Amin Allal | Centre National de la Recherche Scientifique / French National Centre for Scientific Research (original) (raw)
Books by Amin Allal
Le 22 février 2019, le centre-ville d’Alger est envahi par une foule refusant le cinquième mandat... more Le 22 février 2019, le centre-ville d’Alger est envahi par une foule refusant le cinquième mandat d’un président grabataire. Deux fois par semaine pendant plus d’un an, des manifestants se réunissent pour s’insurger
pacifiquement contre un système politique humiliant et corrompu.
Le mouvement révolutionnaire, le hirak, s’empare de l’Algérie dix ans après
les printemps arabes qui l’avaient laissée de côté. Est-ce le signal d’une seconde vague de révolutions arabes, accompagnant les révoltes au Liban, en Irak et au Soudan ? Ou un phénomène profond travaillant un pays dont la prétendue immobilité n’était qu’apparente ?
Plus d’un an après le coup d’arrêt imposé au hirak par la pandémie de Covid-19, des historien·ne·s, des anthropologues, des politistes reviennent sur la première année du mouvement pour scruter les transformations à l’œuvre et les enjeux de cette révolution inachevée. Avec humilité, ils tentent de saisir et de comprendre le peuple en révolution, celles et ceux qui se pensent comme révolutionnaires, et les effets de ces engagements sur la société algérienne, y compris au-delà des frontières nationales.
Ces chercheurs et chercheuses, engagé·e·s depuis plusieurs années dans des investigations in situ, nous offrent une plongée dans la réalité algérienne et ouvrent des perspectives pour comprendre comment les surgissements populaires massifs sont capables aujourd’hui d’ébranler les plus verrouillés des régimes autoritaires de ce début de xxie siècle.
Amin Allal est politiste, spécialiste des rapports ordinaires au politique et des protestations collectives des classes populaires au Maghreb.
Layla Baamara est sociologue du politique, spécialiste de l’engagement, de l’action collective et des mobilisations protestataires en Algérie.
Leyla Dakhli est historienne, spécialiste de l’histoire intellectuelle et sociale du monde arabe contemporain.
Giulia Fabbiano est anthropologue, spécialiste des problématiques identitaires et mémorielles dans l’espace transnational algérien et des imaginaires de la violence dans l’Algérie contemporaine.
Manuel, Editions De Boeck, 2018
En 2011, les Printemps arabes ont fait l’actualité mondiale. Depuis, des recompositions politique... more En 2011, les Printemps arabes ont fait l’actualité mondiale. Depuis, des recompositions politiques et des évolutions sociales d’importance sont en cours dans cette vaste région qui s’étend du Maroc à l’Irak.
Les auteur·e·s analysent ces dynamiques récentes, en intégrant les acquis des recherches existantes et en s’appuyant sur la sociologie et l’économie politiques. Ce manuel offre ainsi, de manière inédite, une grille d’analyse comparée, organisée autour des grandes modalités d’exercice du politique : assujettir, contester, participer, développer et gouverner.
Cette approche invite à une compréhension sereine de pays placés quotidiennement sous le feu des projecteurs, mais qui restent souvent méconnus et caricaturés. Par son caractère global, elle montre que ces pays ne sont pas des exceptions. Par les descriptions précises et les nombreuses illustrations qu’elle fournit, elle en souligne cependant certaines spécificités et permet d’acquérir de solides connaissances à leur sujet.
Pour les étudiant·e·s et enseignant·e·s des 1er et 2e cycles en science politique, langues et civilisations, histoire ou sociologie.
Premières élections pluralistes, nouvelle constitution, multiplication des partis et des associat... more Premières élections pluralistes, nouvelle constitution, multiplication des partis et des associations, montée des revendications des minorités sexuelles, régionales et religieuses, recomposition du personnel politico-administratif, explosion des conflits autour de la question sociale… Depuis 2011, la Tunisie vit en ébullition permanente, comme portée par la redécouverte du débat public, trop longtemps confisqué par un parti et un clan. Mais cette effervescence revendicative ne doit pas faire oublier que le pays a toujours été animé par une quête de démocratie.
Ce livre, en replaçant les événements de 2011 dans le temps long, cherche à dépasser les représentations binaires dictature/démocratie, autoritarisme/pluralisme. Il s’attache à rendre compte des mutations culturelles, sociales et politiques, à décortiquer la part d’inédit et de créativité de la période post-Ben Ali et analyse comment elle s’accommode des structures héritées.
En une vingtaine de contributions originales (analyses historiques, enquêtes de terrain, entretiens avec les acteurs), ce livre dresse un portrait à la fois sociologique et politique de la Tunisie d’aujourd’hui.
Des grèves du secteur minier sud-africain violemment réprimées en 2012, à l'irruption du conflit ... more Des grèves du secteur minier sud-africain violemment réprimées en 2012, à l'irruption du conflit Whirpool d'Amiens dans la campagne présidentielle française de 2017, les mondes de l'industrie qu'on pouvait croire moribonds s'invitent au coeur de luttes politiques contemporaines. Confrontant certains combats emblématiques du passé à des luttes récentes, cet ouvrage porte sur des conflits du travail face à la désindustralisation, la financiarisation et la prééminence d'autres luttes politiques. Les insoumissions ouvrières s'avèrent des postes d'observation de l'expression de citoyennetés inscrites dans des sociabilités locales et revendiquant, en deçà du Grand soir, des ordres moraux aux multiples registres. Avec le soutien du programme Wafaw (ERC)/Ifpo, des laboratoires Triangle/Lyon 2 et Ceraps/Lille 2. Pour plus d'informations, consultez la notice (Quand l'industrie proteste) sur notre site Internet. Auteur(s) : Amin Allal (IRMC, Tunis) et Myriam Catusse (IREMAM, Aix-en-Provence) sont chargés de recherche au CNRS. Montserrat Emperador Badimon (Triangle) est maitresse de conférences à l'université Lumière-Lyon 2.
Les débats autour des frondeurs du PS ou l'exclusion de J.-M. Le Pen du FN montrent que l'indisci... more Les débats autour des frondeurs du PS ou l'exclusion de J.-M. Le Pen du FN montrent que l'indiscipline partisane est aujourd'hui fréquemment mise au coeur de l'actualité politique. Exemplaires, ces cas rappellent que les partis politiques ne sont pas seulement des organisations auxquelles on adhère, mais aussi des institutions qui requièrent certaines attitudes de leurs membres, leur enjoignent une discipline et peuvent, le cas échéant, les sanctionner. Bien qu'abordées dès les premiers travaux sur les partis politiques, l'(in)discipline et les multiples voies qu'elle emprunte restent mal connues. Cet ouvrage analyse (in)disciplines et sanctions ordinaires, statutaires ou plus diffuses, comme des entrées pour questionner le lien partisan. Pluridisciplinaire et comparatiste, il comble une lacune dans l'étude des phénomènes partisans et propose des clefs de compréhension de questions d'actualité récurrentes.
"Ce livre propose un regard inédit sur les nouvelles générations du monde arabe. Un regard calme,... more "Ce livre propose un regard inédit sur les nouvelles générations du monde arabe. Un regard calme, vivant et parfois déroutant qui s’écarte des clichés accablant trop souvent les habitants de cette région. Non, les jeunes Arabes ne peuvent se réduire aux figures du terroriste potentiel, de l’éternel migrant ou de l’icône exotique de la « révolution » !
Originaires des deux rives de la Méditerranée et partageant le quotidien de cette génération, les chercheurs et chercheuses qui ont rédigé cet ouvrage ont décidé de sortir des sentiers battus en racontant comment les jeunes Arabes occupent leur temps libre : ce temps de libertés et de loisirs où l’on peut réfléchir, s’épanouir et se construire ; ce temps « vide » aussi, où l’on peut parfois dériver, se perdre et se briser…
Du Maroc au Yémen, de l’Algérie à la Syrie, de la Tunisie au Liban, en passant par l’Irak, la Libye, l’Égypte, la Jordanie, la Palestine, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ces spécialistes dressent avec sensibilité, humour ou inquiétude un por-trait exceptionnel de cette génération dont on parle beaucoup, mais qu’on écoute trop rarement. Ce livre donne ainsi la parole à ces jeunes hommes et femmes qui, héritiers de traditions plurielles, animés par des idées nouvelles et travaillés par divers mouvements culturels, inventent l’avenir de sociétés en plein bouleversement.
Table des matières
Préface. Les jeunesses arabes dans tous leurs états
François Burgat
Introduction. Déconstruire les stéréotypes : portraits croisés de jeunes Arabes
Laurent Bonnefoy et Myriam Catusse
Partie I. VIVRE SON ÉPOQUE
Introduction / Vivre son époque
1. « Fonce, brûle tes pneus ! » La fureur de vivre des joyriders saoudiens
Pascal Ménoret
2. « Histoire de voir le temps passer ». Les hittistes algériens
Loïc Le Pape
3. Autour d’un café. Sociabilité des jeunes à Abu Dhabi
Laure Assaf
4.Du feuilleton télé à la Web-série. Les jeunes générations arabes changent de format
Yves Gonzalez-Quijano
5. Les buya. Subversion des normes de genre en Arabie saoudite
Amélie Le Renard
6. Du djihad à l’extase soufie. Cheminements politico-religieux en Syrie prérévolutionnaire
Thomas Pierret
7. À la faculté de Lab‘us. Le salafisme comme sous-culture étudiante au Yémen
Laurent Bonnefoy
8. « Un homme, un vrai ! ». Halima, une femme rebelle à Gafsa (Tunisie)
Amin Allal
9. Supporters à distance. Les fans du Barça et du Real en Palestine
Abaher El Sakka
10. Des commentaires en arabe… ou en tigrinya ? Fan de football recherche diffusion télévisée gratuite
Mahfoud Amara et Laurent Bonnefoy
Partie 2. ENRACINER L’AVENIR
Introduction / Enraciner l’avenir
11. Boire à Hamra. Une jeunesse nostalgique à Beyrouth ?
Nicolas Dot-Pouillard
12. La fin d’un monde ? Jeux de saisons à Lejnan (Algérie)
Mohand Akli Hadibi
13. Retrouver Bagdad. Une jeunesse en quête de « normalité »
Zahra Ali et Laurent Bonnefoy
14. Deux frères. Famille et hospitalité à Karak (Jordanie)
Christine Jungen
15. Dans les cafés de Massada Street à Haïfa. Une « mixité » ambiguë pour les Palestiniens d’Israël
Mariangela Gasparotto
16. À l’ombre de la khayma. Résistance culturelle et politique des jeunes Sahraouis à Dakhla
Victoria Veguilla Del Moral
17. Récréation, recréation, résistance. Quels rôles pour la dabké en Palestine ?
Xavier Guignard
18. Taranim et vidéos-clips. L’Église égyptienne mise à nue par ses enfants ?
Laure Guirguis
19. « Mon identité devient claire comme le soleil ». Le théâtre dans les écoles chiites du Liban
Catherine Le Thomas
Partie 3. SE CONSTRUIRE SOI-MÊME
Introduction / Se construire soi-même
20. « Une chambre à soi ». Une jeunesse en quête d’intimité
Anne-Marie Filaire
21. Être une fille autrement ? Self-défense féminine au Caire
Perrine Lachenal
22. Chewing alone ? Transformation des modes de consommation du qat au Yémen
Marine Poirier
23. Les vacances en Europe. Univers familial, univers familier des « Golfiens »
Claire Beaugrand
24. À SOS Bab-el-Oued. Rappeurs et rockeurs entre intégration et transgression
Layla Baamara
25. Sortir du camp. Pérégrinations de jeunes réfugiés palestiniens au Liban
Nicolas Puig
26. « Rainbow street »
Diversité, cloisonnement et affirmation de la jeunesse à Amman (Jordanie)
Cyril Roussel
27. Brahim. Autopsie d’un suicide en Kabylie
Kamel Chachoua
28. « Bnat lycée dayrin sexy ». De l’amusement à la prostitution à Tanger (Maroc)
Mériam Cheikh
Partie 4. PRENDRE LA PAROLE
Introduction / Prendre la parole
29. « Sale journée pour Ammar ». Quand des blogueurs tunisiens s’attaquent à la censure
Romain Lecomte
30. Un nouveau monde social ? Les jeunes activistes syriens et les réseaux sociaux sur Internet
Enrico De Angelis
31. Stand up. La jeunesse saoudienne entre en scène... sur YouTube !
Yves Gonzalez-Quijano
32. Le Café de Jadu. Un lieu d’émancipation « révolutionnaire » en Libye
Arthur Quesnay
33. Du consumérisme à l’engagement. Le sursaut de jeunes sunnites au Bahreïn pour « défendre leur pays »
Claire Beaugrand
34. Les murs prennent la parole. Street art révolutionnaire au Yémen
Anahi Alviso-Marino
35. L’art sous occupation. « Le jeune artiste de l’année » (Palestine)
Marion Slitine
36. « L’instinct du rap ». Le rap palestinien, contenus politiques et explorations artistiques
Nicolas Puig
37. Du rock au Maroc. Quelle place dans la nouvelle scène urbaine casablancaise ?
Dominique Caubet et Catherine Miller
38. Alexandrins en fusion. Itinéraire de musiciens égyptiens, des milieux alternatifs à la révolution
Youssef El Chazli
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On s’est beaucoup interrogé sur le pourquoi du « Printemps arabe » mais aucun ouvrage n’avait enc... more On s’est beaucoup interrogé sur le pourquoi du « Printemps arabe » mais aucun ouvrage n’avait encore étudié comment il s’était déroulé. Parce que la plupart des chercheurs ici réunis ont observé les événements en direct, ce livre offre une véritable ethnographie des protestations « en train de se faire ».
Les contributions portent sur les pays qui ont connu un changement de régime (Tunisie, Égypte, Yémen, Libye) mais également sur ceux où la répression a permis aux pouvoirs en place de se maintenir au moins temporairement (Syrie, Bahreïn) et sur ceux où les protestations n’ont pas débouché sur une situation révolutionnaire (Maroc, Algérie, Jordanie). L’approche adoptée par les auteurs permet de rendre pleinement compte de la spécificité de chacun des contextes étudiés, montrant comment l’élan révolutionnaire, qui balaie alors le monde arabe, connaît des traductions locales très diverses. L’étude de ces révolutions montre aussi qu’elles ne sont pas une simple éruption spontanée qui viendrait réveiller une société jusque-là apathique mais qu’elles s’enracinent dans l’histoire des contestations de chacun des pays concernés.
Les « témoignages analytiques » proposés ici constituent une source très précieuse pour ceux qui s’efforcent de mieux comprendre le plus grand bouleversement politique survenu dans le monde arabe depuis l’ère des indépendances.
Peer reviewed papers by Amin Allal
Critique Internationale, 2020
Citoyenneté industrielle : à quoi bon exhumer une notion depuis longtemps critiquée et qui semble... more Citoyenneté industrielle : à quoi bon exhumer une notion depuis longtemps critiquée et qui semble désormais ne plus être à la mode ? Telle est la question à laquelle nous répondons dans notre introduction à ce dossier. À rebours des usages normatifs qui ont fait florès dans la littérature spécialisée sur les relations professionnelles, nous repartons des intuitions de Michael Burawoy qui a utilisé cette notion comme un révélateur de la dimension politique des relations de travail. Cette perspective offre une entrée originale pour l’étude du syndicalisme en le considérant comme une pièce des architectures institutionnelles qui structurent les relations sociales de production. La citoyenneté industrielle, ici métaphore heuristique plus que catégorie d’analyse, permet dès lors de renouveler le regard comparatif sur les formes du lien syndical, appréhendé au croisement des régimes de citoyenneté et de production.
Critique internationale, Revue comparative de sciences sociales, avril-juin 2020 , 2020
Entretien avec Amin Allal et Karel Yon Qu'est-ce que la citoyenneté industrielle ? Et pourquoi ce... more Entretien avec Amin Allal et Karel Yon Qu'est-ce que la citoyenneté industrielle ? Et pourquoi cette notion at -elle été, dites-vous, longtemps critiquée au point de sembler ne plus être à la mode aujourd'hui ? La notion de citoyenneté industrielle est courante dans le monde anglo-saxon où elle renvoie à tout un corpus doctrinal dont les bases ont été posées à la fin du XIX e siècle par Beatrice et Sidney Webb dans leur ouvrage Industrial Democracy. Dressant une analogie entre les sphères politique et économique, ces auteurs analysaient l'essor du mouvement ouvrier comme le signe d'un processus de démocratisation des relations de travail qui permettrait d'instaurer « une constitution dans le royaume de l'industrie ». Ils sont considérés comme les ancêtres de la discipline académique des relations professionnelles (industrial relations chez les anglophones). Depuis, il est devenu courant de parler de « citoyenneté industrielle » pour désigner l'ensemble des institutions qui organisent la représentation et l'action collective des salarié·es, en premier lieu les syndicats et la négociation collective. On retrouve aussi l'expression chez un autre sociologue britannique, Thomas Humphrey Marshall qui, dans sa fameuse typologie des formes de la citoyenneté, fait de la citoyenneté industrielle un pont entre les citoyennetés politique et sociale. Les notions de citoyenneté et de démocratie industrielles sont restées populaires jusqu'au début des années 1980. À cette époque, elles revêtaient même parfois une tonalité plus radicale en faisant référence à des expériences d'intervention ouvrière ou syndicale sur la gestion de l'entreprise. Depuis, cependant, la reconfiguration néolibérale des économies politiques s'est traduite par une brutale disqualification de ces catégories. C'est même plus largement le champ académique des relations professionnelles qui est entré en crise. Quand le syndicalisme recule partout dans le monde et que le droit du travail est perçu comme un obstacle à la compétitivité du capital, à quoi bon parler de citoyenneté industrielle ? Beaucoup de sociologues et de juristes ont par ailleurs éclairé cette crise de la notion de citoyenneté industrielle en la reliant à son travers originel, celui d'être sous-tendue par une vision évolutionniste postulant un progrès parallèle du développement économique et des droits et libertés des travailleurs. Deux critiques plus radicales lui ont été également adressées, celle des féministes, qui ont pointé le lien entre la citoyenneté industrielle et la norme fordiste d'un travail à dominante masculine reposant sur l'emploi formel, permanent et à temps complet, et celle des marxistes, qui dénonçaient son caractère mystificateur. De fait, loin d'être un vecteur univoque d'harmonie et de démocratisation des relations de travail, la citoyenneté industrielle a servi à produire ou à légitimer des inégalités, et ce même avant que le néolibéralisme ne la mette en crise. On pourrait également ajouter à ces critiques le fait que la citoyenneté industrielle a jusqu'à maintenant mal voyagé. Peu de travaux se sont servis de la notion dans d'autres contextes. Est-ce parce qu'elle est trop marquée par le contexte de son émergence, à savoir la révolution industrielle anglaise et l'esprit développementaliste de la fin du XIX e siècle ? Pourtant, comme nous le montrons dans l'introduction à ce dossier, son usage peut être fécond pour la recherche aussi bien en Inde qu'en Chine, au Maghreb ou ailleurs. En quoi la façon dont vous abordez la citoyenneté industrielle dans ce dossier permet-elle d'en renouveler la définition et le contenu ? Nous retenons de la citoyenneté industrielle l'idée de penser en analogie les sphères du travail et de la politique, mais en nous abstenant de toute lecture positiviste ou normative. Cette démarche présente l'intérêt de partir avant tout d'une base empirique solide. Elle permet également de faire voyager la notion dans des contextes différents. La citoyenneté industrielle n'est ni ce qui est ni ce qui devrait être, c'est une façon de découper la réalité qui amène à voir certaines choses, mais qui en laisse d'autres dans l'ombre. En ce sens, notre usage critique de la notion s'inspire de la démarche de Michael Burawoy, même si nous nous en distinguons de deux manières. Premièrement, nous insistons sur un aspect qui est seulement esquissé chez cet auteur, à savoir le caractère ambivalent de la citoyenneté industrielle. Si elles ne marquent pas l'avènement de la démocratie dans l'ordre industriel, les institutions de la citoyenneté au travail ne se réduisent pas pour autant à un voile mystificateur occultant la domination patronale. Elles explicitent la dimension politique des relations de production en reconnaissant l'existence d'intérêts en conflit dont elles
La pratique développementiste en Tunisie offre un cas intéressant de la manière dont s’effectue l... more La pratique développementiste en Tunisie offre un cas intéressant de la manière dont s’effectue la traduction de la rhétorique internationale de la « participa- tion » dans les langages du pouvoir domestique. L’analyse de projets de développe- ment dits « participatifs », mis en œuvre à partir de la fin des années 1990 par les organisations internationales, illustre bien la fluidité systémique entre les dynamiques de l’ordre autoritaire et la réforme néo-libérale dans laquelle ces projets s’inscrivent. Si les effets de ceux-ci sont variables, ils constituent des ressources et ressorts du renou- vellement du contrôle politique dans les situations autoritaires. À partir d’une analyse des projets mis en place dans la région de Gafsa dans le Sud tunisien, nous montrerons que la « participation locale » promue devient une grammaire hégémonique permettant de reformuler la fable du pouvoir du régime Ben Ali. Au-delà de sa portée légitimante, la « participation » est aussi l’occasion d’une domestication du secteur associatif et d’un redéploiement de la surveillance politique. En cela, la « participation » rejoint les caractéristiques d’un gouvernement autoritaire tout en offrant une opportunité pour des dominés de se greffer à ces processus développementistes. Mais ces trajectoires d’inté- gration subalterne ne se font qu’à travers la conformité au parti-État. Elles traduisent l’atomisation des opportunités de mobilités sociales et l’auto-entreprise individuelle de soi caractéristiques de la donne néo-libérale.
The analysis of development practices in Tunisia helps to highlight how the global discourse of “... more The analysis of development practices in Tunisia helps to highlight how the global discourse of “participation” is translated into local languages of power. So-called “participatory” projects of development have been undertaken by international organisations in this country since the 1990s. They well illustrate the systemic relation between authoritarian dynamics and neoliberal reforms which they are part of. Although these projects may have variable effects, they provide resources and means of renewing political control in authoritarian contexts. Based on the empirical study of participatory projects in the southern region of Gafsa, this article will show how the locally promoted “participation” became a hegemonic grammar in which Ben Ali’s regime reformulated its discourse of legitimacy. “Participation” also enabled the regime to deploy new patterns of political surveillance and to enforce the domestication of civil society. “Participation” thus supports authoritarian rule while giving subaltern subjects the opportunity to take part in development pro- jects. But these trajectories of subaltern integration are possible only through integration to the official party in power, deeply entrenched in the state (RCD). These trajectories correspond to neoliberal processes such as the atomization of social mobility and the promotion of self-help and individualized logics.
"Authoritarian restoration". The term is commonly invoked, yet rarely defined. Is this a sign tha... more "Authoritarian restoration". The term is commonly invoked, yet rarely defined. Is this a sign that it is merely an expression, not claiming to any use but a loose use? The scenario of "authoritarian restoration" has long mainly referred to the so-called "suspended transitions" or "illusive democratizations" that many sub-Saharan countries experienced in the 1990s. It has been brought up to date on the occasion of the "Arab Spring". How do we account for these "moments" in which authoritarian reconfigurations of power follow democratization processes? What can we do with these tomorrows disillusioned?
Whilst often mentioned and sometimes hammered out, the “economic origins” of the revolution have ... more Whilst often mentioned and sometimes hammered out, the “economic origins” of the revolution have mostly been ignored. Why is that so? The article attempts to explain this surprising oversight. The emphasis on what was at stake with “the democratic ground rules” has perniciously diverted attention away from the daily economic struggles and their (lack of) regulations as well as the political contradictions they entail. yet, with the end of the “single window approach” of the Democratic Constitutional Rally (Ben Ali’s all-pervasive party), the question of welfare protection and the various shocks it has received remains acute.
Le 9 octobre 2015, le prix Nobel de la paix est décerné au « quartet » tunisien, composé de l’org... more Le 9 octobre 2015, le prix Nobel de la paix est décerné au « quartet » tunisien, composé de l’organisation patronale, de la centrale syndicale, de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme et de l’Ordre National des Avocats. Nouvelle étape de la construction d’une histoire radieuse érigeant la « transition démocratique tunisienne » en modèle et en exception, les célébrations sont orchestrées dans un registre patriotique digne d’une victoire de l’équipe nationale de football. Mais les effusions de joie n’ont pas eu la dimension populaire que le sport peut parfois provoquer. Par delà les discussions sur la légitimité des acteurs lauréats et des oubliés, le « Prix » s’inscrit dans un processus politique reléguant les débats sur les conditions de vie et de protection sociale, en se concentrant sur les enjeux « des règles du jeu démocratique ». En effet, depuis mars 2011, la focalisation successive sur la Constitution, sur les élections et enfin sur le terrorisme a pernicieusement détourné le regard des luttes économiques quotidiennes, des (non-)régulations qu’elles connaissent et des contradictions qu’elles produisent en termes politiques. La question de la protection sociale est pourtant toujours aussi vivace. Avec la fin du « guichet unique » du parti de Ben Ali, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), on assiste à la recomposition des relations clientélistes, à coloration « charité musulmane », ainsi qu’un renforcement relatif du rôle de la bureaucratie syndicale dans la redistribution vers des secteurs précis. Certains ont pensé que le parti conservateur musulman Ennahdha, grâce à son habileté à incarner un registre identitaire populaire, pouvait mobiliser et servir les intérêts de ces catégories de la population, en proposant une alternative économique à la domination protectrice et autoritaire du RCD. Mais les responsables du parti islamiste – d’une part, largement acculturés aux recettes du néolibéralisme et, d’autre part, sous pression dans une configuration politique où ils devaient donner des gages de « normalisation démocratique » – n’ont pas bouleversé pour le moment la donne économique.
Derrière un unanimisme de façade, le moment révolutionnaire est vécu différemment et diverses dyn... more Derrière un unanimisme de façade, le moment révolutionnaire est vécu différemment et diverses dynamiques de radicalisation sont à l’œuvre. Si une majorité d’individus s’engagent sans être des opposants encartés, il faut éviter le piège de « l’immaculée contestation ». Pour cela, nous analysons d’une part, l’épreuve que constituent les protestations qui se multiplient depuis 2008 dans la Tunisie de « l’intérieur », et d’autre part, les contre-conduites qui se muent sous certaines conditions en contestation du régime. L’étude diachronique, basée sur des entretiens répétés depuis 2006, identifie les ressorts de ces mobilisations : situations socioprofessionnelles, sociabilités de quartiers et familiales, (en)jeux générationnels, mémoires des luttes passées et expériences de répression. Simultanément l’approche ethnographique révèle la part de contingence de ces implications dans un soulèvement populaire aussi intense que rapide.
Distribution électronique Cairn.info pour Presses de Sciences Po.
Le « moment révolutionnaire », période de jaillissement des possibles, est un défi pour les scienc... more Le « moment révolutionnaire », période de jaillissement des possibles, est un défi pour les sciences sociales. La difficulté consiste à analyser les comportements à l’œuvre durant cette période sans les extrapoler ni les surinterpréter. À partir d’une observation participante dans deux quartiers populaires de Tunis en janvier 2011, sont étudiées ici les pratiques de groupes de jeunes hommes qui, après les luttes contre les forces de l’ordre, ont occupé de façon significative l’espace public et assuré l’ordre public – passant dans le même temps du statut de voyous à celui de héros. Ces nouvelles positions et postures dans leur quartier portent les germes d’un passage au politique. Pour autant, les registres de dénonciation convoqués par ces jeunes, qui expriment une critique acerbe des modalités concrètes de la redistribution, ne font pas forcément table rase des pratiques antérieures. C’est cette ambivalence des pratiques sociales émergentes que cet article se donne pour objectif de restituer.
Young men from working-class neighborhoods entering the political arena during the revolutionary moment in Tunis
Understanding the « revolutionary moment » is an important challenge for social sciences. The main difficulty lies in analyzing attitudes at work in this context, without misreading them. This paper examines the practices of groups of young men based on my participant observation of two working-class neighbourhoods in Tunis in January 2011. These young men who used to be portrayed as thugs are now considered as heroes. Their status is being considerably modified as they occupy the public space and enforce public order after having fought security forces. Their new positions and postures essentially indicate the eruption of these young men into the political arena. However, the rhetoric of denunciation, common among them, are not eschatological and the sharp criticism of the practical modalities of redistribution does not necessarily mean the end of past practices. The ambivalence of these emerging social practices are thus analysed through the process of empowerment of the youth in the public sphere.
Au cours de l’année 2008 et durant près de six mois, la région de Gafsa, dans le sud-ouest tunisi... more Au cours de l’année 2008 et durant près de six mois, la région de Gafsa, dans le sud-ouest tunisien, a connu un mouvement protestataire de grande ampleur lié à l’évolution de la Compagnie des phosphates de Gafsa, grande entreprise publique minière. Les causes de l’avènement puis du déclin de ces protestations s’avèrent multiples : l’affaiblissement de l’impact de l’entreprise sur l’économie de la région ; l’érosion des pratiques clientélistes qui l’accompagnent ; la réactivation des représentations d’une « Gafsa rebelle » ; l’organisation du mouvement protestataire et ses interactions à géométrie variable avec l’État, en particulier avec l’appareil sécuritaire, ainsi qu’avec différentes organisations politiques.
English
Neoliberal reforms, clientelism and protest in a political authoritarian context. Social movements in Gafsa mining area in Tunisia (2008)
In 2008, a large six-month protest movement occurred in the Gafsa region (Southwestern Tunisia). This collective action, which took place in a context of high unemployment and political repression, was triggered off by the socio-economical downturn of the state-owned mining industry. This article analyses the causes and the decline of the protest : the weakening impact of the mining industry on the local economy, the erosion of clientelistic practices in the sector, the importance of a collective representation of Gafsa seen as a “rebellious region”. Eventually, the organization of the protest movement should be understood in its interactions with the state security apparatus, as well as with several political organisations at local and national levels.
Le 22 février 2019, le centre-ville d’Alger est envahi par une foule refusant le cinquième mandat... more Le 22 février 2019, le centre-ville d’Alger est envahi par une foule refusant le cinquième mandat d’un président grabataire. Deux fois par semaine pendant plus d’un an, des manifestants se réunissent pour s’insurger
pacifiquement contre un système politique humiliant et corrompu.
Le mouvement révolutionnaire, le hirak, s’empare de l’Algérie dix ans après
les printemps arabes qui l’avaient laissée de côté. Est-ce le signal d’une seconde vague de révolutions arabes, accompagnant les révoltes au Liban, en Irak et au Soudan ? Ou un phénomène profond travaillant un pays dont la prétendue immobilité n’était qu’apparente ?
Plus d’un an après le coup d’arrêt imposé au hirak par la pandémie de Covid-19, des historien·ne·s, des anthropologues, des politistes reviennent sur la première année du mouvement pour scruter les transformations à l’œuvre et les enjeux de cette révolution inachevée. Avec humilité, ils tentent de saisir et de comprendre le peuple en révolution, celles et ceux qui se pensent comme révolutionnaires, et les effets de ces engagements sur la société algérienne, y compris au-delà des frontières nationales.
Ces chercheurs et chercheuses, engagé·e·s depuis plusieurs années dans des investigations in situ, nous offrent une plongée dans la réalité algérienne et ouvrent des perspectives pour comprendre comment les surgissements populaires massifs sont capables aujourd’hui d’ébranler les plus verrouillés des régimes autoritaires de ce début de xxie siècle.
Amin Allal est politiste, spécialiste des rapports ordinaires au politique et des protestations collectives des classes populaires au Maghreb.
Layla Baamara est sociologue du politique, spécialiste de l’engagement, de l’action collective et des mobilisations protestataires en Algérie.
Leyla Dakhli est historienne, spécialiste de l’histoire intellectuelle et sociale du monde arabe contemporain.
Giulia Fabbiano est anthropologue, spécialiste des problématiques identitaires et mémorielles dans l’espace transnational algérien et des imaginaires de la violence dans l’Algérie contemporaine.
Manuel, Editions De Boeck, 2018
En 2011, les Printemps arabes ont fait l’actualité mondiale. Depuis, des recompositions politique... more En 2011, les Printemps arabes ont fait l’actualité mondiale. Depuis, des recompositions politiques et des évolutions sociales d’importance sont en cours dans cette vaste région qui s’étend du Maroc à l’Irak.
Les auteur·e·s analysent ces dynamiques récentes, en intégrant les acquis des recherches existantes et en s’appuyant sur la sociologie et l’économie politiques. Ce manuel offre ainsi, de manière inédite, une grille d’analyse comparée, organisée autour des grandes modalités d’exercice du politique : assujettir, contester, participer, développer et gouverner.
Cette approche invite à une compréhension sereine de pays placés quotidiennement sous le feu des projecteurs, mais qui restent souvent méconnus et caricaturés. Par son caractère global, elle montre que ces pays ne sont pas des exceptions. Par les descriptions précises et les nombreuses illustrations qu’elle fournit, elle en souligne cependant certaines spécificités et permet d’acquérir de solides connaissances à leur sujet.
Pour les étudiant·e·s et enseignant·e·s des 1er et 2e cycles en science politique, langues et civilisations, histoire ou sociologie.
Premières élections pluralistes, nouvelle constitution, multiplication des partis et des associat... more Premières élections pluralistes, nouvelle constitution, multiplication des partis et des associations, montée des revendications des minorités sexuelles, régionales et religieuses, recomposition du personnel politico-administratif, explosion des conflits autour de la question sociale… Depuis 2011, la Tunisie vit en ébullition permanente, comme portée par la redécouverte du débat public, trop longtemps confisqué par un parti et un clan. Mais cette effervescence revendicative ne doit pas faire oublier que le pays a toujours été animé par une quête de démocratie.
Ce livre, en replaçant les événements de 2011 dans le temps long, cherche à dépasser les représentations binaires dictature/démocratie, autoritarisme/pluralisme. Il s’attache à rendre compte des mutations culturelles, sociales et politiques, à décortiquer la part d’inédit et de créativité de la période post-Ben Ali et analyse comment elle s’accommode des structures héritées.
En une vingtaine de contributions originales (analyses historiques, enquêtes de terrain, entretiens avec les acteurs), ce livre dresse un portrait à la fois sociologique et politique de la Tunisie d’aujourd’hui.
Des grèves du secteur minier sud-africain violemment réprimées en 2012, à l'irruption du conflit ... more Des grèves du secteur minier sud-africain violemment réprimées en 2012, à l'irruption du conflit Whirpool d'Amiens dans la campagne présidentielle française de 2017, les mondes de l'industrie qu'on pouvait croire moribonds s'invitent au coeur de luttes politiques contemporaines. Confrontant certains combats emblématiques du passé à des luttes récentes, cet ouvrage porte sur des conflits du travail face à la désindustralisation, la financiarisation et la prééminence d'autres luttes politiques. Les insoumissions ouvrières s'avèrent des postes d'observation de l'expression de citoyennetés inscrites dans des sociabilités locales et revendiquant, en deçà du Grand soir, des ordres moraux aux multiples registres. Avec le soutien du programme Wafaw (ERC)/Ifpo, des laboratoires Triangle/Lyon 2 et Ceraps/Lille 2. Pour plus d'informations, consultez la notice (Quand l'industrie proteste) sur notre site Internet. Auteur(s) : Amin Allal (IRMC, Tunis) et Myriam Catusse (IREMAM, Aix-en-Provence) sont chargés de recherche au CNRS. Montserrat Emperador Badimon (Triangle) est maitresse de conférences à l'université Lumière-Lyon 2.
Les débats autour des frondeurs du PS ou l'exclusion de J.-M. Le Pen du FN montrent que l'indisci... more Les débats autour des frondeurs du PS ou l'exclusion de J.-M. Le Pen du FN montrent que l'indiscipline partisane est aujourd'hui fréquemment mise au coeur de l'actualité politique. Exemplaires, ces cas rappellent que les partis politiques ne sont pas seulement des organisations auxquelles on adhère, mais aussi des institutions qui requièrent certaines attitudes de leurs membres, leur enjoignent une discipline et peuvent, le cas échéant, les sanctionner. Bien qu'abordées dès les premiers travaux sur les partis politiques, l'(in)discipline et les multiples voies qu'elle emprunte restent mal connues. Cet ouvrage analyse (in)disciplines et sanctions ordinaires, statutaires ou plus diffuses, comme des entrées pour questionner le lien partisan. Pluridisciplinaire et comparatiste, il comble une lacune dans l'étude des phénomènes partisans et propose des clefs de compréhension de questions d'actualité récurrentes.
"Ce livre propose un regard inédit sur les nouvelles générations du monde arabe. Un regard calme,... more "Ce livre propose un regard inédit sur les nouvelles générations du monde arabe. Un regard calme, vivant et parfois déroutant qui s’écarte des clichés accablant trop souvent les habitants de cette région. Non, les jeunes Arabes ne peuvent se réduire aux figures du terroriste potentiel, de l’éternel migrant ou de l’icône exotique de la « révolution » !
Originaires des deux rives de la Méditerranée et partageant le quotidien de cette génération, les chercheurs et chercheuses qui ont rédigé cet ouvrage ont décidé de sortir des sentiers battus en racontant comment les jeunes Arabes occupent leur temps libre : ce temps de libertés et de loisirs où l’on peut réfléchir, s’épanouir et se construire ; ce temps « vide » aussi, où l’on peut parfois dériver, se perdre et se briser…
Du Maroc au Yémen, de l’Algérie à la Syrie, de la Tunisie au Liban, en passant par l’Irak, la Libye, l’Égypte, la Jordanie, la Palestine, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ces spécialistes dressent avec sensibilité, humour ou inquiétude un por-trait exceptionnel de cette génération dont on parle beaucoup, mais qu’on écoute trop rarement. Ce livre donne ainsi la parole à ces jeunes hommes et femmes qui, héritiers de traditions plurielles, animés par des idées nouvelles et travaillés par divers mouvements culturels, inventent l’avenir de sociétés en plein bouleversement.
Table des matières
Préface. Les jeunesses arabes dans tous leurs états
François Burgat
Introduction. Déconstruire les stéréotypes : portraits croisés de jeunes Arabes
Laurent Bonnefoy et Myriam Catusse
Partie I. VIVRE SON ÉPOQUE
Introduction / Vivre son époque
1. « Fonce, brûle tes pneus ! » La fureur de vivre des joyriders saoudiens
Pascal Ménoret
2. « Histoire de voir le temps passer ». Les hittistes algériens
Loïc Le Pape
3. Autour d’un café. Sociabilité des jeunes à Abu Dhabi
Laure Assaf
4.Du feuilleton télé à la Web-série. Les jeunes générations arabes changent de format
Yves Gonzalez-Quijano
5. Les buya. Subversion des normes de genre en Arabie saoudite
Amélie Le Renard
6. Du djihad à l’extase soufie. Cheminements politico-religieux en Syrie prérévolutionnaire
Thomas Pierret
7. À la faculté de Lab‘us. Le salafisme comme sous-culture étudiante au Yémen
Laurent Bonnefoy
8. « Un homme, un vrai ! ». Halima, une femme rebelle à Gafsa (Tunisie)
Amin Allal
9. Supporters à distance. Les fans du Barça et du Real en Palestine
Abaher El Sakka
10. Des commentaires en arabe… ou en tigrinya ? Fan de football recherche diffusion télévisée gratuite
Mahfoud Amara et Laurent Bonnefoy
Partie 2. ENRACINER L’AVENIR
Introduction / Enraciner l’avenir
11. Boire à Hamra. Une jeunesse nostalgique à Beyrouth ?
Nicolas Dot-Pouillard
12. La fin d’un monde ? Jeux de saisons à Lejnan (Algérie)
Mohand Akli Hadibi
13. Retrouver Bagdad. Une jeunesse en quête de « normalité »
Zahra Ali et Laurent Bonnefoy
14. Deux frères. Famille et hospitalité à Karak (Jordanie)
Christine Jungen
15. Dans les cafés de Massada Street à Haïfa. Une « mixité » ambiguë pour les Palestiniens d’Israël
Mariangela Gasparotto
16. À l’ombre de la khayma. Résistance culturelle et politique des jeunes Sahraouis à Dakhla
Victoria Veguilla Del Moral
17. Récréation, recréation, résistance. Quels rôles pour la dabké en Palestine ?
Xavier Guignard
18. Taranim et vidéos-clips. L’Église égyptienne mise à nue par ses enfants ?
Laure Guirguis
19. « Mon identité devient claire comme le soleil ». Le théâtre dans les écoles chiites du Liban
Catherine Le Thomas
Partie 3. SE CONSTRUIRE SOI-MÊME
Introduction / Se construire soi-même
20. « Une chambre à soi ». Une jeunesse en quête d’intimité
Anne-Marie Filaire
21. Être une fille autrement ? Self-défense féminine au Caire
Perrine Lachenal
22. Chewing alone ? Transformation des modes de consommation du qat au Yémen
Marine Poirier
23. Les vacances en Europe. Univers familial, univers familier des « Golfiens »
Claire Beaugrand
24. À SOS Bab-el-Oued. Rappeurs et rockeurs entre intégration et transgression
Layla Baamara
25. Sortir du camp. Pérégrinations de jeunes réfugiés palestiniens au Liban
Nicolas Puig
26. « Rainbow street »
Diversité, cloisonnement et affirmation de la jeunesse à Amman (Jordanie)
Cyril Roussel
27. Brahim. Autopsie d’un suicide en Kabylie
Kamel Chachoua
28. « Bnat lycée dayrin sexy ». De l’amusement à la prostitution à Tanger (Maroc)
Mériam Cheikh
Partie 4. PRENDRE LA PAROLE
Introduction / Prendre la parole
29. « Sale journée pour Ammar ». Quand des blogueurs tunisiens s’attaquent à la censure
Romain Lecomte
30. Un nouveau monde social ? Les jeunes activistes syriens et les réseaux sociaux sur Internet
Enrico De Angelis
31. Stand up. La jeunesse saoudienne entre en scène... sur YouTube !
Yves Gonzalez-Quijano
32. Le Café de Jadu. Un lieu d’émancipation « révolutionnaire » en Libye
Arthur Quesnay
33. Du consumérisme à l’engagement. Le sursaut de jeunes sunnites au Bahreïn pour « défendre leur pays »
Claire Beaugrand
34. Les murs prennent la parole. Street art révolutionnaire au Yémen
Anahi Alviso-Marino
35. L’art sous occupation. « Le jeune artiste de l’année » (Palestine)
Marion Slitine
36. « L’instinct du rap ». Le rap palestinien, contenus politiques et explorations artistiques
Nicolas Puig
37. Du rock au Maroc. Quelle place dans la nouvelle scène urbaine casablancaise ?
Dominique Caubet et Catherine Miller
38. Alexandrins en fusion. Itinéraire de musiciens égyptiens, des milieux alternatifs à la révolution
Youssef El Chazli
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On s’est beaucoup interrogé sur le pourquoi du « Printemps arabe » mais aucun ouvrage n’avait enc... more On s’est beaucoup interrogé sur le pourquoi du « Printemps arabe » mais aucun ouvrage n’avait encore étudié comment il s’était déroulé. Parce que la plupart des chercheurs ici réunis ont observé les événements en direct, ce livre offre une véritable ethnographie des protestations « en train de se faire ».
Les contributions portent sur les pays qui ont connu un changement de régime (Tunisie, Égypte, Yémen, Libye) mais également sur ceux où la répression a permis aux pouvoirs en place de se maintenir au moins temporairement (Syrie, Bahreïn) et sur ceux où les protestations n’ont pas débouché sur une situation révolutionnaire (Maroc, Algérie, Jordanie). L’approche adoptée par les auteurs permet de rendre pleinement compte de la spécificité de chacun des contextes étudiés, montrant comment l’élan révolutionnaire, qui balaie alors le monde arabe, connaît des traductions locales très diverses. L’étude de ces révolutions montre aussi qu’elles ne sont pas une simple éruption spontanée qui viendrait réveiller une société jusque-là apathique mais qu’elles s’enracinent dans l’histoire des contestations de chacun des pays concernés.
Les « témoignages analytiques » proposés ici constituent une source très précieuse pour ceux qui s’efforcent de mieux comprendre le plus grand bouleversement politique survenu dans le monde arabe depuis l’ère des indépendances.
Critique Internationale, 2020
Citoyenneté industrielle : à quoi bon exhumer une notion depuis longtemps critiquée et qui semble... more Citoyenneté industrielle : à quoi bon exhumer une notion depuis longtemps critiquée et qui semble désormais ne plus être à la mode ? Telle est la question à laquelle nous répondons dans notre introduction à ce dossier. À rebours des usages normatifs qui ont fait florès dans la littérature spécialisée sur les relations professionnelles, nous repartons des intuitions de Michael Burawoy qui a utilisé cette notion comme un révélateur de la dimension politique des relations de travail. Cette perspective offre une entrée originale pour l’étude du syndicalisme en le considérant comme une pièce des architectures institutionnelles qui structurent les relations sociales de production. La citoyenneté industrielle, ici métaphore heuristique plus que catégorie d’analyse, permet dès lors de renouveler le regard comparatif sur les formes du lien syndical, appréhendé au croisement des régimes de citoyenneté et de production.
Critique internationale, Revue comparative de sciences sociales, avril-juin 2020 , 2020
Entretien avec Amin Allal et Karel Yon Qu'est-ce que la citoyenneté industrielle ? Et pourquoi ce... more Entretien avec Amin Allal et Karel Yon Qu'est-ce que la citoyenneté industrielle ? Et pourquoi cette notion at -elle été, dites-vous, longtemps critiquée au point de sembler ne plus être à la mode aujourd'hui ? La notion de citoyenneté industrielle est courante dans le monde anglo-saxon où elle renvoie à tout un corpus doctrinal dont les bases ont été posées à la fin du XIX e siècle par Beatrice et Sidney Webb dans leur ouvrage Industrial Democracy. Dressant une analogie entre les sphères politique et économique, ces auteurs analysaient l'essor du mouvement ouvrier comme le signe d'un processus de démocratisation des relations de travail qui permettrait d'instaurer « une constitution dans le royaume de l'industrie ». Ils sont considérés comme les ancêtres de la discipline académique des relations professionnelles (industrial relations chez les anglophones). Depuis, il est devenu courant de parler de « citoyenneté industrielle » pour désigner l'ensemble des institutions qui organisent la représentation et l'action collective des salarié·es, en premier lieu les syndicats et la négociation collective. On retrouve aussi l'expression chez un autre sociologue britannique, Thomas Humphrey Marshall qui, dans sa fameuse typologie des formes de la citoyenneté, fait de la citoyenneté industrielle un pont entre les citoyennetés politique et sociale. Les notions de citoyenneté et de démocratie industrielles sont restées populaires jusqu'au début des années 1980. À cette époque, elles revêtaient même parfois une tonalité plus radicale en faisant référence à des expériences d'intervention ouvrière ou syndicale sur la gestion de l'entreprise. Depuis, cependant, la reconfiguration néolibérale des économies politiques s'est traduite par une brutale disqualification de ces catégories. C'est même plus largement le champ académique des relations professionnelles qui est entré en crise. Quand le syndicalisme recule partout dans le monde et que le droit du travail est perçu comme un obstacle à la compétitivité du capital, à quoi bon parler de citoyenneté industrielle ? Beaucoup de sociologues et de juristes ont par ailleurs éclairé cette crise de la notion de citoyenneté industrielle en la reliant à son travers originel, celui d'être sous-tendue par une vision évolutionniste postulant un progrès parallèle du développement économique et des droits et libertés des travailleurs. Deux critiques plus radicales lui ont été également adressées, celle des féministes, qui ont pointé le lien entre la citoyenneté industrielle et la norme fordiste d'un travail à dominante masculine reposant sur l'emploi formel, permanent et à temps complet, et celle des marxistes, qui dénonçaient son caractère mystificateur. De fait, loin d'être un vecteur univoque d'harmonie et de démocratisation des relations de travail, la citoyenneté industrielle a servi à produire ou à légitimer des inégalités, et ce même avant que le néolibéralisme ne la mette en crise. On pourrait également ajouter à ces critiques le fait que la citoyenneté industrielle a jusqu'à maintenant mal voyagé. Peu de travaux se sont servis de la notion dans d'autres contextes. Est-ce parce qu'elle est trop marquée par le contexte de son émergence, à savoir la révolution industrielle anglaise et l'esprit développementaliste de la fin du XIX e siècle ? Pourtant, comme nous le montrons dans l'introduction à ce dossier, son usage peut être fécond pour la recherche aussi bien en Inde qu'en Chine, au Maghreb ou ailleurs. En quoi la façon dont vous abordez la citoyenneté industrielle dans ce dossier permet-elle d'en renouveler la définition et le contenu ? Nous retenons de la citoyenneté industrielle l'idée de penser en analogie les sphères du travail et de la politique, mais en nous abstenant de toute lecture positiviste ou normative. Cette démarche présente l'intérêt de partir avant tout d'une base empirique solide. Elle permet également de faire voyager la notion dans des contextes différents. La citoyenneté industrielle n'est ni ce qui est ni ce qui devrait être, c'est une façon de découper la réalité qui amène à voir certaines choses, mais qui en laisse d'autres dans l'ombre. En ce sens, notre usage critique de la notion s'inspire de la démarche de Michael Burawoy, même si nous nous en distinguons de deux manières. Premièrement, nous insistons sur un aspect qui est seulement esquissé chez cet auteur, à savoir le caractère ambivalent de la citoyenneté industrielle. Si elles ne marquent pas l'avènement de la démocratie dans l'ordre industriel, les institutions de la citoyenneté au travail ne se réduisent pas pour autant à un voile mystificateur occultant la domination patronale. Elles explicitent la dimension politique des relations de production en reconnaissant l'existence d'intérêts en conflit dont elles
La pratique développementiste en Tunisie offre un cas intéressant de la manière dont s’effectue l... more La pratique développementiste en Tunisie offre un cas intéressant de la manière dont s’effectue la traduction de la rhétorique internationale de la « participa- tion » dans les langages du pouvoir domestique. L’analyse de projets de développe- ment dits « participatifs », mis en œuvre à partir de la fin des années 1990 par les organisations internationales, illustre bien la fluidité systémique entre les dynamiques de l’ordre autoritaire et la réforme néo-libérale dans laquelle ces projets s’inscrivent. Si les effets de ceux-ci sont variables, ils constituent des ressources et ressorts du renou- vellement du contrôle politique dans les situations autoritaires. À partir d’une analyse des projets mis en place dans la région de Gafsa dans le Sud tunisien, nous montrerons que la « participation locale » promue devient une grammaire hégémonique permettant de reformuler la fable du pouvoir du régime Ben Ali. Au-delà de sa portée légitimante, la « participation » est aussi l’occasion d’une domestication du secteur associatif et d’un redéploiement de la surveillance politique. En cela, la « participation » rejoint les caractéristiques d’un gouvernement autoritaire tout en offrant une opportunité pour des dominés de se greffer à ces processus développementistes. Mais ces trajectoires d’inté- gration subalterne ne se font qu’à travers la conformité au parti-État. Elles traduisent l’atomisation des opportunités de mobilités sociales et l’auto-entreprise individuelle de soi caractéristiques de la donne néo-libérale.
The analysis of development practices in Tunisia helps to highlight how the global discourse of “... more The analysis of development practices in Tunisia helps to highlight how the global discourse of “participation” is translated into local languages of power. So-called “participatory” projects of development have been undertaken by international organisations in this country since the 1990s. They well illustrate the systemic relation between authoritarian dynamics and neoliberal reforms which they are part of. Although these projects may have variable effects, they provide resources and means of renewing political control in authoritarian contexts. Based on the empirical study of participatory projects in the southern region of Gafsa, this article will show how the locally promoted “participation” became a hegemonic grammar in which Ben Ali’s regime reformulated its discourse of legitimacy. “Participation” also enabled the regime to deploy new patterns of political surveillance and to enforce the domestication of civil society. “Participation” thus supports authoritarian rule while giving subaltern subjects the opportunity to take part in development pro- jects. But these trajectories of subaltern integration are possible only through integration to the official party in power, deeply entrenched in the state (RCD). These trajectories correspond to neoliberal processes such as the atomization of social mobility and the promotion of self-help and individualized logics.
"Authoritarian restoration". The term is commonly invoked, yet rarely defined. Is this a sign tha... more "Authoritarian restoration". The term is commonly invoked, yet rarely defined. Is this a sign that it is merely an expression, not claiming to any use but a loose use? The scenario of "authoritarian restoration" has long mainly referred to the so-called "suspended transitions" or "illusive democratizations" that many sub-Saharan countries experienced in the 1990s. It has been brought up to date on the occasion of the "Arab Spring". How do we account for these "moments" in which authoritarian reconfigurations of power follow democratization processes? What can we do with these tomorrows disillusioned?
Whilst often mentioned and sometimes hammered out, the “economic origins” of the revolution have ... more Whilst often mentioned and sometimes hammered out, the “economic origins” of the revolution have mostly been ignored. Why is that so? The article attempts to explain this surprising oversight. The emphasis on what was at stake with “the democratic ground rules” has perniciously diverted attention away from the daily economic struggles and their (lack of) regulations as well as the political contradictions they entail. yet, with the end of the “single window approach” of the Democratic Constitutional Rally (Ben Ali’s all-pervasive party), the question of welfare protection and the various shocks it has received remains acute.
Le 9 octobre 2015, le prix Nobel de la paix est décerné au « quartet » tunisien, composé de l’org... more Le 9 octobre 2015, le prix Nobel de la paix est décerné au « quartet » tunisien, composé de l’organisation patronale, de la centrale syndicale, de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme et de l’Ordre National des Avocats. Nouvelle étape de la construction d’une histoire radieuse érigeant la « transition démocratique tunisienne » en modèle et en exception, les célébrations sont orchestrées dans un registre patriotique digne d’une victoire de l’équipe nationale de football. Mais les effusions de joie n’ont pas eu la dimension populaire que le sport peut parfois provoquer. Par delà les discussions sur la légitimité des acteurs lauréats et des oubliés, le « Prix » s’inscrit dans un processus politique reléguant les débats sur les conditions de vie et de protection sociale, en se concentrant sur les enjeux « des règles du jeu démocratique ». En effet, depuis mars 2011, la focalisation successive sur la Constitution, sur les élections et enfin sur le terrorisme a pernicieusement détourné le regard des luttes économiques quotidiennes, des (non-)régulations qu’elles connaissent et des contradictions qu’elles produisent en termes politiques. La question de la protection sociale est pourtant toujours aussi vivace. Avec la fin du « guichet unique » du parti de Ben Ali, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), on assiste à la recomposition des relations clientélistes, à coloration « charité musulmane », ainsi qu’un renforcement relatif du rôle de la bureaucratie syndicale dans la redistribution vers des secteurs précis. Certains ont pensé que le parti conservateur musulman Ennahdha, grâce à son habileté à incarner un registre identitaire populaire, pouvait mobiliser et servir les intérêts de ces catégories de la population, en proposant une alternative économique à la domination protectrice et autoritaire du RCD. Mais les responsables du parti islamiste – d’une part, largement acculturés aux recettes du néolibéralisme et, d’autre part, sous pression dans une configuration politique où ils devaient donner des gages de « normalisation démocratique » – n’ont pas bouleversé pour le moment la donne économique.
Derrière un unanimisme de façade, le moment révolutionnaire est vécu différemment et diverses dyn... more Derrière un unanimisme de façade, le moment révolutionnaire est vécu différemment et diverses dynamiques de radicalisation sont à l’œuvre. Si une majorité d’individus s’engagent sans être des opposants encartés, il faut éviter le piège de « l’immaculée contestation ». Pour cela, nous analysons d’une part, l’épreuve que constituent les protestations qui se multiplient depuis 2008 dans la Tunisie de « l’intérieur », et d’autre part, les contre-conduites qui se muent sous certaines conditions en contestation du régime. L’étude diachronique, basée sur des entretiens répétés depuis 2006, identifie les ressorts de ces mobilisations : situations socioprofessionnelles, sociabilités de quartiers et familiales, (en)jeux générationnels, mémoires des luttes passées et expériences de répression. Simultanément l’approche ethnographique révèle la part de contingence de ces implications dans un soulèvement populaire aussi intense que rapide.
Distribution électronique Cairn.info pour Presses de Sciences Po.
Le « moment révolutionnaire », période de jaillissement des possibles, est un défi pour les scienc... more Le « moment révolutionnaire », période de jaillissement des possibles, est un défi pour les sciences sociales. La difficulté consiste à analyser les comportements à l’œuvre durant cette période sans les extrapoler ni les surinterpréter. À partir d’une observation participante dans deux quartiers populaires de Tunis en janvier 2011, sont étudiées ici les pratiques de groupes de jeunes hommes qui, après les luttes contre les forces de l’ordre, ont occupé de façon significative l’espace public et assuré l’ordre public – passant dans le même temps du statut de voyous à celui de héros. Ces nouvelles positions et postures dans leur quartier portent les germes d’un passage au politique. Pour autant, les registres de dénonciation convoqués par ces jeunes, qui expriment une critique acerbe des modalités concrètes de la redistribution, ne font pas forcément table rase des pratiques antérieures. C’est cette ambivalence des pratiques sociales émergentes que cet article se donne pour objectif de restituer.
Young men from working-class neighborhoods entering the political arena during the revolutionary moment in Tunis
Understanding the « revolutionary moment » is an important challenge for social sciences. The main difficulty lies in analyzing attitudes at work in this context, without misreading them. This paper examines the practices of groups of young men based on my participant observation of two working-class neighbourhoods in Tunis in January 2011. These young men who used to be portrayed as thugs are now considered as heroes. Their status is being considerably modified as they occupy the public space and enforce public order after having fought security forces. Their new positions and postures essentially indicate the eruption of these young men into the political arena. However, the rhetoric of denunciation, common among them, are not eschatological and the sharp criticism of the practical modalities of redistribution does not necessarily mean the end of past practices. The ambivalence of these emerging social practices are thus analysed through the process of empowerment of the youth in the public sphere.
Au cours de l’année 2008 et durant près de six mois, la région de Gafsa, dans le sud-ouest tunisi... more Au cours de l’année 2008 et durant près de six mois, la région de Gafsa, dans le sud-ouest tunisien, a connu un mouvement protestataire de grande ampleur lié à l’évolution de la Compagnie des phosphates de Gafsa, grande entreprise publique minière. Les causes de l’avènement puis du déclin de ces protestations s’avèrent multiples : l’affaiblissement de l’impact de l’entreprise sur l’économie de la région ; l’érosion des pratiques clientélistes qui l’accompagnent ; la réactivation des représentations d’une « Gafsa rebelle » ; l’organisation du mouvement protestataire et ses interactions à géométrie variable avec l’État, en particulier avec l’appareil sécuritaire, ainsi qu’avec différentes organisations politiques.
English
Neoliberal reforms, clientelism and protest in a political authoritarian context. Social movements in Gafsa mining area in Tunisia (2008)
In 2008, a large six-month protest movement occurred in the Gafsa region (Southwestern Tunisia). This collective action, which took place in a context of high unemployment and political repression, was triggered off by the socio-economical downturn of the state-owned mining industry. This article analyses the causes and the decline of the protest : the weakening impact of the mining industry on the local economy, the erosion of clientelistic practices in the sector, the importance of a collective representation of Gafsa seen as a “rebellious region”. Eventually, the organization of the protest movement should be understood in its interactions with the state security apparatus, as well as with several political organisations at local and national levels.
Qui sont ces masses bravant les ordres autoritaires dans plusieurs pays arabes lors de l’hiver 20... more Qui sont ces masses bravant les ordres autoritaires dans plusieurs pays arabes lors de l’hiver 2011 ? À la faveur d’une explication simpliste et exclusive, deux figures concurrentes se sont imposées dans les médias : d’une part, le révolutionnaire Facebook ou Twitter, cet archétype de la classe moyenne éduquée, pacifiste et moderne qui use utilement des nouvelles technologies de l’information. Et d’autre part, le supporter ultra, ce représentant des classes laborieuses, qui affronte dans la rue les forces de l’ordre, les représentants du régime honni. Ce schéma binaire et réducteur est à bien des égards insatisfaisant. Concernant plus particulièrement la figure des ultras, les commentateurs ont souvent surdéterminé la portée politique de leurs actes. La confusion à leur propos a alimenté l’image d’un lumpen prolétariat aguerri et révolutionnaire, sorte d’avant-garde qui ne dit pas son nom. Céline Lebrun, sociologue travaillant sur les ultras du Caire, nous aide ici à comprendre aussi bien les ressorts de leur engagement dans les affrontements contre la police que leur recul conservateur sur des questions identitaires.
Plan de l'article De l’euphorie révolutionnaire au retour des vieux démons La difficile recon... more Plan de l'article
De l’euphorie révolutionnaire au retour des vieux démons
La difficile reconversion des anciens partis de l’opposition
De l’islamisme imaginaire à l’islamisme réel : le retour en force des militants de l’islam politique
Quid du « parti unique » ?
Survivance d’enclaves autoritaires et défis économiques
Le cliché de la « révolution de jasmin », si répandu en France, n’est-il pas le signe d’une incap... more Le cliché de la « révolution de jasmin », si répandu en France, n’est-il pas le signe d’une incapacité à saisir la nature des mouvements sociopolitiques qui ont touché la Tunisie bien avant la révolution Facebook ? Se pencher sur ces mouvements de fond à l’origine des événements qui ont conduit à la chute du régime de Ben Ali est d’autant plus nécessaire qu’ils nous aident aussi à comprendre ce qui se joue aujourd’hui dans cette période de transition démocratique.
Surtout portées par des acteurs du champ associatif, les mobilisations protestataires sollicitent... more Surtout portées par des acteurs du champ associatif, les mobilisations protestataires sollicitent une intervention de l’État pour relancer un développement et garantir le bien-être des habitants dans des périphéries territoriales. Une même historicité de la protestation caractérise les deux sites, d’où un discours revendicatif ambigu à l’égard de l’État : le mythe de la rébellion contre le pouvoir central alterne avec celui du résistant nationaliste. Le collectif protestataire réinvente et met en scène une communauté identitaire locale et use d’un récit de marginalisation (de la périphérie par le centre) sur le registre de l’affect et la morale, contribuant à une dénégation du caractère politique de la protestation. Répression et octroi d’aides sont les réponses de l’État.
Protests are mainly organized by citizens’ associations demanding public intervention in order to stimulate development and to guarantee the population’s well-being in peripheral areas. As a result of a similar historicity of protest that characterizes both locations, the demands towards the state are formulated in an ambiguous way that blends a myth of rebellion against the central power with a discourse of resistance based on nationalism. The coalition leading the protests reinvents and puts on display a locally specific identity and uses a marginalization narrative that formulates demands in emotional and moral terms, depoliticizing the protest. The state response combines political repression and economic advantages.
Plan Une théorie politique « conditionnée de manière aseptique selon les règles internationales ... more Plan
Une théorie politique « conditionnée de manière aseptique selon les règles internationales »
La gouvernance : une démocratie « apolitique » ?
Paramétrer la démocratie
La « participation »
« The third Sector »
La gouvernance réactualisée : la « gouvernance locale »
« Dommage collatéral » ? « Transition démocratique » sous patronage royal
Le Maroc de la « transition démocratique », fiction et réalités
Appropriations royales des injonctions développementistes
Une « gouvernance locale » autoritaire
« Décentralisation démocratique » ?
Un pluralisme limité
La situation politique en Algérie, marquée par un élan collectif massif de mobilisations qui a dé... more La situation politique en Algérie, marquée par un élan collectif massif de mobilisations qui a débuté en février 2019 contre le cinquième mandat du président de la République, offre une opportunité formidable pour l’analyse en sciences sociales du politique. Elle permet de tester les connaissances sur la réalité politique algérienne. Contrairement à ce que des routines explicatives « mécanistes » ont imposé, l’Algérie n’est pas une société politique figée. Pour qui veut bien l’observer attentivement, la société algérienne est en mouvement perpétuel et cela n’est pas totalement nouveau. C’est à ces questions que se proposent de se consacrer ces journées d’études.
Ces dernières décennies, les images se sont multipliées d’un désintérêt politique des masses et des jeunesses algériennes gagnées au désir consumériste et à l’exil, d’une répétition d’événements protestataires sans effets supposés (qualifiés souvent d’émeutes apolitiques), d’une organisation ambiguë de l’opposition au régime. A cela s’ajoute le fameux syndrome « du plus jamais ça » : l’hypothétique repoussoir que constitueraient les années de guerre civile dans l’organisation de protestations. Tout semble converger pour donner sa force explicative au constat d’une supposée apathie politique généralisée des citoyens. A longueur d’éditoriaux ou d’analyses expertes- souvent à distance- tout ou presque serait lié à la politique de la rente (et son effet le clientélisme) et à la peur de la décennie noire (des « islamistes », de la violence armée de l’État…). In fine, la politique était toute entière simplifiée en un jeu de coteries et de retournements discrets de palais dont on ne connaît en réalité que peu d’éléments tangibles. Le régime politique - le « système » - tenait avant tout car solidement arrimé à une force répressive étatique importante, à une économie politique de redistribution tournant autour de la manne extractive et à un récit performant sur la violence massive des années 90… Il semblait écrit que les algériens ne pouvaient massivement se mobiliser.
Si la nouvelle séquence de ce début 2019 constitue en soi un défi à ces lectures, ces journées d’études seront l’occasion d’actualiser et de tester nos connaissances sur les comportements politiques en Algérie. Contrairement aux lectures surplombantes qui font écran aux dynamiques anthropologiques et historiques profondes de politisation des acteurs sociaux, les intervenant.e.s, en s’appuyant sur des enquêtes récemment réalisées, débattront de la force et des faiblesses du surgissement protestataire de 2019. Ces échanges permettront en outre de réfléchir à nouveaux frais sur les relations entre protestations collectives et changements de régime. Ces dernières, au coeur des explications des mouvements de 2011 au Maghreb et au Moyen-Orient, semblent de nouveau à l’ordre du jour en Algérie ainsi qu’au Soudan.
Situations de travail et mobilisations ouvrières en Méditerranée, 2019
La revue Confluences Méditerranée lance un appel à contribution portant sur: "Situations de trava... more La revue Confluences Méditerranée lance un appel à contribution portant sur: "Situations de travail et mobilisations ouvrières en Méditerranée".
Coordination Amin Allal, Élisabeth Longuenesse, Michele Scala.
Seront retenues des propositions qui s'intéressent aux mutations du travail et aux formes d'(in)soumission ouvrière qui ne manquent pas d'accompagner ces processus, tout comme les contributions qui visent à dévoiler les articulations et les rapports organiques entre conditions de travail et formes de résistance.
Résumés attendus pour le 31 janvier 2019
Envoyer à elonguenesse@yahoo.fr, amin.allal@gmail.com, scala.miche@gmail.com
Situations de travail et mobilisations ouvrières en Méditerranée, 2019
La rivista Confluences Méditerranée lancia una call for papers per un numero tematico dedicato al... more La rivista Confluences Méditerranée lancia una call for papers per un numero tematico dedicato alle: "Situazioni del lavoro e mobilitazioni operaie nel Mediterraneo".
Coordinazione: Amin Allal, Élisabeth Longuenesse, Michele Scala
Abstract da inviare entro il 31 Gennaio 2019
Les mondes arabes contemporains sont sujets à une exacerbation des flux transnationaux depuis 201... more Les mondes arabes contemporains sont sujets à une exacerbation des flux transnationaux depuis 2010, qui invite à interroger à nouveaux frais la lecture que nous faisons des processus de l’action sociale et politique, ainsi que des mobilités. Les situations révolutionnaires de 2010- 2012, recouvrent en effet des enjeux « territorialisés, circonscrits par les caractéristiques de chaque État et régime, mais en résonance à l’échelle arabe » (Camau, 2012). Les études des dynamiques post-2011 offrent déjà des recherches dans des domaines aussi divers que, la construction de réseaux patronaux transnationaux (Vannetzel et Yankaya, 2017), les migrations internationales dans l’Égypte post-révolutionnaire (Brücker et Lagarde, 2017), ou encore le caractère transnational de certaines actions collectives et dynamiques politiques, tels que le « salafisme globalisé » (Baczko et Dorronsoro, 2017), la redéfinition de l’espace politique kurde avec le conflit syrien (Benhaim et Quesnay, 2016) ou encore le vote à distance des Tunisiens depuis 2011 (Jaulin et Björn, 2015). Notre intérêt pour cette « histoire au présent » va de pair avec une réflexion sur l’histoire, plus ou moins longue, de constitution des espaces et réseaux transnationaux, comme par exemple l’histoire de la gauche jordanienne « indissociable » de celle de la gauche palestinienne (Dot-Pouillard, 2016), l’émergence d’un espace médiatique arabe (Gonzalez-Quijano et Guaaybess, 2009) ou encore le façonnement du salafisme yéménite, depuis les années 80, par des « flux transnationaux » (Bonnefoy, 2011).
Colloque international : "La citoyenneté industrielle. Perspectives Sud Nord", Tunis du 25 au 27 ... more Colloque international : "La citoyenneté industrielle. Perspectives Sud Nord", Tunis du 25 au 27 juin 2018, coordination Amin Allal, Samuel Hayat, Karel Yon.
La multiplication récente de protestations collectives ouvrières à travers le monde nous rappelle... more La multiplication récente de protestations collectives ouvrières à travers le monde nous rappelle l’importance de l’observation des mondes ouvriers pour l’analyse politique. La fin de l’histoire, l’avènement d’une postmodernité démocratique libérée des conflits, neutralisant les contradictions socio-politiques et l’expression des groupes sociaux dominés, n’est pas à l’ordre du jour. A l’inverse, l’idée que cette expression ouvrière serait une étape vers la destruction à venir du capitalisme, brouille notre compréhension des recompositions politiques contemporaines. Ces deux tentations explicatives téléologiques opposées – la fin de l’histoire vs. le grand soir – entravent la construction d’une analyse critique et globale de la citoyenneté industrielle.
Dans ce colloque, nous proposons de revisiter la citoyenneté industrielle de façon transversale à partir de ses ancrages localisés. Cette approche offre un cadre d’observation empirique qui permet d’étudier la manière dont l’organisation du travail structure les pratiques collectives, sans être prisonnier de la coupure entre le dedans et le dehors des lieux de production. Ainsi, la citoyenneté industrielle peut être observée dans des espace-temps diversifiés, au Nord comme au Sud, dans le passé comme dans le présent, et donne l’occasion d’un dialogue entre historiens, sociologues, politistes, anthropologues, juristes ou encore économistes.
This panel seeks to explore, through empirical contributions, diverse forms of industrial citizen... more This panel seeks to explore, through empirical contributions, diverse forms of industrial citizenship – a protean concept that pertains to all the practices and devices through which industrial workers engage in an active relation with their firm and its territory. Thus we aim to regroup in a single category multiple activities that have in common their actors more than their content. This is not meant to dissolve the specificity of these activities, but to grasp how their articulation is experienced by industrial workers. This way we hope to bring into light a certain experience, coined as civic as it is the active and collective participation of a category of workers that are at the core of industrial economies. This way, this panel will put in action a conception of politics that is both large, through the spectrum of activities it gathers, and narrow, through a strict definition of its actors. Hence we will consider industrial citizenship not as a juridical status, but as a way to refer to the interactions between labour and politics. We will do so not only by considering production units as political institutions (because they produce norms and involve relations of power), but also by dealing with the way work and the workplace mould the political experience of individuals and groups. So we will not limit ourselves to factory workers: we will take seriously the professional environments and all the social links (families, gender relations, leisure activities) that structure the life of people depending from industrial work. By leading scholars to consider different experiences of industrial citizenship, to study their logics, to compare them, we can hope to account for the richness of this research object and for the tensions that go through it. In the wake of the study of citizenship " from below " , as developed in micro-history or in political anthropology, attentive to localized integration, to different scales of citizenship and to diverse forms of political subjectivation, we intend to gather contributions that explore the intermediary scale of industrial basins or areas. This scale offers an empirical observation framework that allows to study the way the industrial organization shapes collective practices, without being constrained by the divide between the inside and the outside of workplaces. It also allows to disentangle oneself from the teleological prism that associates the industrial age to a (past) era of " modernity ". The way we define it, industrial citizenship can be observe in diverse spaces and times, in the North as in the South, in the past as in the present. In order to grasp the forms of industrial citizenship that are developed in the studied fields, we will privilege approaches in terms of localized analysis that intend to situate workers' action in thick descriptions of local social and political relations. On each field, the inclusion of industrial citizenship in diverse configurations, beyond the sole labour organizations, can be studied through the juridical context that both allows and restrains the action of workers; economic relations in socio-technical production devices; social relations of domination inside and outside factories... In this panel, we will be interested not only by instituted industrial workers' militant practices (in parties, trade unions, associations), but also to the forms of participation, representation and protest that are built outside of (and even it conflict with) these instituted militant practices, basing themselves on other social relations and mobilizing other repertoires of actions. By highlighting forms of politicisation and subjectivation that depart from working
Cette section thématique vise à explorer, à partir de contributions empiriques, les formes de la ... more Cette section thématique vise à explorer, à partir de contributions empiriques, les formes de la citoyennetéíndustrielle, concept multiforme qui renvoie à l'ensemble des pratiques et des dispositifs par lesquels les travailleurs industriels exercent un rapport actif à leur entreprise et au territoire dans lequel elle s'insère. L'enjeu est donc de regrouper sous une seule catégorie des activités multiples qui ont en commun leurs acteurs plus que leur contenu – le but n'étant pas de dissoudre la spécificité́de ces activités, mais de saisir leur articulation telle qu'elle est concrètement vécue par les travailleurs industriels. Il s'agit par là de donner à voir une expérience, citoyenne en tant qu'elle est une participation active et collective, celle d'une catégorie de travailleurs au coeur des économies industrielles. Ce faisant, cette section thématique entend faire jouer une conception de la politique à la fois étendue, par le type d'activités qu'elle englobe, et restreinte, par la circonscription de ses acteurs. Ainsi, nous abordons la citoyenneté industrielle non pas au sens de statut juridique, mais comme le moyen de designer les interactions entre travail et politique : non seulement en considérant les organisations de production comme des institutions politiques (car productrices de normes et mettant en jeu des rapports de force), mais aussi en abordant la façon dont le travail et le milieu de travail façonnent l'expérience politique des individus et des groupes. Il ne s'agit donc pas de se limiter au noyau dur des travailleurs d'usine, mais de prendre au sérieux les environnements professionnels contrastés et l'ensemble des liens sociaux (familiaux, de genre, de loisir) qui structurent les populations dépendantes du travail industriel. En amenant des chercheurs à considérer différentes expériences de citoyennetéíndustrielle, à étudier leurs logiques, à les comparer entre elles, on peut espérer rendre compte de la richesse de cet objet, mais aussi des tensions qui le traversent. Dans le sillage d'une approche « par le bas » de la citoyenneté, telle que développée par les travaux de micro-histoire ou d'anthropologie politique, attentive aux ancrages localises, aux différentes échelles de la citoyennetéét aux diverses formes de « subjectivation politique, nous entendons réunir des contributions qui explorent l'échelle intermédiaire des territoires ou bassins industriels. Cette échelle offre un cadre d'observation empirique qui permet d'étudier la façon dont l'organisation industrielle structure les pratiques collectives, sans pour autant se rendre prisonnier de la coupure entre le dedans et le dehors des lieux de production. Elle permet aussi de se déprendre du prisme téléologique associant l'Age industriel à un moment (révolu) de la « modernité ». Ainsi définie, la citoyenneté industrielle peut être observée dans des espaces-temps diversifiés, au Nord comme au Sud, dans l'histoire comme dans le présent. Pour saisir les formes de citoyenneté industrielle qui se jouent dans les terrains étudiés, on privilégiera les approches en termes d'analyse localisée, qui entendent situer l'action des
Appel à contribution pour un colloque international à Beyrouth 12-14 octobre 2016 L'étude des mob... more Appel à contribution pour un colloque international à Beyrouth 12-14 octobre 2016 L'étude des mobilisations politiques au Maghreb et au Proche-Orient depuis le tournant 2010 démontre, s'il en était besoin, les limites des analyses économicistes. Comme ailleurs, la pauvreté et des conditions de vie économique détériorées (ici, notamment du fait des effets des ajustements structurels des années 1990, puis de la crise économique des années 2000) ne produisent pas mécaniquement de la révolte ou de la protestation collective. D'une part, le caractère « bread and butter » des revendications de certains mouvements ne relègue pas ceux-ci à des formes spasmodiques, réactionnelles et immatures d'expression politique mais traduisent bel et bien la formation de consciences politiques et collectives. D'autre part, la sociologie de ces mobilisations s'avère particulièrement complexe. Elle engage à prendre au sérieux la parole et les pratiques d'acteurs jusqu'alors considérés comme subalternes, peu audibles, peu visibles, mais aussi les ressources inégales engagées dans les revendications collectives. L'un des intérêts de l'observation comparée des scènes publiques contemporaines dans la région est précisément que celles-ci, derrière des slogans, souvent rendus unitaires après des opérations de cadrage, sont le théâtre politique de coalitions d'acteurs aux conditions sociales et économiques variées, qui transparaissent d'ailleurs dans d'autres slogans, pour la plupart localisés ou sectorisés. Elles appellent à discuter leur cartographie sociale, les dynamiques de déclassement et de mobilité qui peuvent les sous-tendre, les attentes qu'elles suscitent, les inégalités qu'elles consacrent. L'objectif de ce colloque, organisé à Beyrouth dans le cadre du programme WAFAW (ERC), est de contribuer de façon critique à un débat sur un angle peu exploré des « crises politiques » de la région, celui de leurs sous-sols socio-économiques, à partir d'enquêtes et de corpus originaux. Il s'agira de mieux comprendre comment les sociétés politiques arabes, iraniennes, turques, etc., observées, sont travaillées par des processus à la fois très
The study of the political mobilizations that took place in North Africa and the Near East since ... more The study of the political mobilizations that took place in North Africa and the Near East since the watershed of 2010 reveals the limits of purely economic analyses. Poverty and deteriorating living conditions-which were, in this case, most notably due to the structural adjustments of the 1990s, and of the economic crisis of the 2000s-do not automatically produce uprisings or collective protests, in this region as elsewhere. On the one hand, the " bread and butter " nature characterizing the demands of some political movements does not reduce the latter to spasmodic and immature forms of political expression. Quite the contrary, they reveal the shaping of political and collective consciousness. On the other hand, the sociology of mobilization proves itself to be particularly complex. It implies taking into serious consideration the narrative and practices of actors hitherto considered as marginal and seldom heard nor seen, as well as the unequal resources at stake in the collective demands made. The comparative observations of contemporary public spaces in the region can be interesting precisely because these spaces are the political scene on which appear coalitions of actors coming from various socioeconomic backgrounds, in spite of the unified slogans they use. In fact, these slogans were often only unified after necessary readjustments; they also varied in other cases along local or sectorial lines, thus highlighting the diversity within the ranks of those
هل الاقتصاد مهم؟ سنة الثورات الخامسة من وجهتي النظر الاقتصادية والاجتماعية دعوة للمشاركة في ندوة ... more هل الاقتصاد مهم؟
سنة الثورات الخامسة من وجهتي النظر الاقتصادية والاجتماعية
دعوة للمشاركة في ندوة دولية
من 12إلى 14 تشرين الأول(أكتوبر) 2016
تبرز دراسة التعبئة السياسية في الدول العربية بدءا من نهاية سنة 2010 حدود التحليلات الاقتصادية البحتة. كما هو الحال في أماكن أخرى، لا ينتج الفقر ولا شروط الحياة الاقتصادية المتردية (لاسيما التي حصلت جراء التعديلات الهيكلية في تسعينات القرن الماضي، أو حتى بسبب الأزمة الاقتصادية مطلع الألفية الثانية) أيّ انتفاضة أو أي احتجاج جماعي تلقائيا. من جهة أولى، لا يمكن اختزال مطالبات بعض من الحراكات ذات طابع " الخبز والزبدة" الى أشكال من التعبير السياسية التشنجي أو ردود فعلي أو غير الناضج. على العكس من ذلك، فهي تعبر فعلا عن تشكيل الوعيين الجمعي والسياسي. ومن جهة أخرى يصبح علم اجتماع هذه التعبئات معقداً حقا. فهو يأخذ كلمات الفاعلين وممارساتهم على محمل الجد، في حين كان هؤلاء الفاعلون يعدّون في السابق وحتى فترة قريبة مجرد مجموعة من القوى التابعة، أصواتهم منخفضة وبالكاد يُرون، غير أن هؤلاء الفاعلين يرتبطون أيضا بموارد غير متساوية وهي تلعب دورا في المطالبات الجماعية. من امتيازات المراقبة المقارنة للمشاهد العامة المعاصرة في المنطقة بالتحديد هي أن تلك المشاهد المعاصرة - خلف الشعارات التي غالبا ما تقدِّمُ شيئا وحدويا - تمثل مسرحا سياسيا يعتمد على ائتلاف مجموعة فاعلين ظروفهم الاجتماعية والاقتصادية متنوعة، وهي ظروف تبرز أيضا في شعارات أخرى يرتبط معظمها بالمجال المحلي أو القطاعي (المهني). تلك المشاهد تستدعي النقاش حول رسم خرائطهم الاجتماعية، وآليات إعادة تصنيفهم الاجتماعي (حراك طبقي صاعد ونازل)، والتي قد يكمن خلفها التوقعات التي تثيرها، واللامساواة التي تكرسها.
During the 2010-2011 uprisings that swept through the Middle East and North Africa region, mass p... more During the 2010-2011 uprisings that swept through the Middle East and North Africa region, mass protests against the existing allocation of profits drawn from the main economic activities, took place on industrial sites that more often than not symbolised state-promoted developmentalism of the post-independence period. These social movements ought to be replaced against the backdrop of changes that had objectively affected the economic environment and social balance built around the usually state-owned industries. This thematic section explores how these "material" demands are embeded in clientelist relations. While this joint research builds on several contemporary studies in political sociology that reject the supposedly dialectical opposition between clientelism and protest, its main goal is to lay the stress on the added value of a comparative approach that confronts monographic studies, without restricting itself, as often tacitly done, to the division in geographic or cultural "areas". Emphasis will be put on the impact of industrialization's paths and histories on the structuration of social demands. The second contribution of this work is to give its fair share to the study of social situations emerging in industry-related contexts. The expression "Industrial worlds" refers here as much to the context in which protests emerge - a local community whose structure in terms of social relations, solidarities, fault lines or power relations heavily depends on a given economic activity - as to the physical space in which they occur - the workplace, be it actual or desired. This joint study explores the ways conflictuality is expressed and protest organised, as well as the ways in which these protests and conflictual patterns are inscribed within social interactions from which it results the asserting of "rights", "moral" references or logics of vulnerability/protection. - How to define "social rights" in these specific industrial worlds? - Does the material aspect of the claims favor clientelistic logics in the management of protests? - What networks are mobilized to settle conflicts on the workplace? - How do these modes of conflict management affect the way protests are organized and expressed? - How do they affect the ordinary relations of power and the relation towards the dominant authority? - What are the roles of mediating institutions (unions, political parties, etc.) in these processes?
During the 2010-2011 uprisings that swept through the Middle East and North Africa region, mass p... more During the 2010-2011 uprisings that swept through the Middle East and North Africa region, mass protests against the existing allocation of profits drawn from the main economic activities, took place on industrial sites that more often than not symbolised state-promoted developmentalism of the post-independence period. These social movements ought to be replaced against the backdrop of changes that had objectively affected the economic environment and social balance built around the usually state-owned industries. This thematic section explores how these "material" demands are embeded in clientelist relations. While this joint research builds on several contemporary studies in political sociology that reject the supposedly dialectical opposition between clientelism and protest, its main goal is to lay the stress on the added value of a comparative approach that confronts monographic studies, without restricting itself, as often tacitly done, to the division in geographic or cultural "areas". Emphasis will be put on the impact of industrialization's paths and histories on the structuration of social demands. The second contribution of this work is to give its fair share to the study of social situations emerging in industry-related contexts. The expression "Industrial worlds" refers here as much to the context in which protests emerge - a local community whose structure in terms of social relations, solidarities, fault lines or power relations heavily depends on a given economic activity - as to the physical space in which they occur - the workplace, be it actual or desired. This joint study explores the ways conflictuality is expressed and protest organised, as well as the ways in which these protests and conflictual patterns are inscribed within social interactions from which it results the asserting of "rights", "moral" references or logics of vulnerability/protection. - How to define "social rights" in these specific industrial worlds? - Does the material aspect of the claims favor clientelistic logics in the management of protests? - What networks are mobilized to settle conflicts on the workplace? - How do these modes of conflict management affect the way protests are organized and expressed? - How do they affect the ordinary relations of power and the relation towards the dominant authority? - What are the roles of mediating institutions (unions, political parties, etc.) in these processes?
Micro-politique des revendications matérielles. Ce qu'elles nous apprennent sur la dynamique des ... more Micro-politique des revendications matérielles.
Ce qu'elles nous apprennent sur la dynamique des protestations
et sur leur théorisation
El “momento revolucionario”, período del estallido de lo posible, es un desafío para las ciencias... more El “momento revolucionario”, período del estallido de lo posible, es un desafío para las ciencias sociales. El reto consiste en analizar los comportamientos que acontecen este período sin extrapolarlos o sobre-interpretar. Con base en una observación participante en dos barrios populares de Túnez en enero de 2011, se analizan aquí las prácticas de grupos de hombres jóvenes que, después de las luchas en contra de las fuerzas de seguridad, ocuparon significativamente el espacio público y garantizaron el orden público – pasando en ese mismo momento del estatus de delincuentes al de héroes. Estas nuevas posiciones y posturas en su barrio llevan las semillas de una politización. Sin embargo, los registros de denuncia convocados por estos jóvenes, que expresan una crítica mordaz de las modalidades concretas de la redistribución, no hacen necesariamente tabla rasa de las prácticas del pasado. Es esta ambivalencia de las prácticas sociales emergentes que este artículo tiene como objetivo de poner en evidencia.
E n moins d'un an, les soulèvements populaires de 2011 ont eu raison des chefs d'État tunisien, é... more E n moins d'un an, les soulèvements populaires de 2011 ont eu raison des chefs d'État tunisien, égyptien, libyen et yéménite. Ils ont plongé la Syrie dans une situation de guerre civile, entraîné le déploiement au Bahreïn des armées des monarchies du Golfe et contraint les régimes autoritaires voisins à désamorcer la contestation en combinant répression, réformes institutionnelles et mesures de redistribution. Il serait certes fort imprudent d'annoncer la fin des régimes autoritaires dans la région mais on voit mal comment ils pourraient perdurer sans se réinventer selon des modalités probablement différentes de celles qui ont prévalu durant le dernier demi-siècle.
Plan de l'article « On n’a pas à obéir à je ne sais qui » Entre « transgression » et « normalisa... more Plan de l'article
« On n’a pas à obéir à je ne sais qui »
Entre « transgression » et « normalisation »
Quelles figures féminines de la protestation ?
Mondes arabes
Observant un ensemble d’actions qui se sont déroulées pendant le moment révolutionnaire, mais qui... more Observant un ensemble d’actions qui se sont déroulées pendant le moment révolutionnaire, mais qui semblaient a priori ne pas relever de la dynamique de mobilisation révolutionnaire, l’article se penche sur les constructions illégales qui explosent dans les quartiers populaires en Égypte et en Tunisie. Quelle place donner à ce type d’actions, massives, coordonnées à une échelle très locale, qui se déploient durant la conjoncture critique des révolutions ? L’article propose d’analyser ces phénomènes comme des indices des recompositions à l’œuvre dans les rapports de pouvoir entre gouvernants et gouvernés.
Gouvernement et action publique, 2016
The analysis of development practices in Tunisia highlights how the global discourse of “particip... more The analysis of development practices in Tunisia highlights how the global discourse of “participation” is translated into local languages of power. So-called “participatory” development projects have been carried out by international organisations in Tunisia since the 1990s. They provide a good illustration of the systemic relationship between authoritarian dynamics and the neoliberal reforms of which they are part. Although these projects may have variable effects, they provide resources and means of renewing political control in authoritarian contexts. Based on the empirical study of participatory projects in the southern region of Gafsa, this article will show how locally promoted “participation” became a hegemonic grammar in which Ben Ali’s regime reformulated its discourse of legitimacy. “Participation” also enabled the regime to deploy new patterns of political surveillance and to enforce the domestication of civil society. “Participation” thus supports authoritarian rule while giving subaltern subjects the opportunity to take part in development projects. But these trajectories of subaltern integration are possible only through integration to the official party in power, deeply entrenched in the state (RCD). These trajectories correspond to neoliberal processes such as the atomization of social mobility and the promotion of self-help and individualized logics.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2014
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2020
International audienceCitoyenneté industrielle : à quoi bon exhumer une notion depuis longtemps c... more International audienceCitoyenneté industrielle : à quoi bon exhumer une notion depuis longtemps critiquée et qui semble désormais ne plus être à la mode ? À rebours des usages normatifs qui ont fait florès dans la littérature spécialisée sur les relations professionnelles, nous repartons des intuitions de Michael Burawoy qui a utilisé cette notion comme un révélateur de la dimension politique des relations de travail.Dans cette perspective, le syndicalisme devient une pièce des architectures institutionnelles qui structurent les relations sociales de production. La citoyenneté industrielle, ici métaphore heuristique plus que catégorie d'analyse, permet dès lors de renouveler le regard comparatif sur les formes du lien syndical, appréhendé au croisement des régimes de citoyenneté et de production
Entretien à l'occasion de la sortie du n°87 de Critique internationale : “Citoyennetés indust... more Entretien à l'occasion de la sortie du n°87 de Critique internationale : “Citoyennetés industrielles et formes du lien syndical”
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2012
Pouvoirs, 2016
Distribution électronique Cairn.info pour Le Seuil. Distribution électronique Cairn.info pour Le ... more Distribution électronique Cairn.info pour Le Seuil. Distribution électronique Cairn.info pour Le Seuil. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Article disponible en ligne à l'adresse Article disponible en ligne à l'adresse https://www.cairn.info/revue-pouvoirs-2016-1-page-17.htm Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s'abonner... Flashez ce QR Code pour accéder à la page de ce numéro sur Cairn.info. 4. Gilbert Achcar, Le peuple veut. Une exploration radicale du soulèvement arabe, Paris, Actes sud, 2013. Dans cette veine, les analyses sur le cas tunisien, reprenant l'équation « développement économique = fin de l'autoritarisme », conduisaient Mahmoud Ben romdhane à parler d'exception (« Développement et démocratie : l'exception tunisienne », L'Année du Maghreb, n° 3, 2007, p. 427-455.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2018
International audienc
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Feb 4, 2011
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2011
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2010
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Apr 1, 2011
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Feb 1, 2011
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2013
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2011
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), May 1, 2011
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2009
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2020
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Mar 1, 2013
« Restauration autoritaire ». L'expression est couramment invoquée, et pourtant, rarement définie... more « Restauration autoritaire ». L'expression est couramment invoquée, et pourtant, rarement définie. Est-ce le signe qu'elle ne serait que cela, une expression, ne prétendant à rien d'autre qu'à un emploi relâché ? Le scénario de la « restauration autoritaire » renvoyait surtout aux « transitions suspendues » ou aux « démocratisations en trompe-l'oeil » que de nombreux pays d'Afrique subsaharienne avaient connues dans les années 1990. Il a été remis au goût du jour à l'occasion des « Printemps arabes ». Comment rendre compte de ces « moments » dans lesquels des reconfigurations plus ou moins autoritaires du pouvoir succèdent à des processus de démocratisation ? Que faire de ces lendemains qui déchantent ?
Journée d'études, 2017
Cette journée d’étude (JE) s'inscrit dans le cadre de la publication d'un dossier thématique , in... more Cette journée d’étude (JE) s'inscrit dans le cadre de la publication d'un dossier thématique , intitulé « Les chemins buissonniers de la démocratie participative en Afrique : entre importation procédurale et innovation (s) locale (s) ». Elle intervient après réception de la première version des contributions et est donc préparatoire à la rédaction de la dernière version des articles. Il s'agira de faire converger les analyses des contributeurs et de renforcer la cohérence globale de la publication à venir. Cela nous permettra également de nous connaître et de former un collectif autour de ces questions de participation et de démocratisation en Afrique. Les intervenants seront principalement la douzaine de contributeurs/trices, des discutant-e-s et des chercheurs du CEPED ou du GIS Participation et Démocratisation.