Faut-il (re)tisser le lien avec les animaux sauvages ? L'art interspécifique de D'Arcy Wilson, Versus magazine végane, no. 3, 2016, p. 172-177. (original) (raw)

Jocelyne Porcher, Éleveurs et animaux. Réinventer le lien. Préface de Boris Cyrulnik. Paris, PUF/Le Monde, 2002, xiv-301 p. (Prix « Le Monde de la recherche universitaire »)

Études rurales, 2004

Voilà une thèse qui sort de l'ordinaire, au moins par son sujet et par la personnalité de son auteur. Dans une belle introduction dans laquelle elle retrace, avec des mots simples mais qui font mouche, les émotions et les doutes qui sont à l'origine de sa vocation d'éleveur puis de zootechnicien critique, Jocelyne Porcher s'explique sur la nature et les fondements de son travail. Elle reconnaît que celui-ci « réunit […] un point de vue subjectif critique contre le traitement industriel des animaux d'élevage et un questionnement scientifique objectivé sur la relation entre hommes et animaux d'élevage » (p. 3). Les choses dérapent alors quand, convoquant pêle-mêle Proust, Husserl et Yourcenar à la rescousse-pourquoi eux plutôt que d'autres ?-, l'auteur entend expliquer que « l'activité scientifique est partie prenante des rapports sociaux » et que « le scientifique est donc nécessairement engagé » (p. 3). Précisant ensuite sa position, elle distingue les « protecteurs » des animaux de leurs « défenseurs », radicaux de la mouvance « Libération animale », qui prétendent s'exprimer au nom des « animaux non humains » ; quant à la notion, actuellement très en vogue, de « bien-être animal », elle lui préfère celle, moins floue, de « bien-être des animaux en élevage » (p. 6)-bien-être pour les animaux qui ne saurait, à ses yeux, exister indépendamment de celui des éleveurs. Dans une écriture qui ne brille pas par son aisance, J. Porcher annonce d'emblée ce qu'elle entend démontrer : 1) « Les attitudes des éleveurs envers leurs animaux reposent sur un système de pensée cohérent impliquant les représentations de la personne, son affectivité et sa

L'harmonie originaire entre hommes et animaux, sa couture et sa restauration à la fin des temps chez Philon d'Alexandrie, in : Cutino, I. Iribarren, F. Vinel (éd), La restauration de la création. Quelle place pour les animaux? Brill, Leiden-Boston 2018, pp. 81-101

À partir de l'idée partagée avec les stoïciens de l'absence de raison dans les animaux, Philon pense à une impossibilité d'amitié entre hommes et animaux. L'hostilité des bêtes sauvages provient d'une "anthipatie" naturelle, n'est pas le fruit de délibération. Cette absence d'amitié et de relations de justice entre eux continuera aussi à la fin des temps. Il y aura quand-même une harmonie, cette même harmonie qu'il y avait au debûts du monde. En effet il y a une stricte relation entre hommes et animaux, une parenté entre toutes les choses du monde de sorte que, quand il y a des mutations dans une sphère du réel, elles se répercutent sur les autres. On peut le voir en relation aux conséquences payées par les animaux à cause des transgressions humaines même s'ils n y ont pas eu part. On le voit aussi en relation à la fin des temps quand la nature entière sera bouleversée et les conditions du vivre changeront complètement. Ces changements et le retour à une situation presque édénique à la fin des temps sont abordés ici. Les thèmes dont je parle sont: 1) l'harmonie de la nature. Son ordre est continu, mais il y a des coupures. Dans cette situation ordonné, l' hostilité des animaux sauvages envers l'homme est un fait naturel; 2) les conséquences des fautes des hommes sont payées aussi par les animaux: éxpulsion du Paradis, déluge; 3) c'est peut être dans ce même cadre qu'on peut insérer le thème des châtiments administrées aux hommes avec la contribution des animaux, tels que l'action des guêpes qui combattront pour les justes pendant la guerre eschatologique, des moustiques, des grenouilles, des sauterelles en Egypte. Afin de perdre les impies Dieu utilise les éléments de l'univers, ces mêmes éléments dont le monde a été constitué. La nature prend donc part au châtiment; 4) une restauration aura lieu à la fin des temps et concernera tous les vivants, hommes et animaux. Les animaux deviendront pacifiques et non plus nuisibles. Dans le climat de pacification génèrale, on n'aura plus guerre entre les hommes, ni antre hommes et animaux qui resteront quand même soumis. Ils seront inoffensifs et amis des hommes même en leur étant toujours soumis, exactement comme c'était au débûts de la création, au moment où Dieu chargea Adam de donner les noms aux bêtes et établi une relation de maîtrise pour l'homme. Crocodiles, mangeurs d'hommes, hippopotames, bêtes terribles et dangereuses, animaux qui vivent dans ou près du Nyle ou dans les océans n'attaqueront plus l'homme qui passerait sacré et indemne, devenu inviolable pour sa vertu; les animaux, mangeurs d'hommes, seront converties à la paix. Le discours sur les animaux rentre dans la conception philonienne de l'universalisme et de l'accord qui règne non seulement entre les nations, mais dans toute la nature. Tout le monde est une unité gouvernée par la loi établie au debûts de la création par Dieu qui a décidé les liens entre les differentes parties, les δεσμοί cosmiques. À la fin des temps il y aura une réstauration dans tout le monde, voir une conciliation entre les parties.

«La relation à l'animal en milieu urbain»

Le Courrier de l'environnement, 1996

la nature dans la ville : la place de l'animal Les représentations de la ville et la recherche urbaine accordent de manière générale une faible place à la dimension naturelle. Toutefois, l'émergence d'une demande de nature de la part des citadins, dans un contexte où sont formulées de nombreuses interrogations concernant la qualité de vie en ville ou encore le développement de la ville comme mode d'habiter, donne l'occasion à la recherche de poser, de manière directe, une question jusqu'à présent insuffisamment travaillée : quelle est la place idéelle et matérielle de la nature dans la ville ? La question a deux versants qui doivent être instruits parallèlement et en leur accordant le même poids : d'une part, un versant physique et matériel objectivé par les disciplines qui l'analysent-qu'est ce que la nature en ville, quelles spécificités, quelles natures ?et, d'autre part, un versant culturel allant jusqu'au subjectif-quelle est la relation des citadins à la nature, au naturel urbain tant sur le plan des représentations que des pratiques ? Malgré l'ampleur et la difficulté de la question, des chercheurs de l'axe « Interactions systèmes naturels/systèmes sociaux » du laboratoire Strates, ont entrepris d'interroger les relations des citadins à la nature. Il s'agissait alors de vérifier l'hypothèse du bien-fondé théorique de la réintroduction de l'analyse des rapports sociétés/nature dans la géographie urbaine et de mettre en oeuvre la démarche interdisciplinaire postulée nécessaire pour appréhender la complexité de ces rapports impliquant le niveau des représentations et celui des faits. Pour ce faire, nous nous sommes consacrés à l'étude de la relation à l'animal en milieu urbain. En effet, d'une part, les recherches en géographie urbaine aujourd'hui comme hier sont rares en ce domaine et, d'autre part, l'animal n'est jamais abordé comme faisant partie de la nature en ville. Or, nous pensons que l'essor des problèmes d'environnement doit conduire le géographe à élargir son champ d'investigation à cette dimension naturelle peu abordée par les disciplines de la ville mais contribuant au caractère de l'espace urbain. Il nous a donc paru nécessaire de sortir des sentiers battus du végétal, du site et de la situation.

« Les socio-anthropo-logues et les animaux, réflexions d'un historien sur un rapprochement des sciences » (Socio-anthropologists and Animals : Reflections of an Historian on the Reconciliation of Sciences), Sociétés, 108, 2010, 2, p. 9-18.

In 1997, the author published the article “A field for history: the animal” in which he raised the issue of the historic use of sociological and anthropological works. He has since witnessed changes in this field of social sciences and new approaches being devel- oped. Here, he presents his observations of these changes and on their contribution to his discipline, by offering new modes of interpretation and by introducing hitherto unpublished informations to which access in the archives is difficult. He also suggests a direction of research in historic works for both human and social sciences and what could be achieved together with other disciplines such as ecology and ethology, by taking reflection on the animal as actor still further.

“Extraction, transferts, gestion captive des animaux sauvages, 18e siècle à nos jours,” Florence Burgat, Emilie Dardenne (dir.), La souffrance animale. Éthique et politique de la condition animale, ISTE/Wiley, 2023, 8-31.

Interweaving animal, cultural, colonial, and environmental history insights, this synthesis chapter addresses the long-term evolution of the modern zoo, considered as a microcosm the study of which sheds light on the evolving nature of human-animal relationships. The latter were marked, from the late 18th century onwards, by new forms of wildlife commodification, the development of which intersected with the maturation of modern zoos. However, since their development, moral concerns about the confinement of animals have played a decisive role in (re)framing zoos. From the 1960s onwards, rising criticism induced zoo managers to develop reform programs. The associated development of captive breeding sheds light on the rise of conservationist programs which remain shaped by an understanding of animals marked by extraction and close human supervision, with deep historical roots. (English translation available)

Rémi Beau, "La force des liens environnementaux. Pour une approche relationnelle du sauvage"

Alexandre Gefen, Sandra Laugier (dir.), Le Pouvoir des liens faibles, CNRS Editions, 2020

En entendant un oiseau que je recherchais, je me suis retourné pour l'examiner, quand j'ai perçu un aboiement derrière moi et me retournant de nouveau, j'ai vu un vieux renard en haut de la colline, sur le flanc ouest de la vallée, parmi les buissons, à une dizaine de perches de distance, qui baissait les yeux vers moi. Au début ç'a été un bref aboiement de chiot, mais ensuite l'animal s'est mis à glapir sur une note plus élevée et soutenue, pas du tout comme un chien, un burar-r-r éraillé, à demi hurlé. […] Voir cette parente du loup décrire un cercle autour de moi dans le bois clairsemé, s'arrêter de temps à autre pour m'observer et glapir-quel spectacle sauvage ! Henry David THOREAU, Journal, 20 mai 1858 1 .

"L'animal au cirque. Communion civique et diverstissement collectif autour de l'asservissement et de la mort animale", Revue Semestrielle de Droit Animalier (RSDA), 2016/2, p.191-208.

Etrange destinée en effet que celle de ces nobles quadrupèdes, nés aux dernières limites de l'Orient, puis trainés de maître en maître, de contrée en contrée, jusque dans un monde nouveau où, après les avoir pris pour des boeufs et éprouvé à leur vue une extrême terreur, on finit par les faire servir de jouet à une populace ignorante et grossière. » (Pier Damiano Armandi, Histoire militaire des éléphants, Paris, 1843, p. 129) D'un point de vue étymologique, le terme de « cirque » est emprunté au latin circulus (cercle), lui-même dérivé de circus, pour désigner « l'enceinte circulaire où on célèbre les jeux » 1 . D'emblée, ce sont deux éléments qui retiennent notre attention : un rassemblement humain festif, autour d'une arène. Cette scénographie ancienne est devenue l'une des spécificités d'un spectacle qui, par ailleurs, fait intervenir des animaux. Si le cirque fait spontanément penser aux jeux romains, le sens courant d'aujourd'hui désigne une forme de spectacle qui, d'un point de vue cette fois-ci historique, trouve son origine dans les exercices hippiques sur piste produits par les cavaliers anglais et par la suite agrémentés d'intermèdes comiques. L'histoire du cirque, tel qu'on le connaît aujourd'hui, se trouverait donc directement en lien avec l'art équestre anglais de l'époque moderne. Cependant, sans tisser une généalogie artificielle entre les jeux du cirque romain et le cirque contemporain, il n'est pas interdit de les rapprocher pour réfléchir au sens de cette mise en scène si spécifique qui s'inscrit, au-delà de ses diverses concrétisations, dans la longue tradition des spectacles animaliers.

"L'Homme est le Roy des animaux". L'animal sauvage et la ruse. L'animal sauvage à la Renaissance, Colloque international organisé par la Société française d'étude du XVI e siècle et Cambridge French Colloquia, Cambridge 3-6 septembre 2004, éd. Philip Ford, Cambridge U. Press, 2007

L'animal sauvage à la Renaissance, Cambridge French Colloquia, Cambridge University Press, 2007

« L'homme est le Roy des animaux » ? L'animal sauvage et la ruse dans l'oeuvre de la Pléiade. Comme toute créature est exposée à mille rencontres, les unes bénéfiques, les autres dangereuses, la seule chance de survie consiste à savoir se garder des unes toute en tirant profit des autres. Plutarque, L'intelligence comparée des animaux terrestres et marins. A la Renaissance, la ruse est considérée comme l'un des liens réunissant intelligence des animaux et celle humains.