Gendarmeries et transitions politiques (Nord de la France, Belgique, 1944-1948) (original) (raw)
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2011
Droits et devoirs d'une profession au regard de la répression pénale d 'après-guerre (1944-1950) en termes humain, matériel et struCturel, la gendarmerie sort profondément marquée de la seConde guerre mondiale. À la liBération, elle ne BénéfiCie que d'un Crédit limité, alors qu'elle fait faCe À une ConCurrenCe exaCerBée sur le plan de l'ordre (mouvements de résistanCe, armées alliées). une réorganisation s'impose donC pour rétaBlir la légalité poliCière de l'arme et lui permettre d'exerCer ses missions traditionnelles et nouvelles en Belgique liBérée. À Ce titre, les gendarmes doivent revenir sur les valeurs Constitutives de leur identité professionnelle, après les trouBles induits par l'état d'oCCupation. À son niveau, la répression de la CollaBoration partiCipe À la redéfinition du "métier de gendarme". L a gendarmerie est une institution militaire de police qui se définit par son organisation, les missions qui lui sont confiées ou le profil sociologique de ses membres. Elle se définit également par un ensemble de pratiques et de valeurs professionnelles partagées. Inscrites dans la durée et déclinées dans la vie de l'institution, elles en constituent l'habitus 1 . Au cours du 19 e et de la première moitié du 20 e siècle, ce sont des valeurs d'obéissance, d'efficacité professionnelle, de respect de la Loi 2 , mais aussi de neutralité du service de l'État qui se sont ancrées au sein du corps, en corollaire de son extension, du renforcement de son identité corporative et de l'apparition d'une expertise propre à l'appareil d'État et aux forces de police 3 . En période de tensions politiques ou sociales, l'identité institutionnelle est soumise à de fortes interrogations : l'anormalité de la crise trouble les frontières entre légalité et légitimité des pratiques professionnelles. Entre mai 1940 et septembre 1944, l'occupation de la Belgique constitue par sa durée, son caractère total et idéologique, ainsi que par ses conséquences sociétales, un paroxysme dans le questionnement du "métier de gendarme" ainsi que des droits et devoirs qui en découlent. 1 Pour une perspective sociologique sur cette question, françois dieu, La gendarmerie, secrets d'un corps, Bruxelles, Complexe, 2002. Pour sa transposition historique pour la gendarmerie nationale française, voir le récent arnaud-dominique houte, Le métier de gendarme national au XIXe siècle, Rennes, PUR, 2010, ainsi que Jean-noël luC (dir.), Soldats de la loi. La gendarmerie au 20 e siècle, Paris, PUPS, 2010. Pour une perspective européenne, lire le pionnier Clive emsley, Gendarmes and the State in Nineteenth-Century Europe, Oxford, Oxford University Press, 1999. 2 À son entrée en fonction, le gendarme jure depuis l'indépendance du pays, "obéissance au Roi, à la Constitution et aux lois du peuple belge". 3 Phénomène qui subit une accélération majeure durant l'entre-deux-guerres. Voir notamment BénédiCte roChet, "L'impact de la Seconde Guerre mondiale sur les pratiques administratives", in Pyramides, Revue du Laboratoire d'Études et de Recherches en administration publique, n° 10, Bruxelles, Hiver 2005, p. 167-188. Pour le degré d'expertise des forces de police, se reporter à René Lévy, "Savoir et compétences : du policier à la police", in Jean-marC Berlière, Catherine denys, dominique Kalifa, vinCent milliot (dir.), Métiers de police. Être policier en Europe, XVIIIe-XXe siècle, Rennes, PUR, 2008, p. 229-235.
Gendarmerie et contre-insurrection, 1791-1962
Revue Historique Des Armees, 2012
Cette contribution envisage d'examiner la place de la gendarmerie dans les guerres « irrégulières », au regard notamment des théories apparues au lendemain des conflits coloniaux. Plus généralement, le domaine de la contre-insurrection s'intègre dans un vaste ensemble polysémique. La typologie même de ces conflits, aux contours souvent mal cernés, présente de multiples perspectives ou de nombreuses explications-parfois contradictoires ou antagonistes-sur la manière de caractériser ce type d'affrontement. Cette herméneutique a fait l'objet de tentatives de classement par les historiens. Hervé Coutau-Bégarie proposait ainsi une nomenclature dans laquelle il distinguait, en se fondant sur une chronologie s'étendant sur le très long terme, les caractéristiques et les spécificités de ces guerres particulières 1 .
Conclusion d’un cycle de monographies consacrées à la gendarmerie du Nord au XIXe siècle, cet article étudie l’acclimatation républicaine d’une compagnie confrontée aux transformations du dernier tiers du XIXe siècle. Après avoir montré comment le renouvellement rapide des effectifs permettait de réconcilier gendarmerie et République sans provoquer de bouleversement sociologique, il s’attarde sur les services de maintien de l’ordre qui marquent les dernières années du XIXe siècle et la Belle Epoque. De plus en plus maîtrisé, mais encore violent, l’usage de la force introduit une distance entre l’arme et le monde ouvrier. Mais la meilleure insertion locale des brigades et les nouvelles représentations du gendarme construisent un rapprochement qui se traduit également par une pratique répressive plus prudente et par une écoute de la demande sociale. Le portrait de la gendarmerie de la Troisième République doit évoquer les charges de cavalerie menées contre les grévistes, mais il doit aussi rendre compte de la naissance progressive d’un service public.
2015
Les gendarmes dans la grande guerre avEc la collaboration du cEntrE dE rEcHErcHE dE l'écolE dEs oFFiciErs dE la GEndarMEriE nationalE Edition spécialE réaliséE sous la dirEction dE louis n. panEl retour sur images numéro 252 RETROUVEZ DES PORTRAITS D'EXCEPTION EN PAGE 140 DE CE NUMERO L'obligation de la conception d'une géostratégie, une judiciarisation dans le contexte d'une guerre économique et de la protection des valeurs fondamentales attachées à la personne humaine, donnent une nouvelle expression à l'univers cyber qui dépasse de simples contingences techniques. Pour faire face à ses dérives, une cyberpolice européenne s'organise pour neutraliser une cyberdélinquance évolutive. >> © spectral design AVANT-PROPOS numéro 252 3 « Il faut être toujours prêt à faire la guerre, pour n'être jamais réduit au malheur de la faire. » Fénelon, Les aventures de Télémaque.
The various phases of the process of decolonisation, stretching over the 1950s and 1960s, can have a substantial influence on bilateral relations between various countries of western Europe. France and Belgium are no exception to this rule. During the summer of 1960, the Congolese crisis, which Belgium has to face, results in a significant isolation of the kingdom at the level of the UNO. Nevertheless, in this period, Paris stands behind Brussels and will go as far as supporting the Katangese secession, at least in its early stages. The Algerian war represents another possible factor of isolation for France ; however, this latter can also count on the support of Brussels. Now, in 1961, the OAS organization, in favour of the continuation of French Algeria, is received diversely in Belgium : some support it while others are hostile. The current contribution aims at examining to what extent « official » Belgium, or its diplomacy, sometimes divided and often hesitating, evolved between 1960 and 1964, in its reponse to the « OAS » phenomenon, in both a bilateral and a multilateral context.
Revue belge de sécurité sociale, 2017
Le présent article traite de l'évolution du registre des travailleurs. Ce terme englobe l'ensemble des informations relatives aux personnes assurées, telles que nom, genre, adresse, date de naissance et situation administrative. Cette information fut jadis spécifique à chaque secteur, organisation, institution. Dans le système d'assurance d'avant-guerre, toutes les organisations possèdent leurs propres registres aux caractéristiques spécifiques. Il n'existe ni uniformité ni conformité. Il existe un seul registre aux caractéristiques plus générales : le fichier établi par la Caisse Générale d'Epargne et de Retraite (la CGER, devenue Fortis Banque en 1993) au sens du régime de pension généralisé pour ouvriers (1924), qui est en réalité une généralisation des fichiers que la Caisse de Retraite a créés au 19e siècle pour pouvoir calculer et payer les pensions. Avec l'élargissement et la généralisation de la sécurité sociale après la Deuxième Guerre mondiale, cette multitude et cette diversité deviennent problématiques suite à l'augmentation des volumes et au besoin de contrôle, qui rendent nécessaire une certaine uniformité des données. Le besoin d'un répertoire central des employeurs utilisable dans tout le système apparaît. Presque tous les pays qui ont instauré un système généralisé de sécurité sociale se trouvent confrontés à un problème similaire : comment traiter, contrôler et tenir à jour cette profusion de données ? En 1949, ce problème est reconnu par l'Association internationale de la sécurité sociale, qui fait effectuer une étude comparative dans le but de partager les expériences, de diffuser les connaissances et de créer