’intituleConceptual Reference Modelélaboré par leComité international pour la documentationde l’International Council of Museums. Cette introduction à une des ontologies susceptibles d’emmagasiner la complexité d’un fait patrimonial, amènera une réflexion autour des compéte...