Paul Langevin et la detection sous-marine, 1914-1929. Un physicien acteur de l’innovation industrielle et militaire (Epistemologiques, 2001) (original) (raw)

« Un ingénieur de la Marine à l’école des constructeurs du « commerce » : Chevillard le cadet à Saint-Malo pendant la guerre d’Indépendance américaine », Stéphane Blond, Liliane Hilaire-Pérez et Michèle Virol (dir.), Mobilités d’ingénieurs en Europe, XVe-XVIIIe siècle, Rennes, PUR, 2017, p. 101-127

Au cours de l’année 1777, le secrétaire d’État de la Marine Sartine décrète un programme de construction de dix frégates pour faire face à la guerre qui débute contre l’Angleterre, et choisit Saint-Malo, un port de commerce, pour en construire sept. L’ingénieur-constructeur Chevillard, détaché de l’arsenal de Rochefort, supervise le chantier de ces frégates, mises en œuvre par des entrepreneurs et des ouvriers malouins, mais est contraint à de multiples reprises de composer avec les usages techniques locaux. Les archives qui documentent cet épisode permettent d’historiciser le dialogue technique qui s’installe entre l’ingénieur et les acteurs malouins en mettant en lumière ses différentes phases – des moments de tension jusqu’aux phases de compromis – et en identifiant les « passeurs » qui orchestrent cet échange. Saint-Malo apparaît comme un laboratoire privilégié pour lire les ressorts d’une circulation de savoirs techniques à l’échelle du chantier naval et interpréter les échanges entre la culture de l’ingénieur et la culture artisanale des charpentiers, perceurs et calfats locaux.

Gilbert Langevin, l’énergumène

Études françaises, 2000

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“Figures du concepteur... sous-marin”

Habiter et construire sous la mer | hcsm.hypotheses.org, 2020

Edwin Link est un des pionniers de l’habitat sous-marin et de la plongée à saturation. Aperçue dans la biographie (scientifique) que Marion Clayton Link a consacrée à son mari, cette photo m’incite à poursuivre le questionnement précédemment ouvert autour de la possibilité d’une architecture sous-marine, autrement dit d’une pratique valorisable dans le « champ » (au sens de Bourdieu) ou dans le « monde » (au sens de Becker) de l’architecture, je voudrais m’arrêter quelques photos/figures du concepteur d’habitats sous-marins.

Du radar naval à l'informatique : François-Henri Raymond (1914-2000)

« Les lieux de mémoire seront numérotés 1 » « Notre sujet concerne un sujet bien plus vaste que celui des machines à calculer : il deviendra, sans doute, la science d'une famille générale de machines dans lesquelles l'information est la matière d'oeuvre, l'énergie y étant nécessaire, certes, mais accessoire et d'ailleurs totalement transformée en chaleur. Ce fait conduit à une nouvelle conception du rendement et rapproche un concept lentement dégagé au cours du temps, celui d'énergie, de travail, d'un concept quantitatif plus récent, celui d'information 2. » Décernant à F.-H. Raymond la médaille Blondel en 1950, Louis de Broglie admirait "qu'âgé de 34 ans, vous étiez déjà l'auteur de près de 60 publications et que vous aviez pris plus de 20 brevets 3 ." Cet ingénieur Supélec, docteur ès-Sciences, mena en effet de front la recherche, l'enseignement (au CNAM et dans les universités de Grenoble et de Toulouse), la création et la direction d'entreprise (Société d'électronique et d'automatisme, constructeur des premiers ordinateurs en France en 1954), la fondation et l'animation de sociétés savantes, puis la participation aux instances de politique technologique de la Ve République. Il contribua au processus de décision menant au Plan Calcul… qui prit ensuite une orientation contraire à ses vues et finit par le rejeter. Ses publications, comme les archives qu'il a laissées (archives privées, documents conservés au CNAM, papiers répartis dans les archives des différentes administrations et firmes auxquelles il eut affaire), éclairent non seulement son activité inventive personnelle, mais aussi la constitution du réseau d'hommes et d'institutions qu'il s'efforça de mobiliser pour entraîner l'industrie et le milieu scientifique français dans des voies alors nouvelles : l'électronique digitale, les sciences de l'information. Cette figure d'inventeur-entrepreneur, si elle présente tous les ingrédients classiques familiers aux biographes de héros de l'innovation, illustre aussi explicitement la notion empirique d'« acteur-réseau » avancée par Michel Callon et Bruno Latour. Pour diffuser ce qu'il faut bien appeler un nouveau paradigme, Raymond et ses collaborateurs firent feu de tout bois : procédés de transfert "académiques" (publications, , colloques, cours et 1 Exposé sur la structure logique des machines à calculer universelles, 22 novembre 1949, FHR/DB, rapport interne SEA. Par cette expression, typique de la période pionnière où n'existait aucun vocabulaire informatique normalisé, Raymond définit l'adressage mémoire d'un ordinateur.

Le Centre d'études de Toulon (1920-1940). Une interface originale entre Science, Marine et Industries au sein de la base navale

Défendre la mer, 2019

La Grande Guerre fut marquée par des innovations majeures (avions et sous-marins) et la mobilisation des scientifiques au service de la défense nationale. Le danger sous-marin allemand conduisit ainsi la marine à confier à Paul Langevin des recherches sur la détection des U-Boote. Ses expérimentations sur les ultrasons, à l'origine du sonar, furent menées dès 1916 dans le nouveau Laboratoire de la guerre sous-marine à Toulon. À la fin de la guerre, l'importance stratégique des découvertes scientifiques fut prise en compte par la marine, qui décida de pérenniser la recherche civilo-militaire en créant, en 1920, le Centre d'études de Toulon (CET). De 1920 à 1940, le CET mena, sous la direction de François Canac, une veille scientifique, des recherches appliquées et des essais de matériels en coopération avec les marins et les industriels. Ses travaux permirent des avancées dans la conduite du tir (optique et calculateur), la détection (acoustique et électromagnétique), les communications ou le camouflage. Dissous avec l'armistice de 1940 et perdant son personnel militaire, il donne alors naissance au premier laboratoire en province du tout nouveau CNRS.