Carole Brousse | Aix-Marseille University (original) (raw)
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Papers by Carole Brousse
Le musée du Quai Branly-Jacques Chirac conserve 189 échantillons de plantes médicinales collectés... more Le musée du Quai Branly-Jacques Chirac conserve 189 échantillons de plantes médicinales collectés au cours du xxe siècle par différents ethnologues et correspondants du musée de l’Homme. Achetés auprès d’herboristes ou sur les marchés, ces échantillons ont intégré les collections de leurs collecteurs au même titre que les autres items à caractère ethnographique. Conditionnées comme des préparations pharmaceutiques, ces plantes (broyées, pilées et parfois même mélangées) ne peuvent être considérées comme des spécimens botaniques. Néanmoins, en s’intéressant aux conditions de collecte de ces objets et aux différentes enquêtes qui les ont accompagnées, il apparaît que des traitements différenciés de la plante, devenue « objet-plante », peuvent avoir été mis en œuvre. En se concentrant sur les échantillons rapportés du Cameroun par Marcel Griaule, de Bolivie par Louis Girault et d’Iran par Teresa Battesti, cet article montre la façon dont les ethnologues travaillent à partir d’objets ethnographiques à caractère végétal.
Depuis 2001, le séminaire d’ethnobotanique du Musée de Salagon contribue à produire et diffuser u... more Depuis 2001, le séminaire d’ethnobotanique du Musée de Salagon contribue à produire et diffuser un vaste corpus de savoirs sur les relations flore/société. En moyenne, chaque année, quatorze intervenants se succèdent sur l’estrade. Il s’agit souvent de communications ayant trait aux aspects immatériels de la relation flore/société (32,7 % des interventions), relations qui se développent essentiellement sur le territoire français (64,4 % des conférences).
« Ateliers ethnobotaniques », « sorties ethnobotaniques », « jardins ethnobotaniques » : l’ethnob... more « Ateliers ethnobotaniques », « sorties ethnobotaniques », « jardins ethnobotaniques » : l’ethnobotanique est à la mode. Historiquement pratiquée au Muséum National d’Histoire Naturelle et délaissée par les universités, la discipline est aujourd’hui investie par les acteurs associatifs. Mais aussi par l’ethnopôle de Salagon qui organise depuis 2001, dans les Alpes de Haute-Provence, un séminaire consacré exclusivement à l’ethnobotanique. Créé sous l’égide de la mission du patrimoine ethnologique, le conservatoire ethnologique de Salagon (devenu en 1999 Musée départemental), par ailleurs labellisé ethnopôle et membre de la Fédération des écomusées de France, forme chaque année une centaine d’ethnobotanistes « professionnels » ou « amateurs » qui marchent dans les pas du fondateur Pierre Lieutaghi. Au « carrefour des sciences naturelles et des sciences humaines », l’ethnobotanique fait ses classes à Salagon.
La plupart des objets exposés dans les musées ethnographiques ont été confectionnés à partir de m... more La plupart des objets exposés dans les musées ethnographiques ont été confectionnés à partir de matériaux naturels : minéraux, animaux ou végétaux. Parmi ces objets, on trouve également un certain nombre de plantes : médicinales, tinctoriales, artisanales, magiques etc. L’ethnobotanique, qui est une discipline consacrée aux relations flore/société, dispose d’une méthodologie appliquée à la récolte et au traitement de ces échantillons. Mais comment les ethnologues ont-ils travaillé à partir de ces objets ? En documentant les 189 échantillons de plantes médicinales conservés au musée du quai Branly, l’auteur propose de s’intéresser à la place des « objets en plante » et plus particulièrement à celle des plantes médicinales dans les collectes ethnographiques. La documentation du fond bibliographique du musée consacré aux rapports homme/nature complète ce travail en esquissant l’histoire de l’ethnobotanique et de « l’ethnologie botanique ».
L’Homme et les Plantes cultivées est un ouvrage écrit à quatre mains par André-Georges Haudricour... more L’Homme et les Plantes cultivées est un ouvrage écrit à quatre mains par André-Georges
Haudricourt et Louis Hédin et publié en 1943 par Gallimard dans la collection « Géographie
humaine ». L’ouvrage se démarque par ses ambitions multiples traduisant la perspective
pluridisciplinaire de ses auteurs. Seul un retour organisé sur la genèse de l’oeuvre permet de
saisir comment ce livre deviendra le premier d’une discipline foisonnante : l’ethnobotanique.
Talks by Carole Brousse
Ma recherche doctorale porte sur les producteurs-cueilleurs de plantes médicinales (paysans-herbo... more Ma recherche doctorale porte sur les producteurs-cueilleurs de plantes médicinales (paysans-herboristes) et sur les savoirs et savoir-faire qu’ils mobilisent dans leur travail. Il s’agit de s’intéresser à la relation que ces professionnels tissent avec le végétal et à la façon dont ils utilisent l’ethnobotanique pour asseoir la légitimité de leurs pratiques. En choisissant de valoriser les savoirs produits par l’ethnobotanique plutôt que par la biochimie, les paysans-herboristes contestent les hypothèses retenues pour évaluer les propriétés et les qualités thérapeutiques des plantes. Leur plaidoyer implique de ne pas appréhender le végétal comme un réservoir de molécules, dont les seuls aspects physiques et chimiques mériteraient d’être pris en compte. Il propose à l’inverse de valoriser l’intentionnalité de la plante et les dialogues que les paysans-herboristes peuvent initier avec elle. Cette proposition correspond tout à la fois à une remise en cause des approches scientifiques actuellement utilisées pour appréhender les plantes (dimension ontologique) et à une critique du système de santé actuel (dimension politique).
Les musées ethnographiques abritent et alimentent la recherche en ethnobotanique en accueillant d... more Les musées ethnographiques abritent et alimentent la recherche en ethnobotanique en accueillant des collections relatives aux plantes et aux usages/savoirs/représentations qui leur sont associées. Cette communication propose une analyse des collections ethnobotaniques et plus spécifiquement ethnomédicinales du Musée du Quai Branly. 180 échantillons de plantes médicinales sont conservés par l’institution. Ces plantes, répertoriées comme des « objets », seront le socle d’un travail de documentation scientifique sur l’histoire des expéditions ethnographiques et sur la place accordée aux plantes médicinales dans ces terrains. Pourquoi ont-elles été prélevées et ensachées comme des échantillons et non préparées et protégées dans des herbiers ? Ces collectes ont-elles fait sur place l’objet d’enquêtes ethnobotaniques destinées à comprendre les usages, savoirs et représentations associés aux végétaux ? Quels informateurs ont permis au voyageur puis à l’ethnologue de collecter ces plantes ? Quels travaux ethnologiques ont pris appui sur ces collectes ?
Discipline vouée à l’étude des relations hommes/plantes, l’ethnobotanique émerge en France dans l... more Discipline vouée à l’étude des relations hommes/plantes, l’ethnobotanique émerge en France dans les années 1960, sous l’impulsion d’André-Georges Haudricourt et de Roland Portères,
agronomes au Muséum National d’Histoire Naturelle. Pierre Lieutaghi, qui fréquente le Muséum dans les années 1970, s’initie à cette science aux côtés de Jacques Barrau, botaniste et directeur du laboratoire d’ethnobotanique. Avec Danielle Musset, Pierre Lieutaghi participe ensuite à la création des jardins du conservatoire ethnologique de Salagon, devenu depuis les années 1990 Musée départemental et «ethnopôle». En 2001, avec le soutien de la Mission du Patrimoine Ethnologique, l’institution organise le premier séminaire d’ethnobotanique du domaine européen. Pratiquée à cette
occasion comme un champ de l’ethnologie, l’ethnobotanique y développe de nouvelles méthodologies et des questionnements inattendus.
Organization of scientific events by Carole Brousse
Organisée dans le cadre du 40ème anniversaire de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, ... more Organisée dans le cadre du 40ème anniversaire de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, cette journée avait pour objectif de mettre en lumière l’ethnobotanique (contraction d’ethnologie et de botanique, littéralement discipline consacrée aux relations hommes/plantes) et d’en préciser l’histoire et les redéploiements contemporains.
Quelle est la place de l’ethnobotanique : champ de l’anthropologie, champ de la botanique ou discipline à part entière ? Quelles sont ses méthodes de travail et en quoi diffèrent-elles de celles mises en œuvre par les anthropologues travaillant sur le champ des rapports nature/culture ? Comment fait-on de l’ethnobotanique en 2015 ?
Le musée du Quai Branly-Jacques Chirac conserve 189 échantillons de plantes médicinales collectés... more Le musée du Quai Branly-Jacques Chirac conserve 189 échantillons de plantes médicinales collectés au cours du xxe siècle par différents ethnologues et correspondants du musée de l’Homme. Achetés auprès d’herboristes ou sur les marchés, ces échantillons ont intégré les collections de leurs collecteurs au même titre que les autres items à caractère ethnographique. Conditionnées comme des préparations pharmaceutiques, ces plantes (broyées, pilées et parfois même mélangées) ne peuvent être considérées comme des spécimens botaniques. Néanmoins, en s’intéressant aux conditions de collecte de ces objets et aux différentes enquêtes qui les ont accompagnées, il apparaît que des traitements différenciés de la plante, devenue « objet-plante », peuvent avoir été mis en œuvre. En se concentrant sur les échantillons rapportés du Cameroun par Marcel Griaule, de Bolivie par Louis Girault et d’Iran par Teresa Battesti, cet article montre la façon dont les ethnologues travaillent à partir d’objets ethnographiques à caractère végétal.
Depuis 2001, le séminaire d’ethnobotanique du Musée de Salagon contribue à produire et diffuser u... more Depuis 2001, le séminaire d’ethnobotanique du Musée de Salagon contribue à produire et diffuser un vaste corpus de savoirs sur les relations flore/société. En moyenne, chaque année, quatorze intervenants se succèdent sur l’estrade. Il s’agit souvent de communications ayant trait aux aspects immatériels de la relation flore/société (32,7 % des interventions), relations qui se développent essentiellement sur le territoire français (64,4 % des conférences).
« Ateliers ethnobotaniques », « sorties ethnobotaniques », « jardins ethnobotaniques » : l’ethnob... more « Ateliers ethnobotaniques », « sorties ethnobotaniques », « jardins ethnobotaniques » : l’ethnobotanique est à la mode. Historiquement pratiquée au Muséum National d’Histoire Naturelle et délaissée par les universités, la discipline est aujourd’hui investie par les acteurs associatifs. Mais aussi par l’ethnopôle de Salagon qui organise depuis 2001, dans les Alpes de Haute-Provence, un séminaire consacré exclusivement à l’ethnobotanique. Créé sous l’égide de la mission du patrimoine ethnologique, le conservatoire ethnologique de Salagon (devenu en 1999 Musée départemental), par ailleurs labellisé ethnopôle et membre de la Fédération des écomusées de France, forme chaque année une centaine d’ethnobotanistes « professionnels » ou « amateurs » qui marchent dans les pas du fondateur Pierre Lieutaghi. Au « carrefour des sciences naturelles et des sciences humaines », l’ethnobotanique fait ses classes à Salagon.
La plupart des objets exposés dans les musées ethnographiques ont été confectionnés à partir de m... more La plupart des objets exposés dans les musées ethnographiques ont été confectionnés à partir de matériaux naturels : minéraux, animaux ou végétaux. Parmi ces objets, on trouve également un certain nombre de plantes : médicinales, tinctoriales, artisanales, magiques etc. L’ethnobotanique, qui est une discipline consacrée aux relations flore/société, dispose d’une méthodologie appliquée à la récolte et au traitement de ces échantillons. Mais comment les ethnologues ont-ils travaillé à partir de ces objets ? En documentant les 189 échantillons de plantes médicinales conservés au musée du quai Branly, l’auteur propose de s’intéresser à la place des « objets en plante » et plus particulièrement à celle des plantes médicinales dans les collectes ethnographiques. La documentation du fond bibliographique du musée consacré aux rapports homme/nature complète ce travail en esquissant l’histoire de l’ethnobotanique et de « l’ethnologie botanique ».
L’Homme et les Plantes cultivées est un ouvrage écrit à quatre mains par André-Georges Haudricour... more L’Homme et les Plantes cultivées est un ouvrage écrit à quatre mains par André-Georges
Haudricourt et Louis Hédin et publié en 1943 par Gallimard dans la collection « Géographie
humaine ». L’ouvrage se démarque par ses ambitions multiples traduisant la perspective
pluridisciplinaire de ses auteurs. Seul un retour organisé sur la genèse de l’oeuvre permet de
saisir comment ce livre deviendra le premier d’une discipline foisonnante : l’ethnobotanique.
Ma recherche doctorale porte sur les producteurs-cueilleurs de plantes médicinales (paysans-herbo... more Ma recherche doctorale porte sur les producteurs-cueilleurs de plantes médicinales (paysans-herboristes) et sur les savoirs et savoir-faire qu’ils mobilisent dans leur travail. Il s’agit de s’intéresser à la relation que ces professionnels tissent avec le végétal et à la façon dont ils utilisent l’ethnobotanique pour asseoir la légitimité de leurs pratiques. En choisissant de valoriser les savoirs produits par l’ethnobotanique plutôt que par la biochimie, les paysans-herboristes contestent les hypothèses retenues pour évaluer les propriétés et les qualités thérapeutiques des plantes. Leur plaidoyer implique de ne pas appréhender le végétal comme un réservoir de molécules, dont les seuls aspects physiques et chimiques mériteraient d’être pris en compte. Il propose à l’inverse de valoriser l’intentionnalité de la plante et les dialogues que les paysans-herboristes peuvent initier avec elle. Cette proposition correspond tout à la fois à une remise en cause des approches scientifiques actuellement utilisées pour appréhender les plantes (dimension ontologique) et à une critique du système de santé actuel (dimension politique).
Les musées ethnographiques abritent et alimentent la recherche en ethnobotanique en accueillant d... more Les musées ethnographiques abritent et alimentent la recherche en ethnobotanique en accueillant des collections relatives aux plantes et aux usages/savoirs/représentations qui leur sont associées. Cette communication propose une analyse des collections ethnobotaniques et plus spécifiquement ethnomédicinales du Musée du Quai Branly. 180 échantillons de plantes médicinales sont conservés par l’institution. Ces plantes, répertoriées comme des « objets », seront le socle d’un travail de documentation scientifique sur l’histoire des expéditions ethnographiques et sur la place accordée aux plantes médicinales dans ces terrains. Pourquoi ont-elles été prélevées et ensachées comme des échantillons et non préparées et protégées dans des herbiers ? Ces collectes ont-elles fait sur place l’objet d’enquêtes ethnobotaniques destinées à comprendre les usages, savoirs et représentations associés aux végétaux ? Quels informateurs ont permis au voyageur puis à l’ethnologue de collecter ces plantes ? Quels travaux ethnologiques ont pris appui sur ces collectes ?
Discipline vouée à l’étude des relations hommes/plantes, l’ethnobotanique émerge en France dans l... more Discipline vouée à l’étude des relations hommes/plantes, l’ethnobotanique émerge en France dans les années 1960, sous l’impulsion d’André-Georges Haudricourt et de Roland Portères,
agronomes au Muséum National d’Histoire Naturelle. Pierre Lieutaghi, qui fréquente le Muséum dans les années 1970, s’initie à cette science aux côtés de Jacques Barrau, botaniste et directeur du laboratoire d’ethnobotanique. Avec Danielle Musset, Pierre Lieutaghi participe ensuite à la création des jardins du conservatoire ethnologique de Salagon, devenu depuis les années 1990 Musée départemental et «ethnopôle». En 2001, avec le soutien de la Mission du Patrimoine Ethnologique, l’institution organise le premier séminaire d’ethnobotanique du domaine européen. Pratiquée à cette
occasion comme un champ de l’ethnologie, l’ethnobotanique y développe de nouvelles méthodologies et des questionnements inattendus.
Organisée dans le cadre du 40ème anniversaire de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, ... more Organisée dans le cadre du 40ème anniversaire de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, cette journée avait pour objectif de mettre en lumière l’ethnobotanique (contraction d’ethnologie et de botanique, littéralement discipline consacrée aux relations hommes/plantes) et d’en préciser l’histoire et les redéploiements contemporains.
Quelle est la place de l’ethnobotanique : champ de l’anthropologie, champ de la botanique ou discipline à part entière ? Quelles sont ses méthodes de travail et en quoi diffèrent-elles de celles mises en œuvre par les anthropologues travaillant sur le champ des rapports nature/culture ? Comment fait-on de l’ethnobotanique en 2015 ?