Salazarisme et lusotropicalisme, histoire d’une appropriation (original) (raw)

« Salazarisme, fascisme et colonialisme. Problèmes d’interprétation en sciences sociales, ou le sébastianisme de l’exception »

Portuguese Studies Review (Trent University, Canada), XVI (1), 2008 [parution juillet 2009]: 87-113. Pour des raisons purement éditoriales – abandon de l’éditeur qui devait publier le livre collectif dans lequel cet article était inséré –, ce texte de1997 (cf. réf. 1.86) n’avait jamais été publié. Initialement, il s'agissait d'une communication au colloque « Le Portugal sous Salazar et l’État nouveau », Paris, IEP-Centre d’histoire de l’Europe du XXe siècle, 24-25 mai 1997. Depuis quelques années, la majorité des historiens portugais ou autres semblent remettre en cause l’analyse du salazarisme comme forme de fascisme, en pointant les différences nombreuses entre le cas portugais et les cas allemand et italien, voire espagnol. Il est vrai que dans une première phase, la caractérisation « fasciste » avait une valeur de dénonciation qui n’était pas précise sur le plan conceptuel, synonyme de toute dictature. Le concept de fascisme semble pourtant devoir être maintenu car ce qui est déterminant n’est pas la théorie politique ou les circonstances de la prise du pouvoir, mais la fonction totalitaire de l’État (dans une économie capitaliste maintenue au centre du monde). Cette dernière est très nette en métropole, et toute remise en cause du fascisme y remet en cause également le totalitarisme. En revanche, aux colonies, l’État métropolitain n’implante pas de « colonial-fascisme ». Le colonialisme portugais n’est pas une simple création de l’État et de sa forme, mais le produit du mouvement même de la société capitaliste portugaise. Voici pourquoi un État fasciste ne crée pas un « colonial-fascisme »

Un pèlerinage local entre communalisation religieuse et communalisation ethno-culturelle : l’appropriation de Sainte-Solange par les Portugais

2013

Le pelerinage de Sainte-Solange est aujourd’hui considere par les acteurs qui le vivent comme une grande fete francoportugaise. Depuis les annees 1960, ce culte catholique local est en effet l’occasion pour les Portugais de la region de se retrouver, de celebrer la sainte berrichonne mais aussi d’exprimer leur appartenance portugaise. La presente analyse s’appuie sur la description d’un evenement lors duquel s’articulent differentes appartenances, religieuses et ethnoculturelles. Il s’agit d’un pelerinage local situe dans le Cher, pres de Bourges, en region Centre1. La participation des Portugais est de plus en plus active au fil des annees et ils vont faire de cet evenement une veritable fete portugaise, transformant un culte traditionnel berrichon en un lieu de rencontre annuelle des Portugais de la region. La presence d’anciens migrants dans de tels evenements n’est pas inedite et divers

Imaginaire colonial, empowerment et appropriation d’une L2

Contextes et didactiques, 2016

Se pencher sur la trajectoire d’apprenant-e-s L2 implique, pour comprendre le sens qu’ils donnent à leur appropriation langagière en fonction de leur expérience migratoire, de prendre en considération leurs structurations socio-historiques. Le contexte post-colonial est donc traité ici en tant qu’interne à l’apprenant, et non en tant que contexte d’apprentissage, et permet une réflexion sur l’évolution des représentations sociales individuelles dans une démarche biographique réflexive.

Des caravelles pour le futur? Le lusotropicalisme contre la lusophonie – Essai

Le 16 juillet 1996, le Sommet des chefs d’État et de gouvernement du Brésil, du Portugal et des cinq Pays africains de langue portugaise, créait officiellement la " Communauté des pays de langue portugaise ", après diverses tentatives remontant à 1989. Cette nouvelle organisation internationale fut l’objet de débats certes passionnés, mais dans des secteurs très minoritaires des intelligentsias respectives. Elle y questionna les identités nationales, provoquant au Brésil une évocation insistante des " origines communes " avec le Portugal et d’un monde " lusitanien ". Mais ce discours rompit partiellement avec le lusotropicalisme habituel qui fait du métissage – supposé harmonieux – une vertu, en ne rappelant pour ce faire que l’une des trois origines brésiliennes, la blanche. Au Portugal, on eut tendance à voir dans la CPLP une dilatation de lusitanité, correspondant bien à la tradition " mondialiste " des élites politiques portugaises éduquées dans le souvenir de l’épopée des Découvertes. Ce discours était évidemment inacceptable pour les Africains pour lesquels la colonisation est encore proche, et la langue portugaise un outil et non point une identité maternelle. Par ailleurs la grandiloquence de certains discours ne pouvait que les ulcérer face à la médiocrité de l’aide portugaise au développement. L’affaire timoraise, loin de constituer une facteur d’unité, a été une pomme de discorde supplémentaire : pour laver l’affront de 1975, le Portugal en faisait une question de dignité nationale si intense qu’il ne comprit que tardivement qu’il n’y avait pas du tout unanimité au sein des pays de langue portugaise à ce sujet. La remise du Prix Nobel de la Paix à deux éminents timorais le tira d’une impasse dans laquelle l’avait placée son nationalisme lutropicaliste. Force est donc de constater que si la CPLP était impensable sans l’Afrique, l’idéologie qui fut mise au service de sa construction faillit la détruire à la naissance. Elle a par ailleurs obscurci une vision modérée et pragmatique possible, selon laquelle une langue commune mais aux statuts sociaux différents selon les pays (langue maternelle, seconde, étrangère) peut dessiner une identité aux croisements de nombreuses autres identités, et alors, par le renforcement des liens humains et leurs effets économiques lentement induits, être un facteur non négligeable de démocratie dans un monde de plus en plus unipolaire.

La Rhétorique de la Portugalité dans l’œuvre de la créatrice de mode Ana Salazar

RETORICA DEL VISIBILE STRATEGIE DELL’IMMAGINE TRA SIGNIFICAZIONE E COMUNICAZIONE 3. CONTRIBUTI SCELTI, 2011

Marquer un produit c'est en dernière instance le projeter dans un univers symbolique, en l'associant à un ensemble de bénéfices tangibles et intangibles, mais aussi des idées, des notions et des valeurs. La marque est donc un vecteur de sémantisation fondée sur une dimension au même temps physique, tangible dans une dimension rhétorique et dans une dimension pragmatique. La mise en procès de sémantisation des «objets» qu’illustre la «marque » est basée essentiellement sur un procès métaphorique. «Maçã» (Pomme) c'est la métaphore fondatrice qui préside à la création d'Ana Salazar, personnalité pionnière de la mode au Portugal. La métaphore en tant que procès rhétorique vit de la délocalisation, de l'écart, du passage du réalisme de la matière au symbolisme du nom (Salazar). Il s’agit de parcourir les trois étapes où la marque « Maçã » se manifeste: le niveau des valeurs, où sont installées les valeurs qui fondent le discours et l´identité de la marque ; le niveau narratif où la signification prend forme ; le niveau discursif où les valeurs sont « habillées » et parées pour la communication et se manifestent les codes de l´univers socio-culturel où «Maçã » s´organise comme marque.

L’anticolonialisme identitaire : conscience ethnique et mobilisation anti-portugaise au Mozambique (1930-1965)

Article paru aux pages 319-333, de Colette DUBOIS, Marc MICHEL, Pierre SOUMILLE (eds), Frontières plurielles, Frontières conflictuelles en Afrique subsaharienne, Paris, L’Harmattan, sept. 2000, 462 p., ISBN : 2-7384-9498-6 (communication au colloque « États et frontières en Afrique subsaharienne », Aix-en-Provence, 7-8-9 mai 1998, Institut d’histoire comparée des civilisations). Résumé : L’anticolonialisme a surtout été étudé dans ses formes qui ont réussi à produire des États nouveaux, faits synonymes de nation. Or de nombreuses mobilisations sociales se sont produites en s’exprimant par le biais d’une conscience identitaire ethnique, en un authentique nationalisme, mais point celui qui était au programme des décolonisateurs. Il est urgent de relancer l’étude de ces « nationalismes non réussis ». L’étude s’appuie sur les trois exemples mozambicains des émeutes du Mossuril en 1939, de Machanga et Mambone en 1953 et de Mueda en 1960.