Asymétrie du plaisir et naissance de l’esthétique. À partir d’un motif valéryen (original) (raw)
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Moving from the pages of Cahiers and Discours sur l'esthétique, where Paul Valéry clarifies the energetic value of aesthetics that rises from pleasure, the essay aims to promote a radical reconfiguration of conceptual domain of aesthetics. The sensation, in the surprising and gratifying form of pleasure, becomes expression of the efficiency of the link between emotional device and perceptive recognition: the thick and harmonizing synthesis that's peculiar to aesthetic.
La mise en spectacle du plaisir: pour une lecture esthétique du Pygmalion de Rousseau
Rousseau nous plonge au cœur du paradoxe du « plaisir de l’émotion » tel que le décrivit l’abbé Du Bos au début de ses Réflexions critiques sur la poésie et la peinture . Dans ce traité qui bouleversa la poétique du XVIIIe siècle, le théoricien assigne à l’art le privilège de procurer du plaisir au spectateur en le faisant pleurer de toutes les larmes de son corps, pourvu que cette souffrance soit non pas imaginaire, puisque le spectateur l’éprouve réellement, mais mise à distance, le corps du spectateur étant en dehors de la scène ou de la toile et son esprit étant occupé uniquement de passions imaginaires. L’art naîtrait de ce paradoxe fondamental d’une « agréable souffrance », qui repose sur cette distance possible entre soi et l’œuvre (entre l’âme rationnelle et l’âme sensitive, selon les termes de Du Bos). Nous remarquerons que chez Rousseau, la mise à distance est réflexive et non pas transitive : c’est de sa propre vie qu’il se met à distance pour en jouir agréablement. Cette mise à distance de soi ou des événements implique autant l’imagination dans la rêverie que la réminiscence du passé. Comment ce plaisir de l'émotion se manifeste-t-il dans le monodrame "Pygmalion"?
RELIEF – Revue électronique de littérature française 13 (2), 2019, p. 76-93, 2019
Cet article se consacre à l’étude des relations entre la création du Faust de Valéry et les notes de son cours de poïétique donné pendant la Seconde Guerre. On y verra que les dilemmes de la fiducia politique et de la science moderne en cours d’élaboration dans ces deux chantiers d’écriture rejoignent l’hésitation prolongée dans son effort d’échapper aux contraintes fiduciaires et techniques de la vie moderne. Valéry souligne ainsi la nécessité de repenser le mythe de Faust en circulation dans le champ littéraire, et de bien réfléchir sur les monnaies, les effigies et les valeurs faustiennes en cours dans la communauté européenne.
Beauté baroque de Claude Gauvreau : les apories de l’esthétique exploréenne
Voix & Images, 2006
In order to understand the cognitive dimension of Claude Gauvreau's Beauté Baroque, the author suggests a new way of regrouping the Oeuvres créatrices complètes which takes into consideration the ambiguous position of the text with regards to the "exploréen" aesthetic. The four elements of the title ("beauty", "baroque", "novel" and "monistic") are analyzed in order to fully evaluate the fundamental polarisation that informs the possibilities; in other words, the insurmountable contradiction between the subject of writing and the absence of self. At the heart of this tension, the baroque is thus the site of the sublime where the subject is formed, simultaneously assuming both its unity and heterogeneity. * Texte révisé d'une communication lue au Congrès mondial du Conseil international d'études francophones à Strasbourg en juin 1992.
Rencontres vénitiennes : l’héritage esthétique de Gautier
Études littéraires, 2011
Gautier ne s’est pas empressé d’aller en Italie comme la plupart des romantiques ; il attend l’année 1850 pour se rendre dans ce pays qui, pour des raisons esthétiques, s’avérera devenir pour lui un lieu de pèlerinage. Sans doute, le retard de Gautier s’explique-t-il par un désir d’éviter la recréation dans Italia d’une certaine conception romantique du pays. Le regard de Gautier consiste en une appropriation de l’objet esthétique à travers la délectation de ses parties composantes, ses couleurs, ses aspects et ses contours. Ce mode de consommation optique transforme le réel en l’esthétique et détourne l’image littéraire de toute interprétation du banal.
Le bonheur comme vertu, ou la généalogie de Felix Aestheticus
Felix Aestheticus. Pour Herman Parret, 2023
(English bellow): Il s'agit d'une contribution au volume "Felix Aestheticus. Pour Herman Parret" publié par Peeters/ Leuven (Coll. La République des lettres, 74), ed. Sémir Badir, Vlad Ionescu, Nathalie Kremer. L'essai propose une généalogie de ce personnage conceptuel qu'Herman Parret a appelé - à partir d'une lecture attentive de l'esthétique d'A. Baumgarten - "Felix Aestheticus". Ce personnage résume le long projet esthétique d'Herman Parret concernant la promesse de bonheur qu'implique l'esthétique, la culture du toucher et du goût. L'essai soulève également des questions sur les défis culturels que ce "Felix Aestheticus" rencontre aujourd'hui. _________________________________________________________________________ This is a contribution to the volume "Felix Aestheticus. Pour Herman Parret" published by Peeters/ Leuven (Coll. La République des lettres, 74), ed. Sémir Badir, Vlad Ionescu, Nathalie Kremer. The essay proposes a genealogy of this conceptual character that Herman Parret called - starting from a careful reading of A. Baumgarten's aesthetics - "Felix Aestheticus". This character summarises Herman Parret's long aesthetic project concerning the promise of happiness that aesthetics entails, the culture of touch and taste. The essay also raises questions about the cultural challenges that this "Felix Aestheticus" encounters nowadays.
« Hélas ! » d’Antiochus : l’émergence d’une relation esthétique
Le français aujourd'hui, 2020
expériences, transmission » (LITEXTRA) « Hélas ! » cette célèbre interjection qui clôt Bérénice de Racine apparait comme l'expression de l'« intensité d'[une] déploration ultime » (Tamas 2018 : 81), « expression du cheminement solitaire des êtres pris dans des désirs et des passions qui ne peuvent être partagés » (Ibid.) ; il permet aussi de reconnaitre Antiochus comme appartenant à « cette communauté des coeurs sacrifiés » (Ibid. : 198). De ce soupir est né, dès le XVII e siècle, une querelle littéraire, querelle qui perdure aujourd'hui, même si cette dispute peut sembler très éloignée des débats des salles de classe. Même s'il s'agit de constats et d'analyses plus récurrents que récents, certains chercheurs comme J. Campbell estiment qu'enseigner Racine est devenu une mission impossible : « Racine has been exiled to a distant steppe visited only by the adventurous, or by "good" pupils more often than not in "good" schools » (1999 : 24). À sa suite, C. Machefer (2011) considère Racine comme « un auteur élitiste » : pour elle, les difficultés poétiques, langagières, dramaturgiques et culturelles de ses pièces constituent autant d'obstacles à la lecture pour les collégiens et les lycéens qui, dès lors, les rejettent et sont dans l'incapacité de tisser aucune relation esthétique avec elles. À rebours de ces analyses, l'objet de notre présente étude est de montrer comment, à partir d'un dispositif de lecture développant une lecture empathique d'une tragédie racinienne, une relation esthétique peut se mettre en place dans une classe de la banlieue lyonnaise. En effet, elle est « constitutive de la lecture des textes littéraires » selon C. Gabathuler (2016 : 13) qui appelle à faire de celle-ci un « objet d'enseignement à part entière » (Ibid. : 223). C'est dans sa continuité que nous nous plaçons aujourd'hui. Après avoir présenté notre cadre théorique, nous souhaitons observer, dans une approche longitudinale, comme celle-ci peut émerger dans une dialectique du singulier et du collectif. rticle on line rticle on line Le Français aujourd'hui n°210, « Approche analytiques des textes littéraires » Les cadres théoriques de l'étude La relation esthétique : une construction sociale Selon C. Gabathuler, la relation esthétique « se tisse, se construit entre un lecteur et l'oeuvre littéraire » (Ibid. : 223). Elle prend naissance dans l'intimité, mais, en classe, elle se coconstruit dans les interactions intersubjectives puisqu'elle est, selon elle, « avant tout éminemment sociale » (Ibid. : 223). En effet, à l'origine, l'individu émet une appréciation, définie à la suite de J.-M. Schaeffer comme un « état intentionnel » ou une évaluation qui se fait « à l'aune de valeurs propres à la communauté d'individus à laquelle l'élève appartient » (Ibid. : 54). Dans les interactions avec les pairs, les évaluations deviennent jugements, bases de la relation esthétique selon C. Gabathuler. Ils peuvent être de trois ordres : le jugement émotionnel (qui porte sur les effets psychoaffectifs produits sur le lecteur), le jugement éthique (qui porte sur le contenu) et le jugement esthétique (qui porte sur la forme de l'oeuvre). Une dialectique du singulier et du collectif 1. Dans cette classe, il y a six « cercles de personnage » : deux associés à Antiochus, deux associés à Bérénice et deux associés à Titus. Chacun est composé de cinq ou six élèves.
Plaisir et puissance “éthiques”: style simple et renaissance poétique
2018
Le “style simple” appartient dans la tradition classique a la hierarchie des genres rhetoriques. Mode oratoire le plus bas et le moins orne, il est decrit comme direct et subtil, faussement simple et facile d’abord. On l’oppose au style haut propre a la tragedie, a la harangue judiciaire ou a l’epopee. Ravive a la Renaissance, dans la lignee d’Erasme en particulier, il fit son entree paradoxale dans la poesie francaise avec Clement Marot, dont l’œuvre allie esprit gaulois et aspirations spirituelles. Les contemporains de ce Prince des poetes lui reconnaissaient l’art consomme du style simple ( genus humile latin). Joachim Du Bellay se l’appropria de maniere plus occasionnelle et conflictuelle. Humilite gracieuse, humiliation vertueuse : une etude en parallele revele que ces deux poetes inventent et legitiment un certain style simple poetique. Ils le font sur la foi d’un principe generateur : la grâce selon Marot, la vertu selon Du Bellay. La question est de savoir pourquoi et commen...