Boire et écrire chez Deleuze, Duras, Bukowski et Chinaski : entre création et transgression (original) (raw)

« C’est en écrivant qu’on devient écrevisse ».. Considérations abhumanistes entre Jacques Audiberti et Gilles Deleuze

Le Portique Revue De Philosophie Et De Sciences Humaines, 2009

Pour Philippe Choulet* Vendredi après-midi dans l'univers, dans toutes les directions dedans & dehors […] Sois gentil avec le crabe monstrueux, il n'est qu'un arrangement de ce que tu es toi. Jack Kerouac 1 1 Que l'on pense à la chouette de Minerve, à la mâchoire de serpent qui servit de modèle à Talos, neveu de Dédale, pour inventer la scie, aux souris, aux chiens et au poulpe de Diogène, ou bien aux abeilles d'Aristote ; que l'on pense, plus tardivement, aux « animaux-machines » de Descartes (même sur un autre registre) ou aux araignées de Spinoza, à l'éléphant de Kant et aux vaches noires de Hegel, au butor étoilé de Kierkegaard, à la vache multicolore ou au cheval maltraité chez Nietzsche, à la licorne de Wittgenstein, au chat de Schrödinger, ou encore à l'alouette de Heidegger, etc. La mythologie, la science et la philosophie n'ont jamais cessé, en effet, de se peupler d'animaux qui, s'ils ne passent inaperçus, semblent cependant ne leur tenir lieu que de simples accessoires-animaux subsidiaires ou surnuméraires dont l'utilité intuitive ou la nécessité n'est souvent plus au goût du jour. Bref, ces exemples s'affichent aujourd'hui comme des images d'Épinal ; autrement dit, comme celles d'un bestiaire philosophique, mais où l'on ne sait plus, parfois, qui du philosophe, ou de l'animal, vraiment, fait la bête. 2 Cette richesse zoologique qui se laisse le plus souvent réduire en métaphores, en analogies et en contre-exemples, creuse l'écart entre deux mondes, au travers duquel l'homme impose sa suprématie-jusqu'à se demander qui, de lui ou du serpent, finit par se mordre la queue, qui, de lui ou de l'animal, est réellement le « pauvre en monde » ? Or, « C'est en écrivant qu'on devient écrevisse ».

Ruptures et continuités dans l’écriture a l’université

2009

Dans cet article, nous souhaitons montrer l’interet de traiter les ecrits a l’universite en tant que genres de discours specifies par les disciplines universitaires dans lesquelles les etudiants inscrivent leur cursus. Cette demonstration s’appuie ici sur la confrontation des resultats de deux recherches sur ces ecritures universitaires, menees l’une en France et l’autre aux Etats-Unis. Plus precisement nous nous centrons sur les ruptures qui jalonnent ces processus – telle celle qu’induit le passage de la licence au master – et sur, au contraire, les continuites qui les stabilisent. Il apparait clairement que ces ruptures et ces continuites sont largement soumises aux “contextes disciplinaires” qui specifient ces ecrits, ce qui renforce notre hypothese theorique.

Le goût baroque comme détermination d’un style : Wölfflin, Deleuze

Appareil, 2012

La question de l'invention du goût-si importante pour la philosophie actuelle-exige un éclairage oblique, latéral, pour interroger la manière dont l'art devient un problème pour la philosophie, ce qui n'est pas possible sur le terrain de la philosophie seule. L'invention du goût, la posture de l'évaluation esthétique ne sont nées ni par génération spontanée, ni par nécessité interne : elles ont été préparées par un travail d'évaluation et d'élaboration théorique, sans doute, mais qui a été le fait des praticiens, puis des théoriciens de l'art (connaisseurs, historiens) avant de se proposer à l'attention des philosophes. Il y a donc une genèse historique du champ de l'art, qui comporte une lente constitution, une invention (au sens technique) des « agents », dirait Bourdieu, des acteurs ou des personnages, parmi lesquels les oeuvres ellesmêmes ; ceux qui les produisent, les philosophes qui les commentent ne sont pas les seuls en cause, ou plutôt n'apparaissent comme personnages principaux que dans un champ de réception qui comprend commanditaires et mécènes, mais aussi critiques, connaisseurs et goûteurs qui rendent leur existence possible 1. Il ne s'agit pas pour autant de réduire l'apparition de l'esthétique à une sociologie de la constitution des biens culturels, mais de faire porter la philosophie sur l'individuation des objets d'art 2 , effet d'un procès qu'il faut évaluer pour conceptualiser l'art. L'émergence du problème du goût fonctionnant comme révélateur du statut de l'art pour la philosophie, le cas du baroque est ici exemplaire.