Danielle Buyssens | Musée d'ethnographie de Genève (original) (raw)

Papers by Danielle Buyssens

Research paper thumbnail of Les vies multiples d’un plateau de jeu de mancala européen, XVIIe–XXIe siècles

Schweizerische Zeitschrift für Geschichte /Revue suisse d'histoire / Rivista storica svizzera , Dec 2020

This article recounts the investigation around an exceptional wooden game board kept at the MEG (... more This article recounts the investigation around an exceptional wooden game board kept at the MEG (Musée d’ethnographie de Genève). Its finely sculpted baroque decoration, certainly a European work, suggests it dates back to the latter half of seventeenth century. With its two rows of six cavities each, it is meant for playing mancala, a widespread game Europeans came to know at the time through their contacts to the Near East and East Africa. Before its presence is attested in the castle of La Tour-de-Peilz (Vaud) in the nineteenth century, the origin as well as the social life of the object are the subject of an attempted reconstitution which questions its potential and transitory representations. We also consider the terms and conditions of a link between the history of this object and the first colonial and merchant globalization. Thus, this article sheds light on a poorly known practice of playing this game in a part of Europe, namely in the Netherlands and Germany during the decades around 1700. More recently, the difficulty of choosing the appropriate assignment in either the art museum or the ethnological museum of Geneva and, previously, its inclusion in a collection of “national” furnishings, reveal the complex outlines of the notion of identity. More generally, this case study wishes to testify to the uncertainties and focal effects that characterize the notion of exoticism.

Research paper thumbnail of Voir ce qui se fait ailleurs. Les premières années du Musée des arts décoratifs de Genève

REGARDS CROISÉS SUR LES ARTS À GENÈVE (1846-1896) De la Révolution radicale à l’Exposition nationale, 2019

Il faut […] sortir davantage de chez nous, voir ce qui se fait au dehors ; il faut savoir profite... more Il faut […] sortir davantage de chez nous, voir ce qui se fait au dehors ; il faut savoir profiter des leçons que nous procurent ces voyages ; […] il faut, enfin, ne pas douter de ses forces, avoir en un mot la foi qui soulève les montagnes, une foi de fer forgé ! Georges Hantz, À propos des fers forgés du Musée des arts décoratifs, Bulletin de la Classe d'Industrie et de commerce, mai 1889, p. 848. La naissance du Musée des arts décoratifs 1 de Genève s'inscrit dans un moment d'effervescence étonnamment riche pour ces arts dits « mineurs », reflet, il est vrai, de l'intérêt largement partagé que leur voue l'époque. Cette effervescence, pour être de courte durée, permet néanmoins d'entendre résonner dans le contexte local quelques enjeux de la question des arts industriels 2 et décoratifs. * David Ripoll m'a très généreusement fait bénéficier de ses amples dépouillements d'archives concernant la genèse de cette institution : qu'il en soit vivement remercié. Aux Archives de la Ville de Genève, Xavier Cina et Jacques Davier ont accueilli mes demandes avec une très grande gentillesse. L'iconographie de cet article doit beaucoup à la disponibilité, au Musée Ariana, d'Anne-Claire Schumacher, conservatrice en chef, et, aux Musées d'art et d'histoire, de Gaël Bonzon, collaboratrice scientifique, et d'Estelle Fallet, conservatrice en chef. Aux Musées d'art et d'histoire, j'ai aussi pu consulter des archives qui intéressent surtout la période ultérieure à celle que traite cet article. 1

Research paper thumbnail of Voyages : les Orients de Gustave Revilliod

Gustave Revilliod (1817-1890), un homme ouvert au monde, 2018

Héritier d’une importante fortune, le Genevois Gustave Revilliod (1817-1890) consacre sa vie, d’u... more Héritier d’une importante fortune, le Genevois Gustave Revilliod (1817-1890) consacre sa vie, d’une part aux lettres et à l’édition, d’autre part à ses collections composées principalement d’arts appliqués et de beaux-arts. En philanthrope, il entend offrir ces dernières à l’étude comme à l’admiration de ses concitoyens. Dès 1866, il ouvre à des visiteurs choisis le premier «musée» qu’il a installé dans la demeure familiale de la rue de l’Hôtel-de-Ville. Dix ans plus tard, il se lance dans la construction d’un musée baptisé Ariana en mémoire de sa mère, dans le parc de Varembé, immense domaine familial sur lequel s’installera plus tard la SDN (devenue par la suite l’ONU). Ses voyages, nombreux en Europe dès son plus jeune âge, ceux aussi qui le mèneront en Algérie puis en Égypte, mais encore en Asie au cours d’un tour du monde accompli en 1888-1889, seront l’occasion d’acquérir des objets d’horizons multiples qui témoigneront d’un goût profond pour la diversité humaine et ses talents variés. La question coloniale le préoccupe et il développe un point de vue critique peu fréquent chez un membre de la grande bourgeoisie genevoise.

Research paper thumbnail of Présence et sens des objets extra-européens dans la conception muséale de Gustave Revilliod

Gustave Revilliod (1817-1890), un homme ouvert au monde, 2018

Héritier d’une importante fortune, le Genevois Gustave Revilliod (1817-1890) consacre sa vie, d’u... more Héritier d’une importante fortune, le Genevois Gustave Revilliod (1817-1890) consacre sa vie, d’une part aux lettres et à l’édition, d’autre part à ses collections composées principalement d’arts appliqués et de beaux-arts. En philanthrope, il entend offrir ces dernières à l’étude comme à l’admiration de ses concitoyens. Dès 1866, il ouvre à des visiteurs choisis le premier «musée» qu’il a installé dans la demeure familiale de la rue de l’Hôtel-de-Ville. Dix ans plus tard, il se lance dans la construction d’un musée baptisé Ariana en mémoire de sa mère, dans le parc de Varembé, immense domaine familial sur lequel s’installera plus tard la SDN (devenue par la suite l’ONU). Ses voyages, en Europe, en Egypte et en Asie, seront l’occasion d’acquérir des objets d’horizons multiples qui témoigneront d’un goût profond pour la diversité humaine et ses talents variés. Légué à la Ville de Genève avec une grande partie des biens du mécène, le Musée Ariana sera peu à peu réorganisé et ses collections dispersées entre les autres musées municipaux. C'est à explorer leur disposition d'origine et ses significations que s'attache cet article.

Research paper thumbnail of Comment regarder les monuments d'Égypte ? Gustave Revilliod et les itinéraires d'Auguste Mariette-Pacha

D'une rive à l'autre : patrimoines croisés. Mélanges en l'honneur de Leïla el-Wakil, 2018

Research paper thumbnail of Musées et vie artistique à Genève, de la Restauration à la fin des années 1820

Quand le monde a changé... L'entrée de Genève dans la Confédération helvétique, 2016

Research paper thumbnail of Histoire des musées, histoire des regards

Regards sur les collections. Musée d’ethnographie de Genève. Catalogue de l'exposition de référence, 2014

Le Musée ethnographique de Genève, selon sa dénomination d'origine, a été créé en 1901. Mais « cr... more Le Musée ethnographique de Genève, selon sa dénomination d'origine, a été créé en 1901. Mais « créé » ne veut pas dire qu'il est né dans une situation vierge, décidé un beau jour et aussitôt garni d'objets qui seraient arrivés là sans avoir de passé à Genève. La genèse de cette institution s'inscrit au contraire dans une histoire des musées genevois déjà ancienne à l'époque, remontant à l'aube du 18 e siècle.

Research paper thumbnail of Rodolphe Töpffer et la question du paysage national

GENÈVE, LA SUISSE ET LES ARTS (1814-1846) Les artistes face aux identités nationales, 2015

Research paper thumbnail of Senebier et les (bons) usages de l'utilité

Jean Senebier (1742-1809) : un polyglotte des sciences, Actes du colloque « Jean Senebier et la République des sciences et des lettres », 2011

Senebier and the (right) practices of utility. -A fasb/'o/iab/e trend supported among others by D... more Senebier and the (right) practices of utility. -A fasb/'o/iab/e trend supported among others by D/derot and cf'A/embe/t' Encyclopédie, tbe d/scuss/on on tbe usefu/ and agreeab/e as regards art/'st/'c /ssue /s of/'nterest to 5eneb/'er. Sucb a top/'c crosses b/'s Histoire littéraire, /'t /'s at wor/c /n tbe two ma/'n ed/t/'ons of L'art d'observer, wben be ta//cs about tbe art/'sts and tbe amateurs, /'t ta/ces p/ace /'n b/s act/on /n tbe draw/'ng comm/'ftee of tbe Soc/'ety of Arts, but one sbou/d not as/c from tbe Gospe/ m/n/sfer to be comm/tted to wrtues. Seneb/er /s not a d/sc«Plaire en instruisant»: ce précepte classique prend toute sa signification, on serait presque tenté de dire, toute sa saveur chez Jean Senebierf L'homme est aimable, un peu mondain; il a le goût de l'étude et de ce que nous appellerions aujourd'hui, à la suite de Pierre Bourdieu, la haute culture: on verra d'ailleurs ici qu'il peut faire preuve d'une conscience de classe assez aiguisée, satisfaite par l'idéed'ailleurs répandueque la diffusion des lumières suffirait à adoucir une inégalité sociale guère remise en cause sur le fond.

Research paper thumbnail of L'horlogerie et la joaillerie devant les ordonnances somptuaires

Des montres signées Rousseau, Genève, Patek Philippe Museum, 2012

Research paper thumbnail of Rousseau citoyen d’une ville où le luxe est en débat

Revue suisse d'histoire, Vol.62 ı 2012 ı Nr.1, 2012

This article addresses the true effects of the sumptuary laws that are traditionally held respons... more This article addresses the true effects of the sumptuary laws that are traditionally held responsible for bridling the manufacture of luxury goods. A study of actual practices and discourse shows that, in Rousseau's century, these laws served a more social than religious or even moral purpose, and were mainly used, on the one hand, to differentiate social status while, on the other hand, the concept of shared moderation is seen as a compensation for the distribution of privileges in favour of the upper class. In Rousseau's youth, the life style of the merchant-banker Guillaume-François Franconis (1646-1722, and the contrast with what seems to be his will, highlight this compensation game. Actually, the sumptuary prescriptions didn't either prevent the manufacture of luxury goods, nor their possession, but opposed their ostentatious use by the middle and lower classes. Among Geneva craftsmen, who are suffering a lack of political rights, there is a gap between the negative view of luxury as a source of social discrimination, and the daily activities of manufacturing expensive objects. This gap is echoed by Rousseau's own ambivalence: are these artisans paragons of virtue or accomplices in a social order corrupted by luxury? Finally, the question of luxury appears to be a space of public discussion of society's morale.

Research paper thumbnail of De la faculté des Genevois d’avoir du goût et de collectionner: Waldemar Deonna et la rhétorique de l’exception

Histoire des collections à Genève du XVIe au XIXe siècle, 2011

Research paper thumbnail of "Les Genevois et la Gruyère. Une histoire d’art?" suivi de "Le bœuf géant de Bulle: un phénomène de foire"

La Gruyère dans le miroir de son patrimoine. Tome 5. Une région en représentation, 2011

La montagne, le chalet, la vache, le berger et les costumes typiques symbolisent la Gruyère. Le c... more La montagne, le chalet, la vache, le berger et les costumes typiques symbolisent la Gruyère. Le canton de Fribourg se reconnaît aussi dans ces motifs, qui participent de l'imaginaire helvétique. La simplicité et la diffusion répétée de ces images les rendent facilement reconnaissables pour un large public. L'edelweiss, par exemple, évoque la montagne, autant pour les visiteurs que pour les habitants de la région. (CM/IR) Eugène Reichlen (1885-1971), Chalet d'Untersattel, huile sur bois. T-910 Danielle Buyssens Les Genevois et la Gruyère Une histoire d'art ?

Research paper thumbnail of Un musée dans ses temps

Le Musée gruérien, Cahiers du Musée gruérien, n°7, 2009

Research paper thumbnail of L'image comme collecte

À Madagascar. Photographies de Jacques Faublée, 1938-1941, 2010

Research paper thumbnail of Jean-Étienne Liotard (1702-1789), peintre genevois à Constantinople et peintre turc à Genève

L’horloger du sérail, 2005

Research paper thumbnail of Joseph Petitot (1771-1844), pastelliste bourguignon attiré par Genève

Research paper thumbnail of Le retable de Konrad Witz et la notion de patrimoine à Genève, de la fin du XVIIe au début du XIXe siècle

Books by Danielle Buyssens

Research paper thumbnail of Danielle Buyssens, Vincent Chenal et Frédéric Elsig (dir.), La naissance des musées modernes à Genève au XIXe siècle, Chêne-Bourg/Genève: Georg, 2023

À Genève comme ailleurs en Europe, la scène muséale du XIXe siècle est effervescente. De nou... more À Genève comme ailleurs en Europe, la scène muséale du XIXe siècle est effervescente. De nouveaux musées redistribuent les héritages du siècle précédent et vivent à leur tour une suite de redéfinitions et de successions. Intéressant les sciences, l’art, l’histoire et les techniques, relevant du public comme du privé ou de l’associatif, affirmant leur utilité et servant la modernité comme la tradition, ces musées ont souvent regardé au loin pour trouver leurs modèles. Ce volume, septième de la série éditoriale Patrimoine genevois (Georg), invite à revisiter ce développement protéiforme, d’où sont issues bon nombre des institutions que nous connaissons aujourd’hui à Genève.

Research paper thumbnail of Danielle Buyssens, Isabelle Naef Galuba, Barbara Roth-Lochner (dir.),  Gustave Revilliod (1817-1890), un homme ouvert au monde, Genève : Musée Ariana, Milan : 5 Continents, 2018

Research paper thumbnail of Les vies multiples d’un plateau de jeu de mancala européen, XVIIe–XXIe siècles

Schweizerische Zeitschrift für Geschichte /Revue suisse d'histoire / Rivista storica svizzera , Dec 2020

This article recounts the investigation around an exceptional wooden game board kept at the MEG (... more This article recounts the investigation around an exceptional wooden game board kept at the MEG (Musée d’ethnographie de Genève). Its finely sculpted baroque decoration, certainly a European work, suggests it dates back to the latter half of seventeenth century. With its two rows of six cavities each, it is meant for playing mancala, a widespread game Europeans came to know at the time through their contacts to the Near East and East Africa. Before its presence is attested in the castle of La Tour-de-Peilz (Vaud) in the nineteenth century, the origin as well as the social life of the object are the subject of an attempted reconstitution which questions its potential and transitory representations. We also consider the terms and conditions of a link between the history of this object and the first colonial and merchant globalization. Thus, this article sheds light on a poorly known practice of playing this game in a part of Europe, namely in the Netherlands and Germany during the decades around 1700. More recently, the difficulty of choosing the appropriate assignment in either the art museum or the ethnological museum of Geneva and, previously, its inclusion in a collection of “national” furnishings, reveal the complex outlines of the notion of identity. More generally, this case study wishes to testify to the uncertainties and focal effects that characterize the notion of exoticism.

Research paper thumbnail of Voir ce qui se fait ailleurs. Les premières années du Musée des arts décoratifs de Genève

REGARDS CROISÉS SUR LES ARTS À GENÈVE (1846-1896) De la Révolution radicale à l’Exposition nationale, 2019

Il faut […] sortir davantage de chez nous, voir ce qui se fait au dehors ; il faut savoir profite... more Il faut […] sortir davantage de chez nous, voir ce qui se fait au dehors ; il faut savoir profiter des leçons que nous procurent ces voyages ; […] il faut, enfin, ne pas douter de ses forces, avoir en un mot la foi qui soulève les montagnes, une foi de fer forgé ! Georges Hantz, À propos des fers forgés du Musée des arts décoratifs, Bulletin de la Classe d'Industrie et de commerce, mai 1889, p. 848. La naissance du Musée des arts décoratifs 1 de Genève s'inscrit dans un moment d'effervescence étonnamment riche pour ces arts dits « mineurs », reflet, il est vrai, de l'intérêt largement partagé que leur voue l'époque. Cette effervescence, pour être de courte durée, permet néanmoins d'entendre résonner dans le contexte local quelques enjeux de la question des arts industriels 2 et décoratifs. * David Ripoll m'a très généreusement fait bénéficier de ses amples dépouillements d'archives concernant la genèse de cette institution : qu'il en soit vivement remercié. Aux Archives de la Ville de Genève, Xavier Cina et Jacques Davier ont accueilli mes demandes avec une très grande gentillesse. L'iconographie de cet article doit beaucoup à la disponibilité, au Musée Ariana, d'Anne-Claire Schumacher, conservatrice en chef, et, aux Musées d'art et d'histoire, de Gaël Bonzon, collaboratrice scientifique, et d'Estelle Fallet, conservatrice en chef. Aux Musées d'art et d'histoire, j'ai aussi pu consulter des archives qui intéressent surtout la période ultérieure à celle que traite cet article. 1

Research paper thumbnail of Voyages : les Orients de Gustave Revilliod

Gustave Revilliod (1817-1890), un homme ouvert au monde, 2018

Héritier d’une importante fortune, le Genevois Gustave Revilliod (1817-1890) consacre sa vie, d’u... more Héritier d’une importante fortune, le Genevois Gustave Revilliod (1817-1890) consacre sa vie, d’une part aux lettres et à l’édition, d’autre part à ses collections composées principalement d’arts appliqués et de beaux-arts. En philanthrope, il entend offrir ces dernières à l’étude comme à l’admiration de ses concitoyens. Dès 1866, il ouvre à des visiteurs choisis le premier «musée» qu’il a installé dans la demeure familiale de la rue de l’Hôtel-de-Ville. Dix ans plus tard, il se lance dans la construction d’un musée baptisé Ariana en mémoire de sa mère, dans le parc de Varembé, immense domaine familial sur lequel s’installera plus tard la SDN (devenue par la suite l’ONU). Ses voyages, nombreux en Europe dès son plus jeune âge, ceux aussi qui le mèneront en Algérie puis en Égypte, mais encore en Asie au cours d’un tour du monde accompli en 1888-1889, seront l’occasion d’acquérir des objets d’horizons multiples qui témoigneront d’un goût profond pour la diversité humaine et ses talents variés. La question coloniale le préoccupe et il développe un point de vue critique peu fréquent chez un membre de la grande bourgeoisie genevoise.

Research paper thumbnail of Présence et sens des objets extra-européens dans la conception muséale de Gustave Revilliod

Gustave Revilliod (1817-1890), un homme ouvert au monde, 2018

Héritier d’une importante fortune, le Genevois Gustave Revilliod (1817-1890) consacre sa vie, d’u... more Héritier d’une importante fortune, le Genevois Gustave Revilliod (1817-1890) consacre sa vie, d’une part aux lettres et à l’édition, d’autre part à ses collections composées principalement d’arts appliqués et de beaux-arts. En philanthrope, il entend offrir ces dernières à l’étude comme à l’admiration de ses concitoyens. Dès 1866, il ouvre à des visiteurs choisis le premier «musée» qu’il a installé dans la demeure familiale de la rue de l’Hôtel-de-Ville. Dix ans plus tard, il se lance dans la construction d’un musée baptisé Ariana en mémoire de sa mère, dans le parc de Varembé, immense domaine familial sur lequel s’installera plus tard la SDN (devenue par la suite l’ONU). Ses voyages, en Europe, en Egypte et en Asie, seront l’occasion d’acquérir des objets d’horizons multiples qui témoigneront d’un goût profond pour la diversité humaine et ses talents variés. Légué à la Ville de Genève avec une grande partie des biens du mécène, le Musée Ariana sera peu à peu réorganisé et ses collections dispersées entre les autres musées municipaux. C'est à explorer leur disposition d'origine et ses significations que s'attache cet article.

Research paper thumbnail of Comment regarder les monuments d'Égypte ? Gustave Revilliod et les itinéraires d'Auguste Mariette-Pacha

D'une rive à l'autre : patrimoines croisés. Mélanges en l'honneur de Leïla el-Wakil, 2018

Research paper thumbnail of Musées et vie artistique à Genève, de la Restauration à la fin des années 1820

Quand le monde a changé... L'entrée de Genève dans la Confédération helvétique, 2016

Research paper thumbnail of Histoire des musées, histoire des regards

Regards sur les collections. Musée d’ethnographie de Genève. Catalogue de l'exposition de référence, 2014

Le Musée ethnographique de Genève, selon sa dénomination d'origine, a été créé en 1901. Mais « cr... more Le Musée ethnographique de Genève, selon sa dénomination d'origine, a été créé en 1901. Mais « créé » ne veut pas dire qu'il est né dans une situation vierge, décidé un beau jour et aussitôt garni d'objets qui seraient arrivés là sans avoir de passé à Genève. La genèse de cette institution s'inscrit au contraire dans une histoire des musées genevois déjà ancienne à l'époque, remontant à l'aube du 18 e siècle.

Research paper thumbnail of Rodolphe Töpffer et la question du paysage national

GENÈVE, LA SUISSE ET LES ARTS (1814-1846) Les artistes face aux identités nationales, 2015

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Jean Senebier (1742-1809) : un polyglotte des sciences, Actes du colloque « Jean Senebier et la République des sciences et des lettres », 2011

Senebier and the (right) practices of utility. -A fasb/'o/iab/e trend supported among others by D... more Senebier and the (right) practices of utility. -A fasb/'o/iab/e trend supported among others by D/derot and cf'A/embe/t' Encyclopédie, tbe d/scuss/on on tbe usefu/ and agreeab/e as regards art/'st/'c /ssue /s of/'nterest to 5eneb/'er. Sucb a top/'c crosses b/'s Histoire littéraire, /'t /'s at wor/c /n tbe two ma/'n ed/t/'ons of L'art d'observer, wben be ta//cs about tbe art/'sts and tbe amateurs, /'t ta/ces p/ace /'n b/s act/on /n tbe draw/'ng comm/'ftee of tbe Soc/'ety of Arts, but one sbou/d not as/c from tbe Gospe/ m/n/sfer to be comm/tted to wrtues. Seneb/er /s not a d/sc«Plaire en instruisant»: ce précepte classique prend toute sa signification, on serait presque tenté de dire, toute sa saveur chez Jean Senebierf L'homme est aimable, un peu mondain; il a le goût de l'étude et de ce que nous appellerions aujourd'hui, à la suite de Pierre Bourdieu, la haute culture: on verra d'ailleurs ici qu'il peut faire preuve d'une conscience de classe assez aiguisée, satisfaite par l'idéed'ailleurs répandueque la diffusion des lumières suffirait à adoucir une inégalité sociale guère remise en cause sur le fond.

Research paper thumbnail of L'horlogerie et la joaillerie devant les ordonnances somptuaires

Des montres signées Rousseau, Genève, Patek Philippe Museum, 2012

Research paper thumbnail of Rousseau citoyen d’une ville où le luxe est en débat

Revue suisse d'histoire, Vol.62 ı 2012 ı Nr.1, 2012

This article addresses the true effects of the sumptuary laws that are traditionally held respons... more This article addresses the true effects of the sumptuary laws that are traditionally held responsible for bridling the manufacture of luxury goods. A study of actual practices and discourse shows that, in Rousseau's century, these laws served a more social than religious or even moral purpose, and were mainly used, on the one hand, to differentiate social status while, on the other hand, the concept of shared moderation is seen as a compensation for the distribution of privileges in favour of the upper class. In Rousseau's youth, the life style of the merchant-banker Guillaume-François Franconis (1646-1722, and the contrast with what seems to be his will, highlight this compensation game. Actually, the sumptuary prescriptions didn't either prevent the manufacture of luxury goods, nor their possession, but opposed their ostentatious use by the middle and lower classes. Among Geneva craftsmen, who are suffering a lack of political rights, there is a gap between the negative view of luxury as a source of social discrimination, and the daily activities of manufacturing expensive objects. This gap is echoed by Rousseau's own ambivalence: are these artisans paragons of virtue or accomplices in a social order corrupted by luxury? Finally, the question of luxury appears to be a space of public discussion of society's morale.

Research paper thumbnail of De la faculté des Genevois d’avoir du goût et de collectionner: Waldemar Deonna et la rhétorique de l’exception

Histoire des collections à Genève du XVIe au XIXe siècle, 2011

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La Gruyère dans le miroir de son patrimoine. Tome 5. Une région en représentation, 2011

La montagne, le chalet, la vache, le berger et les costumes typiques symbolisent la Gruyère. Le c... more La montagne, le chalet, la vache, le berger et les costumes typiques symbolisent la Gruyère. Le canton de Fribourg se reconnaît aussi dans ces motifs, qui participent de l'imaginaire helvétique. La simplicité et la diffusion répétée de ces images les rendent facilement reconnaissables pour un large public. L'edelweiss, par exemple, évoque la montagne, autant pour les visiteurs que pour les habitants de la région. (CM/IR) Eugène Reichlen (1885-1971), Chalet d'Untersattel, huile sur bois. T-910 Danielle Buyssens Les Genevois et la Gruyère Une histoire d'art ?

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Le Musée gruérien, Cahiers du Musée gruérien, n°7, 2009

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À Madagascar. Photographies de Jacques Faublée, 1938-1941, 2010

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L’horloger du sérail, 2005

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À Genève comme ailleurs en Europe, la scène muséale du XIXe siècle est effervescente. De nou... more À Genève comme ailleurs en Europe, la scène muséale du XIXe siècle est effervescente. De nouveaux musées redistribuent les héritages du siècle précédent et vivent à leur tour une suite de redéfinitions et de successions. Intéressant les sciences, l’art, l’histoire et les techniques, relevant du public comme du privé ou de l’associatif, affirmant leur utilité et servant la modernité comme la tradition, ces musées ont souvent regardé au loin pour trouver leurs modèles. Ce volume, septième de la série éditoriale Patrimoine genevois (Georg), invite à revisiter ce développement protéiforme, d’où sont issues bon nombre des institutions que nous connaissons aujourd’hui à Genève.

Research paper thumbnail of Danielle Buyssens, Isabelle Naef Galuba, Barbara Roth-Lochner (dir.),  Gustave Revilliod (1817-1890), un homme ouvert au monde, Genève : Musée Ariana, Milan : 5 Continents, 2018

Research paper thumbnail of LECLAIR Madeleine, MORIN Floriane, TAMAROZZI Federica (dir.). 2014. Regards sur les collections. Musée d'ethnographie de Genève. Catalogue de l'exposition de référence. Genève: MEG / Morges: Glénat, 256 pages. Avec 1 CD Un parcours musical à travers les cinq continents.

À la croisée de l'anthropologie, de l'histoire, de l'archéologie et de l'histoire de l'art, le ca... more À la croisée de l'anthropologie, de l'histoire, de l'archéologie et de l'histoire de l'art, le catalogue de l'exposition de référence du MEG offre un éclairage particulier sur les collections des six départements du Musée: Afrique, Amériques, Asie, Ethnomusicologie, Europe et Océanie, composant des archives de la diversité humaine.

Research paper thumbnail of Danielle Buyssens, Vincent Chenal et Martine Hart (dir.), Genève, la Suisse et les arts (1814-1846). Les artistes face aux identités nationales, Genève: Georg, 2015

L’entrée de Genève dans la Confédération helvétique en 1814 a mis un terme à plusieurs siè... more L’entrée de Genève dans la Confédération helvétique en 1814 a mis un terme à plusieurs siècles d’indépendance de la République calviniste. Ce bouleversement politique a engendré de nombreuses interrogations des Genevois sur leur identité culturelle dans la mouvance de la montée des nationalismes dans toute l’Europe. Accompagné d’un éclairage sur le contexte historique, le présent volume met en lumière aussi bien les réticences que les adaptations des Genevois à leur nouvelle appartenance confédérale à travers les beaux-arts, l’architecture et la musique.

Research paper thumbnail of Danielle Buyssens et Christian Delécraz, C'est de l'homme que j'ai à parler : Rousseau et l'inégalité. Album d’exposition, Gollion : Infolio éditions / Genève : MEG, juin 2012

«C'est de l'homme que j'ai à parler»: ainsi commence le Discours sur l'origine et les fondements ... more «C'est de l'homme que j'ai à parler»: ainsi commence le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes paru en 1755. Prise pour une invitation à suivre un Jean-Jacques Rousseau anthropologue, cette phrase a donné lieu à une exposition au MEG et à cet album. De Genève aux Amériques, en passant par la Suisse et par l'Orient, le parcours nous emmène sur les traces de Rousseau, en essayant de capter ce qui, de son époque, nous parle encore.
Moins que des réponses, c'est un questionnement qui sert de fil rouge à cette exploration, en nous confrontant à l'altérité du passé. Fragilisant les frontières, le doute que cultivait Rousseau et son goût de la spéculation nous rendent disponibles aux découvertes, aux rencontres, aux fraternités. Il nous rappelle qu'il ne faut jamais confondre la connaissance avec les idées reçues au nom desquelles nous dressons de confortables palissades entre l'Autre et nous.
Comme un voyage dans une époque qui a réfléchi avant la nôtre à l'histoire de l'humanité et au destin des peuples de la Terre, ce petit livre richement illustré nous parle d'égalité et de différences et met en évidence des interrogations de Rousseau qui nous concernent toujours.

Research paper thumbnail of Danielle Buyssens, La question de l'art à Genève, du cosmopolitisme des Lumières au Romantisme des nationalités, La Baconnière/Arts, 2008

Fondée dans les premières décennies du XIXe siècle, la tradition historiographique de l’art g... more Fondée dans les premières décennies du XIXe siècle, la tradition historiographique de l’art genevois postule que la pratique et la réception de l’art auraient longtemps souffert à Genève de l’opprobre calviniste, condamnées à l’exil hors d’une société inhospitalière au goût et hostile au luxe. Basée sur l’analyse critique de sources nouvellement mises en relation et sur des comparaisons avec la situation des arts en France, cette étude restitue une réalité des pratiques bien différente dans le contexte de l’Europe des Lumières, de son effritement et de la naissance des nationalités romantiques. Elle s’attache en même temps aux conditions et aux motivations de la construction d’un récit historique marqué par les circonstances de son énonciation.
Cet ouvrage ne se contente pas de rassembler les connaissances que l’on possédait déjà sur la place faite aux arts à Genève au XVIIIe siècle et au début du XIXe en les complétant sur de nombreux points. Il éclaire cette question d’un jour entièrement neuf et modifie notre compréhension d’aspects fondamentaux de l’histoire culturelle de Genève et de son histoire tout court. Ce renouvellement est opéré avec une attention aux sources, un sens des enjeux contemporains de l’histoire et une liberté de pensée qui feront date.

Research paper thumbnail of Le portique de la cathédrale Saint-Pierre. Un grand chantier à Genève au XVIIIe siècle. Textes de Danielle Buyssens, Leïla el-Wakil, Anastazja Winiger-Labuda, Livio Fornara. Genève: Maison Tavel, 2003

Ce dossier qui accompagnait une exposition des projets pour la réfection de la cathédrale Saint-P... more Ce dossier qui accompagnait une exposition des projets pour la réfection de la cathédrale Saint-Pierre de Genève au milieu du XVIIIe siècle contient l'édition de deux sources majeures et la publication de quatre contributions pour éclairer le contexte qui a vu naître le portique réalisé par Benedetto Alfieri.

Research paper thumbnail of « La Bibliothèque étant un ornement public » Réforme et embellissements de la Bibliothèque de Genève en 1702, études réunies et publiées par Danielle Buyssens, avec la collaboration de Thierry Dubois, Genève, Bibliothèque publique et universitaire, Chêne-Bourg/Genève, Georg Editeur, 2002

Research paper thumbnail of Danielle Buyssens et Corinne Walker, La Belle Escalade de 1902, Bibliothèque publique et universitaire, Genève, 2002

Comment la fête genevoise de l'Escalade s'est peu à peu imposée et comment la commémoration de 19... more Comment la fête genevoise de l'Escalade s'est peu à peu imposée et comment la commémoration de 1902 dut être reportée d'une année... // La mémoire de l'Escalade ou la force de la fête, par Corinne Walker. // De la mascarade au cortège: spectacle "national" contre désordres de la rue, par Danielle Buyssens

Research paper thumbnail of Aux origines, un cabinet de curiosités

« Moments d'histoire », chronique dans TOTEM, journal du MEG (Musée d’ethnographie de Genève), de 2008 à 2014, 2008

Research paper thumbnail of Curiosités exotiques et plaisir narratif

« Moments d'histoire », chronique dans TOTEM, journal du MEG (Musée d’ethnographie de Genève), de 2008 à 2014, 2008

Research paper thumbnail of L’apparence de l’autre et la représentation de soi - Liotard et l’orientalisme à Genève au milieu du XVIIIe siècle

« Moments d'histoire », chronique dans TOTEM, journal du MEG (Musée d’ethnographie de Genève), de 2008 à 2014, 2009

Contient aussi : « Actualité : Eugène Pittard et les Tziganes - Quand l’histoire parle au présent »

Research paper thumbnail of L’ethnographie au temps de Calvin et la postérité de Jean de Léry

« Moments d'histoire », chronique dans TOTEM, journal du MEG (Musée d’ethnographie de Genève), de 2008 à 2014, 2009

Research paper thumbnail of Chemins d’objets, route d’esclaves et réseaux de pensée

« Moments d'histoire », chronique dans TOTEM, journal du MEG (Musée d’ethnographie de Genève), de 2008 à 2014, 2009

Research paper thumbnail of L'Autre voisin: quand des Genevois participaient à l'invention de la Gruyère

« Moments d'histoire », chronique dans TOTEM, journal du MEG (Musée d’ethnographie de Genève), de 2008 à 2014, 2010

Research paper thumbnail of D'où vient le manteau de plumes du MEG? Un destin romanesque pour un objet d'exception

« Moments d'histoire », chronique dans TOTEM, journal du MEG (Musée d’ethnographie de Genève), de 2008 à 2014, 2010

Notre Rumpff était-il bien le gendre d'Astor ? Avons-nous raison de penser que le millionnaire, e... more Notre Rumpff était-il bien le gendre d'Astor ? Avons-nous raison de penser que le millionnaire, entré en possession d'un bel objet rapporté par l'un de ses capitaines de vaisseau, en avait fait cadeau à sa fille ? Et que le jeune couple avait décidé d'en faire don au musée de la ville qu'ils avaient adoptée pour leur villégiature d'été ? Au terme de cette enquête, l'itinéraire du manteau de plumes du MEG conserve sa part de mystère. Mais son aura s'est comme enrichie d'un nouveau cercle où gravitent des personnages fortement ancrés dans une époque. Au lieu d'être le signal magnifique d'une irréductible altérité, voilà notre manteau devenu trace d'un échange entre les partenaires d'une histoire déjà globalisée.

Research paper thumbnail of A quoi peut bien servir une herminette du XVIIIe siècle pour des Genevois?

« Moments d'histoire », chronique dans TOTEM, journal du MEG (Musée d’ethnographie de Genève), de 2008 à 2014, 2010

En somme, c'est en résonance avec le cabinet de minéralogie du savant que l'outil polynésien dut ... more En somme, c'est en résonance avec le cabinet de minéralogie du savant que l'outil polynésien dut trouver sa pertinence : si les Voyages dans les Alpes révèlent par moments chez Saussure un regard attentif aux êtres humains, notre herminette nous conduit plutôt au naturaliste. Cette manière de voir la nature dans l'artefact bouscule un peu l'idée d'un partage allant de soi entre Nature et Culture, qui informe la pensée occidentale moderne et différencie nos musées autant que nos savoirs : il ne viendrait à l'idée de personne aujourd'hui de contester la place de cette herminette dans un musée d'ethnographie, où l'on attend d'elle qu'elle nous parle des hommes qui l'ont confectionnée. En restituant des processus et non seulement leur résultat, l'histoire des collections est pourtant là pour nous rappeler que notre curiosité a elle-même une histoire, et que d'autres hommes et d'autres époques ont contribué à faire de ces objets usuels des objets de musée.

Research paper thumbnail of De l’idole à l’objet ethnographique: missions évangéliques et collections

« Moments d'histoire », chronique dans TOTEM, journal du MEG (Musée d’ethnographie de Genève), de 2008 à 2014, 2011

Research paper thumbnail of Le Musée des missions de la Salle de la Réformation

« Moments d'histoire », chronique dans TOTEM, journal du MEG (Musée d’ethnographie de Genève), de 2008 à 2014, 2011

Research paper thumbnail of Été 1932, de l'art rustique au MEG: de quoi s'agit-il ?

« Moments d'histoire », chronique dans TOTEM, journal du MEG (Musée d’ethnographie de Genève), de 2008 à 2014, 2011

Research paper thumbnail of Quand Pittard parlait d'ethnographie précolombienne

« Moments d'histoire », chronique dans TOTEM, journal du MEG (Musée d’ethnographie de Genève), de 2008 à 2014, 2012

Research paper thumbnail of Comment vivent les Caraïbes ? Réponse au musée académique !

« Moments d'histoire », chronique dans TOTEM, journal du MEG (Musée d’ethnographie de Genève), de 2008 à 2014, 2012

Research paper thumbnail of Qui a créé le Musée d’ethnographie de Genève ?

« Moments d'histoire », chronique dans TOTEM, journal du MEG (Musée d’ethnographie de Genève), de 2008 à 2014, 2012

homme se lève, secoue les oeillères de ses concitoyens en publiant deux articles programmatiques ... more homme se lève, secoue les oeillères de ses concitoyens en publiant deux articles programmatiques dans le Journal de Genève 1 , et bientôt un musée consacré à une discipline jusqu'alors négligée prend forme. Il serait bien étonnant qu'un musée d'ethnographie échappe à l'un de ses sujets d'étude favoris : le récit des origines. Or, pour qui est attentif aux réalités historiques, l'énoncé communément admis selon lequel « Le musée d'ethnographie de Genève a été créé en 1901 par Eugène Pittard » est un raccourci qui laisse de côté la complexité ordinaire de la genèse des institutions. Au terme d'un XIX e siècle qui a vu quantité de musées publics ou privés naître, se scinder ou fusionner et recycler plusieurs fois d'anciennes collections dans de nouvelles lectures, un projet majeur domine la scène genevoise : celui d'un musée que l'on souhaite « central », dont les points forts vont consister dans les beaux-arts, l'archéologie et les arts décoratifs. Si, au cours du développement du projet, on a parlé d'y inclure l'ethnographie, le manque de place mais aussi une définition européocentrée de la culture vont finalement laisser dehors les objets « exotiques ». Ce musée -qui deviendra l'actuel Musée d'art et d'histoire -est attendu depuis plusieurs décennies. Toutes les forces culturelles de la cité travaillent à ce chantier. Ce contexte explique la relative discrétion qui entoure la naissance du Musée d'ethnographie de Genève, s'ajoutant au fait que la Suisse -quel qu'ait pu être par ailleurs son effort de positionnement du côté des puissances dominatricesn'a pas de colonies, et donc pas de politique coloniale investissant un établissement du rôle officiel de soutien de sa propagande auprès de la population métropolitaine. Mais le verre est aussi à moitié plein : la dynamique suscitée par la création du « Grand Musée » va profiter aux collections ethnographiques. Un décès a joué ici un rôle décisif. Hippolyte-Jean Gosse (1834-1901), conservateur durant trente ans du Musée archéologique et du Musée historique genevois -dit aussi Salle des armures -, membre également de la commission du Musée des arts décoratifs, meurt au début de l'année 1901. Si Gosse a donné aux collections des musées qu'il dirigeait un essor inédit, si l'on peut dire en particulier que l'ethnographie, dont il a fait un secteur du Musée archéologique, lui doit ses premiers balbutiements à Genève, la mort de ce conservateur omniprésent et très identifié à ses collections est manifestement vécue comme l'opportunité de déverrouiller une situation. Le Compte-rendu de l'Administration municipale de la Ville de Genève (CRA 1901) relate la mise en ordre des collections et des finances et la restructuration des services auxquelles on se livre sans attendre. Un directeur des Musées historiques est nommé : Jacques Mayor, féru d'antiquités et dont le père a été l'adjoint de Gosse ; Émile Dunant, qui était à son tour devenu l'adjoint de Gosse, est promu conservateur du Musée archéologique, et la Salle des armures est confiée à un troisième homme, Louis Bron-Dupin. Eugène Pittard apparaît à l'arrière-plan, comme membre de la nouvelle commission du Musée archéologique. La décision de donner de l'envergure aux collections ethnographiques appartient à cette génération. Et tout cela reste lié aux préparatifs du « Grand Musée » : il faut de la place pour s'occuper des collections archéologiques, l'ethnographie sera donc déplacée dans une petite villa au bord du lac dont la municipalité a récemment hérité, au sein du parc Mon-Repos, et qu'elle a attribuée aux musées comme annexe. Les objets des Autres partageront les lieux avec un surplus de tableaux du Musée Rath, le musée des beaux-arts de la Ville et son fleuron, auquel sont réservées les trois pièces les plus spacieuses du rez-de-chaussée. Mais ce n'est pas qu'une mise à l'écart : le nouvel arrangement de l'ethnographie, qui occupera le reste du rez-de-chaussée et le premier étage, est pensé comme une mise en valeur en faveur de laquelle une forte dépense sera consentie (CRA 1901(CRA et 1902. Les collections prennent un essor considérable grâce, principalement semble-t-il, à Pittard, qui bénéficie du soutien et des encouragements de Mayor. Ce dernier se montre ainsi vivement intéressé par l'apport négocié par Pittard du Musée des Missions, lequel, créé un quart de siècle plus tôt et maintenant tombé en désuétude, avait réuni un ensemble dont on ne se cache pas la supériorité face aux collections municipales. Mayor lui-même organise le transfert de cent trente-deux pièces du Musée historique vers le nouveau Musée ethnographique : des armes et des armures orientales et africaines dont certaines sont d'une qualité exceptionnelle. Pittard dispose en outre d'un réseau parmi des collectionneurs qui n'ont guère entretenu de relations avec le musée de Gosse et qui se disent maintenant prêts à consentir des dons ou des dépôts importants. Mayor se montre désireux de discuter avec Pittard le classement des collections ainsi rassemblées 2 , mais leurs relations sont brutalement interrompues par la démission forcée du directeur, compromis dans des affaires frauduleuses qui le font incarcérer. C'est dès lors Émile Dunant, le conservateur du Musée archéologique et de la collection ethnographique, qui prend la main. Se référant à un « plan sommaire » élaboré avec Mayor, et tout en continuant la collaboration avec Pittard pour l'enrichissement des collections, il va mettre en place un parcours (CRA 1901) qui diffère beaucoup de la conception de ce dernier. Au lieu d'une répartition par groupes ethniques, eux-mêmes classés par pays, témoignant chez Pittard d'un intérêt à la fois scientifique et humaniste pour la diversité des Hommes et de leurs manières de vivre, Dunant procède par ensembles d'objets suggestifs et par continents peuplés de « sauvages ». Son parcours commence par un petit « musée de marine », réminiscence probable de celui qui existait encore au Louvre à l'époque, au centre duquel figure une barque genevoise entourée d'embarcations de toutes sortes. L'ancienne bibliothèque est aménagée en cabinet de la Chine, cinq armures japonaises environnées de panoplies 1. Réunis dans la brochure intitulée : À propos du futur musée. Les collections ethnographiques. Genève 1901. 2. CH AVG, 350.A.2.1.1/1 Lettre de Jacques Mayor à Eugène Pittard, 25 avril 1901.

Research paper thumbnail of Eugène Pittard et la face Barnum des musées

« Moments d'histoire », chronique dans TOTEM, journal du MEG (Musée d’ethnographie de Genève), de 2008 à 2014, 2013

Research paper thumbnail of Naissance des musées modernes à Genève au XIX e siècle