Scepticisme et dialectique des lumières chez le jeune Hegel (original) (raw)

Négativité et logos dialectique chez le jeune Heidegger

Tout au long de sa carrière philosophique, Heidegger s’est livré à une constante explication avec Hegel, qu’il considérait comme son plus vif antagoniste. Dans le cadre de cet article, nous entendons nous rapporter aux origines de leur différend et prendre la mesure des griefs du jeune Heidegger à l’endroit de la dialectique hégélienne. Nous tenterons en un second lieu de démontrer que son opposition frontale camoufle en fait une secrète appropriation, puisque Heidegger aurait préalablement fait sienne l’idée d’un usage productif de la négation en philosophie.

Sur la réappropriation hégélienne du scepticisme dans les oeuvres de Iéna (1801-1807) : le laboratoire de Hegel

2019

This study is an attempt to reconstruct the conceptual genesis of the Hegelian conception of skepticism in his early Jena writings, between 1801 and 1807 when Hegel first started his academic career as a Privatdozent. In the Introduction of the Phenomenology of Spirit, Hegel puts forward a direct correlation between the phenomenological pathway and a certain kind of skepticism. However, the German thinker does not go any further in the description of this link between skepticism and his idealist philosophy, which at first glance does not seem to be selfobvious, especially considering the strong reputation of Hegel as a dogmatic thinker. To better understand the reasons that led Hegel to claim that his philosophy inherits, at least partially, from the skeptical tradition, we consider that the Hegelian use of skepticism must be recontextualized inside the theoretical debates of his first published texts where the term "skepticism" appears for the first time in his work. By examining the intellectual development of the young Hegel, we aim to show that the Hegelian appropriation of skepticism, even if it originates from polemical motivations, is the strongest expression of what the idealist thinker calls "the logic of understanding". In that sense, skepticism is not only of crucial importance for the understanding of Hegel's concept of "negativity", but it also betrays on many regards the sprout of a genuine thought of anxiety or unrest (Unruhe).

Note critique : La dialectique de Hegel

Laval Theologique Et Philosophique, 1970

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La théorie henricienne de l'illumination : un scepticisme médiéval ? (EPHE)

Paul DUCAY, "Commentaire de texte : La théorie henricienne de l'illumination : un scepticisme médiéval ?", Academia, mai 2018, 2018

Commentaire de texte de Henri de Gand, Sur la possibilité de la connaissance humaine, Vrin, collection Translatio, janvier 2014, 254 pages. Textes latins introduits, traduits et annotés par Dominique Demange, à partir du Prologue et des trois questions initiales à la Summa - (Quaestiones ordinariae). Henri de Gand (1220-1293) était-il un philosophe sceptique ? C'est ce dont l'accusait Duns Scot réagissant à son épistémologie de l'illumination divine. Pour Henri de Gand, en effet, l'homme n'a accès à la connaissance des choses qu'à travers leurs modèles intelligibles reçus dans l'intellect agent : c'est l'exemplarisme. Or, le problème est que la connaissance humaine postlapsaire et soumise à la perception sensible, qui est faillible, muable et même trompeuse (délires, rêves, simulations...) : l'homme n'a pas a priori une connaissance explicite de ces modèles innés. Ne pouvant se retrancher du monde sensible pour accéder directement à la connaissance du général, l'homme ne peut donc compter que sur une « illumination divine spéciale » pour savoir s'il a accès, ou non, à des choses véritables, car rien de certain ne peut se fonder sur les sens. C'est surtout par elle qu'il peut passer de l'appréhension de ces choses vraies (vera) à la connaissance de la vérité de ces choses (veritas), c'est-à-dire de leur raison d'être, leur origine et leur fin ontologique (qui résident en Dieu, qui est l'Être). Ainsi, pour le Docteur Solennel, « en aucune circonstance notre connaissance naturelle n'est à ce point claire et distincte qu'elle peut se prévaloir d'une certitude absolue excluant tout doute ou tromperie » (D. Demange) : la théorie henricienne de l'illumination, qui avance la relation de dépendance contingente de l'homme à Dieu, rend donc vulnérable les prétentions dogmatiques du savoir humain.

Le jeune Hegel et la pensée des Lumières.docx

Dans ce qui est son premier écrit significatif, rédigé en 1792-1793, puis publié par Nohl en 1907 sous le titre Fragment de Tübingen, Hegel semble reconnaître que les Lumières et leur critique religieuse ont eu un rôle positif : « L'entendement éclairé », dit les textes, « a produit des fruits magnifiques, comme le Nathan de Lessing », et « il mérite les éloges par lesquels on l'a toujours exalté ». Reste que s'il peut rendre les hommes plus avisés, ou plus intelligents (klüger), l'entendement ne saurait les rendre meilleurs, et qu'en ce sens, il demeure foncièrement étranger à toute sagesse pratique. D'où une critique des Lumières qui va encore s'accentuer, à Francfort, dès lors que Hegel, abandonnant le kantisme de ses premiers textes, en vient à reprocher à Kant d'avoir substitué à la tyrannie extérieure du Dieu de l'Ancien Testament, la tyrannie intérieure que constitue la soumission à l'impératif catégorique. Quel sens attribuer, cependant, à cette distance croissante envers l'Aufklärung ? Faut-il parler de rupture, et dire, comme R. Legros dans son ouvrage Le jeune Hegel et la naissance de la pensée romantique, que Hegel adopte à Francfort une position « romantique » ou « préromantique », proche de celle de Hölderlin, mais dont le fondementune « ontothéologie de la sensibilité spirituelle » inspirée par Jacobi et par Herderest déjà à l'oeuvre dans les textes de Tübingen et de Berne ? Ou faut-il plutôt souligner, comme le fait C. Jamme dans un article intitulé « Tout défaut d'amour est violence. Le jeune Hegel, Hölderlin et la dialectique des Lumières », que la critique de la religion rationnelle, accusée de négliger le coeur, le sentiment et l'imagination, correspond chez Hegel, non à un rejet, mais à une radicalisation de la problématique des Lumières, qui, loin de vouloir leur substituer la mythologie, ne cherche au contraire qu'à les étendre et à les universaliser « par la mythologie et avec son secours » ?

Le scepticisme des Lumières ou la raison sans suffisance: usages et mésusages du "scepticisme mitigé".

Pour et contre le scepticisme. Paris, Honoré Champion, p.123-176, 2015

Le scepticisme des Lumières ou la raison sans suffisance. Usages et mésusages du « scepticisme mitigé ». « I must confess, that there is something in the fate of opinions a little extraordinary. » David Hume 1 . Les travaux sur le rôle joué par la pensée sceptique au dix-huitième siècle se sont développés ces dernières années, prolongeant la révision que Richard H. Popkin fit lui-même de ses premières appréciations concernant cette période. Comme il le reconnaissait lui-même en 1997, les travaux de Giorgio Tonelli, Keith Baker, et d'Ezequiel de Olaso le menèrent à considérer le scepticisme comme un phénomène beaucoup plus prégnant qu'il ne l'avait d'abord envisagé 2 , lui qui avait longtemps tenu David Hume pour le seul véritable sceptique de ce siècle. La série de travaux menée depuis par Olivier Bloch 3 , Antony McKenna 4 , Miguel Benítez 5 ou Gianni Paganini 6 sur la philosophie clandestine et le scepticisme, ainsi que par Sébastien Charles 7 sur l'égotisme et le scepticisme au XVIII e siècle, pour ne citer que ceux-là, montre combien ce scepticisme est polymorphe, et souligne la nécessité pour le chercheur de saisir le cadre historique où il s'exprime pour comprendre la pertinence de ses usages. Si le siècle des Lumières fut le siècle de la critique, de la libération publique de la parole et de la pensée, il reste encore à savoir si ce siècle fut sceptique et en quel sens il le fut 8 . La question des polémiques

Hegel, la Dialectique du Maitre et de l'Esclav (1)

Le 18 novembre 1803, une bataille livrée par les insurgés de Saint-Domingue, fait reculer la plus puissante armée du temps de Hegel, et met fin à la tentative de Napoléon Bonaparte de rétablir l'esclavage sur l'Ile. Cela constitue, pour de nombreux commentateurs, une des prouesses les plus originales de l'histoire universelle, puisqu'il s'agissait d'une « réalisation spectaculaire des esclaves qui, en renversant l'ordre ancien des choses, parvenaient à s'organiser pour [….] se transformer en de vrais hommes, en État-nation lorsqu'on sait, que peu avant la veille du soulèvement, des milliers d'esclaves pouvaient trembler devant un seul blanc » (Claudy Delné, 2013 : 56). Ainsi nombreux sont les auteurs à reconnaitre que « la révolution haïtienne a renforcé les tendances aux insurrections et révoltes d'esclaves au XIXe siècle à travers la Caraïbe et les Amériques en général » (Laënnec Hurbon, 2009 : 65-75). Un grand nombre d'études récentes sont unanimes à soutenir que la révolution haïtienne est un évènement marquant, comme la face qui « sans cesse revient hanter la modernité occidentale » malgré les tentatives de la marginaliser. C'est dans cette ordre d'idées que Tavares et Buck-Morss y voient la principale source historique de la fameuse « figure de la conscience » de Hegel, le creuset et « l'épreuve du feu pour les idéaux des Lumières françaises. Et tout Européen qui faisait partie du public des lecteurs bourgeois le savait » (Susan Buck-Morss, 2009 : 44). Mais Hegel semble chercher, selon Matthieu Renault entre autres, à cacher et à dissimuler ces sources caraïbéennes abolitionnistes, « ne serait-ce que pour mieux annuler philosophiquement les effets potentiellement subversifs de cette réalité pour mieux la supprimer » (Matthieu Renault, 2021 : 21-32).