Laurie Gagnon-Bouchard | University of Ottawa | Université d'Ottawa (original) (raw)

Papers by Laurie Gagnon-Bouchard

Research paper thumbnail of Un féminisme de la décroissance

La vie des idées, 2024

Dans Quotidien politique, Geneviève Pruvost présente le quotidien comme un espace-temps qui donne... more Dans Quotidien politique, Geneviève Pruvost présente le quotidien comme un espace-temps qui donne matière à la critique écologique, féministe, anarchiste et anticapitaliste. En partant de son étude ethnographique d’une dizaine d’années sur les alternatives rurales françaises, la sociologue (médaillée de bronze au CNRS) explore les liens entre le féminisme, l’écologie et la subsistance à travers un corpus théorique dense et divers empruntant à la sociologie du quotidien de Henri Lefebvre, aux féministes de la subsistance telles que Maria Mies, Veronika Bennholdt-Thomsen, Françoise d’Eaubonne, Vandana Shiva, Silvia Federici et aux perspectives anarchistes de Murray Bookchin et Henry David Thoreau.

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Research paper thumbnail of Recension d'Une Écologie Décoloniale

La vie des idées, 2022

Dans Decolonial Ecology : Thinking from the Caribbean World (traduction de Une écologie décolonia... more Dans Decolonial Ecology : Thinking from the Caribbean World (traduction de Une écologie décoloniale paru au Seuil en 2019), Malcom Ferdinand avance que le monde contemporain est le résultat d’une double fracture, environnementale et coloniale. On associe généralement la domination de la nature au paradigme techniciste de la modernité, sans la relier aux entreprises d’exploitation humaine qu’ont été le colonialisme et l’esclavagisme. L’auteur, chercheur au CNRS, philosophe et docteur en science politique, défend qu’il existe au contraire un lien inextricable entre ces histoires. La crise écologique est la continuation de la sombre aventure coloniale moderne des Amériques qui a engendré la destruction des mondes épistémiques, ontologiques et écologiques des Suds, notamment du monde caribéen. Ferdinand nous invite ainsi à penser l’écologie à partir de la Caraïbe. Il s’agit d’un espace privilégié, car il est frappé de plein fouet par les conséquences des changements climatiques alors que l’empreinte écologique des pays qui l’occupent est bien inférieure à celle des pays dits « développés ». Le monde caribéen met en lumière les inégalités matérielles et écologiques liées de près à l’histoire coloniale. En effet, les terres du monde caribéen ont été façonnées, défrichées et appauvries suivant le modèle de la plantation coloniale. Cela a aujourd’hui pour effet de rendre ces territoires et les personnes qui y habitent d’autant plus vulnérables face aux aléas (ouragans, tempêtes, montée des eaux, tremblements de terre) qui découlent des changements climatiques. En pensant à partir de la Caraïbe, mais aussi à travers les symboles de la crise écologique et décoloniale que sont le bateau esclavagiste et la tempête, Ferdinand nous invite à penser depuis les lieux et les expériences des personnes qui ont été réduites à un silence épistémique, politique, identitaire et cosmogonique tout à la fois.

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Research paper thumbnail of Catherine Albertini, Résistances des femmes à l'Androcapitalocène : le nécessaire écoféminisme, Gatineau, M éditeur, 2021, 126 p

Recherches féministes, 2021

Dans son ouvrage Résistances des femmes à l’Androcapitalocène : le nécessaire écoféminisme, Cathe... more Dans son ouvrage Résistances des femmes à l’Androcapitalocène : le nécessaire écoféminisme, Catherine Albertini défend la thèse que les femmes sont celles qui doivent incarner les solutions et les valeurs pour sortir de la crise écologique (p. 10). Dès l’introduction, elle affirme proposer le raffermissement de sa pensée militante écoféministe (p. 7). C’est là un essai inspiré de l’écoféminisme matérialiste (suivant la conception du matérialisme incarné d’Ariel Salleh) qui, selon moi, manque franchement de nuances et s’avance sur des sujets litigieux (tels que les femmes trans ou le travail du sexe) sans démontrer une connaissance approfondie de ceux-ci et de la littérature. Cette publication comporte néanmoins des chapitres fort intéressants, notamment lorsque l’autrice formule des critiques des institutions internationales comme la Banque Mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) et de la précarisation économique des femmes, particulièrement en Afrique à travers l’usurpation du concept d’autonomisation (empowerment). Elle y fait une critique puissante, bien que celle-ci ait déjà été formulée par plusieurs féministes décoloniales (Françoise Vergès (2019), par exemple), des solutions capitalistes et coloniales avancées par les institutions internationales pour l’autonomisation des femmes des Suds, qui ont pour conséquence de perpétuer une logique de croissance capitaliste appuyée sur des monocultures et la précarisation alimentaire et économique des femmes, spécialement en réduisant leur autosuffisance et en les rendant dépendantes du microcrédit (p. 54). Puis, Albertini présente des initiatives porteuses élaborées par des femmes et des mouvements écoféministes telles que La Via Campesina, le Mouvement de la ceinture verte (Green Belt Movement) et le mouvement Chipko. Ces mouvements ont permis de créer des brèches dans le système capitaliste, colonial, patriarcal et extractiviste. Néanmoins, l’essai perd beaucoup de crédibilité lorsque l’autrice se livre à une critique en bloc du féminisme universitaire postmoderne dont, selon elle, Judith Butler serait la figure de proue.

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Research paper thumbnail of L'intégration de la vulnérabilité dans les orientations politiques 2013-2020 du Québec en matière de changements climatiques

Archipel, 2021

Ce mémoire propose une analyse critique de l’intégration du concept de vulnérabilité dans les ori... more Ce mémoire propose une analyse critique de l’intégration du concept de vulnérabilité dans les orientations politiques 2013-2020 en matière de changements climatiques du gouvernement libéral du Québec. Le terme vulnérabilité, qui n’apparaissait qu’une seule fois dans le plan d’action 2000-2004, revient à 42 reprises dans le plus récent plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques. Les orientations politiques en matière de lutte aux changements climatiques au Québec issues du Plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques et de la Stratégie d’adaptation aux changements climatiques 2013-2020 ont été soumises à l’analyse de contenu. Ce qui a été plus spécifiquement observé est ce que le concept de vulnérabilité permet d’opérer ou de mettre de l’avant dans les orientations politiques. Sandra Laugier et Judith Butler ont toutes deux affirmé la difficulté générale de reconnaître la condition de vulnérabilité puisqu’elle nécessiterait de revoir la façon dont nous envisageons notre rapport au monde. Par ailleurs, il semble que l’intégration par les institutions des concepts critiques émanant des marges, que ce soit des critiques antiracistes, décoloniales, autochtones ou féministes, sert le plus souvent à remettre de l’avant un programme politique colonial, raciste, patriarcal ou capitaliste qui prévalait avant la mobilisation de ces concepts (Coulthard, 2014 ; Ahmed, 2012). Face à ces thèses et à ces constats, nous proposons l’hypothèse suivante : l’adoption récente du concept de vulnérabilité dans les orientations gouvernementales en matière de changements climatiques semble être l’occasion de poursuivre le même type de politiques qui ont jusqu’ici mis de côté les enjeux éthiques et de justice sociale que soulève notre rapport à la nature. Or, l’analyse révèle que les usages de la vulnérabilité permettent de justifier le soutien institutionnel des secteurs économiques au coeur du Plan Nord, de mettre de l’avant une gestion des risques et des vulnérabilités qui ne questionne pas fondamentalement le système qui les a créés, de reconduire une vision utilitaire et un rapport de domination à la nature.

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Research paper thumbnail of Angles morts écologiques, maîtrise et déni de vulnérabilité

Nouveaux cahiers d'Ethos, 2021

Dans le cadre de cet article, je souhaite explorer les liens entre les angles morts écologiques, ... more Dans le cadre de cet article, je souhaite explorer les liens entre les angles morts écologiques, la logique de la maîtrise et l’ignorance de notre vulnérabilité permanente vis-à-vis de la nature. Je soutiendrai ici la thèse que la logique de la maîtrise et de la subjectivité maitresse est en partie ce qui nous rend aveugles face à notre vulnérabilité permanente vis-à-vis de la nature. Cette vulnérabilité devient pourtant flagrante lors de catastrophes naturelles. Or, la maîtrise et la subjectivité maîtresse, qui caractérisent les sociétés capitalistes, se fondent sur la division et la mise à distance des sphères
telles que la nature, le corps, la reproduction, ainsi que sur le contrôle et la subordination de ces sphères. La vulnérabilité permanente de la société par rapport à la nature semble alors ignorée puisque la vulnérabilité implique la relation, l’interdépendance et donc une impossibilité de contrôle. Ainsi, en alliant les théories de l’épistémologie de l’ignorance, de l’écoféminisme, des éthiques du care et de la vulnérabilité, je propose de penser la logique de la maîtrise comme étant à l’origine de l’incapacité des sociétés occidentales à s’avouer vulnérables de manière permanente par rapport à la nature et à l’environnement physique immédiat dans lesquelles elles s’inscrivent. D’abord, nous nous intéresserons aux angles morts écologiques identifiés par Christian Kulicke, ensuite à la logique de la
maîtrise comprenant la subjectivité maîtresse et l’ignorance de la vulnérabilité face à la nature, et enfin aux types de rapports qui découlent de celle-ci.

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Research paper thumbnail of L’écoféminisme et l’éthique de la vulnérabilité : transformer notre rapport à la nature et s’engager dans la transition socioécologique

Esprit Libre, 2020

Dans ce texte, je soutiens que si nous souhaitons nous engager dans une transition socioécologiqu... more Dans ce texte, je soutiens que si nous souhaitons nous engager dans une transition socioécologique, nous devons transformer notre rapport à la nature. En m’appuyant sur les écrits de Arturo Escobar, théoricien de la pensée décoloniale, de Judith Butler et de son éthique de la vulnérabilité ainsi que d’un corpus de textes écoféministes, je proposerai de mettre en lumière notre rapport actuel de maîtrise et d’extériorité à la nature. Le rapport d’extériorité et de maîtrise à la nature se traduit par la vision de nous-mêmes et de la société comme étant à l’extérieure de la nature, ne dépendant pas de celle-ci pour notre propre survie et pouvant en user comme bon nous semble. Elle renvoie également à la croyance que nous pouvons contrôler et dominer la nature. Pour ce faire, je procéderai à l’analyse des termes employés par les médias pour parler des changements climatiques et de la transition écologique. Le champ lexical mobilisé est celui de la guerre, et témoigne du rapport de maîtrise et d’extériorité que nous entretenons face à la nature. Ce constat permettra ensuite d’ouvrir sur la nécessité de s’engager dans la transformation de ce rapport pour tendre vers un rapport plus respectueux et éthique ; un rapport qui reconnaitrait notre interdépendance radicale et notre vulnérabilité face à la nature. Cette reconnaissance de l’interdépendance mise de l’avant par l’éthique de la vulnérabilité et l’écoféminisme me semble être prometteuse afin de tendre vers une véritable transition socioécologique.

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Research paper thumbnail of Reclaiming Relationality through the Logic of the Gift and Vulnerability

Hypatia, 2020

This article addresses the conditions that are necessary for non-Indigenous people to learn from ... more This article addresses the conditions that are necessary for non-Indigenous people to learn from Indigenous people, more specifically from women and feminists. As non-Indigenous scholars, we first explore the challenges of epistemic dialogue through the example of Traditional Ecological Knowledge (TEK). From there, through the concept of mastery, we examine the social and ontological conditions under which settler subjectivities develop. As demonstrated by Julietta Singh and Val Plumwood, the logic of mastery-which has legitimated the oppression and exploitation of Indigenous peoples-has been reproduced in academia, leaving almost no room for Indigenous knowledge and epis-temes. In the same vein, Sámi scholar Rauna Kuokkanen reclaims and suggests the logic of the gift as a means to render academia more hospitable to Indigenous peoples and epistemes. In our view, reclaim(ing) as a concept-practice is a promising way to disrupt colonial, racist, and sexist power relations. Thus, we in turn propose to reclaim vulnerability as defined by Judith Butler in order to deconstruct masterful settler subjectivities and reconstruct relational ones instead. As theorized by Erinn Gilson, we propose epistemic vulnerability to imagine the conditions of our learning from Indigenous peoples and philosophies. (Im)Possible Decolonial Dialogue In the current context, structured largely by the rhetoric of identity politics, it appears difficult to move beyond two conflicting positions when seeking to address the question of decolonization and dialogue. Indeed, it seems we are faced with only two options: assimilation or separation. We believe this context is the result of a complex dynamic of power relations where minorities have faced disheartening experiences after trusting the good faith of dominant groups and trying to engage in dialogue. In Montreal, we have seen great examples of how this dynamic manifests itself through the cultural appropriation controversy sparked by Slāv and Kanata, two shows from prominent Canadian artist Robert Lepage (see O'Toole 2018; Drimonis 2018a; 2018b). Without getting into the details of the events, suffice it to say that legitimate claims were voiced

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Research paper thumbnail of Quand l'économie écologique dé-nature la justice environnementale

VertigO, 2019

La conception de la nature au cœur du mouvement de justice environnementale et des courants théor... more La conception de la nature au cœur du mouvement de justice environnementale et des courants théoriques se réclamant de celle-ci a été très peu étudiée et mise en lumière dans la littérature académique sur la justice environnementale. Pourtant, les théoricien.nes critiques de la pensée décoloniale, de l’écoféminisme et du poststructuralisme ont largement démontré que la représentation ou la façon de définir la nature n’est pas anodine et innocente, mais participe le plus souvent à renforcer des rapports de pouvoir déjà à l’œuvre. Dans cet article, je propose d’abord de resituer le mouvement pour la justice environnementale dans son histoire militante. Ensuite, je propose d’examiner deux formulations de justice environnementale, l’une provenant de l’économie écologique (Hornborg, 2001; Martinez-Alier, 2014) et l’autre de la socioécologie (Larrère, 2017; Scholsberg, 2004, 2013) afin de ressortir la définition qu’elles proposent de la nature. La confrontation du corpus de littérature étudié au cadre théorique expose que les théoriciens (Hornborg et Martinez-Alier) de l’approche de l’économie écologique, qui nécessite une uniformisation du langage des luttes, mobilisent une conception occidentalocentrée et moderne de la nature et ce faisant, échoue à se soustraire de la logique coloniale qu’ils critiquent.

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Research paper thumbnail of Un féminisme de la décroissance

La vie des idées, 2024

Dans Quotidien politique, Geneviève Pruvost présente le quotidien comme un espace-temps qui donne... more Dans Quotidien politique, Geneviève Pruvost présente le quotidien comme un espace-temps qui donne matière à la critique écologique, féministe, anarchiste et anticapitaliste. En partant de son étude ethnographique d’une dizaine d’années sur les alternatives rurales françaises, la sociologue (médaillée de bronze au CNRS) explore les liens entre le féminisme, l’écologie et la subsistance à travers un corpus théorique dense et divers empruntant à la sociologie du quotidien de Henri Lefebvre, aux féministes de la subsistance telles que Maria Mies, Veronika Bennholdt-Thomsen, Françoise d’Eaubonne, Vandana Shiva, Silvia Federici et aux perspectives anarchistes de Murray Bookchin et Henry David Thoreau.

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Research paper thumbnail of Recension d'Une Écologie Décoloniale

La vie des idées, 2022

Dans Decolonial Ecology : Thinking from the Caribbean World (traduction de Une écologie décolonia... more Dans Decolonial Ecology : Thinking from the Caribbean World (traduction de Une écologie décoloniale paru au Seuil en 2019), Malcom Ferdinand avance que le monde contemporain est le résultat d’une double fracture, environnementale et coloniale. On associe généralement la domination de la nature au paradigme techniciste de la modernité, sans la relier aux entreprises d’exploitation humaine qu’ont été le colonialisme et l’esclavagisme. L’auteur, chercheur au CNRS, philosophe et docteur en science politique, défend qu’il existe au contraire un lien inextricable entre ces histoires. La crise écologique est la continuation de la sombre aventure coloniale moderne des Amériques qui a engendré la destruction des mondes épistémiques, ontologiques et écologiques des Suds, notamment du monde caribéen. Ferdinand nous invite ainsi à penser l’écologie à partir de la Caraïbe. Il s’agit d’un espace privilégié, car il est frappé de plein fouet par les conséquences des changements climatiques alors que l’empreinte écologique des pays qui l’occupent est bien inférieure à celle des pays dits « développés ». Le monde caribéen met en lumière les inégalités matérielles et écologiques liées de près à l’histoire coloniale. En effet, les terres du monde caribéen ont été façonnées, défrichées et appauvries suivant le modèle de la plantation coloniale. Cela a aujourd’hui pour effet de rendre ces territoires et les personnes qui y habitent d’autant plus vulnérables face aux aléas (ouragans, tempêtes, montée des eaux, tremblements de terre) qui découlent des changements climatiques. En pensant à partir de la Caraïbe, mais aussi à travers les symboles de la crise écologique et décoloniale que sont le bateau esclavagiste et la tempête, Ferdinand nous invite à penser depuis les lieux et les expériences des personnes qui ont été réduites à un silence épistémique, politique, identitaire et cosmogonique tout à la fois.

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Research paper thumbnail of Catherine Albertini, Résistances des femmes à l'Androcapitalocène : le nécessaire écoféminisme, Gatineau, M éditeur, 2021, 126 p

Recherches féministes, 2021

Dans son ouvrage Résistances des femmes à l’Androcapitalocène : le nécessaire écoféminisme, Cathe... more Dans son ouvrage Résistances des femmes à l’Androcapitalocène : le nécessaire écoféminisme, Catherine Albertini défend la thèse que les femmes sont celles qui doivent incarner les solutions et les valeurs pour sortir de la crise écologique (p. 10). Dès l’introduction, elle affirme proposer le raffermissement de sa pensée militante écoféministe (p. 7). C’est là un essai inspiré de l’écoféminisme matérialiste (suivant la conception du matérialisme incarné d’Ariel Salleh) qui, selon moi, manque franchement de nuances et s’avance sur des sujets litigieux (tels que les femmes trans ou le travail du sexe) sans démontrer une connaissance approfondie de ceux-ci et de la littérature. Cette publication comporte néanmoins des chapitres fort intéressants, notamment lorsque l’autrice formule des critiques des institutions internationales comme la Banque Mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) et de la précarisation économique des femmes, particulièrement en Afrique à travers l’usurpation du concept d’autonomisation (empowerment). Elle y fait une critique puissante, bien que celle-ci ait déjà été formulée par plusieurs féministes décoloniales (Françoise Vergès (2019), par exemple), des solutions capitalistes et coloniales avancées par les institutions internationales pour l’autonomisation des femmes des Suds, qui ont pour conséquence de perpétuer une logique de croissance capitaliste appuyée sur des monocultures et la précarisation alimentaire et économique des femmes, spécialement en réduisant leur autosuffisance et en les rendant dépendantes du microcrédit (p. 54). Puis, Albertini présente des initiatives porteuses élaborées par des femmes et des mouvements écoféministes telles que La Via Campesina, le Mouvement de la ceinture verte (Green Belt Movement) et le mouvement Chipko. Ces mouvements ont permis de créer des brèches dans le système capitaliste, colonial, patriarcal et extractiviste. Néanmoins, l’essai perd beaucoup de crédibilité lorsque l’autrice se livre à une critique en bloc du féminisme universitaire postmoderne dont, selon elle, Judith Butler serait la figure de proue.

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Archipel, 2021

Ce mémoire propose une analyse critique de l’intégration du concept de vulnérabilité dans les ori... more Ce mémoire propose une analyse critique de l’intégration du concept de vulnérabilité dans les orientations politiques 2013-2020 en matière de changements climatiques du gouvernement libéral du Québec. Le terme vulnérabilité, qui n’apparaissait qu’une seule fois dans le plan d’action 2000-2004, revient à 42 reprises dans le plus récent plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques. Les orientations politiques en matière de lutte aux changements climatiques au Québec issues du Plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques et de la Stratégie d’adaptation aux changements climatiques 2013-2020 ont été soumises à l’analyse de contenu. Ce qui a été plus spécifiquement observé est ce que le concept de vulnérabilité permet d’opérer ou de mettre de l’avant dans les orientations politiques. Sandra Laugier et Judith Butler ont toutes deux affirmé la difficulté générale de reconnaître la condition de vulnérabilité puisqu’elle nécessiterait de revoir la façon dont nous envisageons notre rapport au monde. Par ailleurs, il semble que l’intégration par les institutions des concepts critiques émanant des marges, que ce soit des critiques antiracistes, décoloniales, autochtones ou féministes, sert le plus souvent à remettre de l’avant un programme politique colonial, raciste, patriarcal ou capitaliste qui prévalait avant la mobilisation de ces concepts (Coulthard, 2014 ; Ahmed, 2012). Face à ces thèses et à ces constats, nous proposons l’hypothèse suivante : l’adoption récente du concept de vulnérabilité dans les orientations gouvernementales en matière de changements climatiques semble être l’occasion de poursuivre le même type de politiques qui ont jusqu’ici mis de côté les enjeux éthiques et de justice sociale que soulève notre rapport à la nature. Or, l’analyse révèle que les usages de la vulnérabilité permettent de justifier le soutien institutionnel des secteurs économiques au coeur du Plan Nord, de mettre de l’avant une gestion des risques et des vulnérabilités qui ne questionne pas fondamentalement le système qui les a créés, de reconduire une vision utilitaire et un rapport de domination à la nature.

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Nouveaux cahiers d'Ethos, 2021

Dans le cadre de cet article, je souhaite explorer les liens entre les angles morts écologiques, ... more Dans le cadre de cet article, je souhaite explorer les liens entre les angles morts écologiques, la logique de la maîtrise et l’ignorance de notre vulnérabilité permanente vis-à-vis de la nature. Je soutiendrai ici la thèse que la logique de la maîtrise et de la subjectivité maitresse est en partie ce qui nous rend aveugles face à notre vulnérabilité permanente vis-à-vis de la nature. Cette vulnérabilité devient pourtant flagrante lors de catastrophes naturelles. Or, la maîtrise et la subjectivité maîtresse, qui caractérisent les sociétés capitalistes, se fondent sur la division et la mise à distance des sphères
telles que la nature, le corps, la reproduction, ainsi que sur le contrôle et la subordination de ces sphères. La vulnérabilité permanente de la société par rapport à la nature semble alors ignorée puisque la vulnérabilité implique la relation, l’interdépendance et donc une impossibilité de contrôle. Ainsi, en alliant les théories de l’épistémologie de l’ignorance, de l’écoféminisme, des éthiques du care et de la vulnérabilité, je propose de penser la logique de la maîtrise comme étant à l’origine de l’incapacité des sociétés occidentales à s’avouer vulnérables de manière permanente par rapport à la nature et à l’environnement physique immédiat dans lesquelles elles s’inscrivent. D’abord, nous nous intéresserons aux angles morts écologiques identifiés par Christian Kulicke, ensuite à la logique de la
maîtrise comprenant la subjectivité maîtresse et l’ignorance de la vulnérabilité face à la nature, et enfin aux types de rapports qui découlent de celle-ci.

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Esprit Libre, 2020

Dans ce texte, je soutiens que si nous souhaitons nous engager dans une transition socioécologiqu... more Dans ce texte, je soutiens que si nous souhaitons nous engager dans une transition socioécologique, nous devons transformer notre rapport à la nature. En m’appuyant sur les écrits de Arturo Escobar, théoricien de la pensée décoloniale, de Judith Butler et de son éthique de la vulnérabilité ainsi que d’un corpus de textes écoféministes, je proposerai de mettre en lumière notre rapport actuel de maîtrise et d’extériorité à la nature. Le rapport d’extériorité et de maîtrise à la nature se traduit par la vision de nous-mêmes et de la société comme étant à l’extérieure de la nature, ne dépendant pas de celle-ci pour notre propre survie et pouvant en user comme bon nous semble. Elle renvoie également à la croyance que nous pouvons contrôler et dominer la nature. Pour ce faire, je procéderai à l’analyse des termes employés par les médias pour parler des changements climatiques et de la transition écologique. Le champ lexical mobilisé est celui de la guerre, et témoigne du rapport de maîtrise et d’extériorité que nous entretenons face à la nature. Ce constat permettra ensuite d’ouvrir sur la nécessité de s’engager dans la transformation de ce rapport pour tendre vers un rapport plus respectueux et éthique ; un rapport qui reconnaitrait notre interdépendance radicale et notre vulnérabilité face à la nature. Cette reconnaissance de l’interdépendance mise de l’avant par l’éthique de la vulnérabilité et l’écoféminisme me semble être prometteuse afin de tendre vers une véritable transition socioécologique.

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Hypatia, 2020

This article addresses the conditions that are necessary for non-Indigenous people to learn from ... more This article addresses the conditions that are necessary for non-Indigenous people to learn from Indigenous people, more specifically from women and feminists. As non-Indigenous scholars, we first explore the challenges of epistemic dialogue through the example of Traditional Ecological Knowledge (TEK). From there, through the concept of mastery, we examine the social and ontological conditions under which settler subjectivities develop. As demonstrated by Julietta Singh and Val Plumwood, the logic of mastery-which has legitimated the oppression and exploitation of Indigenous peoples-has been reproduced in academia, leaving almost no room for Indigenous knowledge and epis-temes. In the same vein, Sámi scholar Rauna Kuokkanen reclaims and suggests the logic of the gift as a means to render academia more hospitable to Indigenous peoples and epistemes. In our view, reclaim(ing) as a concept-practice is a promising way to disrupt colonial, racist, and sexist power relations. Thus, we in turn propose to reclaim vulnerability as defined by Judith Butler in order to deconstruct masterful settler subjectivities and reconstruct relational ones instead. As theorized by Erinn Gilson, we propose epistemic vulnerability to imagine the conditions of our learning from Indigenous peoples and philosophies. (Im)Possible Decolonial Dialogue In the current context, structured largely by the rhetoric of identity politics, it appears difficult to move beyond two conflicting positions when seeking to address the question of decolonization and dialogue. Indeed, it seems we are faced with only two options: assimilation or separation. We believe this context is the result of a complex dynamic of power relations where minorities have faced disheartening experiences after trusting the good faith of dominant groups and trying to engage in dialogue. In Montreal, we have seen great examples of how this dynamic manifests itself through the cultural appropriation controversy sparked by Slāv and Kanata, two shows from prominent Canadian artist Robert Lepage (see O'Toole 2018; Drimonis 2018a; 2018b). Without getting into the details of the events, suffice it to say that legitimate claims were voiced

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VertigO, 2019

La conception de la nature au cœur du mouvement de justice environnementale et des courants théor... more La conception de la nature au cœur du mouvement de justice environnementale et des courants théoriques se réclamant de celle-ci a été très peu étudiée et mise en lumière dans la littérature académique sur la justice environnementale. Pourtant, les théoricien.nes critiques de la pensée décoloniale, de l’écoféminisme et du poststructuralisme ont largement démontré que la représentation ou la façon de définir la nature n’est pas anodine et innocente, mais participe le plus souvent à renforcer des rapports de pouvoir déjà à l’œuvre. Dans cet article, je propose d’abord de resituer le mouvement pour la justice environnementale dans son histoire militante. Ensuite, je propose d’examiner deux formulations de justice environnementale, l’une provenant de l’économie écologique (Hornborg, 2001; Martinez-Alier, 2014) et l’autre de la socioécologie (Larrère, 2017; Scholsberg, 2004, 2013) afin de ressortir la définition qu’elles proposent de la nature. La confrontation du corpus de littérature étudié au cadre théorique expose que les théoriciens (Hornborg et Martinez-Alier) de l’approche de l’économie écologique, qui nécessite une uniformisation du langage des luttes, mobilisent une conception occidentalocentrée et moderne de la nature et ce faisant, échoue à se soustraire de la logique coloniale qu’ils critiquent.

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