"Parfums d’écrivains : médiation olfactive de la littérature ou illusion marketing ?", « Marques et patrimoine », Séminaire « Patrimonialitté », Université de Nantes/ Université de Cergy, 15 juin 2022. (original) (raw)

“L’art olfactif contemporain, ses médias et leurs inventions fin-de-siècle”, Sens public, Les inventions littéraires des médias, Thomas Carrier-Lafleur, André Gaudreault, Servanne Monjour et Marcello Vitali Rosati, 2018 [online].

2018

Résumé : Depuis les années 1990, la dimension olfactive de l’art contemporain, souvent tributaire des technologies permettant la production et la diffusion des odeurs, n’a cessé de s’affirmer. Or, en dépit de son inscription manifeste dans l’actualité, l’art olfactif contemporain entre en résonnance avec plusieurs fictions de la période fin-de-siècle, dont les auteurs ont formulé l’idée d’un rapport au parfum qui dépasse son caractère utile ou agréable pour placer l’olfaction au cœur d’une expérience esthétique. Dans À rebours par exemple, Huysmans évoque les expériences menées par un esthète convaincu du potentiel artistique du parfum. Si la diffusion des compositions produites est ici réalisée par des vaporisateurs (dont l’invention date environ de 1825) et par des éventails, d’autres fictions convoquent des techniques imaginaires, voire anticipatives. Elles envisagent alors non seulement la possibilité d’un art olfactif, mais aussi les moyens de sa mise en œuvre. Ainsi, dans L’Ève future, le personnage d’Edison mis en scène par Villiers de L’Isle-Adam présente de façon très détaillée les procédés techniques grâce auxquels son Andréide exhale une odeur caractéristique captée à partir du corps d’une femme bien réelle. L’attention portée à la dimension médiatique de la culture olfactive révèle ainsi l’enracinement de l’art olfactif dans une histoire bien plus ancienne et établit un pont entre deux fins de siècles. Abstract : Depending on technologies of diffusion and production of smells, the olfactory dimension of contemporary art increased in importance since the 1990. Despite its contemporaneity, olfactory art echoes with several fin-de-siècle fictions, where authors have imagined uses of perfume overcoming the categories of the useful or the pleasant, and thought about perfume in terms of aesthetical experience. For instance, in his novel Against The Grain, Huysmans describes the experiments of an aesthete convinced of the artistic potential of perfume. In this case, the olfactory compositions are diffused by spray bottles (invented around 1825) and fans, but some other fictions picture imaginary or anticipative technologies, foreseeing not only an olfactory art but also the way to implement it. Thus, in Villiers de L’Isle-Adam’s The Future Eve, the main character, Edison, details the technical devices allowing Alicia, the android of his creation, to exhale the characteristic smell captured from a real woman. The focus on the mediality of smells stresses how olfactory art is grounded in a much older history, drawing a bridge between two fin-de-siècle.

« Grammaire olfactive : les parfums au pluriel », Littérature, n°185, mars 2017

2017

The mix of perfumes which pervades the warmth of balls and theatres crystallizes the fears of the hygienists and the moralists of the second half of the 19th century as far as crowding and social mix are concerned. The mix of perfumes, which is perceived as unpleasant, even dangerous, generates, however, a poetics of olfactory composition which echoes the harmonies created by perfumers. Then how can perfume be conceived in the plural, both in its uses and in its representations ? Se répandant dans la chaleur des bals et des salles de spectacle, la combinaison de parfums cristallise les craintes des hygiénistes et des moralistes du second XIXe siècle quant à la promiscuité et au mélange social. Jugé désagréable, voire dangereux, le mélange des parfums donne cependant lieu à une poétique de la composition olfactive faisant écho aux harmonies créées par les parfumeurs. Dès lors, comment le parfum se pense-t-il au pluriel, dans ses usages comme dans ses représentations ?

Émilie Flon, Les mises en scène du patrimoine. Savoir, fiction et médiation. coll. “Communication, médiation et construits sociaux”, Hermès science/Lavoisier, 2012

2014

Emilie Flon s’interroge dans son ouvrage sur la mise en scene du patrimoine dans les musees, question importante pour elle, parce que les technologies de mediation (audioguides, graphisme, films, realite augmentee, etc.) permettent de produire aujourd’hui des effets de verite tout autant que des effets de fiction. Du point de vue des maitrises d’ouvrage et parfois des institutions museales elles-memes, les objectifs de frequentation invitent a favoriser la mediation fictionnelle et emotionnel...

« Odeurs, senteurs, parfums ». Ponti/Ponts. Langues, littératures et civilisations des Pays Francophones, 16, 2016, 252 pp.

Review: « Odeurs, senteurs, parfums ». Ponti/Ponts. Langues, littératures et civilisations des Pays Francophones, 16, 2016, 252 pp.

« Les parfums de l’Ancien Régime : Persistance et représentations au XIXe siècle », Le siècle de la légèreté : émergences d’un paradigme du XVIIIe siècle, Marine Ganofsky and Jean-Alexandre Perras (dir.), Oxford, Oxford University Studies on Enlightment, 2019.

La mode de brûler des parfums dans les boudoirs est actuellement de rigueur. C'est complètement revenir au siècle de Louis XV. Nous sommes, en vérité, désespérée pour madame la République, de lui parler de choses qui lui déplaisent fort; mais la mode est tellement distincte de la politique qu'elle conserve toutes ses anciennes privautés. 1 Edifiée en partie par les auteurs du dix-neuvième siècle, la construction historiographique faisant du dix-huitième siècle un siècle léger a considérablement affecté nos conceptions de l'Ancien Régime. Les représentations du dix-huitième siècle qui se sont répandues alors n'ont pas seulement inauguré des répertoires de lieux communs dans lesquels nous puisons encore aujourd'hui, elles ont aussi permis à ces auteurs de définir leur propre époque par opposition au siècle précédent. L'histoire du parfum et de la parfumerie, telle qu'elle a été écrite au dix-neuvième siècle, témoigne de façon privilégiée des modalités de cette construction ainsi que de ses paradoxes. En effet, bien qu'elle réprouve les parfums lourds de l'Ancien Régime et stigmatise la puanteur de la cour de Versailles, l'histoire des parfums du dix-huitième siècle qui se dessine au siècle suivant valorise la tradition aristocratique, nécessaire au succès commercial de cette industrie de luxe, en insistant sur l'héritage des eaux de senteur légères qu'affectionnait Marie-Antoinette. Il s'agira de voir comment, s'appuyant sur une analogie motivée par les effluves 1. La Mode (janvier 1850).

Écrivains fantômes, fantômes d’écrivains : la part cachée de l’héritage littéraire

Réflexion sur la notion de « mineur », et sur certains parcours d’écrivains qui se situent dans un double état d’exclusion : hors de l’histoire littéraire conçue comme succession de prises de position esthétiques et hors de l’histoire littéraire comme production d’un discours sur cette succession. Article publié in C. Zekri, B. Rodriguez (éd.), La notion de « mineur » entre littérature, arts et politique (actes du colloque organisé par l’Institut IMAGER de l’Université Paris-est Créteil du 4 au 6 novembre 2010), Paris, Michel Houdiard, 2013, p. 43-54.

“L’Oeil, le goût, le flair: les compétences sensorielles du collectionneur fin-de-siècle”, Sociétés & Représentations, n°44, 2017.

2017

En faisant du flair un lieu commun associé aux compétences du collectionneur, les auteurs du la fin du XIXe siècle confirment une nouvelle acception du terme, signalée pour la première fois par Littré en 1874, exemplifiée par cette assertion : « Il y a des antiquaires qui ont du flair » L’acception figurée du terme, qui associe l’odorat du chien, la finesse (délicatesse des sens) et l’intuition, fait intervenir dans le domaine des arts et des objets anciens un sens réputé bas, dans sa dimension la plus animale, en lui conférant, paradoxalement, l’allure d’une qualité. Bien que la métaphore lexicalisée du flair ait aujourd’hui perdu de son étrangeté, la nouveauté et l’ampleur de cette intrusion de l’odorat, au XIXe siècle, dans un domaine traditionnellement dominé par la vue et le goût, pose question. Le flair, devenu une expression consacrée pour qualifier les compétences du collectionneur fin de siècle, offre une perspective singulière sur cette figure ainsi que sur la spécificité de son savoir sur les arts et l’histoire, mais il révèle aussi les mutations à l’œuvre dans le modèle sensoriel du XIXe siècle.