Franck Ghitalla, Dominique Boullier, Pergia Gkouskou-Giannakou, Laurence Le Douarin, Aurélie Neau, L’outre-lecture. Manipuler, (s’)approprier, interpréter le Web. Paris, Bibliothèque publique d’information/Centre Pompidou, coll. Études et recherche, 2003, 267 p (original) (raw)

Bertrand Gervais et Nicolas Xanthos, « L’Hypertexte: une lecture sans fin », in Littérature, informatique, lecture. De la lecture assistée par ordinateur à la lecture interactive, Limoges, Pulim, A. Vuillemin et M. Lenoble, éds., 1999, p. 111-125.

Lit-on un hypertexte fictionnel? Il est clair qu’on y navigue, les mains sur le clavier. Mais lire? Evidemment, nos yeux se posent sur du texte, nous déchiffrons des lettres, des mots, des phrases, de plus en plus associés à des images de toutes sortes. Nous comprenons des fragments et sommes à même de les lier entre eux. Mais parvenons-nous à retrouver le récit à travers les dédales du labyrinthe hypertextuel, à nouer en fait les diverses composantes de la mise en intrigue. Pouvons-nous aller au-delà d’une simple progression à travers le texte et déployer à l’aide de notre imagination des strates de signification n’apparaissant pas littéralement? Lire, en un mot, en prenant le texte au sérieux? Car lire n’est pas que saisir du texte, faire ce que les machines à lire réussissent avec de plus en plus de facilité à simuler, mais se l’approprier.

Une réflexion philosophique inédite sur le web. L’être et l’écran. Comment le numérique change la perception, de Stéphane Vial, Puf, 2013

Sens public, 2014

Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter en ligne. Une réflexion philosophique inédite sur le web Lecture de L'être et l'écran de Stéphane Vial Peppe Cavallari ersonne n'avait dit peut-être, d'une façon aussi explicite et catégorique, ce que Stéphane Vial affirme à plusieurs reprises dans ce livre, comme au moment où, à propos de la révolution numérique, il écrit que celle-ci « n'est pas seulement un événement technique mais aussi philosophique » (p. 23) et que : P « comme toutes les révolutions techniques précédentes, elle est une révolution phénoménologique, c'est-à-dire une révolution de la perception : elle ébranle nos habitudes perceptives de la matière et, corrélativement, l'idée même que nous nous faisons de la réalité » (p. 97). Son oeuvre ne se limite pas à revendiquer le droit des philosophes, un droit désormais reconnu, à s'occuper de web, d'applications, d'algorithmes et d'interfaces : il va bien au-delà de cette constatation pour encadrer l'ensemble des instruments techniques qui engendrent le web dans la pertinence d'une analyse philosophique, voire phénoménologique, qui les prend en compte en tant qu'instruments « phénoménotechniques », instruments qui « font le monde et nous le donne » et déterminent « la qualité de notre expérience d'exister » (p. 250). La pensée de l'auteur marche donc sur les traces de ceux qui soutiennent l'effective réalité du web contre toute « rêverie de l'irréel ». Cette rêverie, invoquée tout au long du livre comme les rêves d'un visionnaire et ceux de la métaphysique blâmés par Kant, a d'ailleurs déjà été dépassée, non seulement par les auteurs que mentionne régulièrement Stéphane Vial (entre autres : Bernard Darras et Sherry Turkle, Philippe Queau, Gilbert Simondon, ainsi que les incontournables Michel Serres et Pierre Lévy), mais aussi par des philosophes comme Milad Doueihi 1 , Marcello Vitali-Rosati 2 et Maurizio Ferraris, ou dans l'oeuvre de l'original géographe humain qu'est Boris Beaude 3 . Une confrontation avec ces derniers auteurs aurait certainement complété l'état de l'art avec lequel commencent la critique et l'analyse de Vial, étant donné que ceux-ci ont, il y a quelques années, anticipé l'idée selon laquelle les technologies numériques ne sont pas simplement des 1

Poétisation des frontières intermédiatiques dans la Théorie de l’information de Aurélien Bellanger : établissement de la connexion à l’Internet comme site (topos) de transcription romanesque du numérique

AGAPES FRANCOPHONES 2021: Études de lettres francophones, 2021

Title: Poetizing the Intermedial Boundaries in the Theory of Information by Aurélien Bellanger: Establishing Connection to the Internet as a Site (Topos) of Transcribing the Digital into Fiction A major stumbling block for the theorization of the digital, amplified by the Internet, is its tendency to blur the boundaries between the formerly distinct media, by “liquefying” those to the point of indiscernibility. Hence, there was a lack of consensus among media scholars, whose initial response towards this change of paradigm was reduced to a series of interchangeable umbrella terms: from multi- (or omni-) medium to hyper-medium, etc. The paper aims at demonstrating that one of the best-adjusted sites (or topoï) for the staging of an intermedial dialogue in fiction, as far as the novels – cf. Aurélien Bellanger (2012) – attempting the poetization of the network are concerned, manifests itself in the episodes relating the process of establishing the network connection, since a logical progression of such sequences reiterates diegetically the very principle of interaction between several mediums all the while seeking to articulate those technologically and poetically.

Distinguer/Expliciter. L’ontologie du Web comme ontologie

Intellectica. Revue de l'Association pour la Recherche Cognitive, 2014

Distinguer/Expliciter. L'ontologie du Web comme ontologie « d'opérations » Alexandre MONNIN & Pierre LIVET# RÉSUMÉ. Prenant au sérieux la « métaphysique empirique » de l'architecture du Web, nous entendons saisir les entités qu'elle distingue. Il ne s'agit donc pas de reconduire ainsi des distinctions classiques. Le travail réalisé par les architectes du Web ressortit à l'ingénierie. Pour cette raison, nous posons les linéaments d'une approche processuelle de l'ontologie, intégrant en son sein les opérations de distinction et d'explicitation qui conduisent à faire émerger des types ontologiques. Cette réflexion est rapportée à plusieurs exemples abordés au cours de la première partie, des folksonomies aux ontologies informatiques, en passant par les principes architecturaux du Web. Enfin, nous prenons en compte la pluralité des modalités d'accès afin d'étendre à l'échelle du Web tout entier la réflexion sur la dynamique ontologique au cours de laquelle surgissent de nouvelles distinctions. Un pour rendre compte de la sémantique des URI est suggéré qui s'appuie sur la sémantique bi-dimensionnelle de Robert Stalnaker, étendue à la multi-dimensionnalité et repensée dans une optique dégagée de son ancrage exclusif dans la question du vrai.

Book review : Manuel d’analyse du Web en sciences humaines et sociales. Sous la direction de Christine Barats

Reviews Manuel d'analyse du Web en sciences humaines et sociales. Sous la direction de Christine Barats. Paris : Armand Colin, coll. « U Sciences humaines et sociales », 2013. 258 pp. ISBN : 9782200286279. D ans leur manuel collectif, le premier du genre dans l'espace francophone 1 , Christine Barats et ses collègues ont réussi la prouesse de rédiger diverses contributions (vingt-deux), denses, claires et pédagogiques, pour la plupart françaises, proposant diverses références, outils et techniques de collecte de données et d'investigation, issus bien évidemment des sciences humaines et sociales (SHS), illustrés par divers exemples intéressants de terrains qui abordent, analysent ou encore intègrent le Web et ses caractéristiques particulières (dont sa dynamique, sa pluralité, sa multiforme et son ubiquité, voire même sa porosité). Ce manuel didactique présente un état actualisé mais non exhaustif des références et savoirs, tant théoriques, réflexifs et critiques que méthodologiques et exploratoires, applicables à l'étude des technologies complexes du Web contemporain et leurs effets sous-jacents. Se distanciant ainsi d'un regard surplombant visant à recenser les meilleures méthodologies applicables à l'étude du Web dans un catalogue ou même un prêt-à-monter de méthodes ou d'outils, comme l'affirme d'emblée Christine Barats en introduction, ce manuel collectif incite à la curiosité des chercheuses et des chercheurs en SHS et insiste sur l'importance de concevoir et d'élaborer des méthodes propices et bien adaptées à leurs problématiques et objets d'étude choisis ainsi qu'aux cadres théoriques spécifiques de toute recherche. L'ouvrage se compose de trois grandes parties, qui peuvent se lire séparément mais gagnent assurément à être consultées ensemble. Elles traitent des différents enjeux et questions interdisciplinaires souvent posés, à différents moments, dans une démarche de recherche sur le Web en SHS. L'originalité de ce manuel pédagogique se retrouve dans les deuxième et troisième parties, plutôt consacrées au moment de l'observation du corpus numérique et de l'analyse des résultats, notamment avec le recours à des outils et dispositifs inédits en SHS (tels que la textométrie digitale, la cartographie du Web, l'ethnographie en ligne, l'approche sémiologique, etc.). La première partie de ce manuel collectif présente une série de réflexions et de problématiques transversales à l'étude et à l'analyse du Web. De prime abord, Laurence Monnoyer-Smith expose de façon réflexive et critique une conceptualisation du Web comme dispositif sociotechnique (ch. 1). Mais encore, suivent deux réflexions et études (ch. 2 et 3) assez substantielles et stimulantes, abordant respectivement les dimensions éthiques de la recherche en ligne, ainsi que la pratique de l'archivage et de la mémoire dans un contexte de « potentielle hypermnésie 2 » du Web, et leurs effets sur les pratiques de recherche en SHS. Ces deux contributions, qui retiennent ici un

Le Marec, Joëlle et Babou, Igor, « De l’étude des usages à une théorie des « composites » : objets, relations et normes en bibliothèque », in : Emmanuel Souchier, Yves Jeanneret et Joëlle Le Marec [sous la dir.de], Lire, écrire, récrire – objets, signes et pratiques des médias informatisés, 2003, p. 233-299.

2003

Qu'est ce qu'une bibliothèque ? Les sciences sociales nous l'ont fait apparaitre, depuis quelques décennies, comme un espace, un lieu public de pratiques toujours changeantes. Nous proposons ici un point de vue plus articulé au projet historique qui a structuré la bibliothèque comme institution culturelle majeure : cette dernière peut en effet se concevoir comme une organisation matérielle et spatiale des connaissances traduisant à la fois une vision de l'organisation du savoir et une conception des moyens de sa communication. Une bibliothèque exprime en effet tout autant un ordre des connaissances, la normalisation de systèmes classificatoires et une conception de la relation au public. Cet espace du savoir peut être pensé à la lumière de la métaphore du « texte », son organisation constituant une syntaxe opérant sur des livres. Cette métaphore de la bibliothèque comme « texte » résulterait cependant d'une focalisation excessive et formaliste sur une étape supposée finale de l'organisation, la bibliothèque, au détriment de la description du processus qui y conduit. Si la bibliothèque est un « texte », alors, pour filer la métaphore, c'est à l'écriture de ce texte que nous nous sommes intéressés. Une écriture collective, jamais achevée, inscrite dans des matériaux hétérogènes et impliquant des usagers au statut incertain : le lecteur (individu) ou le public (collectif) de la bibliothèque, les bibliothécaires ou l'ensemble de l'institution elle-même.