Mondes associatifs pluriels. Saisir le politique par l’ethnographie des associations (original) (raw)

Les « ethnographies suffisamment bonnes » revisitées : analyse ethnographique des organisations, approche participative et liens entre les mondes sociaux

Recherches qualitatives, 2022

Cet article offre une réflexion sur les « ethnographies suffisamment bonnes » ainsi que des propositions pour prolonger cette stratégie de recherche. Je présente les avantages propres aux recherches ethnographiques qui prennent les organisations comme unité d’analyse. J’expose ensuite les grands principes de l’approche participative. La pertinence de ces deux stratégies de recherche est illustrée à partir de mon projet doctoral, qui consiste en une ethnographie participative avec deux organisations dédiées à l’accès au logement pour les ménages à faible revenu de Parc-Extension, un quartier au centre-ouest de Montréal. Je conclus l’article en partageant des réflexions sur le rôle des ethnographes comme intermédiaires et comme créateurs et créatrices de liens entre différents mondes sociaux, et notamment entre le monde de la recherche universitaire, les différentes communautés qui prennent part à leurs études et les publics, tant universitaires que non universitaires, qui lisent et critiquent les publications basées sur ces études.

Un regard ethnographique sur la politique

Genèses, 2013

Présentation de "Le vote comme engagement", Beatriz M. A. de Heredia et Moacir Palmeira. C’est peut-être dans l’approche des phénomènes politiques que l’ethnocentrisme est le plus tenace, parce qu’il se niche dans les définitions mêmes que nous en donnons spontanément, en faisant le paramètre à partir duquel nous catégorisons des pratiques comme « politiques ».

S’impliquer pour enquêter. Politiques et dilemmes d’une ethnographie en terrain militant

Cahiers de Recherche Sociologique, 2016

(English below) À partir d’une enquête réalisée à Montréal dans un groupe militant pour le droit à l’éducation pour les enfants sans-papiers, on discutera de la place de l’enquêteur en terrain militant et des problèmes, classiques en ethnographie et décisifs dans l’étude des mobilisations, qui se nouent autour de son double statut d’observateur et de participant. On commencera par décrire certaines contraintes qui ont configuré l’enquête comme une participation-observante à découvert, comme la politique d’enquête des enquêtés qui confronte l’enquêteur à un impératif participatif. Ensuite, on défendra l’idée que l’implication de l’enquêteur, qui s’éloigne d’une « épistémologie de la non-perturbation », ouvre des voies d’investigation intéressantes ; on abordera en même temps la question des limites de sa participation. Enfin, on formulera des propositions de solutions à deux dilemmes rencontrés au fil de cette enquête in situ : le respect des règles des comités d’éthique et « l’enclicage » de l’enquêteur. // In this work based on the study of a group fighting for the right to education for the undocumented children in Montreal, the place of the investigator on an activist field and the problems induced by his double status of observer and participant, classic in ethnography and decisive in social movements study, will be discussed. First, constraints resulting in an open participative observation type of investigation will be described, in particular the investigation policy of the investigated, demanding the investigator participation. Then, we will show how the investigator leaving the non-perturbation epistemology accesses otherwise hidden data. In parallel, we will discuss the question of the investigator’s investment limits. Finally, we will propose solutions to two dilemmas encountered along this in situ study: the respect of the ethics committees’ rules, and the phenomenon of the investigator getting « caught up in a clique ».

«La sphère de l'engagement associatif: un monde de plus en plus sélectif»

Essais et débats, 2007

Mots-clés : monde associatif | France Parée de toutes les vertus, la « démocratie associative » est censée prendre le relais d'une vie partisane et syndicale essoufflée, et offrir à tous des moyens d'expression et de participation. La réalité telle qu'elle peut être observée à partir de différentes enquêtes statistiques, s'éloigne assez sensiblement de cette représentation. Non seulement la sociologie du bénévolat et de l'engagement associatif est beaucoup plus sélective qu'on ne le pense, mais le mouvement de professionnalisation du monde associatif en accélère la transformation.

Faire des différences. Ce que l’ethnographie nous apprend sur l’articulation des modes pluriels d’assignation

Raisons politiques, 2015

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Reconfiguration du politique par la professionnalisation associative

Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, 2019

Sbeih Sbeih* Reconfiguration du politique par la professionnalisation associative Le cas de deux associations palestiniennes Résumé : En comparant deux associations palestiniennes, l'une de « charité » et l'autre de « développement », l'article trace l'évolution de leurs rapports au politique en fonction de leurs relations avec les différents acteurs collectifs (organisations politiques, bailleurs de fonds, Autorité palestinienne). Au moment où l'évolution des ONG palestiniennes dépendantes de l'aide internationale est appréhendée en termes de « professionnalisation », c'est-à-dire comme processus de quête de spécialisation et de l'autonomie à l'égard du pouvoir politique, celles-ci reconfigurent le politique selon le paradigme universel du développement. Les « technocrates », produits de cette professionnalisation, deviennent désormais les hommes politiques par excellence du champ du pouvoir de la « Palestine des bailleurs de fonds ». Toutefois, la quête de spécialisation n'est valorisante que dans la mesure où les ONG adhèrent à la lecture universelle de « post-conflit » de la réalité sociale palestinienne. Les associations dépendant des organisations politiques et non soumises à la domination des bailleurs subissent une exclusion de cette configuration. La nouvelle croyance politique, le développement, ne laisse guère de place pour l'engagement militant national et patriotique.

Appel à communications RT35 : « Sociologie des mondes associatifs » pour le prochain congrès de l’Association Française de Sociologie (Amiens, 3-6 juillet 2017)

Les associations entretiennent des rapports ambivalents avec les pouvoirs publics, économiques, religieux. Souvent présentées comme le « tiers secteur », elles devraient donc se caractériser par une autonomie relative à l'égard des pouvoirs notamment politiques et économiques. Cependant, cette autonomie est démentie autant par les chercheurs que par les acteurs associatifs qui constatent ses limites. Les associations ont très tôt fait l'objet d'un contrôle resserré et d'une méfiance de l'État. L'histoire du droit d'association a été rythmée par de nombreux soubresauts alternant autorisation et restriction, ainsi que plusieurs périodes de prohibition (Merlet, 2000). La loi de 1901 pose, avec le contrat d'association, un cadre déterminant en distinguant le statut associatif du pouvoir économique et des entreprises lucratives (Pellissier, 2001). La loi de 1905 précise quant à elle le cadre spécifique des associations cultuelles et les prérogatives associées au pouvoir religieux. Cependant, ces lois n'ont pas empêché les associations de rester au coeur de luttes politiques, économiques et sociales touchant à leur fonctionnement, leur objectif, leur influence et leur rôle. Les relations entre les associations et les pouvoirs sont souvent prises dans une dialectique autonomie vs contrôle ou dépendance vs indépendance. Cet appel à communication vise à saisir les enjeux de pouvoir qui traversent les mondes associatifs dans leurs relations avec les acteurs publics et le secteur privé marchand. Il veut également interroger les tensions et les contradictions des associations quant à leurs objectifs, leur autonomie (Defrance, 2000), leur neutralité politique (Siméant, 2003) ou religieuse ou encore leur participation aux luttes dans le champ politique. On propose d'envisager les associations comme des contrepouvoirs ou au contraire des relais et partenaires des pouvoirs en place, mais la réflexion ne saurait se limiter à cette seule alternative. En effet, les associations peuvent alimenter à la fois des processus d'émancipation et de luttes contre les pouvoirs dominants tout en reproduisant les processus de domination les plus élémentaires.