Les transformations récentes de la chirurgie française. Spécialisation, féminisation, segmentation (original) (raw)
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Les trois crises de la chirurgie française. Le recrutement comme analyseur du changement
Nombre de chirurgiens français considèrent que leur profession est en crise. De l'aveu même des praticiens, les conditions de travail se sont dégradées, tant et si bien que les étudiants en médecine ne seraient plus attirés par la chirurgie, naguère discipline reine. Pour comprendre les crises qui affectent la profession chirurgicale, l'auteur propose de se focaliser sur le recrutement des chirurgiens et sur son contexte d'évolution qui se caractérise par les transformations de la division du travail médical et des conditions d'activité dans les établissements de santé, par les politiques de restriction puis d'augmentation du nombre des praticiens, ainsi que par la recomposition sociale du groupe des internes et la très lente féminisation du corps professionnel. Ceci l'amène à conclure à l'absence d'une crise des vocations et à la coexistence de trois crises : une crise de recrutement, une crise professionnelle liée aux transformations des conditions de travail et une crise symbolique reposant notamment sur le déclassement de la profession sur le plan des choix de spécialités des internes. A bien des égards, la chirurgie française semble détenir moins de pouvoir, d'autonomie et de prestige que par le passé.
Le devenir des femmes en chirurgie
Travail et emploi, 2015
* Les statuts des chirurgiens sont divers : 16 sont salariés à l'hôpital. Parmi eux, on trouve 6 PU-PH (professeurs des universités-praticiens hospitaliers) et 10 PH, dont certains nous ont déclaré exercer une activité en libéral. Les 2 chirurgiens restant sont des libéraux. ** Six des femmes interrogées ont entre 40 et 45 ans ; les cinq autres entre 55 et 63 ans. *** Les internes rencontrés ont entre 25 et 31 ans.
Sciences Sociales et Santé, 2013
Cet article analyse le travail de catégorisation effectué par les chirurgiens plastique sur les clients hommes demandeurs d'opérations esthétiques. Sur la base de 80 entretiens avec des praticiens, nous mettons en évidence une appréciation largement genrée de leur clientèle. Les hommes sont ainsi considérés comme des clients à part, voire relégués au prétexte de l'impossibilité de modifier « naturellement » leur corps ou de pathologie latente. Nous mettons alors en lien les transformations poli-tiques observables dans le monde médical — et en particulier l'évolution des modèles de relation médecin-client — et l'hétérogénéité des discours de ces praticiens sur la demande de chirurgie esthétique.
La beauté médicalisée : une nouvelle aliénation féminine ?
Si l'on pense à la santé, on entend souvent le discours : « bonne mine, bonne santé ». Dans le sens commun, l'imaginaire de la santé se construit de manière importante sur l'apparence. Alors qu'une « bonne » apparence répond à des critères esthétiques de beauté en vigueur dans une société. Ces critères subissent des modifications avec le temps. En sociologie, de nombreuses études démontrent que malgré les changements des critères, les enjeux liés à la beauté persistent, notamment en ce qui concerne la position sociale. Mais le lien entre santé et beauté, que nous allons nous intéresser ici, comporte également d'autres enjeux sociaux non négligeables qui ne sont pas fréquemment mises en relation lors des recherches.
Représentations du corps, médicalisation et lien social : l’exemple de la chirurgie esthétique
Lien social et Politiques, 2008
Résumé Nous assistons aujourd’hui à une augmentation sans précédent du recours à la médicalisation de conditions principalement sociales. Au coeur de ces transformations sociales contemporaines, la médicalisation du corps objet soulève des questions importantes en ce qui concerne les modalités de contrôle social. Transformant ce corps « mou » et modifiable, la chirurgie esthétique s’inscrit dans cette modalité de contrôle et de gestion des corps, non seulement sur le plan physique, mais également sur le plan social. Physique, car elle permet effectivement de modifier les organes extérieurs visibles (visage, seins, jambes, nez, etc.), mais également le corps social, dans la mesure où elle propose un modèle social des corps dépassant ceux hérités des parents, voire l’ordre des choses.
Cet article vise à identifier quelques-uns des écueils analytiques qui surgissent lors de recherches sur les pratiques et aspirations en matière d'articulation des temps de vie au sein d'un groupe professionnel particulier, celui des médecins. Caractérisée par de très longues durées du travail, la profession médicale offre également une grande « souveraineté temporelle ». Si l'éthos de la profession médicale a longtemps été fondé sur un principe de « disponibilité permanente », plusieurs facteurs participent à une remise en question de ce socle historique des identités professionnelles, surtout chez les jeunes générations de médecins des deux sexes. Toutefois, ce changement ne s'exprime pas toujours dans les mêmes registres : en situation d'entretien, les femmes évoquent plus spontanément des aspirations « d'équilibre » des temps professionnels et familiaux, alors que les hommes revendiquent la recherche d'un « équilibre » individuel, par le truchement de loisirs personnels. Reste à savoir dans quelle mesure ces différences discursives renvoient effectivement à des pratiques sexuées spécifiques ou traduisent plutôt un mécanisme d'ajustement des récits aux injonctions normatives qui continuent de peser sur l'acceptabilité sociale des pratiques (et aspirations) masculines et féminines en matière d'articulation des temps de vie.