« J’ai culpabilisé : est-ce que je suis trop payée ? » (original) (raw)
Propos recueillis par Emilie Brouze
Publié le 12 septembre 2024 à 10h00, mis à jour le 12 septembre 2024 à 10h49
« Ma culpabilité de ne pas être à la hauteur m’a conduite à m’autocensurer » (image d’illustration). STEPHANE ALLAMAN/SIPA
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Témoignage Léa, 35 ans, salariée dans une agence de communication à Paris, a le « syndrome de la bonne élève » qui se traduit entre autres par de nombreux doutes. Et quand il s’agit de négocier son salaire, elle voit bien qu’elle a bien moins d’audace que ses collègues masculins.
Pour aller plus loin
« Lors de ma deuxième expérience professionnelle, dans une agence de communication, j’étais extrêmement pressurisée. Ce n’était jamais assez. On me disait : “On ne te paie pas à faire que ça…” Une façon de me culpabiliser, alors même que ma rémunération était en dessous des standards, et que les résultats étaient au rendez-vous.
Après cette expérience, j’ai perdu confiance en moi. J’ai été embauchée dans une autre agence, où je n’ai pas osé négocier mon salaire. Je me sous-estimais, convaincue que je n’étais pas capable de faire mieux : ma culpabilité de ne pas être à la hauteur m’a conduite à m’autocensurer. Alors que mes collègues masculins, eux, n’avaient pas peur de négocier. Et que je bossais énormément.
Lorsque j’ai été embauchée dans mon entreprise actuelle, j’ai enfin réussi à demander un salaire correspondant à ce qui se fait dans le secteur. Au début, j’ai encore culpabilisé : est-ce que je suis trop payée ?
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J’ai le syndrome de la bonne élève, je cherche toujours à faire du mieux que je peux et je doute beaucoup. Le cadre familial m’a façonnée : aînée de la fratrie, je suis la seule fille de la famille, celle qui a concentré toutes les attentes. Je n’avais pas intérêt à me foirer ! Avec le temps, j’ai appris à faire taire ma culpabilité. Ça a été un long apprentissage, le fruit d’un travail sur moi qui me permet d’identifier les leviers qui sont activés lorsque ma petite voix intérieure me culpabilise. »
La culpabilité au travail en 4 témoignages
Culpabilité de ne pas assez en faire, de ne pas être à la hauteur, de prendre un arrêt maladie... Difficile d’échapper à cetteémotionau travail, a fortiori quand on est une femme, la sphère professionnelle étant encore construite autour de la figure d’un travailleur sans contrainte familiale (un homme).
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