L'événement : une globalité saisie (original) (raw)

Avant-propos. L'événement : des regards pluriels

Pas un jour sans événement. En effet, avant d'être un fait exceptionnel, l'événement peut concerner tout ce qui se produit ou s'insère dans la durée 1. Qu'il soit individuel ou collectif, l'événement peut se décliner dans différents espaces, dans différents lieux. Ainsi potentiellement présent dans toutes les strates de notre environnement, il peut devenir l'objet d'étude de nombreuses disciplines dans le domaine des sciences humaines et sociales. Les contributions qui constituent ce volume de mediAzioni montrent combien la réflexion autour de l'événement est variée. Les auteurs s'inscrivent dans des champs disciplinaires divers : sciences du langage, sciences de la communication, littérature, sémiotique. Les analyses qu'ils proposent puisent dans des corpus divers et portent sur des événements, privés ou publics, intervenus en France, en Europe, ou dans des pays plus lointains-Venezuela, Brésil, Tunisie, Japon, Union soviétique…-ou même au niveau planétaire, comme dans le cas de possibles pandémies ou encore du classement de Shanghaï. Si ces travaux mettent en lumière le rôle des langues ou des

Faire l'événement, un enjeu des sociétés contemporaines

Sociétés & Représentations, 2011

pascale Goetschel et christophe Granger Faire l'événement, un enjeu des sociétés contemporaines … comme si l'événement se tenait prêt derrière la porte de la réalité, et y arrivait (comme dans une pièce). Wittgenstein, Grammaire philosophique La profusion des « événements historiques » durant la dernière décennie (du 11 septembre 2001 au « Printemps arabe »), et l'empressement des professionnels de l'air du temps à décréter l'avènement d'un moderne règne de l'événement, paraissent sans mal justifier le thème de ce numéro. Autant l'avouer, pourtant : on ne touche pas impunément aux rives de l'événement. Tissé de longue date par une armée de penseurs de toutes chapelles, de Péguy à Ricoeur en passant par Deleuze ou Benjamin, un impressionnant entrelacs d'évocations, d'interprétations et d'édifices théoriques qui semblent devoir résister au temps se charge par avance d'en compliquer l'abord. Ajoutons à cela la rencontre déroutante que réserve le retour à l'étymologie-est événement « ce qui arrive et a quelque importance pour l'homme 1 »-, et l'on se figurera assez bien l'embarras mêlé de découragement qui saisit par avance le chercheur 2. Car, désormais, de l'émeute à la prouesse sportive, de la catastrophe naturelle au simple coup médiatique, de ceux qui forment les rivets mémoriels du grand roman national à ceux dont l'onde de choc est bornée aux trajectoires biographiques, les contours de ce qu'est un événement défient la typologie. Faut-il

La notion d’événement d’écriture

Communication & langages, 2018

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De l'événement à la convivance

Sens public, 2015

De l'événement à la convivance Gérard Wormser « Nous avons institué des jeux et des fêtes qui se succèdent d'un bout de l'année à l'autre, de merveilleux divertissements particuliers dont l'agrément journalier bannit la tristesse. L'importance de la cité y fait affluer toutes les ressources de la terre et nous jouissons aussi bien des productions de l'univers que de celles de notre pays. Notre ville est ouverte à tous. Nous fondons moins notre confiance sur les préparatifs et les ruses de guerre que sur notre propre courage au moment de l'action ». Thucydide, Guerre du Péloponnèse, II,38-39 on père n'aura pas vu le malheur frapper sa ville. Disparu une semaine auparavant, il emportait avec lui des frayeurs d'enfant persécuté sous la botte nazie et collaborationniste, la fierté d'être fils d'une grande histoire de progrès, de liberté et de tolérance, et l'honneur de penser que sa génération, comme me le disait un soir Stéphane Hessel (je le lui avais répété), avait relevé les défis qui s'imposaient à elle-la reconstruction économique et politique de l'Europe, le dépassement des clivages idéologiques et nationaux et la décolonisation. Ainsi laissait-elle aux suivantes leurs propres tâches. Cet optimisme est-il encore de saison ? M Alors qu'elle se préparait à accueillir une Conférence sur notre avenir climatique, Paris est devenue la ville-martyre d'une violence politique hypermoderne, une attaque coordonnée au sol par des commandos ennemis. Cette opération exigeait la perméabilité entre les réseaux internationaux djihadistes et le terrain d'opération visé : c'était une mission pour des agents

Les implications d'événement

WP 1/2010, 2010

L’événement joue un rôle central peut-être un peu sous-estimé chez Michel Foucault. Dans cet article on essaierait de combler cette lacune, en rendant compte du rôle de l’événement dans la pensée de Foucault pour jeter un jour nouveau sur les traits de l’événement en général et le rôle de l’événement dans le livre The Music of Chance de Paul Auster en particulier.

L'événement: accueil de l'imprévisible?

The event: reception of the unpredictable Our interpretation of the notion of event aims to underline both its unpredictable constitution, and its faculty to place the subject in the symbolic order. The problematic will be mainly concerned about contributions in the field of contemporary phenomenology (Romano, 1998; Barbaras, 2012) and phenom-enological psychopathology (murakami, 2013), related to a certain lecture of the event that will lead us to revaluate the concept of transpassibility 1 and convoke different approaches to it. These reflections will constantly be enlightened by the work of Henri maldiney. Событие: восприятие непредсказуемого Наша интерпретация понятия события стремится подчеркнуть как его непредсказуемое устрой-ство, так и его способность помещать субъект в порядок символического. Данная проблемати-ка интересна в основном для исследователей в области современной феноменологии (Романо, 1998; Барбарас, 2012) и феноменологической психопатологии (Мураками, 2013) в связи с опре-деленным пониманием события, которое приведет нас к переосмыслению понятия «сообщае-мость» и соберет вместе различные подходы к нему. Эти размышления инспирированы иссле-дованием Анри Мальдини.

Le discours, scène globale?

Cahiers de l'Institut de …, 2004

RF (200 ms) donc [16 dt] le dénigrement de la femme n'est pas une question de niveau social ni de religion ni de caste BG non de rien, ni même de civilisation [7.4 dt] RF (300 ms) mais [1] ↑ H qu'est-ce h [23.5 dt] qui vous a b poussé /BB \b à entreprendre /BB \b cette recherche /BB

La blessure de l'événement

par David gé Bartoli et Sophie Gosselin (https://bartoli-gosselin.tumblr.com/) « Je ne dois pas et je ne veux pas agir volontairement sur le monde en sa totalité – c'est pourquoi j'ai un corps. » (Novalis) « Une blessure, c'est un événement […] C'est ça être digne de ce qui arrive, c'est dégager dans l'événement qui s'effectue en moi ou que j'effectue, c'est dégager la part de l'ineffectuable. » (Gilles Deleuze) C'est toujours depuis des bouleversements sensibles que surgissent les forces de libération politique. Par politique il faut entendre le processus collectif qui accompagne ces bouleversements et ce qu'ils rendent possible : l'invention d'idiomes et l'ouverture d'espacements inouïs. Non pas art de gouverner mais articulation d'un partage du sensible qui réouvre les corps et leur inscription au monde. Il s'agira, donc, non pas d'espérer ou d'analyser après coup des événements politiques, ces moments qui font l'histoire des peuples, dit-on, ayant en définitif pour enjeu d'historiciser la politique, c'est-à-dire de la domestiquer à des fins de gouvernement, mais de penser des politiques qui sachent être dignes de la blessure de l'événement. Ces politiques seront romantiques, si par romantiques l'on entend : défaillance, déviance, démesure. « Romantisme » dira pour nous le mouvement, le soulèvement par lequel les corps peuvent faire l'épreuve de mondes naissants. Folie de l'événement. Expérience in-dividuelle qui traverse les corps à hauteur de rêve et d'exaltation, de sublime et de tremblement : expérience de l'étonnement. Car le romantisme est d'abord une pensée des corps, pensée sensible de corps ouverts au sublime et à la démesure. Corps romantiques de la psyché qui s'ouvrent aux inter-mondes et aux étendues cosmiques. Le romantisme : poussée irrépressible de politiques cosmiques qui surviennent depuis la blessure de l'événement. 1) L'étendue du corpsychique : une pensée sensible L'événement ne doit donc pas être attendu, prévu ou conjuré, il doit être accueilli là où il tombe. Car l'événement tombe au monde, comme monde naissant : naissance provocatrice de mondes, apparition sidérante de mondes à venir. L'événement tombe. Comme une trombe d'eau. « Pluie, vapeur, vitesse » et non ''ciel'', ''terre'', ''déplacement'' (d'un train). Tournoiement et tourbillon des sens qui deviennent mondes, plutôt que perception et place des choses dans un monde. Invention plutôt que réification. C'est cela la pensée sensible de William Turner. Par son geste de peinture, il met en présence des corps par-delà leur essence ou positivité, par-delà la place au sein du Cosmos que les dieux leur ont attribué ou que les hommes prennent tant de mal à organiser. Turner singularise l'advenue en monde d'une pré-sence qui lui échappe mais dont il pressent le sens et le débordement sensible qui l'accompagne. Il peint comme il pleut. Il affecte la toile comme il est affecté en corps. Peau, il est. De chair et de toile. Porisité des sens, du sens et du sensible. La nature que nous dépeint Turner n'est ni la nature positive, réifiée, de la science physique, ni la nature mythifiée par la religion. Ses paysages mouvants nous révèlent que ce que l'on appelle « nature » n'est pas le lieu d'une identité, d'une adéquation à soi, mais l'espacement perpétuellement mouvant du sensible, la variation continue des corps, déploiement infini d'écarts : mouvement persistant du naturer. C'est pourquoi Novalis ne veut pas totaliser le Cosmos mais veut faire advenir du corps, des corps comme autant de fragments qui sont portés à devenir. D'où la poétique singulière, telle une herméneutique cosmique, que revendiquent les romantiques dans l'un des fragments de l'Athenaeum : « Le genre poétique romantique est encore en devenir ; et c'est son essence propre de

L’événement et la parole

Cahiers d'Études africaines, 2003

L'événement et la parole La conception de l'histoire et du temps historique dans les traditions orales africaines : le cas des Nzema* « Le temps africain est un temps réellement historique » (B. HAMA &J .K I-ZERBO 1987 : 63) Les conceptions locales de l'histoire en Afrique ont rarement suscité l'intérêt des spécialistes. La question de la légitimité de parler d'histoire en termes d'idées pertinentes à des cultures différentes, qui avait été posée d'abord par C.-H. Perrot (1970) et plus tard par des philosophes à propos des conceptions du temps (Kagame 1975 ; Ricoeur 1975), a marqué plus récemment, dans le domaine des historiens, les réflexions sur la Global history et sur les variations d'échelles en histoire (