Glissements progressifs de l’urbain : réflexions sur le contexte intellectuel de la naissance d’Espaces et sociétés (original) (raw)
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Quelques considérations sur la configuration de l’espace urbain dans la ville pré-moderne de Iași
2013
The morphology analysis of the pre-modern town in the East-European space is encumbered by the lack of maps and zoning plans, as well as by the small quantity of preserved documentary sources. In the case of Iași, the Russian military maps of the 18th century, together with the General plan of Iași made by the French engineer Joseph Bayardi, creates the base for analysis, corroborated by the historical documentary sources recently edited. The general analysis we carry out considers the origins, emergence, evolution and distribution of the town quarters/cores, the streets configuration as well as the size, distribution and evolution of urban plots. The analysis uses both cartographic and documentary sources, supported by analogies with the similar situations in the rest of Moldavia, which are documented by archaeology, and in Central and Western Europe, when the analogy is appropriate. Analiza morfologiei orașului premodern în spațiul est-european se lovește de lipsa documentelor cartografice și cadastrale, ca și de numărul mic al documentelor de proprietate păstrate. În cazul orașului Iași, hărțile de stat major rusești de la sfârșitul secolului al XVIII-lea, împreună cu planul lui Joseph Bayardi din 1814 constituie o bază cartografică pentru analiză, împreună cu sursele documentare publicate recent. Analiza generală pe care o facem vizează apariția, originea, evoluția și distribuția nucleelor/cartierelor, configurația stradală și mărimea, distribuția și evoluția loturilor, folosind sursele cartografice și cele documentare, ca și analogiile cu situațiile similare din restul Moldovei, constatate arheologic, și cu cele din Europa Centrală și Occidentală, acolo unde se poate face analogie. L’analyse de la morphologie de la ville pré-moderne dans l’espace est-européen se heurte au manque des documents cartographiques et cadastraux et au nombre limité des documents de propriété conservés. Dans le cas de la ville de Iași, les cartes d’Etat majeur russes de la fin du XVIIIe siècle, à côté du plan de Joseph Bayardi de 1814, constituent une base cartographique pour l’analyse, avec les sources documentaires récemment publiées. L’analyse générale que nous faisons vise l’apparition, l’origine, l’évolution et la distribution des noyaux/quartiers, la configuration des rues, la dimension, la distribution et l’évolution des lots, en utilisant les sources cartographiques et celles documentaires, aussi que les analogies aux situations similaires du reste de la Moldavie, étudiées du point de vue archéologique, tout comme celles de l’Europe Centrale et Occidentale, dans les cas où l’analogie est possible.
La ville et l’urbain : des savoirs émergents
Ouvrage coordonné par Antonio da Cuhna et Laurent Matthey Presses polytechniques et universitaires romandes Dans les années 1960, la ville et l'urbain ont constitué un champ privilégié de construction et développement de la Nouvelle géographie. Les méthodes quantitatives permettaient de mieux mesurer le changement urbain, d'en dégager et d'en analyser les structures ; la conviction que l'espace n'est pas qu'un donné mais un produit social ouvrait la voie à une géographie plus radicale dans sa portée politique ; le désir de faire de « l'homme la mesure de toute chose » conduisait enfin à envisager l'épaisseur existentielle des territoires de la ville. Or, le monde change. Le XXI e siècle promet d'être passionnant. Les villes se métropolisent. La question de la durabilité de leur système se pose avec acuité. L'habitabilité des territoires fait question. Aussi, qu'en est-il aujourd'hui de ce champ de la connaissance géographique ? Quels sont les objets émergents des savoirs relatifs à la ville et l'urbain ? Quels sont les critères ou les conditions de leur développement souhaitable ? Trois générations de géographes, rassemblés ici à la demande de Jean-Bernard Racine, posent un regard réflexif, critique et prospectif sur leur pratique et connaissance de la ville et l'urbain, produisant par la même une cartographie des savoirs qui, à l'état naissant, ne s'inscrivent pas moins dans une tradition géographique.
Imaginaire et genèse de l'espace urbain
La dynamique spatiale est une dialectique de changement social lorsqu'elle atteint l'imaginaire des sociétés et met en cause les formes dans lesquelles elles se représentent leur stabilité. "Le changement social est d'abord et au premier chef dans l'imaginaire" 1 La réduction transforme l'espace d'entourage en espace d'objets ; elle introduit la réitération et la pluralité là où il y avait unicité et totalité ; la distance et l'accessibilité à des configurations là où il y avait enveloppement et appartenance à des figures ; la réduction est passage du visible à l'intelligible ; un changement de la vie sociale présuppose une transformation de l'imaginaire, de ce que l'on imagine et non seulement de ce qui se voit, du réel qui se donne à la perception. S'accouplant à des formes d'expansion et de réduction spatiale, un mouvement de pulsations sociales, d'extériorisation et d'intériorisation de la mémoire et de l'espoir collectif, transforme ce que l'on imagine résider dans le réel qui est le nôtre. Voyages et pèlerinages, découvertes et conquêtes, colonisation rurale et extension urbaine, s'accomplissent comme rétrécissement progressif du monde de l'inconnu autant que comme allongement des parcours possibles de notre commerce avec autrui. 2 Plus la perte de maîtrise du réel par la perception est directe et plus la croissance de l'information fragmentée et médiate est grande, plus les représentations unificatrices et globales sont renvoyées dans l'imaginaire. L'imaginaire est appelé non seulement à peupler de figures du désir l'étendue et ses intervalles, espacés par expansion, mais aussi à trouver une pertinence à ces figures, quitte à modifier l'ordre de leur occurrence en ajoutant, déplaçant ou supprimant des dimensions et des découpages du réel dans leur image. L'imagination pour ce faire porte réflexivement sur son propre processus comme saisie d'un réel qui toujours peu ou prou s'échappe parce que répondant aux espaces de définition de l'altérité. L'impact social de l'imaginaire est déjà dessiné dans l'acte même d'imaginer. , du monument au document ; c'est un procès où le grand se fait petit pour être plus aisément saisi et mis en image en mémoire. L'expansion, elle n'est pas strictement l'inverse de la réduction ; si la seconde fait disparaître le superflu et ne retient que les traits directeurs, la première n'apporte pas de détails supplémentaires ; affirmant les marques élémentaires, elle étend une même détermination spatiale dans un horizon plus large, laissant béantes et sans pertinence des dimensions entières du réel. Ce que l'on imagine assimile les déterminations du réel à des règles, des "archétypes" 3 1 R. Ledrut, La révolution cachée, Casterman, Paris, 1979. ; l'imagination trouve ainsi sa liberté en jouant avec des "modèles de longue durée" qui, pénètrent le vécu, déterminent la perception de la réalité et la vision du monde. L'imagination est dès lors tant jeu d'écarts, grâce auquel nous nous distancions des réalités présentes, que jeu de reflets, par le moyen duquel nous mettons en scène nos activités.
L’aménagement de l’espace dans l’ère du temps : vers un urbanisme polyrythmique ?
Notre rapport au temps, reflet des modes de vie, évolue sous le coup de l’individualisation, la globalisation ou la rationalisation du monde et s’inscrit depuis toujours dans les manières de faire la ville. Depuis la fin des années 80 cependant, le temps semble de plus en plus pris en compte dans la réflexion urbaine ; indirectement d’abord par la question festive d’abord, puis par les politiques temporelles et aujourd’hui par l’urbanisme temporaire. Mais les contours d’un urbanisme temporel restent flous car les actions hétérogènes. Nous proposons dans le cadre des travaux de l’association TempoTerritoriale de poser 3 types d’intégration du temps dans l’aménagement et temps : la connaissance des rythmes des territoires, le temps dans l’aménagement des espaces bâtis et publics, le temps des projets urbains. Nous revenons alors sur les enjeux et limites de l’approche temporelle en urbanisme pour passer à l’idée de prise en compte de la polyrythmie urbaine.
Les Pages du laa, 2023
Nous entendons, donc, essayer de dessiner le cadre d'une définition conceptuelle de la notion d'urbain dans le cadre de la Théorie de la Médiation, à savoir l'urbain envisagé comme résultant (avec l'histoire) du processus d'acculturation du sujet en personne ; autrement dit, de tenter d'aborder le problème de l'émergence à l'espace à la lumière des concepts développés par Jean Gagnepain 2 , qui précisément a entendu rompre avec cette démarche « alchimique », y compris au regard des métiers universitaires. Mais, vouloir donner un contenu au concept d'urbain, entendu comme mode d'acculturation de l'espace et de la personne, autrement dit, l'inscrire dans une perspective anthropologique et non pas anthroponomique, nécessite une interrogation préalable sur la notion même d'espace. En effet, sous cette notion se mêlent, dans la confusion la plus totale, les acceptions tantôt à visée scientifique, tantôt à visée doctrinale ou tout simplement « pratique ». Ces ambivalences, ces confusions, ces glissements de sens sont bien connus 3. Pour réduire la labilité de cette notion d'espace, il faut que l'« analyse des phénomènes spatiaux et spatialisés », repose, comme le disent, fort justement, Bernard KAYSER, André BOUDOU et René PERRIN, sur : « …la reconnaissance des éléments constitutifs de l'espace : c'est-à¬dire une recherche qui doit aboutir à déterminer ces éléments, […] et une fois le système spatial saisi dans ses articulations, l'explication, la détermination de sa dynamique organisationnelle…» 4 Et en ce sens la réflexion sur l'urbain contraint à renouveller l'approche, car le : « …thème de l'urbanisation […] mérite une analyse sur des bases nouvelle. L'analyse de l'urbanisation périphérique, c'est-à-dire de la construction à la périphérie des villes, permet de mettre à jour les processus et mécanismes de la production d'espace, en même temps qu'elle nécessite une approche anthropologique nouvelle de l'espace vécu».» 5 Nous soulignons, car si, en l'instance, la perspective est celle de géographes, on se doit de pousser la démarche hors de la discipline. Notre approche se situe donc dans la nécessité d'une approche anthropologique renouvelée. C'est ce à quoi nous allons nous attacher ici. L'« Espace » En effet, s'il s'agit de « mettre à jour les processus et mécanismes de la production d'espace » , dans « une approche anthropologique nouvelle de l'« espace vécu », la notion même reste à préciser ; car il ne suffit pas de dire que : 2. cf. note 52 3 Par exemple, GUERRINI M.-C., MUXART T., « Dur! dur! la polysémie des concepts dans l'entreprise interdisciplinaire » in Du rural à l'environnement, la question de la nature aujourd'hui,
Évolution De La Place Du Végétal Dans La Ville, De L’Espace Vert a La Trame Verte
VertigO, 2014
Since the XIX century, the role of green space in French urban policies underwent significant changes. Regarding the objectives of planning, we can identify three periods in which new management practices and many novel typologies of green spaces appeared : functionalist urban planning, sustainable urban planning and ecological urban planning. Therefore, the evolution of urban green spaces was based on “naturalness gradient” : from private garden with a high aesthetic level to multipurpose urban greenways. Nowadays, studies that focus on “nature” in the city are based on tow principles : (i) the evaluation of ecosystem services and (ii) the connectivity of particular habitats. The aim of this paper is to trace the historic evolution of the role of green areas in cities with reference to the diverse theories and practices of urban planning.
Rythmes urbains : Face à la saturation des espaces, des temps et des imaginaires
La beauté d'une ville. Controverses esthétiques et transition écologique à Paris, 2021
Je propose d’engager la réflexion autour de l’hypothèse d’une « esthétique des rythmes » – au sens originel de « manière de fluer » – qui prenne en compte les mutations actuelles de nos modes de vie et de nos villes, une approche qui permette d’articuler l’espace et le temps dans une même respiration, de dépasser certaines tensions et contradictions, d’imaginer des cohabitations harmonieuses, en englobant le temporaire et le multiple dans une même chorégraphie urbaine. Si, comme le suggère Jacques Rancière, la politique d’une cité peut être lue au prisme de son esthétique, donc de la distribution des corps et des visages qu’elle propose au regard de l’observateur , que nous dit la ville de Paris sur elle-même ? Quels enseignements et quelles pistes dans un monde en mutation ? Cette réflexion ne s’intéresse pas à la notion d’« embellissement », dans le sens des grands projets des XVIIIe et XIXe siècles. Elle concerne moins l’objet architectural que l’espace public au sens politique et les espaces publics au sens urbanistique du terme , du « faire » et de l’« artisanal ». Cette réflexion porte sur le « partage du sensible » – entre l’un et le multiple, le commun et la division –, une certaine « distribution de la parole, du temps, de l’espace » qui s’impose aux individus dans une société donnée, en fonction de la place qu’ils y occupent et des activités qu’ils y conduisent. La vie dans les villes est aussi une question de temporalités et d’agencements spatio-temporels, de « chronotopes » d’êtres vivants – humains et non humains –, de rythmes changeants qu’il faut apprendre à concilier ; une question d’écologie temporelle pour un nouveau ménagement urbain.
Murs et ghettos dans les villes d’anticipation et de science-fiction
Habiter les espaces autres de la fiction contemporaine. Utopies, dystopies, hétérotopies , 2022
Si le mur d’enceinte faisait la ville d’ancien régime, ceux qui traversent la ville contemporaine la défont. Au lieu de favoriser la constitution d’une seule communauté politique (même agitée par de fortes tensions internes), les frontières matérielles ou symboliques dressées entre classes sociales ou entre groupes ethniques contribuent à fragmenter les territoires urbains et à dresser habitants et habitantes les un.es contre les autres. On assiste alors à la multiplication et au rétrécissement « d’intérieurs » surprotégés et à l’expansion du domaine hostile de « l’extérieur ». Cependant, le point ultime des processus de ségrégation est atteint quand des groupes entiers sont enfermés de force dans des quartiers réservés pour assurer la sécurité des classes dirigeantes ou la tranquillité du reste de la population. Parce qu’il permet de dénoncer le sort réservé dans nos sociétés à des communautés mises à l’écart pour des raisons économiques, politiques, ethniques ou religieuses, le ghetto est ainsi devenu l’un des sujets récurrents de la science- fiction critique.