D’une Semaison à l’autre : contribution à une lecture des carnets de Philippe Jaccottet (original) (raw)

Écrire dans les décombres : Philippe Jaccottet, des cendres à la semaison

Nouveaux cahiers de Marge, 2022

I. Fragments de l'histoire contemporaine : Requiem, « L'Insurrection au-delà des chênaies », « Dans un tourbillon de neige » Le refus de nommer Abstraire la poésie des contingences historiques « Pleurer ne creuse pas de graves plaies » Sang et décombres II. L'histoire, dispersion du friable La poussière, décantation de l'éphémère « Comment chanterait-on sous ces pierres friables ? » « Fêter de la poussière allumée » III. Le chercheur de décombres La lumière dans les débris : le poète en glaneur Une feuille d'or, et quelques fossiles Conclusion AUTHOR'S NOTES Cet article est publié quatre ans après la communication qui le suscita, en 2018. Entre-temps, nous avons pu lire la thèse soutenue en 2019 par Ludivine Moulière, qui relève elle aussi le motif de la pulvérisation et l'importance des figures identificatoires du glaneur et du semeur, en lesquelles elle trouve pour sa part des modèles d'une poésie du vieillir. Nos approches sont différentes mais nous voulions souligner l'existence de ces travaux, ainsi que ceux d'Andreea-Flavia Bugiac, dont la thèse porte sur la sensibilité historique de Philippe Jaccottet.

Philippe Jaccottet : poésie, obstination d’un ton tendu vers l’autre

Philippe Jaccottet : poésie et altérité, 2018

Toutes les citations renvoient à cette édition (sauf si le titre cité n'y est pas inclus) : Philippe Jaccottet, OEuvres, édition établie par José-Flore Tappy, avec Hervé Ferrage, Doris Jakubek et Jean-Marc Sourdilon, Pléiade, Gallimard, 2014. Ce volume OEuvres sera abrégé ici sous la forme de la lettre O. Pour que les livres différents puissent être identifiés, les lettres initiales de leurs titres suivront la lettre O. Ainsi, par ordre d'apparition dans cet article :

Le paysage chez Philippe Jaccottet comme « cahier de verdure », lieu d’une habitation poetique du monde et de la langue

Paru aux é ditions Delarbre : http://www.marie-delarbre.fr/grignan.html - http://www.lelitteraire.com/?p=25909 « Je dois avoir un ancêtre qui s’appelle Rousseau, j’ai voulu relire Les Rêveries d’un promeneur solitaire, livre admirable mais dans lequel, au fond, Rousseau parle beaucoup de lui et très peu de la nature » déclarait Philippe Jaccottet en 1997. Malgré l’enracinement commun de leur écriture poétique et journalière au cœur de paysages naturels, la proportion des parts accordées au moi et à la nature les distingue très clairement. Le lecteur de Jaccottet le sait bien : le poète parle en ses recueils bien plus de la nature qu’il ne parle de lui-même, et aspire plus à faire parler la nature qu’il ne tente de parler lui-même. Sources, ruisseaux, rivières, montagnes, cerisiers, églantiers, cognassiers, pommiers, fleurs, cailloux, chats-huant, criquets, rossignols… la poésie de Jaccottet abrite un microcosme bruissant et animé, une nature loquace face à laquelle le « je » semble parfois demeurer taciturne ; l’élection qui l’attache à Grignan en 1953 fera de ces paysages qui s’offrent alors à lui le combustible essentiel à son écriture comme à sa vie poétique ; source d’inspiration, terre riche de fragments d’un âge d’or perdu, le paysage permet ainsi au poète d’éprouver son écriture par ses tentatives de (re)présentations, et son contact quotidien lui permet surtout de « vivre de telle manière que l’écrit naisse naturellement » (La Semaison) ; le paysage de Grignan, à la façon d’un attrape-rêve, filtrerait ainsi l’angoisse qui noue la gorge du poète pour lui permettre de s’abreuver enfin librement à la source de la Présence et de la vie. © Marie Delarbre Éditions Dépôt légal : octobre 2016 ISBN : 978-2-913351-33-2 ISSN collection : 1635-6373

Philippe Jaccottet : le souffle et le chant de l’absence

2007

Cet article traite de la problématique de l’absence et de sa figuration dans l’oeuvre de Philippe Jaccottet sous l’inspiration philosophique et psychanalytique, à partir du motif du souffle que le poète privilégie dans les années soixante, notamment dans quelques poèmes, notes et textes en prose. Le souffle comme principe animateur mis en valeur par la tradition mystique, religieuse et philosophique est doté d’une signification autre chez les poètes contemporains comme Jaccottet, Celan ou Du Bouchet : support inaperçu de la voix et de l’écriture, il donne forme au vide et au silence. Imperceptible et invisible, ce motif représente le cliché du sujet « je » en retrait sur la scène énonciative, voire celui de Dieu s’absentant du monde, condamnant les poètes au désoeuvrement. Il hante ces paysages avec figures absentes comme le spectre du Dieu de la religion et de la métaphysique. Dans les textes en prose, le souffle assure l’échange intime entre le corps du dedans et l’air ambiant, en...

Philippe Jaccottet et Olga Sedakova : une expérience d'une traduction vivante

La poésie à la deuxième moitié du XX e siècle devient un vrai laboratoire linguistique. Le travail poétique touche aux mécanismes de la langue, s'interroge sur ses conventions et sur sa capacité de signifier, part à l'exploration des modes signfiants. Cette quête rend les questions de traduction encore plus actuelles, essentielles pour la littérature : ce ne sont plus questions de goût, de stylistique ou d'esthétique, mais questions existentielles.

La poésie de Philippe Jaccottet : réparer l’absence, « à la frontière de Dieu »

Sophie Guermès, Quêtes littéraires nº 2, 2012 : Aux confins de l'absence

In 1961 Philippe Jaccottet wrote: "The best answer to all kinds of questions is the poem’s very absence of a response". In keeping with the elusive nature of the world, abandoned by the gods and by God, the poem remains mysterious, thus trans-lating as well as preserving the inexhaustible richness of Nature and human beings. So the poet not only accepts such a precarious situation, but learns from it. Nevertheless, when someone dear dies, the poet tends to deny the absence of the loved one and revolts against it, since there no longer are any signs of presence: merely incomprehensible absence. Yet he chooses to bear witness, even if he remains ignorant and weak. In effect, this is a duty: poetry provides a link which enables the separation to avoid becoming a definitive absence. Words are repairing shuttles.

D’un songe à l’autre. Analyse rhétorique (1R 3,1-15 et 9,1-9) », dans C. LICHTERT – D. NOCQUET (dir.), Le Roi Salomon. Un héritage en question. Hommage à Jacques Vermeylen (Le livre et le rouleau 33), Bruxelles, Lessius, 2008, 261-281.

2008

L’objectif de cette étude sera de mettre en évidence les éléments structurels des deux récits d’apparitions de YHWH à Salomon, chacun séparément, puis l’un mis en correspondance avec l’autre. « A Gabaôn, YHWH apparut à Salomon dans un songe […] ». La racine hălôm désigne le songe dans toutes ses manifestations, sans distinguer entre les expériences individuelles et les pratiques sociales.