Traduire Georges Perec en français (original) (raw)
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Traduire La Disparition de Georges Perec
Vingt-Huitièmes Assises de la traduction littéraire (Arles 2011) - Traductions extra-ordinaires, 2012
Hélène HENRY.-Bonjour à tous, pour cette dernière aprèsmidi de nos Assises. Avant de donner la parole à nos amis oulipiens, je dois vous annoncer une nouvelle triste que beaucoup connaissent déjà et qui est la mort d'Hubert Nyssen. Je voudrais que nous ayons vraiment une pensée pour lui, en ce dernier jour des Assises.
L’ “écriture blanche” de Georges Perec
in Véronique Montémont et Christelle Reggiani, "Georges Perec artisan de la langue", Presses Universitaires de Lyon, 2012
Espace de dialogue entre disciplines du texte, la collection « Textes & Langue » invite à une réflexion sur les méthodes d'analyse textuelle, dans des corpus illustrant la diversité des genres et des époques. La langue est donc considérée dans la variété des réalisations discursives, mais aussi à travers les relations translinguistiques. La collection accueille des études articulant explicitement les pratiques d'analyse et d'interprétation textuelles à différents champs épistémologiques et théoriques : grammaire et rhétorique, philologie et herméneutique, linguistique et pragmatique, poétique et sémiotique, analyse des discours, histoire des formes et des idées. L'orientation générale relève de la stylistique littéraire, dont les problématiques peuvent être soumises à de nouvelles approches et techniques (génétique, statistique). Mais l'expérience de la lecture est étendue à d'autres espaces discursifs (politique, journalistique, publicitaire), ainsi qu'aux relations intersémiotiques.
2021
International audienceÉcrivain polygraphe, artiste multidimensionnel, auteur intertextualiste, homme curieux de tout ou presque, membre d’un « groupe-monde », l’Oulipo, Perec dispose dans son œuvre, pièce majeure du puzzle culturel du XXe siècle, les germes d’un devenir élargi. Chez Perec, il y a d’abord un désir, un appétit de monde qui passe par les langues et les cultures comme par les voyages, les cartes et les estampes, les portulans et les récits de découverte… Et les influences littéraires, comme les amitiés et les amours, se partagent pays et continents. L’identité même de Perec vacille à travers son nom, passant et repassant les frontières, du polonais Peretz au francisé Pérec en passant par la forme mixte Perec où il voyait la trace de son origine juive dans l’absence d’accent au sein d’un patronyme qui eût pu passer pour breton.La question du monde n’est pas, chez Perec, qu’une question historique ou géographique, sinon philosophique ou métaphysique : comment, par la litt...
Poésie vol. 94, 2002
Les grands textes de Perec ne parlent pas de sexe, ou en parlent très peu. Pour expliquer cette pudeur on ne peut invoquer l'obédience oulipienne, car de nombreux écrivains de cette mouvance se sont exprimés avec éloquence sur la chose (Mathews, Roubaud, par exemple). On ne l'explique pas non plus par la tradition des lettres françaises, qui depuis le moyen âge donnent une place prépondérante à la passion amoureuse et son expression physique. Et on l'explique encore moins par le contexte historique -Perec est un auteur des années 1960 et 70, années de la « libération sexuelle » et d'une littérature à l'avenant. Ainsi le silence des textes de Perec sur l'article du sexe en constitue une excentricité significative. Rappelons comme premier exemple la totale invraisemblance des Choses, cette « histoire des années 60 » où de jeunes psychosociologues ont tous les désirs imaginables, sauf le désir de s'aimer. Il s'agit ici sans doute d'une stratégie et d'un choix littéraires. Il s'agit aussi, indubitablement, d'une extension au champ de l'expression littéraire d'une caractéristique personnelle de Georges Perec. Mais pourquoi cette stratégie ? Et que signifie cette réticence tant humaine que littéraire ? Précisons d'abord que l'oeuvre de Perec n'est pas étrangère aux passions. Il y en a pour presque tous les goûts : passion du confort (Les Choses) et de la collection (de buvards, d'unica, de couvertures de cheval, entre autres, dans la Vie mode d'emploi), passion de l'arnaque et du faux (le Condottiere), passion de l'histoire et du sauvetage de mots oubliés, passion de la compétition sportive et passion vengeresse -toutes les passions imaginables, futiles et grandioses, bizarres et banales, ont leur anecdote, leur « personnage », leur histoire emblématique dans les grandes oeuvres de Perec. A une grande exception près : il n'y a pas de véritable histoire d'amour dans les romans publiés, il n'y a pas de grand récit du désir, ni aucune scène majeure de nature érotique. (Nous reviendrons plus tard à la seule exception flagrante de cette exception, l'orgie des Revenentes.) La critique perecquienne nous a beaucoup appris sur le rôle primordial du manque dans la construction de l'oeuvre. Le chapitre manquant (celui qui serait venu en 66e position) de la grandiose structure de La Vie mode d'emploi, le vers manquant (le 180e) du Compendium du chapitre LI de ce même roman, la lettre manquante de La Disparition, les originaux « en manque » du Cabinet d'amateur, ont été commentés et interprétés maintes fois et souvent avec bonheur. Mais au manque thématique le plus évident -l'absence des
Georges Perec, Les Choses, Analyse et Commentaires
2021
Les Choses, court roman de Georges Perec paru en 1965, est, comme sous sous-titre l'indique, une histoire des années soixante. Une histoire comme la décennie a dû en contenir des milliers sans doute. Quoiqu'il en soit, le sous-titre se justifie de plusieurs façons. Premièrement, et tout simplement, il s'agit d'un roman, d'une histoire d'époque qui, littéralement, est entièrement basée dans les années '60. Le roman est paru dans les années '60, et l'histoire est elle-même implantée dans ces années-là. La société, les personnages et leurs problèmes en sont directement issus, et en sont aussi le reflet fidèle. Mais plus que le simple aspect « contemporain » de la chose, c'est aussi le côté sociologique de l'oeuvre qui la rend digne d'intérêt. Car ce roman est d'époque, certes, mais d'une façon pernicieuse pour ses personnages. Il les enferme dans une temporalité qu'ils ne font que subir. Ils ne sont que des fantoches, que des victimes des nouveautés sociales de cette dernière : le marché, la publicité, l'argent, la société de consommation grandissante et s'affermissant. On constatera ainsi le peu d'emprise que les personnages ont sur leur vie. Vivant de rêves-on pourrait d'ailleurs se demander si ces rêves ne sont ne serait-ce que les leurs-ils en viennent à les abandonner, l'un après l'autre, jetant l'éponge et se conformant, une fois pour toutes. Le roman entretient donc cette impression de vanité de la lutte,-notamment au travers de l'usage des temps verbaux. Toute semble écrit, joué d'avance, vécu et consommé en un instant. Les rêves, les aspirations d'une génération semblent venir d'ailleurs, semblent leur être dictés comme en rêve, comme par télépathie ou par le biais d'images, de signes. Comme le chantaient Pink Floyd : « What did you dream ? It's alright, we told you what to dream ».
Georges Perec : la judéité de l’autre
2010
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Génération, le livre qu'Hervé Hamon et Patrick Rotman ont consacré à la jeunesse étudiante qui fit émerger par ses pratiques militantes le mouvement de mai 1968, mentionne Perec au début de son neuvième chapitre, intitulé « États d'armes » : « Avec les Choses, une « histoire des années soixante », Georges Pérec [sic], ancien collaborateur de Clarté, tend à son époque un miroir presque fidèle 1 ». Si l'on se doit de tempérer d'emblée l'affirmation des auteurs du livre – Georges Perec n'a après tout publié qu'un seul article dans Clarté, consacré au Wozzeck d'Alban Berg, en janvier 1964 – celle-ci suggère une piste intéressante pour saisir dans quel contexte le jeune Perec a fait mûrir son rapport à la littérature depuis sa décision de devenir écrivain jusqu'à la publication de ses premiers romans. Un contexte que Génération voulait justement décrire en suivant les trajectoires d'étu-diants portés par un engagement politique à gauche, souvent dans les organisations de jeunesse du Parti communiste français, et où le journal Clarté joua un rôle important. Car durant près de dix ans avant la publication des Choses en 1965, Perec barbote dans un milieu intellectuel où de nombreux jeunes gens définissent leur soif de comprendre le monde et l'art à l'aune des conceptions marxistes. Entre 1956 et 1965, soit entre le moment où il devient étudiant au Quartier latin et quitte sa famille pour s'installer dans une chambre de la rue Saint-Honoré et le moment où il publie Les Choses, Perec élabore une pensée esthétique constamment traversée par la politique, pensée esthétique qui, nous aimerions le montrer, nourrira durable-ment l'oeuvre à venir. Et si le jeune Perec a beaucoup écrit avant de devenir l'auteur des Choses, il ne s'est pas contenté d'écrire des romans (dont un, Le Condottière, faillit être publié en 1960 et nous est aujourd'hui accessible), mais il a aussi beaucoup travaillé à des articles critiques qu'il destinait à une revue qui ne verra pas le jour, « La Ligne générale », et qui seront finalement publiés dans La Nouvelle Critique, Partisans et Clarté. Durant les neuf années où Perec a évolué dans le sillage d'une jeunesse étudiante aimantant son existence aux fins poursuivies par un marxisme critique, une constante conversation sur l'art du roman et les fins de l'art a nourri en lui l'imaginaire que nous admirons tant aujourd'hui.
Georges Perec, W ou le souvenir d'enfance
2010
« W ou le souvenir d'enfance" ce n'est pas un, mais deux livres "entrelacés" (dans la pension de Villars-de-Lans, le petit Georges s'amuse à entrelacer des bandes de papier verticales et horizontales de deux couleurs différentes, "une occupation dans laquelle j'excellais."), comportant alternativement deux textes apparemment sans lien l'une avec l'autre, mais dont on comprend peu à peu le rapport : l'évocation minutieuse d'un fantasme d'enfant, une cité utopique tout entière vouée au culte du sport et l'évocation par l'auteur de son enfance pendant la guerre.» Philippe Lejeune (La mémoire et l'oblique, Paris, POL, 1991) parle de "biographie psychanalytique".