L’ethnologie juridique au Collège de France : le cours de Jacques Flach sur les Institutions primitives (1892-1904) (original) (raw)
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Comment (ne pas) devenir un ethnologue du droit. Henri Lévy-Bruhl, les primitifs et la juristique
Emmanuelle Chevreau, Frédéric Audren et Raymond Verdier (dir.), Henri Lévy-Bruhl : juriste sociologue, Paris, Editions Mare & Martin, coll. « Grands personnages »,., 2018
Ce texte montre que si Henri Lévy-Bruhl a, de son vivant, toujours refusé d'endosser la qualité d'ethnologue du droit, il est devenu, par la volonté de ses successeurs et de ses disciples, le "fondateur" de l'anthropologie du droit en France.
Mentalité primitive et ethnologie du droit. De Lucien à Henri Lévy-Bruhl
Droit et philosophie, 2020
a sociologie durkheimienne du droit a replacé l'État dans l'ensemble des formes de la vie sociale parmi lesquelles il émerge. Cependant, elle a aussi considéré ces formes de vie comme des préfigurations de l'État sous la forme d'une conscience collective qui, posée originairement par la distinction entre le sacré et le profane, prend réflexivement conscience d'elle-même à travers les individus qui y participent 1 . Dans ce courant sociologique, la figure de Lucien Lévy-Bruhl (1857-1939 se détache par un regard que l'on peut véritablement qualifier d'ethnologique sur l'État. Là où Durkheim trace des ponts entre des formes de la vie sociale, Lévy-Bruhl creuse en effet un fossé entre deux « mentalités » : une « mentalité primitive » régie par la participation et une « mentalité civilisée » régie par la contradiction 2 . Si l'on considère que l'État est une forme d'organisation qui apporte la contradiction par l'application d'un jugement, on peut dire que Lévy-Bruhl vise à décrire des « sociétés sans État » qui ne se soumettent pas au principe de contradiction dans l'accumulation des preuves ni à la forme statistique du tableau dans la présentation des données. Selon Lévy-Bruhl, ces sociétés sont davantage régies par des formes d'accusation proches de la sorcellerie et par des formes d'anticipation proches de la divination, c'est-à-dire qu'elles recourent à des liaisons « mystiques » entre les phénomènes qui n'ont pas besoin d'être prouvées mais qui sont révélées par une crise ou un basculement de la vie sociale.
Cette étude doctrinale a permis de mettre en exergue l’importante mobilisation de la notion d’institution par l’École de la paix sociale. Celle-ci se fait fort, en effet, de mettre en scène l’opposition entre les institutions humaines, toujours contingentes, et les institutions dites « naturelles », comme la famille ou la religion. Sous une Troisième République laïque et attachée à la loi positive, l’École diagnostique ainsi un décalage néfaste entre l’ordre institutionnel humain et l’ordre naturel divin. Dans la perspective d’un droit naturel classique, elle tente alors de réconcilier l’acception sociologique et l’acception juridique du vocable « institution ». Pour ce faire, elle s’engage dans une vaste tentative de naturalisation des institutions humaines. Une telle dépolitisation permettra de résorber l’écart entre ordre naturel divin et ordre institutionnel humain. Il s’agit, dans l’esprit de l’École, de modeler les institutions publiques sur la réalité sociale, afin de les rendre conforme à l’observation sociologique et, par conséquent, aux prescriptions intemporelles de la Loi divine, ainsi redécouverte. C’est toute la singularité de la pensée institutionnelle leplaysienne que d’avoir cherché à redéfinir ainsi le vocable d’institution. Cette tentative de réconciliation du donné et du construit cache mal, cependant, la véritable nature de son entreprise : celle d’un combat visant à réinsuffler la force structurante de la Tradition dans des institutions humaines de plus en plus hostiles aux catholiques. L’institution, chez les leplaysiens, se révèle alors, en réalité, comme le parfait exemple d’une arme rhétorique au service du conservatisme.
À L’École Du Droit : Les Apports De La Méthode Ethnographique À L’Analyse De La Formation Juridique
Les Cahiers de droit, 2000
Cet article qui suit présente les résultats d’une enquête par observation dans les cursus juridiques de deux institutions élitaires françaises, l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po) et l’École des hautes études commerciales (HEC Paris). Associant une réflexion générale sur la formation au droit des élites et une démarche méthodologique originale appliquant l’ethnographie à l’analyse de l’enseignement juridique, ce travail met en évidence les grandes orientations, théoriques, pratiques et pédagogiques, qui se dégagent de ces enseignements. Montrant que cette socialisation scolaire intègre un processus d’acculturation normative, en l’occurrence à l’idéologie capitaliste, par l’entremise du droit économique et la figure des avocats d’affaires, les auteures souhaitent contribuer à une meilleure connaissance de l’enseignement du droit « en action ».
Mémoire de Master II- Histoire du Droit et des Institutions
Pouvoir royal et coexistence religieuse, l'impossible statut juridique des protestants français (1561-1629), 2020
Evoquer le règlement juridique des guerres de religion nous a semblé opportun, dans une période où la question religieuse retrouvait de l’importance. Ce sujet devait nous amener à changer de cadre, afin d’aborder la mise en place d’un régime de coexistence religieuse, par la tolérance, assumé par l’Etat, dans un contexte où il n’y pas d’indifférence de l’autorité à l’égard de la religion. Ce que nous avons voulu montrer, c’est finalement le caractère temporaire de l’existence des protestants en France. La question de leur statut, la formation difficile, douloureuse, de celui-ci a permis au souverain de rappeler son attachement au catholicisme, et d’affirmer son autorité sur ses sujets. Il devient par-là vecteur d’unité. Nous nous sommes refusés de voir dans l'Edit de Nantes un point d’arrivée. L’édit de 1598 n’a pas été le document définitif. Nous l’avons considéré comme un point de bascule, ayant permis aux protestants de s’affirmer, de se construire en force politique. L’édit a finalement pu fournir à la monarchie les moyens de défaire la minorité religieuse en lui enlevant, en 1629, ses garanties politiques. Celles-ci ont été utilisées comme appui à la révolte protestante contre Louis XIII. Sans cela, les protestants étaient appelés à n’être qu’une simple minorité religieuse, sous la protection royale. Le parti que nous avons pris a donc été celui de Francis Garrisson, soulignant l’ambivalence du destin protestant à partir de 1629 et la singularité de la coexistence religieuse en France.