Mentalité primitive et ethnologie du droit. De Lucien à Henri Lévy-Bruhl (original) (raw)

Comment (ne pas) devenir un ethnologue du droit. Henri Lévy-Bruhl, les primitifs et la juristique

Emmanuelle Chevreau, Frédéric Audren et Raymond Verdier (dir.), Henri Lévy-Bruhl : juriste sociologue, Paris, Editions Mare & Martin, coll. « Grands personnages »,., 2018

Ce texte montre que si Henri Lévy-Bruhl a, de son vivant, toujours refusé d'endosser la qualité d'ethnologue du droit, il est devenu, par la volonté de ses successeurs et de ses disciples, le "fondateur" de l'anthropologie du droit en France.

L’ethnologie juridique au Collège de France : le cours de Jacques Flach sur les Institutions primitives (1892-1904)

Clio@Themis. Revue électronique d'histoire du droit, 2019

Cette contribution présente le cours sur les institutions primitives dispensé par l’historien du droit Jacques Flach au Collège de France entre 1892 et 1904. Elle insiste sur la singularité de son approche historique et comparative. Soucieux d’étudier les institutions en contexte, il propose une interprétation inédite de la féodalité, ambitionne d’écrire une histoire globale du droit et cherche à restituer l’altérité institutionnelle des sociétés primitives. Flach est ainsi l’un des premiers à enseigner en France l’anthropologie sociale et juridique.

"Au-delà de l’histoire du droit. Retour sur la trajectoire d’un entrepreneur scientifique, Henri Lévy-Bruhl (1884-1964)", Clio et Themis, revue électronique d'Histoire du droit, n° 9, décembre 2015

Résumé : Cette contribution tente de comprendre la trajectoire scientifique d’Henri Lévy-Bruhl, de l’histoire du droit à la sociologie du droit, en la mettant en relation avec l’évolution de la discipline histoire du droit dans la première moitié du XXe siècle. Il s’agit ici de comprendre ce que le resserrement disciplinaire a eu comme conséquences sur la carrière d’un chercheur, certes consacré, mais regardé de plus en plus comme « hérétique », c’est-à-dire déployant des pratiques et des méthodes de recherche en rupture avec les représentations scientifiques dominantes. Abstract : This paper attempts to understand the scientific career of Henri Lévy-Bruhl, which took place in the first half of the Twentieth century, when French legal history was in construction (objects, methods). It tries to understand the consequences of the evolution of this discipline upon the career of Levy-Bruhl, who devoted his works to legal history and to sociology of law. It aims to show how, while being recognized, he also has been considered as an ’heretic’, employing practices in contradiction with the dominant scientific representations.

Histoire et anthhropologie du droit

Les Études Sociales, 2019

Distribution électronique Cairn.info pour Société d'économie et de science sociales. © Société d'économie et de science sociales. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.

Le mélange des genres chez Lucien : le cas de la rhétorique judiciaire

HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2017

en particulier sur la poétique de cet auteur et sur les rapports qu'il entretient avec le monde romain. Il existe sans doute plusieurs raisons acceptables pour caractériser l'oeuvre de Lucien par la notion de mélange. En effet, Lucien est volontiers défini comme un satiriste par les commentateurs modernes 1 et, de son côté, il revendique comme principal fait d'armes littéraire l'invention du dialogue comique. Quel que soit le point de vue retenu, c'est donc l'idée de mixis qui apparaît comme le coeur de la poétique lucianesque : en effet, la satire, genre essentiellement romain 2 , tire son nom du mot satura qui signifie «mélange 3 », et d'autre part, le dialogue comique que Lucien se targue d'avoir inventé est lui-même présenté comme une création hybride 4. En outre, on trouve chez Lucien de très nombreuses pièces au caractère judiciaire plus ou moins marqué : la fréquence des scènes de tribunal est un trait distinctif de sa production. Rien d'étonnant à cela, puisqu'il avait initialement embrassé une carrière d'avocat 5 et qu'il était donc rompu à la pratique du logos dikanikos; de plus, ce type de discours paraît tout désigné pour servir efficacement la cause de la satire. En effet, si le dialogue philosophique de type platonicien-dont Lucien reconnaît s'être à la fois inspiré et écarté 6est apte à concilier les opinions contraires et à aboutir à un accord entre deux interlocuteurs qu'a priori tout oppose, en revanche, la forme du procès apparaît comme le lieu d'une confrontation indépassable, l'expression de deux points de vue opposés entre lesquels, bien loin de trouver une sorte de moyen terme à l'amiable, un tiers tranchera. On peut, à cet égard, se rappeler que le verbe « plaider » traduit le grec ἀγωνίζομαι, et que les deux discours d'accusation et de défense forment un ἀγών, c'est-à-dire un face-à-face. Dans la mesure où les deux parties plaident chacune leur tour, sans temps pour la synthèse ou la conciliation, la forme judiciaire paraît donc tout particulièrement en phase avec la satire, qui, à certains égards, peut être définie comme «le genre du franc-parler et des attaques nominatives 7 », et suppose donc le choc de deux visions opposées.