Un modèle théorique original de réception de la musique hip-hop (original) (raw)

Appréhender l'oeuvre musicale par ses réceptions ordinaires : propositions méthodologiques et étude de cas

Recherche en Éducation Musicale (REEM), 2020

Cet article aborde une approche de l’œuvre musicale fondée sur l’étude des représentations de son public. Cette réception n’est pas envisagée comme l’appréciation variable d’une œuvre dont la physionomie serait immuable, mais comme une interprétation collective qui participe à la construction de l’œuvre en tant qu’objet culturel. Bien qu’une telle approche ait été peu développée dans un contexte musical, ses fondements ont déjà été largement établis, au sein des cultural studies et de la sociologie de l’art. Y fait défaut, en revanche, une réelle prise en compte des caractéristiques de l’œuvre, une dimension qui peut être utilement éclairée avec le concours de compétences musicologiques. Après un bref état de la recherche, sont esquissés les fondements d’une sociologie des représentations appliquée à l’œuvre, directement inspirés des travaux de Jean- Pierre Esquenazi. Enfin, le propos est illustré par une étude de cas menée selon cette perspective. This article discusses an approach of the musical work based on the study of its audience’s representations. This reception is not considered as the variable evaluation of a work whose features would remain unchanged, but as a collective interpretation which takes part in the construction of the work as a cultural object. Although such an approach has been little developed in a musical context, its foundations have already been widely established, within the fields of cultural studies and sociology of art. However, what is lacking is a real awareness of the tangible features of the work, an aspect that can be worthily enlightened with the help of musicological expertise. After a brief state of research, the basis of a sociology of representations applied to the work are outlined, which are directly inspired from Jean-Pierre Esquenazi’s research works. The point is finally illustrated by a case study consistent with this perspective.

Le hip hop : une expression mineure

Volume!, 2011

Le hip hop : une expression mineure par Christian Béthune Chercheur associé au CIEREC Résumé : Saisissant l'occasion ouverte par Deleuze et Guattari à propos du concept de « littérature mineure », l'article questionne le hip hop à l'aune de la perspective Guattaro-deleuzienne : déterritorialisation linguistique, immédiat politique, énonciation collective, tous les ingrédients d'une expression mineure semblent effectivement à l'oeuvre dans la culture hip hop. Ce qui ne veut bien sûr pas dire qu'il s'agit d'une expression de second ordre, bien au contraire, mais d'une expression radicalement hors des normes établies, qui vient questionner les arts majeurs de façon « révolutionnaire ».

Perspectives esthétiques sur les musiques hip-hop (Presses universitaires de Provence)

Perspectives esthétiques sur les musiques hip-hop (Presses universitaires de Provence), 2020

Les musiques hip-hop, et notamment le rap, ont longtemps été étudiées sans que soit pris en compte leur caractère esthétique. Les approches formelles ont donc été le parent pauvre des recherches académiques francophones sur le sujet. Cet ouvrage collectif, dans la lignée du colloque international « Conçues pour durer. Perspectives francophones sur les musiques hip-hop » (Paris 2017), réunit un réseau international de chercheuses et chercheurs francophones, aux spécialités disciplinaires variées. Il noue également un dialogue avec les acteurs et actrices des musiques hip-hop et les savoirs qu’ils forgent sur ces formes esthétiques depuis leurs origines : l’introduction est écrite par deux universitaires et la conclusion est signée par un rappeur pionnier et pilier du rap français. Le volume aborde des thèmes aussi divers que la critique musicale en France, l’usage du plurilinguisme dans le groupe de rap sénégalais Keur gui, les liens entre Tupac et la pensée de Machiavel, ou l’usage de l’Auto-Tune chez PNL. Il offre un jalon essentiel dans la réflexion sur les méthodes et les problématiques de la recherche universitaire francophone pouvant déployer la richesse esthétique des musiques hip-hop.

La culture hip-hop dans tous ses états

2010

aimerais parler au hip-hop ? Hip-hop : Oui, c'est moi. C'est qui ? SG : Je m'appelle Steve. Je suis aussi enseignant-chercheur. Est-ce que tu as un peu de temps à m'accorder ? HH : Ca dépend… Qu'est-ce que tu veux ? SG : Juste discuter un peu avec toi, te poser quelques questions. Tu es toujours partant ? HH : Ouais, c'est bon. La dernière personne à avoir fait cette démarche, c'est Molefi Asante Jr en 2009, tu le connais ? SG : Oui, c'est un de tes admirateurs, enseignant-chercheur aux États-Unis. Je le connais, il est réalisateur également. Entre autres, je crois que c'est le fils du théoricien de l'afrocentricité, Molefi Asante. À vrai dire, j'ai lu ton entretien avec lui et ça m'a donné envie d'échanger avec toi directement. HH : Mon téléphone crache un peu donc parles bien fort, ok ? SG : Ok. Tu sais, à cause des clips vidéo, beaucoup de gens te voient comme une musique qui promeut la misogynie, la violence et le matérialisme. Si tu devais te présenter, qu'est-ce que tu leur dirais ?

Sonorités du hip-hop. Logiques globales et hexagonales. Introduction

Volume La Revue Des Musiques Populaires, 2004

Après les tags, les graffs, les block parties, la breakdance et le smurf ainsi que l'affirmation du DJ (Dee-Jay) et du MC (Master of Ceremony) au coeur des sound systems, la culture hip-hop s'est cristallisée aux États-Unis au tournant des années 1980, d'abord comme nouveau moyen d'expression de la communauté noire. Musicalement, le hip-hop se structure autour de deux composantes originales. D'abord le rap, technique vocale des MCs, qui se propage sur le funk des radios et des clubs et qui se fait entendre sur les premiers hit-singles du style 1. Ensuite, la citation musicale, la boucle réalisée sur les platines des DJs puis-suivant le tournant électronique en musique du début des années 1980 qui voit le synthétiseur, la boîte à rythme et la technique MIDI se généraliser au détriment des instruments électriques-par le sampleur 2. Cette nouvelle période donne notamment naissance à l'électrofunk 3 , avant que le ralentissement généralisé du tempo dans la musique hip-hop new-school du tournant des années 1990 ne voit le producteur devenir en tant que musicien-technicien le référent musical du hip-hop (Guibert, 2004) ; dans ce nouveau contexte où le sampleur est roi, la platine (élément sonore historique du hip-hop) se « surajoute » soit comme source supplémentaire de citations musicales, soit pour le scratch, technique originale qui permet de réintroduire virtuosité et dextérité du geste dans ce style. Sonorités du hip-hop Logiques globales et hexagonales par Gérôme Guibert et Emmanuel Parent Prés entation 6 Volume ! 2004-2 Gérôme Guibert, Emmanuel Parent Considéré dans un premier temps comme un épiphénomène ou comme une mode éphémère, le hip-hop, dont les compositions sont de plus en plus nombreuses au sein des classements de vente black music 4 à mesure que les années 1980 se déroulent, est bientôt appréhendé comme le moyen d'expression contemporain de la communauté « africaine-américaine 5 » puis dans le monde, comme celui de minorités culturelles. Les recherches sur la culture hip-hop, ses manifestations, ses constituantes, se développent autour de points de vue divers, parfois antagonistes. Ainsi, T. Rose (1994) souligne son ancrage dans le contexte américain de luttes réelles et symboliques entre Blancs et Noirs. P. Gilroy (1993) le réintroduit dans l'histoire singulière d'une culture africaine-américaine qui débute avec le commerce triangulaire et l'esclavage. D. Toop (1984, 1991) pointe quant à lui les aspects originaux de cette nouvelle expression musicale tandis que R. Shusterman (1991) cherche, dans une perspective pragmatiste, à mettre en évidence la pertinence artistique de ses textes et modes opératoires musicaux. Dans le même temps, l'aspect industriel et commercial du rap n'est pas passé sous silence (Potter, 1995). 6. On peut citer la compilation Rapattitude (Label Noire/Virgin, 1989) qui intègre des morceaux de NTM, Assassin ou Dee Nasty. D'autre part, pour une histoire du rap français, on pourra consulter Bocquet & Pierre-Adolphe, 1997.

Repenser la prévention à travers le mouvement hip-hop

Reconsidering prevention through the hip-hop movement Many professionals in the field of behavior disorder prevention explain urban violence and riots and the antiauthoritarian behavior of youth in handicap terms (conduct disorder, psychopathy). The street culture of many of these youth is often seen as nothing more than a risk factor. Relying on Marie Rose Moro’s concept of «!decentering », I examine the importance of hip-hop and rap for the construction of a post-colonial and a post-slavery identity for French-African (North-Africa included) and French-Caribbean youth. Engaging hip-hop culture helps us think in terms of emancipation and creation, and not just prevention. Keywords : Prevention, delinquency, urban milieu, young adult, psychopathy, conduct disorder, culture, racism, rap, hip-hop. Résumé Repenser la prévention à travers le mouvement hip-hop De nombreux spécialistes de la prévention expliquent les violences, les émeutes urbaines et le comportement antiautoritaire des jeunes en termes de handicap (trouble des conduites, psychopathie). La culture de la rue de ces jeunes n’est souvent envisagée que comme un facteur de risque. En m’appuyant sur le concept de «!décentrage!» de Marie Rose Moro, j’examine l’importance du hip-hop et du rap dans la construction d’une identité postcoloniale et post-esclavagiste pour les jeunes d’origine maghrébine, subsaharienne et antillaise en France. L’ouverture sur la culture hip-hop permet de reconsidérer ces questions en termes d’émancipation et de création, et pas seulement en termes de prévention. Mots-clés : Prévention, délinquance, milieu urbain, jeune adulte, psychopathie, trouble du comportement, culture, racisme, rap, hip-hop. Resumen Reconsiderando la prevención à través del movimiento hip-hop Muchos profesionales en el campo de la prevención de trastornos del comportamiento explican la violencia, los disturbios urbanos y el comportamiento antiautoritario de jóvenes en términos de discapacidad (trastorno de conducta, psicopatía). Frecuentemente, la cultura de la calle de muchos de estos jóvenes es vista exclusivamente como un factor de riesgo. Utilizando el concepto de “descentramiento” de Marie Rose Moro, investigo la importancia del hip-hop y del rap en la construcción de una identidad post-colonial y post- esclavista de los jóvenes de origen magrebí, subsahariano y antillano. Tomar la cultura hip-hop seriamente nos ayuda a pensar en términos de emancipación y creación y no solamente de prevención. Palabras claves : prevención, delincuencia, medio urbano, adulto joven, psicopatía, trastornodel comportamiento, cultura, racismo, rap, hip-hop."

Conçues pour durer. Perspectives francophones sur les musiques hip-hop

for the past 40 years, hip-hop music has displayed new aesthetics, based on new musical technology (dJing, sampling,...) and voice innovations (rap, raga, human beatboxing...). often considered as ephemeral, these musical practices and aesthetics have proven to be much more durable and influential. they assisted and contributed to major economic, cultural and linguistic transformations, both on a local and an international level. to quote the title of a famous french rap album, they definitely seem to be “built to last”. the conference “built to last: francophone perspectives on hip hop music” will highlight recent academic works and emerging research on hip-hop music, from french-speaking areas and beyond. it will address a variety of issues regarding hip-hop music today, from its economic, aesthetic and political issues to its institutionalization, heritage recognition and transnational circulations around the world. this conference will not only be an academic event, but also a cultural gathering. it will open a dialogue between artists, professionals and academics about the different types of music linked to hip-hop (turnabilism, beatmaking, r&b, slam) and the political issues raised by this musical movement. argumentaire complet, bibliographie, infos pratiques: http://colloquehh.hypotheses.org

Génération du hip-hop. Danser au défi des assignations

Isabelle Kauffmann, 2007

A partir d'une enquête ethnographique j'ai montré que la pratique de la danse hip-hop constitue un espace d'autonomie où des enfants des quartiers populaires peuvent s'affranchir des assignations assimilationnistes, forme de violence symbolique qu'exercent l'État et la pensée d'État. Le hip-hop présente de fait dès son importation en France des couples d'opposition (visibilité et illisibilité, mass média et groupe d'initiés, population stigmatisée et piédestal esthétique) qui offrent l'image d'une issue à des jeunes gens soumis à la fois à la stigmatisation et à l'injonction à s'intégrer. Les pionniers d'un nouveau genre vont forger un groupement tout en acquérant ses principes et parmi ceux-là, l'émulation agonistique et l'autodidaxie. Il s'ensuit l'institution d'une auto-validation collective par ceux-là mêmes que la conjoncture invalide. Cette socialisation est possible car elle prolonge celle du quartier tout en la dépassant, au-delà de la cité et jusqu'à l âge adulte. Hip-hop Generation. Dancing to Battle against Assignation. A fieldwork among hip-hop dancers led us to demonstrate that when practicing these dances, working class neighbourhood children built an autonomous social space where they could escape the State double bind asking them to assimilate while telling them they were a problem. Hip-hop importation relied on images that linked æsthetic magnificence and stigmatized people, illegible forms and conspicuousness. Thus, it offerred an alternative to assimilation. The pionneers of a new genre constituted a group while learning its principles, among them, self-education and contesting. It gave way to a collective self-validation by youngsters that were said socially disabled. This socialisation continue the one that took place in the neighbourhood, but exceeding it: out of the public housing project and beyond teenage years.

Les enjeux du hip-hop à Québec

Note de l’auteure: Le présent article est basé sur une enquête ethnographique déroulée de la période de juin 2011 à décembre 2012 dans les villes de Québec, Montréal et Ottawa, auprès de 31 participants dont 25 sont des rappeurs et rappeuses. Je présente les rappeurs québécois rencontrés tels Webster, Assassin, Showme, Stratège, Les Sozi, Shoody, GLD et Rico Rich comme des guerriers menant des actions de guérilla (Certeau, 1980) pour tenter de résoudre des problèmes d’ordre politique, ethnique et racial, mais également social et économique. Les rappeurs à l’étude ont fait de ces problèmes leurs champs de bataille, soit dans le cas de cette étude, la lutte pour l’authenticité et la prise de conscience, contre les obstacles économiques, et pour le territoire.