Notes sur les cultures et langues anatoliennes:mutations et permanences (original) (raw)

"Quelques remarques à propos de la navigation sur les fleuves et les lacs anatoliens", dans H. Bru, G. Labarre (éd.), "Chronique d'Orient. Chronique 2012", DHA, 38, 2, 2012, p. 188-206.

Nous souhaiterions instaurer au sein de la Chronique d'Orient un rendez-vous régulier consacré à l'étude des fleuves anatoliens 1 . En effet, la question des fleuves en Asie Mineure n'a pour l'instant donné lieu à aucun travail d'ensemble 2 . Cette chronique dans la Chronique devrait accompagner l'évolution d'un projet de recherche sur ce thème, initié lors de trois journées d'étude qui se sont tenues à l'université d'Artois en 2010 et 2011 3 . Les actes sont actuellement en préparation. Cependant, si la présence de quelques pages consacrées aux cours d'eau anatoliens dans la Chronique d'Orient doit permettre d'approfondir certains thèmes abordés lors des journées d'étude, sa raison d'être est avant tout de chercher à explorer de nouvelles pistes. Il nous semble en effet que l'étude des rivières anatoliennes pourrait permettre de décaler le regard que nous portons sur cette péninsule. Ce sujet nous paraît riche de bien des potentialités. Il peut être abordé aussi bien du côté des représentations que des realia 4 . Lors des journées d'étude, nous avions évoqué à titre d'exemples quelques axes de recherche possibles.

Les langues égyptiennes à l'époque amarnienne : Point de révolution sous le soleil d'Aton

Culture Le Magazine Culturel De L Universite De Liege, 2010

La période amarnienne est régulièrement caractérisée comme le moment de toutes les innovations en Égypte ancienne-il n'y avait dès lors guère de raison pour que la sphère linguistique échappe à cette tendance. Pourtant, comme souvent lorsque l'on regarde les choses d'un peu près, il apparaît que cette époque n'a pas proprement innové en la matière, mais a plutôt cristallisé un certain nombre de traits qui s'étaient déjà révélés plus tôt au cours de l'évolution de la langue égyptienne à travers temps et registres d'expression 1. Afin de cerner les phénomènes langagiers en présence à l'époque d'Akhénaton, il convient dans un premier temps de planter quelques grands jalons : l'histoire de la langue égyptienne est traditionnellement divisée en cinq « états de langue », repris dans le tableau suivant (qui s'en tient à une présentation de la succession idéalisée de ces derniers) : Dyn. Périodes Dates approximatives Langue vernaculaire Langue de prestige Époque prédynastique 0-2 proto-dyn. 3000-2650 1 Sur la propagation des innovations linguistiques en fonction des « Textsorten », voir en particulier Fr. Junge (1984) et P. Vernus (1996).

L’ALM : mort et résurrection d’un atlas linguistique de la culture méditerranéenne

Géolinguistique, 2016

Conceived in 1937 by Croatian Romanist Mirko Deanović and directed by Deanović himself and the Italian scholar Gianfranco Folena, between 1956 and 1972 the Linguistic Atlas of the Mediterranean carried out 165 surveys by means of a questionnaire made up of about 850 items on sea and maritime culture. The surveys involved 31 researchers who interviewed people from all the countries on the coasts of the Mediterranean Sea. All the dialectal data were then sent to and filed at the Fondazione Giorgio Cini in Venice which was the first to commission the survey. In 1972, Gaetano Berruto, a young researcher form Turin, was entrusted with the editing of such data, but the study soon stopped since Berruto began to be engaged in different other work duties and was never replaced. A real ethnological and linguistic treasure remained untapped and unexplored for fifty years; finally in 2015 a team of geo-linguists coming from several Italian universities announced a programme to refresh the data, arrange them and check their phonetic notation system as preliminary steps to publish them.

Le mot carien pour ‘chef’, une nouvelle racine anatolienne et un changement phonétique carien-grec

Kadmos, 2024

In this paper, I analyse the Carian gloss σουαγγελα, attested in Stephen of Byzantium. I propose that possible cognates of γελα ‘king’, the second element of the gloss, may be identified in Hittite, Hieroglyphic Luwian, Lycian, and pos- sibly cuneiform Luwian. This analysis incidentally provides viable etymologies for certain Armenian lexemes, which can now be considered as loanwords from Anatolian languages (specifically Luwian). The new Carian etymology enables the reconstruction of an Anatolian root meaning ‘head’ (vel sim.), accounting for most Anatolian lexical material through conservation or trivial semantic shifts. Additionally, it offers evidence for a sound change that likely occurred during borrowing of words from Carian into Greek. In the final section, I tentatively propose that the first element of the compound σουαγγελα also reflects an authentic Carian word. Through this contribution, I aim to demonstrate that even a seemingly uncertain item like a gloss can prompt a reevaluation of a set of words and uncover previously unnoticed etymological connections.

N. TRIPPÉ, « Entre ionien attique et ionien d’Asie, quelques phénomènes de langue dans les inscriptions archaïques des Cyclades », actes du colloque « Pouvoirs, îles et mer : formes et modalités de l’hégémonie dans les Cyclades antiques », 2014, Scripta Antiqua 64, p. 269-278

C'est à travers un point de vue rétréci, celui de l'écriture des inscriptions archaïques, que l'on se propose d'envisager la façon dont on peut déceler des marques d'influences extérieures et de dynamiques de contacts au sein de l'espace cycladique. La difficulté de cette approche réside dans le fait que les phénomènes touchant à la fois à l'écriture et à la phonétique sont ténus et difficiles à appréhender, essentiellement en raison de l'aspect souvent lacunaire de la documentation de cette époque. En outre, cet objet d'étude nécessite de nuancer quelque peu les termes de la problématique soulevée par le colloque car les phénomènes alphabétiques mis en lumière dans l'espace cycladique archaïque ne relèvent pas des mêmes mécanismes de domination ou d'hégémonie que l'on rencontre dans les domaines politique ou économique qui sont, eux, plus directement identifiables. Tout au plus peut-on parler ici d'"influences", d'"empreintes" culturelles ou encore de "points de contacts" qui se traduisent par certains usages alphabétiques, et partant, phonétiques. Par ailleurs cette approche n'est pas sans poser de difficulté car comment peut-on déceler, dans la langue des inscriptions, les traces d'un lien étroit, assez régulier, assez important pour avoir imprégné de manière durable un dialecte local et être ainsi sûr qu'il ne s'agit pas seulement de phénomènes ponctuels ?

"La Paphlagonie : histoire et peuplement", in H. Bru et G. Labarre, éd., L'Anatolie des peuples, des cités et des cultures (IIe millénaire av. J.-C.-Ve siècle ap. J.-C.), vol. I, Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2014, p. 149-164.

L'objet de mon propos est la Paphlagonie, son histoire et son peuplement. Je souhaite aborder cet espace sur la longue durée car cette région (comme tout le nord de l'Anatolie) a la particularité d'offrir des sources historiques et archéologiques moins nombreuses que pour d'autres régions de l'Anatolie. Ce sont donc les sources archéologiques qui vont guider notre réflexion et nous permettre peut-être de revisiter des clichés concernant la région et ses habitants. Même si la Paphlagonie a été peu étudiée d'un point de vue historique et archéologique, elle connaît un regain d'intérêt : nous pouvons citer les prospections extensives d'O.P. Doonan dans la chôra de Sinope 1 , le Paphlagonian Project