Jean-Dominique Brignoli - Academia.edu (original) (raw)

Papers by Jean-Dominique Brignoli

Research paper thumbnail of Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir

Cette these contient 18 chapitres, des annexes, un glossaire, un glossaire des plantes, une bibli... more Cette these contient 18 chapitres, des annexes, un glossaire, un glossaire des plantes, une bibliographie, un index. Elle a pour objectif de tenter une analyse la plus complete possible de l'ensemble de l'architecture palatiale safavide connue. L'auteur ne voulant pas partir d'hypotheses et de presupposes a decide d'analyser les complexes palatiaux sites par sites et elements par elements. Une tentative d'analyse de la question du "chahârbâgh" precede l'analyse des palais. Sont ensuite analyses les architectures palatiales (ou les bâtiments de types palatiaux) d'Ardebil, de Tabriz, de Qazvin, de Nâ'in, d'Isfahan, du Mâzanderân, de Kâshân, de Shirâz, enfin de certaines residences secondaires et des palais-relais des shâhs safavides. Une derniere partie tente une analyse des origines et de la fonction du "tâlâr". Une conclusion tente enfin d'extraire quelques principes generaux de cette architecture mais permet aussi de n...

Research paper thumbnail of The Royal Residence of ‘ Abbâsâbâd In Mâzanderân The " Pleasure Corner " Of Shâh ‘ Abbas

Jean-Dominique Brignoli PhD in Art History and Archeology, University of Provence, France. jdobri... more Jean-Dominique Brignoli PhD in Art History and Archeology, University of Provence, France. jdobrignoli@gmail.com Abstract | Among Shâh ‘Abbâs I’s palaces in Mâzanderân, the ‘Abbâsâbâd estate is outstanding by its original features: it linked an informal garden, the elements of which are loosely assembled around an artificial lake to a formal space, on higher grounds, with a geometrical outlay, more common in the art of Persian gardens. The coexistence of these juxtaposed parts and the close relation of the residence with the surrounding forest, the lack of outside walls customary in Persian gardens, hint at an original relation of some Safavid gardens with the natural landscape i.e. a will to “reproduce” or “preserve” nature in its wilder aspects, with the intent, not of building a great Royal garden, but rather, a simple hunting residence: a gusheh-ye ‘eysh-e shâh, a "pleasure corner for the king"1.

Research paper thumbnail of Royal Residence of Abbāsābād in Māzandarān: The "Pleasure Corner" of Shāh Abbās I

Manzar (Translation), 2015

Among Shâh ‘Abbâs I’s palaces in Mâzanderân, the ‘Abbâsâbâd estate is outstanding by its original... more Among Shâh ‘Abbâs I’s palaces in Mâzanderân, the ‘Abbâsâbâd estate is outstanding by its original features: it linked an informal garden, the elements of which are loosely assembled around an artificial lake to a formal space, on higher grounds, with a geometrical outlay, more common in the art of Persian gardens. The coexistence of these juxtaposed parts and the close relation of the residence with the surrounding forest, the lack of outside walls customary in Persian gardens, hint at an original relation of some Safavid gardens with the natural landscape i.e. a will to “reproduce” or “preserve” nature in its wilder aspects, with the intent, not of building a great Royal garden, but rather, a simple hunting residence: a gusheh-ye ‘eysh-e shâh, a "pleasure corner for the king".

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 23 Index

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 22 Bibliographie

922 BIBLIOGRAPHIE NB : 1. les maisons d'édition n'ont été signalées que lorsqu'il s'agit d'ouvrag... more 922 BIBLIOGRAPHIE NB : 1. les maisons d'édition n'ont été signalées que lorsqu'il s'agit d'ouvrages publiés avant le XIXe siècle -essentiellement dans les sources occidentales -ou d'éditions iraniennes, indiennes ou turques, afin d'éviter toute confusion dans les différentes publications. 2. Sont considérés comme « sources » tout ouvrage, même à volonté scientifique, paru avant 1918. 3. Les ouvrages d'un même auteur sont présentés du plus récent au plus ancien. Pour un auteur ayant fait paraître plusieurs ouvrages la même année on a ajouté la mention, a/b/c… ex. 1970 a et 1970 b. Sources arabes et persanes Anonyme, « A List of the Caravansarais of Isfahan », Persian Manuscript Collection, MS Sloane 4094, British Library, Londres, ci. XVIIIe siècle. Anonyme, voir Rostâmnameh. 'Abdi Beyg Shirâzi [Navidi-ye Shirâzi], 'Abdi Beyg Shirâzi Zeyn al'Âbedin 'Ali, Takmelat alakhbâr, Tarikh-e safaviyyeh az âghâz tâ 978 hejri qamari, ed. 'abd ol-Hoseyn Navâ'i, Téhéran, 1990. 'Abdi Beyg Shirâzi [Navidi-ye Shirâzi], 'Abdi Beyg Shirâzi, Zeyn al'Âbedin 'Ali, Dowhat al-azhâr [2e poème in le khamseh : Jannat-e 'adn], ed. A. Ragimov & A. Minai, Moscou, 1974. 'Abdi Beyg Shirâzi [Navidi-ye Shirâzi], 'Abdi Beyg Shirâzi, Zeyn al'Âbedin 'Ali, Rowzat al-Sefât [1er poème in le khamseh : Jannat-e 'adn], ed A. Ragimov, Moscou, 1974. 'Abdi Beg Shirâzi [Navidi-ye Shirâzi], 'Abdi Beg Shirâzi, Zeyn al'Âbedin 'Ali, Kulliyât-e Navidi, Tehran University Central Library, ms. 2425 [Non vidit] Abu Nu'aym, Abu Nu'aym al-Esfahâni, Dikr Akhbâr Isfahān, ed. S. Dedering, 2 Vol.., red.

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 21 Glossaire

Glossaire Âb-anbâr : une citerne enterrée. Abjad : correspondance numérique des lettres de l'alph... more Glossaire Âb-anbâr : une citerne enterrée. Abjad : correspondance numérique des lettres de l'alphabet arabe et persan. Technique très utilisée pour une poésie célébrant une date mémorable, un événement ou l'érection d'un bâtiment. Â'ineh-kâri : littéralement « travail de miroir ». Assemblage de miroirs et de verre pour orner une surface ou une fenêtre. Anbâr-gholâmân : magasin aux esclaves. Andarun : (par opposition à birun) Partie intérieure et privée de la maison ou du palais, réservée au maître de maison et aux femmes. Dans le palais l'andarun définit un quartier entier privé. Néanmoins un bâtiment-andarun peut prendre place dans un espace birun. Il est dans ce cas clôt et à aspect fortifié. (voir Haram) Âstâneh : seuil, seuil de la porte. Baghdâdi : littéralement « de Bagdad ». Structure architecturale ou pavillon à angles tronqués présentant une silhouette octogonale. Les parois devaient être percées de nombreuses ouvertures. Bâgh : jardin, un morceau de terre généralement clôt de murs et portant des cultures permanentes. Le jardin comprend aussi bien des plantes d'agrément, arbres et fleurs, que des plantes arbustives nouricières. Bien que des plantes nourricières comme le concombre (khiyâr) ou des arbres fruitiers trouvent place dans le bâgh il ne faut néanmoins pas l'assimiler à un potager (plutôt jâliz ou parfois bustân) ou à un verger (bustân ou chaman). Le bâgh est un lieu éminemment social, lieu de réunion en famille ou entre amis, lieu de plaisir et de délassement. Bâghcheh : petit jardin ou parterre. Bâlâkhâneh : pièce en hauteur, équivalent d'une loggia. Désigne la plupart du temps les eyân-loges, les balcons, les pièces au-dessus d'un passage. Baradari : dans l'architecture moghole, désigne un pavillon à douze portes, trois sur chaque façade. Bâ'oli : dans l'architecture indienne, désigne une citerne enterrée accessible par des marches. Birun : (par opposition à andarun) Partie extérieure et de réception de la maison. Dans le palais royal le birun, partie publique, se confond avec le divânkhâneh, le daftarkhâneh et le kârkhâneh. Botteh : littéralement "bouquet de fleurs" en persan. Forme-motif souvent utilisé dans la décoration et les tapis, évoquant par sa forme une goutte ou la silhouette d'un cyprès. Bustân : littéralement : « le lieu des senteurs ». Jardin avec une idée très forte d'endroits emplis d'odeurs suaves et donc de fleurs. Néanmoins le bustân désigne parfois un verger ou un potager Buyutât al-Soltâni : partie administrative du palais comprenant aussi le daftarkhâneh et le kârkhâneh. Chahâr-bâgh : littéralement « quatre jardins » ou « quatre-jardin ». Désigne un type de jardin, sans doute idéal, à l'aspect mal défini mais certainement géométrisé. La seule description de chahâr-bâgh avéré, dans un traité d'agriculture du début du XVIe siècle, présente un espace rectangulaire traversé par une allée centrale et un canal menant à un pavillon. L'espace est, de part d'autre de l'allée, délimité en différente plates-bandes recevant plantes et arbres sans que la séparation soit faites entre les plantes nourricières et les plantes de pur agrément. Jâliz : potager, melonnière ou pré. Jarib : unité de mesure correspondant à environ 54,848 m. Jâmehkhâneh : le magasin des habits et sans doute l'espace des ateliers de filatures et de broderies des textiles royaux. Ju ou Juy ou (pop. Jub) : canal, ruisseau. Kâhgel : littéralement « paille-boue », torchis. Kârkhâneh : espace des activités artisanales. Dans un palais royal, espace des ateliers royaux compris dans le buyutat al-soltâni et donc dans le birun.

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 20 Annexes

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 19 Conclusion

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 18 le Tâlâr safavide

A. Le tâlâr royal safavide C'est entre le règne de Shâh Safi et le règne de Shâh 'Abbâs II que se... more A. Le tâlâr royal safavide C'est entre le règne de Shâh Safi et le règne de Shâh 'Abbâs II que semble se situer un des moments importants de l'architecture palatiale safavide : l'adoption définitive, ou l'invention de la forme du grand tâlâr royal, portique de bois supporté par des colonnes se dressant au devant d'un pavillon royal.

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 17 Les résidences suburbaines secondaires et les palais-relais

A côté des grands palais royaux de capitales aux développements infiniment complexes, et des gran... more A côté des grands palais royaux de capitales aux développements infiniment complexes, et des grands jardins suburbains, les shâhs safavides avaient fait construire toute une série de palais, résidences secondaires, jardins ou simples parcs à animaux, autour d'Isfahan. Ces résidences « secondaires » et d'importance mineure étendaient cependant considérablement le champ d'action des rois autour de la capitale. En outre, des palais faisant office de caravansérails royaux jalonnaient les grandes routes du sudouest de l'empire entre Shirâz et Isfahan, Isfahan et la Caspienne ou Isfahan et Tabriz. Parfois simple relais, étapes pour la nuit, sur les routes caravanières, ces palais étaient alors très élémentaires et de taille réduite.

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 16 Shirâz

Shirâz existait peut-être déjà à l'époque sassanide 1 . Sa proximité avec Persépolis et Pasargade... more Shirâz existait peut-être déjà à l'époque sassanide 1 . Sa proximité avec Persépolis et Pasargades l'on souvent fait confondre, par les voyageurs de l'époque moderne, avec une ancienne cité achéménide, Cyropolis, sans qu'aucun élément archéologique ne vienne créditer cette origine. Shirâz fut probablement fondée ou refondée en 693/74 H., sous le califat omeyyade de Damas. La ville est située dans la province du Fârs, dans le vaste bassin de la rivière Khoshk. La cité se trouve sur la route venant du Golfe Persique, au travers de cols de montagnes élevées et continuant au nord, en passant entre des collines, vers la plaine de Marvdasht et, au-delà, vers Isfahan. Sa situation, au sortir du goulot d'étranglement des collines, lui assurait une défense naturelle et un rôle clé sur la route commerciale du sud, vers le Golfe Persique. Suppléant au cours irrégulier de sa rivière, des qanâts approvisionnent la cité en eau. C'est en 1503 que la cité tomba entre les mains des Safavides. Les nouveaux maîtres de l'Iran y installèrent des gouverneurs issus des tribus qizilbâshs. Dans les années 1560-1580, le patronage de la peinture de livre des ateliers de Shirâz, par les membres de la tribu Zu'lqadar, était tellement actif que ceux-ci rivalisaient avec les ateliers royaux de Qazvin 2 . C'est, cependant, avec les changements de politique imposés par 'Abbâs I er que Shirâz connut ses grandes modifications urbaines de l'époque Safavide. En effet, en 1590 Shâh 'Abbâs parvint enfin à mettre un terme à la fronde des Qizilbâshs qui durait depuis 12 ans, en défaisant Ya'qub Khân, le gouverneur rebelle de Shirâz, et en conquérant sa forteresse d'Ishtakr. Cherchant à substituer un pouvoir qui lui fut plus fidèle à la dangereuse clique tribale des Qizilbâshs, le shâh nomma Allah Verdi Khân le Géorgien et qullar âqâsi, commandant des régiments de gholâm du shâh, gouverneur du Fars en 1595-1596/1004 H. 3 Le nouveau gouverneur, construisit un barrage -le

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 15 Kâshân

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 14 les résidences du Mâzanderân

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 13 Farahâbâd

monarchie française, les défauts de caractère de Hoseyn ou la dépense que représentait son nouvea... more monarchie française, les défauts de caractère de Hoseyn ou la dépense que représentait son nouveau palais n'ont pu, à eux seuls, déséquilibrer et balayer l'état safavide. Cependant, bien que l'on se doive de garder à l'esprit les exagérations des chroniqueurs, on ne peut chercher à minimiser l'étendue du dessein et tout ce que cette construction avait de maladroite politiquement. En effet, Farahâbâd fut sans doute le plus grand palais des shâhs à Isfahan : en comptant les bâtiments et les jardins il s'étendait sur plus de 2000 m de long, du nord au sud, sur 800 m de large, d'est en ouest -selon mes estimations fondées sur la trace que le palais a pu laisser dans le tracé urbain actuel, sur un plan d'Eugène Beaudouin montrant les différents ensembles d'Isfahan 4 (fig. XIII. 3) et sur une échelle en pas, donnée par le plan original persan de la BNF 5 (fig. XIII. 1 : Echelle de 200 pas. Cette ligne montre 200

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 12 Sa'âdatâbâd d'Isfahan

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 11 Chahâr-Bâgh et Hezâr-Jarib d'Isfahan

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 10 Hasht-Behesht d'Isfahan

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 9 Chehel-Sotun d'Isfahan

Etonnamment, dans toute la littérature consacrée à l'architecture safavide et à Isfahan, le pavil... more Etonnamment, dans toute la littérature consacrée à l'architecture safavide et à Isfahan, le pavillon de Chehel-Sotun n'a jamais eu l'honneur d'une complète et longue monographie. Il est, la plupart du temps, désigné, à tort, par les guides touristiques et les articles vulgarisateurs comme le seul lieu d'audience du palais. En outre, les incertitudes sur sa datation le font souvent présenter comme un bâtiment de Shâh 'Abbâs I er , jouant son rôle de principal bâtiment d'audience pendant toute l'époque safavide d'Isfahan. Il apparaît, de plus, souvent seulement cité, en passant, dans la liste des espaces royaux ou bien, a contrario, étudié pour lui-même mais dramatiquement coupé de son contexte, comme sans lien avec le reste du palais royal. En fait, pour un bâtiment symbole d'Isfahan, l'un des plus connus du grand public et l'un des plus reproduits en dessin ou en cartes postales, le pavillon de Chehel-Sotun demeure très peu étudié. Pourtant, le Chehel-Sotun d'Isfahan mérite tout à la fois d'être traité pour lui-même, en tant que morceau d'architecture remarquable, et cependant d'être considéré comme partie intégrante du complexe de Naqsh-e Jahân. Il faut pour cela tenter de le réinsérer dans l'organisation générale du palais et dans la vie de la cour safavide mais aussi dans l'évolution générale du palais sur la durée. Enfin, il faut tenter de lui trouver une place Pascal Coste en 1840 pour avoir des vues et des relevés du bâtiment (Voir infra). Coste a de surcroît rédigé une description du palais, restée inédite, car conservée dans les manuscrits originaux de la Bibliothèque Municipale de Marseille 5 . Bien que globalement proches de l'édifice actuel, les relevés de Coste se révèlent cependant faux 1

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 8 'Âli-Qâpu d'Isfahan

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 7 Naqsh-e Jahân

Perse depuis dix-huit ans, crayon et aquarelle sur calque, dim. 0,40 m x 0,315 m (1 er feuillet) ... more Perse depuis dix-huit ans, crayon et aquarelle sur calque, dim. 0,40 m x 0,315 m (1 er feuillet) 0,40 m x 0,31 m (2 e feuillet). 1 P. Coste, ms Alb. 3, fol. 36, Suite des palais des Schah. 24 avril 1840 [Isfahan -Angle nord-est du palais de Naqsh-e Jahân -plan], plume et aquarelle rose, verte et bleue, 0,241 m. x 0,236. 2 Coste, ms Alb. 3, fol. 48, n° 3, Bain-hamam Kousrout-Aga. A la suite du palais de Schah Abbâs. Mai 1840 [Isfahan -Bains Khosrow Agha -plan, section longitudinale et section transversale], plume et aquarelle rose et bleue, dim. 0,157 m x 0,099 m. Le deuxième plan présente un complexe mitoyen du Chehel-Sotun -au nord-ouest de celui-ci d'après les annotations du plan -le Nâranjestân, littéralement l'Orangeraie ou l'Orangerie (fig. VII. 4 ; VII. 5 ; VII. 6 ; VII. 8) 4 . D'après les notes de Coste une tour octogonale de ce complexe servait de bâtiment de communication avec une partie privée réservée aux femmes. Malgré l'attribution par Coste de ce palais à Shâh 'Abbâs I e , le palais est, beaucoup plus probablement, un bâtiment d'époque qâjâre comme le plan du complexe paraît l'indiquer -une aile de réception placée entre deux cours et délimitant deux espaces distincts. En outre Coste relève l'abondance des portraits de Fath 'Ali Shâh (1797-1834) à l'intérieur des salons d'apparat 5 (fig. VII. 6). Il semble bien, dans tous les cas, que ce complexe ait remplacé un ensemble safavide préexistant qui marquait la limite de la partie publique dans le palais et peut-être l'ultime lieu d'audience avant de pénétrer dans la partie privée : le Bâgh-e [Isfahan -Palais qâjâr du Nâranjestân à l'emplacement de l'ancien Bâgh-e Khalvat -plan], crayon, plume et aquarelle rose, dim. 0,339 m. x 0,233 m. Sur cet ensemble du Nâranjestân voir J-D Brignoli, 2006 a, p. 47-48. 5 P. Coste, Itinéraire, Vol. 1, p. 120. Pourtant c'est à partir de ces plans et d'une lecture attentive de la description de Chardin, que Donald Wilber proposa à son tour sa propre version de Naqsh-e Jahân qui fit longtemps autorité 1 (fig. VII. 16). Cette reconstitution se révèle profondément fantaisiste et surtout beaucoup trop imprégnée d'une idée de plan orthonormé. Wilber a bien noté les orientations différentes du Meydân-e Naqsh-e Jahân et du Khiyâbân-e Chahâr-Bâgh et il ne les restitue donc pas en parallèle. Mais afin d'effectuer le raccord entre un espace et un autre il se contente de désaxer toute la partie nord-est autour de Chehel-Sotun l'alignant ainsi sur le côté ouest du Meydân-e Naqsh-e Jahân et il aligne le reste du palais sur le tracé de l'avenue Chahâr-Bâgh, selon un plan strictement orthonormé. Wilber a néanmoins le mérite de tenter de replacer chaque élément de la description que Jean Chardin avait fait du palais royal et de ses environs. Il tente de situer hors de l'enceinte du palais, au sud de la Masjed-e Shâh, les demeures des grands dignitaires, les magasins des esclaves, les magasins de bouches pour les officiers du roi ou la place Lalah Beyg contre le mur sud-est du palais 2 . Dans l'enceinte du palais, dans l'alignement de la Porte du Haram il tente de situer le secteur des quatre palais décrit par Chardin : Le Mehmânkhâneh (Palais des hôtes), le 'Emârat-e Ferdows (Palais du paradis), le Divânkhâneh (Maison d'audience ou Salle des miroirs selon Chardin ?), le 'Emârat-e Daryâ-ye Shâh (Palais de la Mer Royale) au devant duquel s'ouvrait un étang de 20 pieds de diamètre 3 . Mais pour ce faire Wilber invente une place carrée avec quatre pavillons d'angle qui semble parfaitement étrange dans l'ensemble du palais. Quant à l'appartement du roi et des favorites, au second enclos pour les enfants du roi, au troisième, le plus vaste, pour les femmes disgraciées, les veuves des rois et les vieilles femmes, autant

Research paper thumbnail of Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir

Cette these contient 18 chapitres, des annexes, un glossaire, un glossaire des plantes, une bibli... more Cette these contient 18 chapitres, des annexes, un glossaire, un glossaire des plantes, une bibliographie, un index. Elle a pour objectif de tenter une analyse la plus complete possible de l'ensemble de l'architecture palatiale safavide connue. L'auteur ne voulant pas partir d'hypotheses et de presupposes a decide d'analyser les complexes palatiaux sites par sites et elements par elements. Une tentative d'analyse de la question du "chahârbâgh" precede l'analyse des palais. Sont ensuite analyses les architectures palatiales (ou les bâtiments de types palatiaux) d'Ardebil, de Tabriz, de Qazvin, de Nâ'in, d'Isfahan, du Mâzanderân, de Kâshân, de Shirâz, enfin de certaines residences secondaires et des palais-relais des shâhs safavides. Une derniere partie tente une analyse des origines et de la fonction du "tâlâr". Une conclusion tente enfin d'extraire quelques principes generaux de cette architecture mais permet aussi de n...

Research paper thumbnail of The Royal Residence of ‘ Abbâsâbâd In Mâzanderân The " Pleasure Corner " Of Shâh ‘ Abbas

Jean-Dominique Brignoli PhD in Art History and Archeology, University of Provence, France. jdobri... more Jean-Dominique Brignoli PhD in Art History and Archeology, University of Provence, France. jdobrignoli@gmail.com Abstract | Among Shâh ‘Abbâs I’s palaces in Mâzanderân, the ‘Abbâsâbâd estate is outstanding by its original features: it linked an informal garden, the elements of which are loosely assembled around an artificial lake to a formal space, on higher grounds, with a geometrical outlay, more common in the art of Persian gardens. The coexistence of these juxtaposed parts and the close relation of the residence with the surrounding forest, the lack of outside walls customary in Persian gardens, hint at an original relation of some Safavid gardens with the natural landscape i.e. a will to “reproduce” or “preserve” nature in its wilder aspects, with the intent, not of building a great Royal garden, but rather, a simple hunting residence: a gusheh-ye ‘eysh-e shâh, a "pleasure corner for the king"1.

Research paper thumbnail of Royal Residence of Abbāsābād in Māzandarān: The "Pleasure Corner" of Shāh Abbās I

Manzar (Translation), 2015

Among Shâh ‘Abbâs I’s palaces in Mâzanderân, the ‘Abbâsâbâd estate is outstanding by its original... more Among Shâh ‘Abbâs I’s palaces in Mâzanderân, the ‘Abbâsâbâd estate is outstanding by its original features: it linked an informal garden, the elements of which are loosely assembled around an artificial lake to a formal space, on higher grounds, with a geometrical outlay, more common in the art of Persian gardens. The coexistence of these juxtaposed parts and the close relation of the residence with the surrounding forest, the lack of outside walls customary in Persian gardens, hint at an original relation of some Safavid gardens with the natural landscape i.e. a will to “reproduce” or “preserve” nature in its wilder aspects, with the intent, not of building a great Royal garden, but rather, a simple hunting residence: a gusheh-ye ‘eysh-e shâh, a "pleasure corner for the king".

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 23 Index

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 22 Bibliographie

922 BIBLIOGRAPHIE NB : 1. les maisons d'édition n'ont été signalées que lorsqu'il s'agit d'ouvrag... more 922 BIBLIOGRAPHIE NB : 1. les maisons d'édition n'ont été signalées que lorsqu'il s'agit d'ouvrages publiés avant le XIXe siècle -essentiellement dans les sources occidentales -ou d'éditions iraniennes, indiennes ou turques, afin d'éviter toute confusion dans les différentes publications. 2. Sont considérés comme « sources » tout ouvrage, même à volonté scientifique, paru avant 1918. 3. Les ouvrages d'un même auteur sont présentés du plus récent au plus ancien. Pour un auteur ayant fait paraître plusieurs ouvrages la même année on a ajouté la mention, a/b/c… ex. 1970 a et 1970 b. Sources arabes et persanes Anonyme, « A List of the Caravansarais of Isfahan », Persian Manuscript Collection, MS Sloane 4094, British Library, Londres, ci. XVIIIe siècle. Anonyme, voir Rostâmnameh. 'Abdi Beyg Shirâzi [Navidi-ye Shirâzi], 'Abdi Beyg Shirâzi Zeyn al'Âbedin 'Ali, Takmelat alakhbâr, Tarikh-e safaviyyeh az âghâz tâ 978 hejri qamari, ed. 'abd ol-Hoseyn Navâ'i, Téhéran, 1990. 'Abdi Beyg Shirâzi [Navidi-ye Shirâzi], 'Abdi Beyg Shirâzi, Zeyn al'Âbedin 'Ali, Dowhat al-azhâr [2e poème in le khamseh : Jannat-e 'adn], ed. A. Ragimov & A. Minai, Moscou, 1974. 'Abdi Beyg Shirâzi [Navidi-ye Shirâzi], 'Abdi Beyg Shirâzi, Zeyn al'Âbedin 'Ali, Rowzat al-Sefât [1er poème in le khamseh : Jannat-e 'adn], ed A. Ragimov, Moscou, 1974. 'Abdi Beg Shirâzi [Navidi-ye Shirâzi], 'Abdi Beg Shirâzi, Zeyn al'Âbedin 'Ali, Kulliyât-e Navidi, Tehran University Central Library, ms. 2425 [Non vidit] Abu Nu'aym, Abu Nu'aym al-Esfahâni, Dikr Akhbâr Isfahān, ed. S. Dedering, 2 Vol.., red.

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 21 Glossaire

Glossaire Âb-anbâr : une citerne enterrée. Abjad : correspondance numérique des lettres de l'alph... more Glossaire Âb-anbâr : une citerne enterrée. Abjad : correspondance numérique des lettres de l'alphabet arabe et persan. Technique très utilisée pour une poésie célébrant une date mémorable, un événement ou l'érection d'un bâtiment. Â'ineh-kâri : littéralement « travail de miroir ». Assemblage de miroirs et de verre pour orner une surface ou une fenêtre. Anbâr-gholâmân : magasin aux esclaves. Andarun : (par opposition à birun) Partie intérieure et privée de la maison ou du palais, réservée au maître de maison et aux femmes. Dans le palais l'andarun définit un quartier entier privé. Néanmoins un bâtiment-andarun peut prendre place dans un espace birun. Il est dans ce cas clôt et à aspect fortifié. (voir Haram) Âstâneh : seuil, seuil de la porte. Baghdâdi : littéralement « de Bagdad ». Structure architecturale ou pavillon à angles tronqués présentant une silhouette octogonale. Les parois devaient être percées de nombreuses ouvertures. Bâgh : jardin, un morceau de terre généralement clôt de murs et portant des cultures permanentes. Le jardin comprend aussi bien des plantes d'agrément, arbres et fleurs, que des plantes arbustives nouricières. Bien que des plantes nourricières comme le concombre (khiyâr) ou des arbres fruitiers trouvent place dans le bâgh il ne faut néanmoins pas l'assimiler à un potager (plutôt jâliz ou parfois bustân) ou à un verger (bustân ou chaman). Le bâgh est un lieu éminemment social, lieu de réunion en famille ou entre amis, lieu de plaisir et de délassement. Bâghcheh : petit jardin ou parterre. Bâlâkhâneh : pièce en hauteur, équivalent d'une loggia. Désigne la plupart du temps les eyân-loges, les balcons, les pièces au-dessus d'un passage. Baradari : dans l'architecture moghole, désigne un pavillon à douze portes, trois sur chaque façade. Bâ'oli : dans l'architecture indienne, désigne une citerne enterrée accessible par des marches. Birun : (par opposition à andarun) Partie extérieure et de réception de la maison. Dans le palais royal le birun, partie publique, se confond avec le divânkhâneh, le daftarkhâneh et le kârkhâneh. Botteh : littéralement "bouquet de fleurs" en persan. Forme-motif souvent utilisé dans la décoration et les tapis, évoquant par sa forme une goutte ou la silhouette d'un cyprès. Bustân : littéralement : « le lieu des senteurs ». Jardin avec une idée très forte d'endroits emplis d'odeurs suaves et donc de fleurs. Néanmoins le bustân désigne parfois un verger ou un potager Buyutât al-Soltâni : partie administrative du palais comprenant aussi le daftarkhâneh et le kârkhâneh. Chahâr-bâgh : littéralement « quatre jardins » ou « quatre-jardin ». Désigne un type de jardin, sans doute idéal, à l'aspect mal défini mais certainement géométrisé. La seule description de chahâr-bâgh avéré, dans un traité d'agriculture du début du XVIe siècle, présente un espace rectangulaire traversé par une allée centrale et un canal menant à un pavillon. L'espace est, de part d'autre de l'allée, délimité en différente plates-bandes recevant plantes et arbres sans que la séparation soit faites entre les plantes nourricières et les plantes de pur agrément. Jâliz : potager, melonnière ou pré. Jarib : unité de mesure correspondant à environ 54,848 m. Jâmehkhâneh : le magasin des habits et sans doute l'espace des ateliers de filatures et de broderies des textiles royaux. Ju ou Juy ou (pop. Jub) : canal, ruisseau. Kâhgel : littéralement « paille-boue », torchis. Kârkhâneh : espace des activités artisanales. Dans un palais royal, espace des ateliers royaux compris dans le buyutat al-soltâni et donc dans le birun.

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 20 Annexes

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 19 Conclusion

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 18 le Tâlâr safavide

A. Le tâlâr royal safavide C'est entre le règne de Shâh Safi et le règne de Shâh 'Abbâs II que se... more A. Le tâlâr royal safavide C'est entre le règne de Shâh Safi et le règne de Shâh 'Abbâs II que semble se situer un des moments importants de l'architecture palatiale safavide : l'adoption définitive, ou l'invention de la forme du grand tâlâr royal, portique de bois supporté par des colonnes se dressant au devant d'un pavillon royal.

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 17 Les résidences suburbaines secondaires et les palais-relais

A côté des grands palais royaux de capitales aux développements infiniment complexes, et des gran... more A côté des grands palais royaux de capitales aux développements infiniment complexes, et des grands jardins suburbains, les shâhs safavides avaient fait construire toute une série de palais, résidences secondaires, jardins ou simples parcs à animaux, autour d'Isfahan. Ces résidences « secondaires » et d'importance mineure étendaient cependant considérablement le champ d'action des rois autour de la capitale. En outre, des palais faisant office de caravansérails royaux jalonnaient les grandes routes du sudouest de l'empire entre Shirâz et Isfahan, Isfahan et la Caspienne ou Isfahan et Tabriz. Parfois simple relais, étapes pour la nuit, sur les routes caravanières, ces palais étaient alors très élémentaires et de taille réduite.

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 16 Shirâz

Shirâz existait peut-être déjà à l'époque sassanide 1 . Sa proximité avec Persépolis et Pasargade... more Shirâz existait peut-être déjà à l'époque sassanide 1 . Sa proximité avec Persépolis et Pasargades l'on souvent fait confondre, par les voyageurs de l'époque moderne, avec une ancienne cité achéménide, Cyropolis, sans qu'aucun élément archéologique ne vienne créditer cette origine. Shirâz fut probablement fondée ou refondée en 693/74 H., sous le califat omeyyade de Damas. La ville est située dans la province du Fârs, dans le vaste bassin de la rivière Khoshk. La cité se trouve sur la route venant du Golfe Persique, au travers de cols de montagnes élevées et continuant au nord, en passant entre des collines, vers la plaine de Marvdasht et, au-delà, vers Isfahan. Sa situation, au sortir du goulot d'étranglement des collines, lui assurait une défense naturelle et un rôle clé sur la route commerciale du sud, vers le Golfe Persique. Suppléant au cours irrégulier de sa rivière, des qanâts approvisionnent la cité en eau. C'est en 1503 que la cité tomba entre les mains des Safavides. Les nouveaux maîtres de l'Iran y installèrent des gouverneurs issus des tribus qizilbâshs. Dans les années 1560-1580, le patronage de la peinture de livre des ateliers de Shirâz, par les membres de la tribu Zu'lqadar, était tellement actif que ceux-ci rivalisaient avec les ateliers royaux de Qazvin 2 . C'est, cependant, avec les changements de politique imposés par 'Abbâs I er que Shirâz connut ses grandes modifications urbaines de l'époque Safavide. En effet, en 1590 Shâh 'Abbâs parvint enfin à mettre un terme à la fronde des Qizilbâshs qui durait depuis 12 ans, en défaisant Ya'qub Khân, le gouverneur rebelle de Shirâz, et en conquérant sa forteresse d'Ishtakr. Cherchant à substituer un pouvoir qui lui fut plus fidèle à la dangereuse clique tribale des Qizilbâshs, le shâh nomma Allah Verdi Khân le Géorgien et qullar âqâsi, commandant des régiments de gholâm du shâh, gouverneur du Fars en 1595-1596/1004 H. 3 Le nouveau gouverneur, construisit un barrage -le

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 15 Kâshân

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 14 les résidences du Mâzanderân

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 13 Farahâbâd

monarchie française, les défauts de caractère de Hoseyn ou la dépense que représentait son nouvea... more monarchie française, les défauts de caractère de Hoseyn ou la dépense que représentait son nouveau palais n'ont pu, à eux seuls, déséquilibrer et balayer l'état safavide. Cependant, bien que l'on se doive de garder à l'esprit les exagérations des chroniqueurs, on ne peut chercher à minimiser l'étendue du dessein et tout ce que cette construction avait de maladroite politiquement. En effet, Farahâbâd fut sans doute le plus grand palais des shâhs à Isfahan : en comptant les bâtiments et les jardins il s'étendait sur plus de 2000 m de long, du nord au sud, sur 800 m de large, d'est en ouest -selon mes estimations fondées sur la trace que le palais a pu laisser dans le tracé urbain actuel, sur un plan d'Eugène Beaudouin montrant les différents ensembles d'Isfahan 4 (fig. XIII. 3) et sur une échelle en pas, donnée par le plan original persan de la BNF 5 (fig. XIII. 1 : Echelle de 200 pas. Cette ligne montre 200

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 12 Sa'âdatâbâd d'Isfahan

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 11 Chahâr-Bâgh et Hezâr-Jarib d'Isfahan

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 10 Hasht-Behesht d'Isfahan

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 9 Chehel-Sotun d'Isfahan

Etonnamment, dans toute la littérature consacrée à l'architecture safavide et à Isfahan, le pavil... more Etonnamment, dans toute la littérature consacrée à l'architecture safavide et à Isfahan, le pavillon de Chehel-Sotun n'a jamais eu l'honneur d'une complète et longue monographie. Il est, la plupart du temps, désigné, à tort, par les guides touristiques et les articles vulgarisateurs comme le seul lieu d'audience du palais. En outre, les incertitudes sur sa datation le font souvent présenter comme un bâtiment de Shâh 'Abbâs I er , jouant son rôle de principal bâtiment d'audience pendant toute l'époque safavide d'Isfahan. Il apparaît, de plus, souvent seulement cité, en passant, dans la liste des espaces royaux ou bien, a contrario, étudié pour lui-même mais dramatiquement coupé de son contexte, comme sans lien avec le reste du palais royal. En fait, pour un bâtiment symbole d'Isfahan, l'un des plus connus du grand public et l'un des plus reproduits en dessin ou en cartes postales, le pavillon de Chehel-Sotun demeure très peu étudié. Pourtant, le Chehel-Sotun d'Isfahan mérite tout à la fois d'être traité pour lui-même, en tant que morceau d'architecture remarquable, et cependant d'être considéré comme partie intégrante du complexe de Naqsh-e Jahân. Il faut pour cela tenter de le réinsérer dans l'organisation générale du palais et dans la vie de la cour safavide mais aussi dans l'évolution générale du palais sur la durée. Enfin, il faut tenter de lui trouver une place Pascal Coste en 1840 pour avoir des vues et des relevés du bâtiment (Voir infra). Coste a de surcroît rédigé une description du palais, restée inédite, car conservée dans les manuscrits originaux de la Bibliothèque Municipale de Marseille 5 . Bien que globalement proches de l'édifice actuel, les relevés de Coste se révèlent cependant faux 1

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 8 'Âli-Qâpu d'Isfahan

Research paper thumbnail of BRIGNOLI, Jean-Dominique, Les palais royaux safavides (1501-1722) : architecture et pouvoir - Thèse de l’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I - Université de Provence - LAMM, 2009 - 7 Naqsh-e Jahân

Perse depuis dix-huit ans, crayon et aquarelle sur calque, dim. 0,40 m x 0,315 m (1 er feuillet) ... more Perse depuis dix-huit ans, crayon et aquarelle sur calque, dim. 0,40 m x 0,315 m (1 er feuillet) 0,40 m x 0,31 m (2 e feuillet). 1 P. Coste, ms Alb. 3, fol. 36, Suite des palais des Schah. 24 avril 1840 [Isfahan -Angle nord-est du palais de Naqsh-e Jahân -plan], plume et aquarelle rose, verte et bleue, 0,241 m. x 0,236. 2 Coste, ms Alb. 3, fol. 48, n° 3, Bain-hamam Kousrout-Aga. A la suite du palais de Schah Abbâs. Mai 1840 [Isfahan -Bains Khosrow Agha -plan, section longitudinale et section transversale], plume et aquarelle rose et bleue, dim. 0,157 m x 0,099 m. Le deuxième plan présente un complexe mitoyen du Chehel-Sotun -au nord-ouest de celui-ci d'après les annotations du plan -le Nâranjestân, littéralement l'Orangeraie ou l'Orangerie (fig. VII. 4 ; VII. 5 ; VII. 6 ; VII. 8) 4 . D'après les notes de Coste une tour octogonale de ce complexe servait de bâtiment de communication avec une partie privée réservée aux femmes. Malgré l'attribution par Coste de ce palais à Shâh 'Abbâs I e , le palais est, beaucoup plus probablement, un bâtiment d'époque qâjâre comme le plan du complexe paraît l'indiquer -une aile de réception placée entre deux cours et délimitant deux espaces distincts. En outre Coste relève l'abondance des portraits de Fath 'Ali Shâh (1797-1834) à l'intérieur des salons d'apparat 5 (fig. VII. 6). Il semble bien, dans tous les cas, que ce complexe ait remplacé un ensemble safavide préexistant qui marquait la limite de la partie publique dans le palais et peut-être l'ultime lieu d'audience avant de pénétrer dans la partie privée : le Bâgh-e [Isfahan -Palais qâjâr du Nâranjestân à l'emplacement de l'ancien Bâgh-e Khalvat -plan], crayon, plume et aquarelle rose, dim. 0,339 m. x 0,233 m. Sur cet ensemble du Nâranjestân voir J-D Brignoli, 2006 a, p. 47-48. 5 P. Coste, Itinéraire, Vol. 1, p. 120. Pourtant c'est à partir de ces plans et d'une lecture attentive de la description de Chardin, que Donald Wilber proposa à son tour sa propre version de Naqsh-e Jahân qui fit longtemps autorité 1 (fig. VII. 16). Cette reconstitution se révèle profondément fantaisiste et surtout beaucoup trop imprégnée d'une idée de plan orthonormé. Wilber a bien noté les orientations différentes du Meydân-e Naqsh-e Jahân et du Khiyâbân-e Chahâr-Bâgh et il ne les restitue donc pas en parallèle. Mais afin d'effectuer le raccord entre un espace et un autre il se contente de désaxer toute la partie nord-est autour de Chehel-Sotun l'alignant ainsi sur le côté ouest du Meydân-e Naqsh-e Jahân et il aligne le reste du palais sur le tracé de l'avenue Chahâr-Bâgh, selon un plan strictement orthonormé. Wilber a néanmoins le mérite de tenter de replacer chaque élément de la description que Jean Chardin avait fait du palais royal et de ses environs. Il tente de situer hors de l'enceinte du palais, au sud de la Masjed-e Shâh, les demeures des grands dignitaires, les magasins des esclaves, les magasins de bouches pour les officiers du roi ou la place Lalah Beyg contre le mur sud-est du palais 2 . Dans l'enceinte du palais, dans l'alignement de la Porte du Haram il tente de situer le secteur des quatre palais décrit par Chardin : Le Mehmânkhâneh (Palais des hôtes), le 'Emârat-e Ferdows (Palais du paradis), le Divânkhâneh (Maison d'audience ou Salle des miroirs selon Chardin ?), le 'Emârat-e Daryâ-ye Shâh (Palais de la Mer Royale) au devant duquel s'ouvrait un étang de 20 pieds de diamètre 3 . Mais pour ce faire Wilber invente une place carrée avec quatre pavillons d'angle qui semble parfaitement étrange dans l'ensemble du palais. Quant à l'appartement du roi et des favorites, au second enclos pour les enfants du roi, au troisième, le plus vaste, pour les femmes disgraciées, les veuves des rois et les vieilles femmes, autant