Le « livre de la vie » à Qumrân et dans les textes bibliques (original) (raw)
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De Josué à Jésus, via Qumrân et le "pain quotidien"
RB 114 (2007), p. 208-236.
After crossing the Jordan river and renewing the Covenant, Joshua celebrated Passover at Gilgal ; then the manna ceased and the Israelites began to eat the produce of the Promised Land (Jos 5,2-12). This narrative provides a literary pattern for the entrance into the divine world, on earth or in heaven. It helps explain the strange position of the Qumran site as an Essene settlement, the crowds around John the Baptizer in the wilderness, and Jesus’ public life, from the Jordan to the Last Supper, which concentrates all the features of Joshua’s Passover, including his very name Iesous “God saves”.
La découverte de Qumrân : quelle importance pour l'étude du Nouveau Testament ?
Les manuscrits de la mer Morte au lendemain de leur 70e anniversaire, Antony Perrot (sous dir.), St-Légier, Éditions HET-PRO, 2019
Depuis les découvertes des manuscrits de Qumrân (1947-1956), les chercheurs ne cessent d’explorer les nombreux parallèles entre les écrits de Qumrân et le Nouveau Testament (NT) et ce qu’ils laissent entrevoir des communautés qui les ont rédigés. Nous pouvons parler sans exagération d’une « fascination des chrétiens pour Qumrân ». Ainsi, comme dans toutes les sciences, les hypothèses sont émises, puis sont ensuite confirmées, modifiées ou écartées. C’est également le cas concernant le rapport entre la littérature qumrânienne et celle du NT. Dans l’histoire de la recherche, certaines prises de position, bien que non suivies par la communauté scientifique, ont pu susciter de l’intérêt auprès du grand public. Il est donc compréhensible que ces découvertes aient éveillé l’attention des spécialistes et des non- spécialistes. L’importance des manuscrits de Qumrân pour l’étude de l’Ancien Testament (AT) se comprend aisément, étant donné le nombre de textes bibliques trouvés, les citations de l’AT, et le manifeste attachement à la Loi, etc. Mais qu’est-ce qui justifie l’intérêt considérable de la littérature qumrânienne pour les recherches néotestamentaires ? Car, si nous parlons de parallèles entre le mouvement chrétien et la communauté du site de Qumrân ou le groupe plus large dont elle faisait partie (les Esséniens), il nous faut reconnaître deux faits : aucun texte ni aucun personnage du NT ne sont mentionnés dans les manuscrits de Qumrân, et vice versa. À partir de ce constat, on peut se demander si la comparaison entre les deux corpus littéraires vaut la peine d’être menée. Dans cette contribution, nous soutiendrons l’affirmation selon laquelle la découverte de Qumrân est la découverte paléographique et archéologique la plus importante pour les sciences bibliques, y compris pour le NT. Cependant, vu le sensationnalisme qui se crée parfois autour de Qumrân, les gens ont raison de se poser, par exemple, les questions suivantes : les découvertes de Qumrân jettent-elles vraiment une lumière significative sur les écrits du NT ? Et si l’on trouve des parallèles entre Qumrân et le NT, comment faut-il les interpréter ? Sont-ils des preuves de contact ou d’influence entre les deux groupes ? En réponse à ce type de question, trois approches générales sont repérables : celle qui cherche à établir des points où le NT dépend des écrits de Qumrân ; celle, au contraire, qui souligne les différences entre les rouleaux et Jésus et le mouvement chrétien ; et finalement, une autre qui cherche à discuter des ressemblances et des différences de manière plus nuancée.
La vie promise selon le livre du Deutéronome
Spiritus. Revue d'expériences et de recherches missionnaires 252, p. 289-298 , 2023
Le dessein divin exprimé dans le Deutéronome peut se résumer en un mot: la vie. Cependant, le don de la vie comporte certaines exigences pouvant paraître contradictoires, mais qui sont en fait inhérentes à un rapport d'alliance entre Dieu et son peuple. Enfin, la vie ne serait pas tant conditionnée par la possession de la terre que par la possession du livre.
Le mot « Livre », dans le Coran.
Le mot « Livre », dans le Coran, est mystérieux, auto-réferentiel et surtout polysémantique. Le Livre coranique, en effet, se définit, lui-même et ce dans une auto-référentialité tout anachronique puisque cette auto-désignation ne pouvant qu’être, postérieure à sa compilation ayant eu lieu lors du Califat d’Uthman. De plus par plus de vingt fois, le Coran se dit être uniquement et essentiellement un « Rappel, une récitation ». et la tournure négative est fréquente dans cette auto-définition. Le mot de rappel est un pilier coranique puisque la racine dhāl kāf rā est répétée trois cent fois et ce souvent, en référence aux versets récités, psalmodiés par le prédicateur identifié à Muḥammad Q7/2, Q11/114, Q29/51 . Cette racine est d’ailleurs, le nom du lectionnaire-dictionnaire syriaque : le dhukrana. Le Coran ne contient donc, selon lui-même, rien de nouveau par rapport à sa référence : le kitab de vérité qui ne peut désigner que la Bible. Le verset Q69/48 déclare : « Ceci est un rappel pour les pieux ». Quant au terme récitation, très fréquent dans le Coran, il inclut évidemment une notion d’antériorité de textes liturgique et une notion de rappel – versets Q75/17 et 18 : « Nous le récitons », « suis sa récitation », « la façon de le réciter » ; verset Q73/20 : « Récitez… ». Cette récitation nocturne est reliée parfois au champ sémantique du combat et du chemin d'Allah. La problématique que nous soulevons ici prend une tournure inhabituelle pour le christianisme occidental sauf si on le considère comme une activité liturgique. Pour Saint Éphrem, le Livre est naturellement l’habit du Verbe. Il considère l'Écriture comme le vêtement du Verbe divin : « La plénitude vint et se fit un habit des symboles tissés par le Saint-Esprit ». Ainsi l'étrangeté du vocable yatlū , traduit par « réciter des signes », plus de soixante fois, aurait naturellement un sens liturgique syriaque ou rabbinique (lectio divina) ? Dans ce cas-ci, la « Parole » doit être sans cesse récitée publiquement, dans un sens spirituel araméen de préfiguration du Salut. Si on continue la phrase – « réciter des signes pour purifier » –, on rejoint cette notion de plénitude du Verbe, cachée dans la préfiguration et dévoilée dans l'Écriture. Ainsi, grâce aux sens araméens des vocables arabes et à saint Éphrem, on comprend la portée du mot kitab. Mais alors le mot kitab ne peut se référer en aucun cas au Coran non compilé et non édité au format livre avant la fin du septième siècle. D’ailleurs, le Verbe-kitab est duel puisque le Coran renvoie explicitement et sans cesse à un autre Coran : « Voici les versets du livre et un Coran évident » (Q15/1), « un exposé détaillé du Livre ». La Bible ne parle jamais d'elle-même. Si le Coran parle d'un Coran en arabe, c'est donc qu'il y en a un autre qui est constitué des versets d'Allah, lus nuit et jour, dans de fonction liturgique d’une communauté contemporaine de Muhammad. Évidemment, celle-ci ne peut en aucun cas désigner celle des proto-musulmans, pas encore assemblés en communauté, ni encore fidèles aux saintes lectures nocturnes -ces proto-musulmans étaient déjà bien assez occupés à guerroyer. Par suite, est-ce le kitab- Torah , le kitab queryana que cette communauté psalmodie ? On ne peut que s’interroger sur cette insistance à la récitation du Coran en cours de « descente » et la trop grande proximité temporelle d’une récitation avec le temps de la prophétie. Ne témoigne-t-elle pas seulement d'une observation des pratiques liturgiques syriaques qui été récitées publiquement ? Ou d'une résurgence liturgique d'une communauté issue du rabbinisme ? Pour que la « récitation » du Qur’an ait une fonction de ralliement public ou de commémoraison il faudra attendre des décennies, le temps que la « révélation » et l’édition soit achevée. Le témoin le plus intéressant de ces mises en scène du kitāb « qui descend » est très certainement le DAM 27 qui, dans sa recension différente et réduite par rapport à la vulgate et qui, n’est pas chargé, comme nous le verrons, de ces innombrables et anachroniques références au « nouveau kitāb en descente », toutes auto-référentielles. Toutefois, cette recension dépouillée possède les références au kitāb Torah et au kitab-zabour qui commémore l’Alliance mosaïque. . Du reste, cette hypothèse de pluralité est bien confirmée par le récit d’Allah sur ce don scripturaire : « A chaque fois que je vous accorderai un Livre, dit Allah. » Ce sont donc tant les contours sémantiques, pluriels et auto-référentiels, que les graphies variables du ductus kitāb et qur’an que les localisations de ces termes, qui seront l’objet de notre attention, toujours dans cette optique de convoquer les témoins matériels de signification.
Méthodes de recherche en sciences sociales, 2024
Dans cette enquête, nous proposons de reconstruire les événements autour du sacrilège relatif au veau d'or afin d'en apprendre davantage sur la manière dont le pouvoir construit son récit.