Comment (ne pas) devenir un ethnologue du droit. Henri Lévy-Bruhl, les primitifs et la juristique (original) (raw)

Mentalité primitive et ethnologie du droit. De Lucien à Henri Lévy-Bruhl

Droit et philosophie, 2020

a sociologie durkheimienne du droit a replacé l'État dans l'ensemble des formes de la vie sociale parmi lesquelles il émerge. Cependant, elle a aussi considéré ces formes de vie comme des préfigurations de l'État sous la forme d'une conscience collective qui, posée originairement par la distinction entre le sacré et le profane, prend réflexivement conscience d'elle-même à travers les individus qui y participent 1 . Dans ce courant sociologique, la figure de Lucien Lévy-Bruhl (1857-1939 se détache par un regard que l'on peut véritablement qualifier d'ethnologique sur l'État. Là où Durkheim trace des ponts entre des formes de la vie sociale, Lévy-Bruhl creuse en effet un fossé entre deux « mentalités » : une « mentalité primitive » régie par la participation et une « mentalité civilisée » régie par la contradiction 2 . Si l'on considère que l'État est une forme d'organisation qui apporte la contradiction par l'application d'un jugement, on peut dire que Lévy-Bruhl vise à décrire des « sociétés sans État » qui ne se soumettent pas au principe de contradiction dans l'accumulation des preuves ni à la forme statistique du tableau dans la présentation des données. Selon Lévy-Bruhl, ces sociétés sont davantage régies par des formes d'accusation proches de la sorcellerie et par des formes d'anticipation proches de la divination, c'est-à-dire qu'elles recourent à des liaisons « mystiques » entre les phénomènes qui n'ont pas besoin d'être prouvées mais qui sont révélées par une crise ou un basculement de la vie sociale.

"Au-delà de l’histoire du droit. Retour sur la trajectoire d’un entrepreneur scientifique, Henri Lévy-Bruhl (1884-1964)", Clio et Themis, revue électronique d'Histoire du droit, n° 9, décembre 2015

Résumé : Cette contribution tente de comprendre la trajectoire scientifique d’Henri Lévy-Bruhl, de l’histoire du droit à la sociologie du droit, en la mettant en relation avec l’évolution de la discipline histoire du droit dans la première moitié du XXe siècle. Il s’agit ici de comprendre ce que le resserrement disciplinaire a eu comme conséquences sur la carrière d’un chercheur, certes consacré, mais regardé de plus en plus comme « hérétique », c’est-à-dire déployant des pratiques et des méthodes de recherche en rupture avec les représentations scientifiques dominantes. Abstract : This paper attempts to understand the scientific career of Henri Lévy-Bruhl, which took place in the first half of the Twentieth century, when French legal history was in construction (objects, methods). It tries to understand the consequences of the evolution of this discipline upon the career of Levy-Bruhl, who devoted his works to legal history and to sociology of law. It aims to show how, while being recognized, he also has been considered as an ’heretic’, employing practices in contradiction with the dominant scientific representations.

L’ethnologie juridique au Collège de France : le cours de Jacques Flach sur les Institutions primitives (1892-1904)

Clio@Themis. Revue électronique d'histoire du droit, 2019

Cette contribution présente le cours sur les institutions primitives dispensé par l’historien du droit Jacques Flach au Collège de France entre 1892 et 1904. Elle insiste sur la singularité de son approche historique et comparative. Soucieux d’étudier les institutions en contexte, il propose une interprétation inédite de la féodalité, ambitionne d’écrire une histoire globale du droit et cherche à restituer l’altérité institutionnelle des sociétés primitives. Flach est ainsi l’un des premiers à enseigner en France l’anthropologie sociale et juridique.

Sur les bancs des apprentis juristes. Les apports de la méthode ethnographique à l’analyse de l’enseignement du droit

Cet article qui suit présente les résultats d'une enquête par observation dans les cursus juridiques de deux institutions élitaires françaises, l'Institut d'études politiques de Paris (Sciences Po) et l'École des hautes études commerciales (HEC Paris). Associant une réflexion générale sur la formation au droit des élites et une démarche méthodologique originale appliquant l'ethnographie à l'analyse de l'enseignement juridique, ce travail met en évidence les grandes orientations, théoriques, pratiques et pédagogiques, qui se dégagent de ces enseignements. Montrant que cette socialisation scolaire intègre un processus d'acculturation normative, en l'occurrence à l'idéologie capitaliste, par l'entremise du droit économique et la figure des avocats d'affaires, les auteures souhaitent contribuer à une meilleure connaissance de l'enseignement du droit « en action ».

À L’École Du Droit : Les Apports De La Méthode Ethnographique À L’Analyse De La Formation Juridique

Les Cahiers de droit, 2000

Cet article qui suit présente les résultats d’une enquête par observation dans les cursus juridiques de deux institutions élitaires françaises, l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po) et l’École des hautes études commerciales (HEC Paris). Associant une réflexion générale sur la formation au droit des élites et une démarche méthodologique originale appliquant l’ethnographie à l’analyse de l’enseignement juridique, ce travail met en évidence les grandes orientations, théoriques, pratiques et pédagogiques, qui se dégagent de ces enseignements. Montrant que cette socialisation scolaire intègre un processus d’acculturation normative, en l’occurrence à l’idéologie capitaliste, par l’entremise du droit économique et la figure des avocats d’affaires, les auteures souhaitent contribuer à une meilleure connaissance de l’enseignement du droit « en action ».

Eduquer les juristes - Une esquisse d’anthropologie de l’éducation au droit

DU DEVENIR HUMAIN - Une éducation par laquelle l'être humain se forme à être humain, 2022

L’importance croissante du droit dans nos sociétés et son influence sur des aspects fondamentaux de la vie de chacun conduit à s’interroger sur la formation des juristes. L’éducation qu’ils reçoivent leur permet-elle d’œuvrer pour que l’être humain se réalise pleinement dans sa nature ? L’enseignant peut-il aider afin que le développement du droit et du rôle des juristes ne soit pas une source d’aliénation mais au contraire un moyen de libération de l’homme ?