Regionalisation et protection sociale dans l'espagne des autonomies (1978 - 2000) (original) (raw)

La protection sociale dans l’État des Autonomies. L’enjeu de fédéralisation progressive de l’Espagne et le difficile équilibre entre l’autonomie régionale et la solidarité interterritoriale

Lien social et Politiques, 2006

Cet article démontre qu’en Espagne la décentralisation des compétences en matière de santé et de soutien au revenu a constitué un point d’inflexion dans la logique opérationnelle et substantive de l’intervention étatique. Par processus de mimétisme et d’émulation, ces innovations autonomiques se sont répandues à l’ensemble des autres Communautés Autonomes et ont ainsi globalement amélioré l’étendue et l’intensité du filet protecteur espagnol. Cependant, la différenciation des formes de régulation associées à ces programmes reflète des capacités financières inégales dues à des arrangements fiscaux asymétriques et à des disparités économiques régionales importantes. À l’opposé, et en concordance avec la notion de dépendance au sentier, la sécurité sociale, pilier de l’État-providence espagnol, est demeurée centralisée et s’inscrit toujours en grande partie dans la tradition corporatiste héritée de la période franquiste.

Maude Chapados - La protection sociale dans l’État des Autonomies. L’enjeu de fédéralisation progressive de l’Espagne et le difficile équilibre entre l’autonomie régionale et la solidarité interterritoriale

Résumé Cet article démontre qu’en Espagne la décentralisation des compétences en matière de santé et de soutien au revenu a constitué un point d’inflexion dans la logique opérationnelle et substantive de l’intervention étatique. Par processus de mimétisme et d’émulation, ces innovations autonomiques se sont répandues à l’ensemble des autres Communautés Autonomes et ont ainsi globalement amélioré l’étendue et l’intensité du filet protecteur espagnol. Cependant, la différenciation des formes de régulation associées à ces programmes reflète des capacités financières inégales dues à des arrangements fiscaux asymétriques et à des disparités économiques régionales importantes. À l’opposé, et en concordance avec la notion de dépendance au sentier, la sécurité sociale, pilier de l’État-providence espagnol, est demeurée centralisée et s’inscrit toujours en grande partie dans la tradition corporatiste héritée de la période franquiste. Abstract Autonomous regions, federalism, and regional autonomy in Spain. The challenge of balancing social protection, regional autonomy and solidarity across space This article documents that the decentralisation of responsibility for health and income security in Spain was a major adjustment in the operational and substantive logics of state action. By processes of imitation and copying, these two innovations were extended across the Autonomous Communities and thereby generally improved the reach and depth of the Spanish safety net. Variation in the forms of regulation in these programmes, however, reflects the unequal financial capacities resulting from asymmetrical fiscal arrangements and significant regional economic disparities. In contrast, and in conformity to concept of path dependency, in the Spanish welfare state social security remains centralised and follows the corporatist tradition of the Franco years.

L' Andalousie dans l'Espagne des autonomies : du statut de 1981 à celui de 2007

2014

L’emergence du mouvement de revendication identitaire andalou entre la fin du XIXe et le debut du XXe siecle signe l’insucces des liberaux espagnols dans leur tentative de construire un Etat-nation, et confirme leur indifference face a l’ensemble des problemes socioeconomiques qui terrasserent l’Andalousie durant le XIXe siecle. La necessite de la mise a niveau des mesures juridiques entre toutes ses classes sociales et l’amelioration des conditions de vie et de travail du proletariat, soumis a des inegalites de traitement et expose a des discriminations, fit emerger au sein de la petite bourgeoisie un nationalisme alternatif a celui de l'Etat-nation qui, pour les Andalouses et les Andalous, etait une realite lointaine et continuellement hostile. Utilise comme instrument politique dont le but etait de sortir l’Andalousie de son sous-developpement, l’andalousisme fut durement reprime durant les dictatures de PRIMO DE RIVERA et de FRANCO. Mais la violence engendrant la resistance,...

Etat composé » ou décomposé ? La réforme des autonomies espagnoles et ses effets sur la fragmentation territoriale et institutionnelle du pays

2010

La Constitution espagnole de 1978 inscrit l'organisation des institutions dans le cadre d'un partage entre les prérogatives de l'Etat et celles des communautés autonomes. Au cours des trois dernières décennies, le principe fondateur de cet « Etat composé » (Estado compuesto) est devenu réalité. De vastes pans de compétences ont été transférés de l'Etat vers les autonomies et des pouvoirs régionaux « périphériques » ont vu le jour. L'article étudie précisément la dernière phase d'émancipation politique des autonomies mise en oeuvre par le Président Zapatero en 2004 à travers deux objets clés : le renouvellement des statuts qui régissent certaines communautés autonomes, notamment les plus peuplées et les plus prospères dans le pays ; et la négociation relative aux règles de partage des fonds étatiques consacrés aux autonomies (la réforme de ce que l'on nomme là-bas la financiación). Ce processus, éminemment long et conflictuel, et aujourd'hui clos par voie judiciaire. Il a créé un débat politique très clivé, au sein duquel les nouvelles logiques d'organisation politiques et territoriales peuvent être relues au prisme du concept de fragmentation. Mots-clés : communautés autonomes, politique de cohésion, politique territoriale, financement régional, fragmentation. Abstract : The Spanish Constitution of 1978 shares the power between the State and the Autonomous Communities. Over the past three decades, the principle of this "compound state" has become reality. A large amount of social, economical or environmental responsabilities have been transfered to the autonomous communities, which have built strong peripherical powerships. In this general frame, the article analyses the last period (2004-2010) of the commmunitie's political emancipation and hightlights president Zapatero's strategy at two different (and interconnected) levels : from one part, the renewal of the « statutos » (the fundamental law governing autonomous communities) ; from the other part, the choice of criterias ruling the distribution of regional financement. This long and conflictual process gives the opportunity to reconsider the question of the spanish institutional and territorial organization through the concept of fragmentation.

Mineurs qui migrent seuls et systèmes de protection de l’enfance : une approche régionale dans l’État espagnol

La définition de la catégorie sociale de « mineur migrant non accompagné » qualifie un enfant qui migre sans parent ou tuteur légal. Cependant, cette définition peut différer selon les pays en fonction des politiques et législations particulières de chaque État (Chavez et Menjivar, 2010, p. 73). La figure du « mineur étranger isolé » renvoie à une longue chaîne sémantique élaborée progressivement par les différents acteurs sociaux à partir de la fin des années 1990 (Duvivier, 2009, p. 65). La législation internationale prévoit la protection et l’accueil de ces mineurs jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge adulte (Kanics et Senovilla, 2010, p. 22-27). Ce travail de collaboration scientifique s’appuie sur deux recherches menées dans deux régions (communautés autonomes) d’Espagne : l’Aragon et la Galice1. Celles-ci ont été classées comme régions non prioritaires pour les flux d’immigration plus récents enregistrés en Espagne. Au cours de notre travail de recherche sur la migration des mineurs isolés dans l’Aragon, nous avons pu conclure que les communautés autonomes2 ont reçu des directives explicites et implicites dans la politique migratoire espagnole en réponse à l’arrivée de ces jeunes migrants. De façon explicite, on leur demande de protéger ces mineurs tandis que, de façon implicite, on leur fait porter la responsabilité d’empêcher « l’effet d’appel » qui supposerait leur accueil.