Subjectivation et désidentification politiques. Dialogue à partir d’Arendt et de Rancière (original) (raw)

Au-delà de la « mésentente » : La politique chez Jacques Rancière et Hannah Arendt

Cette thèse de maîtrise porte sur les pensées politiques de Jacques Rancière et d’Hannah Arendt. Elle a pour point de départ la critique formulée par Rancière à l’endroit d’Arendt. Dans un premier temps, nous allons explorer les diverses accusations formulées par Rancière à l’endroit de la penseuse et, dans un deuxième temps, il sera question de répondre à ces accusations en soulignant les importantes affinités qui existent entre leurs conceptions du conflit et de la théâtralité en politique. Nous constaterons en outre que le projet arendtien visant à réhabiliter la dignité de la politique ne se nourrit pas principalement de ses lectures d’Aristote, contrairement à ce que suggère Rancière, mais bien de ses lectures de Machiavel. C’est précisément à partir du machiavélisme que nous allons proposer un rapprochement entre Arendt et Rancière et ainsi, aller au-delà de leur mésentente.

Singularisation et Subjectivation: Arendt et Foucault autour des nouveaux agents politiques. Conférence à L'Université de Paris VII, Journées Hannah Arendt, 2012.

Abstract: The text discusses the hypothesis that Arendt’s notion of singularization and Foucault’s notion of subjectivation offer important conceptual contributions to understanding who are the actors and how do they act together in the new and autonomous political collectives. In this text I take under consideration a post-identitarian minorities collective and an eco-esthetical-political collective concerned with the issue of urban mobility. The text is divided into three main parts. Firstly, I discuss Arendt’s notion of political action as the manifestation of the political agents’ singularity, closely connected to her understanding of politics as an end in itself. The manifestation of the agent’s singularity seems to be an important conceptual way to understanding new forms of political engagement that do not limit themselves to calculating the balance between victories and defeats, thus culminating in an overcoming of any instrumental conception of politics. Secondly I discuss Foucault’s notion of ethico-political subjectivation and argue that it presents important contributions to understanding the praxis of the new political collectives, which demand from their participants that they engage in critical and reflexive practices of self-transformation. Thirdly I intend to show which are the theoretical gains derived from the understanding of the political collectives thru Arendt’s and Foucault’s notions of singularization and subjectivation: I believe that they allow us to stress the political potency, both singular and plural, of new political manifestations understood as living experiences dedicated to promoting new forms of articulating life and politics. Key-words: singularization, subjectivation, Arendt, Foucault, political collectives.

La critique de la société démocratique : Jacques Rancière et le discours de la subjectivation

Le présent article interroge la dimension critique de la démocratie telle que l'a analysée Jacques Rancière. Nous nous penchons particulièrement sur les composantes du discours ouvrant l'espace de la subjectivité politique au sein de ce que Rancière nomme le « mode du dire » d'une communauté politique. L'article examine alors la tension entre cette manifestation du discours et la socialisation produite par l'institutionnalisation de la démocratie. Nous argumentons que l'exposé de Rancière au sujet du logos politique, bien que fécond, ne prend pas suffisamment en compte les exigences d'un troisième « mode » constitutif de la société et déterminant pour l'action politique, celui du «faire».

(Re)configurer le sensible. Approches esthétiques, approches politiques : confrontation avec l’œuvre de Jacques Rancière

Le séminaire de recherche (Re)configurer le sensible. Approches esthétiques, approches politiques : confrontation avec l’œuvre de Jacques Rancière a pour objectif de rassembler des jeunes chercheurs d’universités, de disciplines (philosophie, études littéraires, théâtrales et cinématograpiques, histoire de l’art,...) et d’orientations différentes en leur proposant d’interroger, dans les travaux de Rancière et à la lumière de ceux-ci, la façon dont esthétique et politique partagent le réel sensible, opèrent une division et une distribution des espaces, des temps et des pratiques.

Comment assumer l’inconsistance du réel ? Penser avec Arendt la crise de l’autorité politique moderne

Dans ce texte, la notion d'autorité est abordée sous l'angle ontologique et politique : parce qu'elle souligne la perte de poids du passé sur le présent, la problématisation de l'autorité à l'époque moderne réalisée par Hannah Arendt invite à prendre conscience de la progressive inconsistance du réel. La solution envisagée par l'auteure réside dans la conceptualisation de la qualité particulière de réel de certains moments fondateurs, les révolutions modernes, dont Machiavel le premier, selon Arendt, parait avoir eu l'intuition.

L'impasse esthético-politique de Jacques Rancière

À la base du travail de Jacques Rancière, il y a un geste de dissociation : décoller le peuple, les pauvres et les prolétaires des discours marxistes auxquels ils adhéraient si bien qu'on les aurait crus faits de la même étoffe ; révéler la volonté de maîtrise et de domination inhérente à la parole de ceux qui se posent en savants ; montrer que leur amour du peuple dissimule une haine de la démocratie ; souligner l'hétérogénéité des ouvriers aux discours qu'on a tenus sur eux ; défendre la capacité des dominés et l'égalité des intelligences. Ce geste prend sa source dans une rupture, celle qui s'opère en Mai 68, dont le jeune philosophe considère que le contenu et la portée événementielle ont été niés par ses acteurs mêmes : « Au lieu des militants ou des anciens militants essayant de penser leur histoire, nous avons des écoliers qui récitent les vieilles leçons apprises sur les bancs des classes de philosophie. Ils veulent nous faire croire qu'ils parlent de Mai 68 ou du gauchisme, ils ne font que reprendre le fil d'un discours universitaire interrompu et habiller de la couleur des "faits" les fantômes de la spéculation 2 . » C'est dans l'expérience de ce décalage entre le grand discours spéculatif et les aspirations formulées en Mai 68 que se façonne le projet intellectuel de toute une vie, consacrée à passer de l'autre côté du discours de maîtrise. Ainsi se fait jour un impératif épistémologique et politique : laisser parler l'autre, lui redonner la parole dont on l'a privé. Il n'est peut-être pas étonnant que, dès le début des années 1970, Jacques Rancière ait développé une écriture à l'appartenance disciplinaire indécise, procédant par brouillage des frontières entre philosophie, analyse idéologique, critique et histoire, et se constituant dans les intervalles de ces discours : un travail 1 Version intégrale du texte publié dans La Revue des livres, n° 8, novembre-décembre 2012. Cette version correspond au texte publié en anglais dans Radical Philosophy, n° 177, janvierfévrier 2013. 2 Jacques Rancière, La Leçon d'Althusser (1974), rééd. Paris, La fabrique, 2012, p. 21.