Les méthodes d’appréciation du bien-être des animaux d’élevage (original) (raw)

Le bien-être des animaux d'élevage

2021

Depuis le début de la domestication, l'histoire des hommes et celle des animaux sont étroitement liées. Et pour de nombreux auteurs dès l'Antiquité, le fait que les animaux soient doués de sensibilité est une évidence. Au siècle des Lumières, Jean-Jacques Rousseau, dans son Discours sur l'origine et les fondements de l' inégalité entre les hommes en 1755, parlait déjà de l'animal comme d'un être sensible. Pour autant, la reconnaissance de cette sensibilité et la prise en compte du bien-être des animaux sont restées marginales jusqu'au milieu du xx e siècle. Les principes à respecter pour garantir leur bien-être ont été énoncés dans la seconde moitié du xx e siècle en Grande-Bretagne, avec tout d'abord l'ouvrage de Russell et Burch en 1959 sur l'utilisation des animaux à des fins expérimentales (The Principles of Humane Experimental Technique), puis via le rapport Brambell en 1965 sur les animaux d'élevage. En France, c'est la loi de 1976 qui a véritablement édifié la politique de protection animale. Une quarantaine d'années plus tard, la prise en compte du bien-être des animaux, qu'ils soient d'élevage, utilisés pour la recherche, hébergés dans les zoos et les cirques ou de compagnie, est devenue l'une des préoccupations majeures des consommateurs et des citoyens, comme on peut le constater dans les médias, les réglementations, la recherche, l'essor de produits plus respectueux de l'animal, le développement de formations dans les établissements d'enseignement ou à destination des professionnels. Cette demande d'amélioration des conditions de vie des animaux d'élevage et les nouvelles connaissances scientifiques, notamment sur la sensibilité des animaux, imposent une évolution des pratiques à toutes les étapes de la chaîne de production, depuis l'élevage jusqu'à l'abattage, en passant par le transport. Ce changement doit nécessairement advenir dans une approche inclusive, qui n'oppose pas les différents acteurs et qui prenne en compte le bien-être des éleveurs ainsi que la préservation de l'environnement. Il s'agit du concept « un seul bien-être » (one welfare, dérivé du concept one health), caractérisé par une approche globale bénéfique à l'animal, à l'homme et à l'environnement, tous trois étroitement liés. Un point limitant de la mise en oeuvre de ce concept et plus généralement de l'amélioration du bien-être des animaux dans les élevages peut résider dans la compréhension entre les différents acteurs, qui ne mettent pas toujours les mêmes définitions derrière certaines notions. Et ce d'autant plus que, jusqu'à récemment, les notions relatives au bien-être des animaux n'étaient pas ou peu abordées, ni dans les lycées agricoles, ni dans les écoles vétérinaires ou d'ingénieurs agronomes, où c'était essentiellement la zootechnie qui était enseignée. Il n'est pas non plus toujours facile de savoir comment évaluer le bien-être, ni quelles actions peuvent être mises en oeuvre pour l'améliorer… C'est dans cette optique que la formation au bien-être des animaux s'est développée. Pour diffuser ces notions au plus grand nombre, un MOOC sur le bien-être des animaux d'élevage a été conçu en 2018 et une série de trois fascicules en sont tirés. Ce premier fascicule expose des notions théoriques relatives au bien-être des animaux, afin que tous les acteurs-professionnels de l'élevage, membres des associations de protection animale, scientifiques, formateurs… mais aussi citoyens-utilisent un langage commun et partagent les mêmes bases de compréhension. Les fascicules 2 et 3 sont plus centrés sur des actions concrètes. Le deuxième fascicule présente les indicateurs utilisables pour évaluer le bien-être des animaux, les moyens de les mesurer sur le terrain et comment les assembler entre eux pour obtenir une évaluation globale du bien-être. Enfin, le troisième fascicule aborde les voies d'amélioration du bien-être des animaux, par exemple dans leur environnement (physique ou social), leur relation avec l'homme, la gestion des pratiques douloureuses ou encore le transport et l'abattage. Les trois fascicules fourniront au lecteur des connaissances pour comprendre la notion de bien-être animal, son évaluation (dans l'état actuel des connaissances scientifiques) et son amélioration, grâce auxquelles il pourra prendre du recul face à certaines situations. Les principaux exemples donnés dans ces fascicules relèvent des animaux d'élevage (bovins, porcins, volailles…), mais la notion de bien-être ainsi que l'ensemble des principes présentés peuvent être appliqués à n'importe quel animal sous responsabilité humaine, tels les animaux de compagnie ou de sport, de laboratoire, ou encore de zoo ou de cirque. Ces fascicules ont été écrits par une équipe de scientifiques qui travaillent sur le bien-être des animaux depuis de nombreuses années.

Evaluation du bien-être des bovins dans deux systèmes d'élevage

2007

Le travail presente dans cet article est une etude conduite specifiquement sur l'evaluation du bien-etre des vaches laitieres. Il se veut la premiere phase de mise au point d'un outil d'evaluation de certains elements du bien-etre en elevage. Ce travail s'est deroule en deux phases. Au cours de la premiere phase, douze indicateurs ont ete mesures dans dix exploitations laitieres (vaches de race Prim'Holstein), cinq stabulations libres avec aires paillees et cinq etables entravees. Les mesures ont ete repetees deux jours consecutifs sur chaque exploitation, par deux observateurs independants, au pâturage au cours de la periode estivale et en bâtiment au cours de la periode hivernale. La reproductibilite, la repetabilite et la faisabilite des mesures ont ete testees. Au cours de la seconde periode, les indicateurs retenus a l'issue de la premiere phase ont ete mis en place dans soixante-dix exploitations (trente-cinq en stabulations libres avec aires paillees e...

L’évaluation et la gestion du bien-être animal : diversité des approches et des finalités

HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2013

RESUME La règlementation a amélioré la prise en compte du bien-être animal en élevage et à l'abattoir en Europe et de nombreuses initiatives émanant de professionnels ou de la recherche intègrent désormais cette dimension pour répondre aux attentes sociétales croissantes sur le sujet. Cette prise en compte se fait à des degrés variables, au travers d'outils plus ou moins élaborés reflétant l'aspect multidimensionnel du bien-être. Après un rappel des principales familles d'indicateurs utilisés en élevage bovin, deux approches complémentaires pour la gestion du bien-être sont décrites et illustrées par des outils existants : l'audit d'évaluation pour le contrôle et la certification et l'accompagnement à la maitrise des risques. Les possibilités de développement de ces types de démarches dans les filières de production de bovins françaises sont évoquées, notamment au travers de la Charte des Bonnes Pratiques d'Elevage.

Bien-être animal : contexte, définition, évaluation

INRA Productions Animales

L’importance du bien-être des animaux qui vivent sous la dépendance des humains (animaux d’élevage, de compagnie, de zoo, de cirque, d’expérimentation…) s’est affirmée progressivement au cours des 50 dernières années. Dans cette note, le concept de bien-être animal a été replacé dans ses contextes, philosophique, sociétal et juridique, qui influencent sa prise en compte et la signification qui lui est conférée. Une attention particulière a été portée aux bases scientifiques de la notion de bien-être, qui repose sur les caractéristiques psychiques des animaux, êtres sensibles et conscients. Notre définition du concept de bien-être est centrée sur l’état mental de l’individu dans son environnement et se démarque clairement du concept de bientraitance qui fait référence aux actions humaines positives envers les animaux, condition nécessaire au bien-être mais dont le résultat doit s’évaluer au niveau de l’animal. En outre, cette dimension mentale porte l’attention sur le fait qu’une bon...

Évaluation multicritère appliquée au bien-être des animaux en ferme ou à l’abattoir : difficultés et solutions du projet Welfare Quality®

INRAE Productions Animales, 2010

La durabilité des systèmes de production, la qualité environnementale des exploitations, le bien-être des animaux, etc., sont autant de concepts complexes dont l'évaluation doit couvrir de nombreux aspects distincts. Le présent article illustre la thématique de l'évaluation de tels concepts à partir de l'exemple du bien-être animal. Il présente les difficultés rencontrées, à la fois éthiques et techniques, et les solutions trouvées dans le projet européen Welfare Quality ® grâce à un large processus de consultation et à l'apport des méthodologies multicritères.

Les représentations de l’animal et du bien-être animal par les éleveurs français

INRAE Productions Animales

Plusieurs travaux récents ont permis d’appréhender les représentations des éleveurs, vis-à-vis de l’animal et du bien-être animal. Ils mettent en évidence un certain nombre d’éléments communs à tous les éleveurs : la place centrale de l’animal dans la définition du métier, la relation professionnelle aux animaux, le rôle central de l’observation dans le métier d’éleveur… Ils montrent la diversité des représentations de l’élevage, des animaux d’élevage et des pratiques, en fonction du type d’animaux, de l’histoire personnelle des individus et des démarches qualité dans lesquelles ils sont engagés : degré d’affectivité et d’attachement aux animaux, vision éthique de leur métier, perception des besoins des animaux… Les résultats de ces projets ouvrent des perspectives pour la recherche et le développement agricole afin de concevoir des outils pour le conseil, ainsi que des formations de techniciens ou d’éleveurs.

Facteurs déterminants du bien-être des ruminants en élevage

INRAE Productions Animales

L’élevage des ruminants est caractérisé par une diversité importante de conduites et de pratiques ayant un impact sur le bien-être des animaux. En plein air, les animaux peuvent être exposés à des variations climatiques. En bâtiment, la liberté des mouvements et la qualité de l’aire de couchage sont des facteurs déterminants du confort ressenti par l’animal et de son état sanitaire. Une alimentation inadaptée aux besoins physiologiques, peut provoquer des perturbations métaboliques ou des déviations comportementales. Les modifications des groupes sociaux sont également potentiellement néfastes. Par exemple, des remaniements fréquents de la composition d’un groupe conduisent à un stress et une dégradation de l’état sanitaire et des performances zootechniques. Les interventions comme la castration, l’écornage ou la césarienne, semblent avoir un impact d’une durée limitée sur l’animal. Enfin, l’importance de la relation homme – animal sur le bien-être des ruminants semble accrue du fai...

Comprendre la manière dont l’animal perçoit et évalue son environnement pour réduire son stress en abattoir : exemple chez les bovins

Bulletin de l'Académie Vétérinaire de France

L'abattage démarre dès la préparation de l'animal en élevage pour le départ à l'abattoir et s'achève avec la mort de l'animal. C'est une période complexe : au cours des différentes étapes de l'abattage, des sources de stress d'origine physique, émotionnelle, sociale et cognitive interviennent. Alors que celles d'origine physique sont bien connues, les autres le sont moins. Elles ont pourtant un impact significatif sur l'état de stress des bovins. En effet, les perturbations sociales, l'exposition à des événements nouveaux et/ou soudains, les manipulations par l'homme ainsi que l'environnement visuel, sonore et olfactif sont autant de facteurs potentiellement stressants qui s'ajoutent et interagissent avec les contraintes physiques. Un certain nombre de conseils pratiques relatifs aux équipements et à la gestion des bovins permettent de limiter ces sources de stress. Associés à des observations du comportement des animaux au cours des différentes procédures de la période d'abattage, ils peuvent permettre de réduire considérablement le stress des bovins.

Recherche en Éthologie Appliquée Aux Animaux De Ferme: Concilier Bien-Être Animal et Production

Bulletin de l'Académie vétérinaire de France, 2012

Afin d'illustrer le caractère intégratif de l'éthologie, nous rapportons deux approches complémentaires appliquées aux animaux de ferme, l'une répondant à des objectifs de production, l'autre plus fondamentale répondant à une attente en matière de bien-être animal. La première concerne l'éthologie sociale. Les animaux de ferme appartenant tous à des espèces grégaires, leurs comportements individuels sont fortement façonnés par le groupe. L'organisation sociale est basée à la fois sur des relations stables de dominance-subordination qui assurent la résolution de nombreux conflits inhérents à la promiscuité entre les animaux, et sur des relations d'affinité qui assurent la cohésion du groupe et accroissent la tolérance entre les animaux dans les situations de conflit. Une meilleure connaissance des mécanismes régulant les relations sociales permet de proposer des systèmes de conduite d'élevage plus respectueux des besoins sociaux des animaux et de promouvoir des pratiques qui préservent les liens d'affinité garants d'une meilleure adaptation de l'animal aux conditions de vie ultérieures. La seconde approche concerne l'éthologie cognitive. S'il est maintenant admis que les animaux sont des êtres sensibles capables de ressentir des émotions, la compréhension de leur expérience émotionnelle reste délicate. L'étude des relations entre émotions et cognition ouvre de nouvelles perspectives visant à mieux comprendre les conditions du bien-être des animaux. S'inspirant de théories en psychologie cognitive, un cadre conceptuel a été développé pour étudier les émotions chez les animaux de ferme à partir de processus d'évaluation. L'émotion dépend ainsi de la manière dont l'animal évalue la situation à partir du caractère soudain, connu, agréable et prévisible de la situation, de la correspondance ou non de la situation par rapport à ses propres attentes, et de sa possibilité ou non de contrôler la situation. De nouveaux travaux montrent que ces processus d'évaluation sont en retour influencés par une émotion et que l'accumulation d'émotions peut influencer durablement l'évaluation. Sur la base de ces travaux, des pratiques d'élevage innovantes peuvent être proposées non seulement pour réduire les états de stress des animaux mais surtout pour solliciter chez eux des émotions positives garant d'un véritable mieux-être.