Le grand entretien avec Dominique Boullier (original) (raw)
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Entretien avec Maurice Godelier
Le Portique Revue De Philosophie Et De Sciences Humaines, 2007
Anthropologue de réputation internationale, Maurice Godelier a vécu entre 1967 et 1988 parmi les Baruya, une tribu des hautes terres de la Nouvelle-Guinée à laquelle il a consacré de nombreuses enquêtes. Maurice Godelier a exploré plusieurs domaines essentiels de l'anthropologie dont, récemment, la distinction entre les choses que l'on donne, celles que l'on vend, et celle que l'on ne peut ni vendre ni donner. Une part importante de son activité de recherche reste surtout liée à la question de l'économie. C'est en 1966 qu'il publie aux éditions Maspero un ouvrage majeur consacré à cette question : Rationalité et irrationalité en économie. Ces travaux ont été prolongés dans la publication d'une série d'ouvrages dont : La production des Grands Hommes. Pouvoir et domination masculine chez les Baruya de
Rue Descartes, 2005
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Entretien avec Maryline Desbiolles
Revue Critique De Fixxion Francaise Contemporaine, 2014
Maryline Desbiolles, vous avez consacré, dans les six dernières années, deux livres à des peintres, tous deux publiés au Seuil dans la collection qui accueille la plupart de vos livres : le plus récent, sur Félix Vallotton, Vallotton est inadmissible, en septembre 2013, et Les draps du peintre en 2008, consacré à un artiste dont vous ne donnez jamais le nom mais que la jaquette révèle en reproduisant une oeuvre en couverture : Jean-Pierre Pincemin, peintre, graveur, sculpteur, membre, un temps, du groupe Support-Surface. Le livre offre d'ailleurs suffisamment d'indices biographiques-un ou deux titres d'oeuvres aussi, mais ils sont rares car beaucoup de ses oeuvres sont sans titres-pour que le lecteur curieux trouve de qui il s'agit. Et puisque j'en suis à parler de cette décision de ne pas nommer, peut-être pouvonsnous commencer l'entretien par elle. 2 Vous écrivez au début du récit : "Je n'écris pas encore son nom. Je l'écrirai quand j'aurai oublié que je l'ai connu. Plus je m'approcherai de lui, plus j'oublierai que je l'ai connu. Et peut-être même : plus je m'approcherai de lui, moins je le connaîtrai." Mais au début de la deuxième partie, vous concluez : "Je renonce à le nommer, je renonce à son nom si parlant qui eût permis des rapprochements, des glissements osés, qui eût donné des morceaux de bravoure, des mots d'esprit, de la drôlerie, des phrases savoureuses." Deux éléments très différents sont donc à l'origine de la rétention du nom. Dans le cadre d'un numéro de revue qui s'intéresse aux relations entre la fiction et le savoir, j'aimerais que vous me disiez ce qu'il en est exactement de cette décision. Dans toute monographie ou biographie d'artiste, on peut dire que tout commence par le nom propre, son absence est impossible. Conjointement, si l'on considère les essais personnels ou les proses imaginatives sur l'art et les artistes, on s'aperçoit que le nom est, là encore, indispensable, non plus comme simple référent mais comme porteur de représentations et vecteur de rêveries, d'associations sensibles ou historiques qui entraînent et inclinent le mouvement de l'écriture. Tout se passe donc comme si le rapport au nom dans ce livre de 2008 travaillait ces oppositions et ces ressemblances. Au contraire, votre livre sur Vallotton affiche en couverture ce nom, qui désigne à la fois l'homme et l'oeuvre. L'écart dans le traitement du nom, d'un livre à l'autre, serait-il significatif d'une divergence entre les deux projets d'écriture ? Maryline Desbiolles 3 Chaque livre est une aventure, sur laquelle pèsent les aventures des livres précédents, et qui en même temps est libérée par elles. Car, somme toute, il est question d'être à chaque fois un peu plus libre.
Une Conversation avec Jean Beaudrillard
Paroles Gelees, 1984
La conversation suivante a ete enregistree, en guise d'interview, sur mon magnetophone japonais, au tintement des glacons de mon verre de scotch et sous les yeux de Marilyn Monroe qui brillaient au mur. Le lieu etait 1'appartement un peu sombre de Jean Baudrillard, rue de Faidherbe, dans l'ancien quartier du Faubourg St. Antoine, pas loin des clous qui tracent sur la chaussee l'ancien emplacement de la Bastille. Je pensais, en arrivant dans le quartier, aux jours de la Revolution et comment Baudrillard, soixante-huitiemiste, etait l'iconoclaste des grandes causes et de l'Histoire, des revolutions bourgeoises ou marxistes et, en meme temps, l'heritier d'une tradition contestataire selon l'esprit et le langage des francais. Les « revolutions » aujourd'hui nous sont annoncees, souvent par ceux qui fabriquent les magnetophones japonais, le scotch, et les affiches des vedettes. La politique, comme Baudrillard insiste, est devenue fonction de consommation. La contiguite de 1'appartement de Baudrillard a la Bastille n'etait pas sans ironie, mais de cette ironie peut-etre dont Baudrillard parle, celle qui nous revele la reversibilite des choses. Si notre politique aujourd'hui est une affaire de consommation a la fois des choses et des signes, notre societe de consommation est-elle devenue simplement un processus hyper-complique 2 PAROLES GELEES de politique pour lequel il faut les analyses baudrillardiennes de la hyper-realite? Si c'est le cas, sa residence dans le Faubourg St. Antoine est symboliquement justifiee. Notre conversation a commence par l'annonce encore d'une revolution-dans l'informatique-et a fini par un souvenir de ces bonnets rouges qui ont lutte aussi contre des signes imposes. II y a une continuity historique dans cette lutte qu'on pourrait tracer a travers les preoccupations de langage et de symboles dans les revolutions « democratiques », le grand chapitre de Marx sur le fetichisme de la marchandise, et notre critique sociologique des signes que Baudrillard pratique de la facon la plus interessante. Somme toute, il est peut-etre aujourd'hui l'habitant le plus approprie au vieux quartier revolutionnaire du Faubourg St. Antoine. Je devrais quand meme ajouter qu'il pense demenager bientot. RM: Je voulais commencer par quelque chose de tres important dans notre vie culturelle-le fait divers. C'est en fait beaucoup plus qu'un fait divers, cette histoire du Minitel. Tu as vu a la tele ce documentaire sur le Minitel a Strasbourg? JB: Non. RM: Tu sais qu'on a donne cinq mille Minitels aux Strasbourgeois; puis quelqu'un a pirate le systeme si bien que beaucoup de gens se sont mis a communiquer par Minitel en se donnant des rendezvous , etablissant des contacts, et se renvoyant des obscenites. On en a fait beaucoup de bruit. II y avait l'autre jour un petit article dans Le Monde qui appelait ca une sorte de revolution, une revolution invisible dans la communication cybernetique.* Des milliers de gens passent la journee et la nuit a se renvoyer des obscenites. Tout ca est peut-etre un peu romance, mais ce qu'on voit la-dedans, c'est un desir de saisir la parole, de saisir le moyen de communication et en meme temps une sorte de suppression dans les medias, un detournement. JB: Et cela a eu lieu a Strasbourg, ce machin-la? RM: Oui. JB: Et cela a marche tres fort? RM: II semble. Les gens sont fascines par ca.
1999
Samedi 20 avril 1898, est mort a Roanne un Roannais qui honora son pays, monsieur Auguste Boullier. C’est ainsi que debute la necrologie d’Auguste Boullier, parue dans le Journal de Roanne du dimanche 5 mai 1898. La famille Boullier est d’origine modeste puisque le grand-pere paternel d’Auguste est epicier a Roanne, dans la rue des Minimes. Ensite, son pere Charles fait fortune dans le negoce du fer et acquiert un rang de notable dans la vie roannaise : depute de la Loire a l’assemblee Constituante de 1848, maire de Roanne du 12 octobre 1860 au 7 septembre 1870 (il organise la construction de l’actuel Hotel-de-Ville et des eglises Saint-Louis et Notre-Dame-des-Victoires), president du Tribunal de Commerce, president de la Chambre de Commerce. Charles Boullier installe sa position en achetant en 1851 sa residence campagnarde de Nandax. Il epouse Antoinette Bonnabaud qui appartient a la bourgeoisie marchande roannaise.
Autour de cette dédicace du tome II de Les phéniciens et l'Odyssée, par Victor Bérard Amicis carissimis Max Leclerc & Henri Bourrelier qui hoc corpus summa benignitate immo fraterno studio foverunt et ediderunt.
Grand Entretien avec Krikor Beledian
France Arménie, 2021
En ce début 2021, sont parus simultanément les actes du colloque de 2015 consacré à l’oeuvre de Krikor Beledian et la parution de son récit (Image/ Badguer) traduit de l’arménien par Sonia Bekmezian. A l’heure où le monde arménien vit de nouveaux bouleversements sans précédent depuis un siècle, l'écrivain de la Diaspora nous a accordé cet entretien exclusif.