Pierre Rusch | Université Paris Dauphine - PSL (original) (raw)
Papers by Pierre Rusch
Résumé : Jean Paulhan s’est fait une spécialité d’un étonnement très peu naïf devant les énigmes ... more Résumé : Jean Paulhan s’est fait une spécialité d’un étonnement très peu naïf devant les énigmes communes de l’existence. Il détecte notamment dans la vie quotidienne une conscience aiguë des rapports entre les signes et les choses, ainsi qu’une remarquable capacité à les maîtriser. En prolongeant ces intuitions élémentaires, il retrouve au cœur du quotidien les germes d’une morale, d’une esthétique, d’une méthode intellectuelle, d’une métaphysique, peut-être même d’une authentique religiosité.
Une vertu de la civilisation est de nous épargner les occasions de manifester la sauvagerie intac... more Une vertu de la civilisation est de nous épargner les occasions de manifester la sauvagerie intacte de nos instincts. Rares sont désormais les situations dans lesquelles tuer nos semblables pourrait directement augmenter nos propres chances de survie. Mais sommes-nous réellement devenus si humains que nous partagerions, le cas échéant, les ressources ou l'espace disponibles, et renoncerions à nous préférer ? Pourquoi tenir compte du poids mort des vieillards et des nourrissons ? Et ce passager clandestin, qui ne devrait même pas être là ? Sans parler de survie : ne sacrifierions-nous pas encore et toujours Iphigénie à notre gloire ? Femme et enfants à notre réussite professionnelle, voire seulement à l'image que nous chérissons de nous-mêmes ? Bien sûr : nous le faisons tous les jours, de même que les passagers clandestins sont tous les jours rejetés à la mer. Mais nous confions à d'autres le soin de délester le radeau. Nous le ferions pour gagner un jour de vie ou un signe de reconnaissance – d'autant plus volontiers pour acquérir l'immortalité. Dans ses études sur l'art paléolithique, Max Raphael identifie une constellation remarquable. Il suppose qu'une grande partie des figures gravées ou peintes dans les cavernes sont étroitement liées aux croyances palingénésiques des hommes préhistoriques. Comme le soleil et la lune, comme la nature au printemps, comme le grand ours au sortir de l'hibernation, l'homme meurt et renaît.
Cahiers philosophiques, 2010
On ne me le pardonnera pas : moi, qui ne crois pas à la Création, j'en comprends encore l'idée po... more On ne me le pardonnera pas : moi, qui ne crois pas à la Création, j'en comprends encore l'idée pour l'avoir jadis "produite" sous mes yeux dans la chambre noire. Depuis, je peux au moins pressentir comment naissent les concepts 1 . » L'historiographie des idées, chez Hans Blumenberg, acquiert son statut philosophique en intégrant une réflexion sur les conditions d'apparition du nouveau dans la pensée et la pratique humaines. C'est manifestement le cas pour les grands ouvrages consacrés à la naissance de la modernité (La Légitimité des Temps modernes, La Genèse du monde copernicien 2 ). Mais les monographies métaphorologiques (La Lisibilité du monde, Sorties de caverne, Le Souci traverse le fleuve, Naufrage avec spectateur) gravitent autour du même noyau. La question est toujours : comment passe-t-on d'un paradigme à l'autre, comment se retrouve-t-on soudain (mais ce n'est pas le passage, c'est la découverte qui est soudaine) dans un paysage changé ? Divers modèles ont été avancés : accumulation, évolution, différenciation, ou au contraire éternelle reproduction. Quelle serait à cet égard la proposition blumenbergienne ? J'ai esquissé ailleurs 3 quelques pistes, concernant principalement La Légitimité des Temps modernes. Mais il peut être instructif, dans cette perspective, de revenir sur des textes plus anciens (et de dimensions plus modestes), où Blumenberg tente de décrire un tel changement de paradigme sur l'idée même de « création » -plus exactement, sur la revendication moderne du pouvoir créateur de l'homme. Il s'agit des articles « Imitation de la nature. Sur la préhistoire de l'idée de l'homme créateur » et « Concept de réalité et possibilité du roman » 4 ,
Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique, 2014
This article appeared in a journal published by Elsevier. The attached copy is furnished to the a... more This article appeared in a journal published by Elsevier. The attached copy is furnished to the author for internal non-commercial research and education use, including for instruction at the authors institution and sharing with colleagues.
La modernité se présente volontiers comme une tentative pour sauver la singularitéempirique, phén... more La modernité se présente volontiers comme une tentative pour sauver la singularitéempirique, phénoménale ou subjectivecontre les mauvais universaux de la tradition ou de l'habitude collective. Mais elle n'est pas forcément prête à assumer les conséquences d'un strict nominalisme, qui risque de l'entraîner où elle ne veut pas aller. La détermination d'un nouveau point d'équilibre entre la réalité singulière de l'oeuvre et les catégories qu'elle mobilise constitue un aspect primordial de l'invention artistique, et un contenu central de sa théorisation. Les écrits de Carl Einstein offrent à cet égard une riche matière: il fréquentait trop les ateliers, pour qu'aucune tentation spéculative pût jamais lui faire oublier la nécessaire fidélité aux oeuvres. Et il était trop profondément théoricien pour jamais s'enfermer dans leur description et renoncer à rendre compte de ses préférences.
Actuel Marx, 2009
par Pierre RUSCH L'oeuvre d'art pose, éminemment, la question de la temporalité de l'invention hu... more par Pierre RUSCH L'oeuvre d'art pose, éminemment, la question de la temporalité de l'invention humaine. L'oeuvre dure : pas seulement l'objet matériel, mais l'idée qu'elle figure. Si elle n'a pas de subsistance propre, on la répète, et le rite prend la même valeur d'éternité que la sculpture de granit -et que la montagne pardessus. « L'heure était propice à répéter sans trêve, afin de n'en pas omettre un mot, les beaux parlers originels : où s'enferment, assurent les maîtres, l'éclosion des mondes, la naissance des étoiles, le façonnage des vivants, les ruts et les monstrueux labeurs des dieux maori. Et c'est affaire aux promeneursdenuit, aux haèrépo à la mémoire longue, de se livrer, d'autel en autel et de sacrificateur à disciple, les histoires premières et les gestes qui ne doivent pas mourir » 1 . Même l'objet technique, utilitaire, ne se périme pas tant qu'on le croit : l'outil et la machine gardent leur puissance évocatoire longtemps après que l'usage s'en est perdu. Nous sommes requis par tout ce que l'homme a fait, sitôt que se dissipe le brouillard de l'habitude. Il ne s'agit pas là d'une disposition subjective, mais d'un mode d'être des objets, dont les oeuvres d'art témoignent plus que tout autre. L'esthétique doit s'interroger sur cette action de l'oeuvre dans (et sur) le temps, elle doit éclairer la structure ontologique qu'elle présuppose : cette même structure qui, nouant survivances, traditions, imagination, fait résonner le passé dans l'objet actuel. La résilience des oeuvres suggère l'idée de la permanence du genre humain, elle lui donne un support matériel. Elle supprime entre les époques l'étrangeté, sans abolir les différences. De toute évidence, le temps reste toujours en course. Des matériaux, des formes, des contenus différents sont apparus. D'anciens ont peutêtre disparu. De quel homme la succession des oeuvres projettetelle l'image ? Marx s'est une fois aventuré sur ce terrain, sans bonheur : l'épopée grecque comme expression d'une « enfance normale » de l'humanité, merveilleux moment d'équilibre entre l'état réel de la société et l'image qu'elle se fait du monde. C'est aller contre le témoignage criant de l'expérience esthétique. L'art archaïque n'est pas une promesse : l'éblouissement et le mystère de la mise en forme symbolique du monde sont donnés là tout entiers, dès le départ. La fuite même du sens ne nous rend pas les oeuvres plus étrangères. Plus loin encore que les récits homériques, les peintures et les gravures paléolithiques, les agencements de mégalithes, les mythes originels exercent une fascination où le charme du 1 V. Segalen, Les Immémoriaux, in OEuvres Complètes I, Paris, Robert Laffont (coll. Bouquins), p. 107.
Vingtieme Siecle-revue D Histoire, 1991
Je suis fasciste parce que j'ai mesuré le progrès de la décadence en Europe. J'ai vu dans le fasc... more Je suis fasciste parce que j'ai mesuré le progrès de la décadence en Europe. J'ai vu dans le fascisme le seul moyen de contenir et de réduire cette décadence 1 . » Drieu la Rochelle « …l'ambiguïté de l'époque. La trahison des hommes résulte le plus souvent de leur déception à l'égard d'un pays trop disloqué, trop incertain, pour satisfaire à leurs voeux de fraternité. Un traître est avant tout l'enfant d'un pays en désaccord. » Robert Aron 2 La trahison présente de nombreux visages. On trouverait pour une « histoire universelle de la trahison » des exemples à foison, jusque dans la Bible. L'Antiquité, si l'on veut bien donner au terme « intellectuel » une extension aussi anachronique, livre des noms comme Alcibiade, l'homme d'État athénien, ou Flavius Josèphe, l'historien juif, tous deux passés à l'ennemi. La trahison joue un rôle central dans les grandes épopées du 1 Pierre Drieu la Rochelle, « Bilan », in NRF, n° 58, janvier 1943, p. 105. 2 Robert Aron, Le piège où nous a pris l'histoire, Paris, 1950. 1 Moyen Âge, à partir desquelles se forgèrent au XIXème siècle nos mythologies nationales : la chanson des Nibelungen en Allemagne et la chanson de Roland en France 3 . À la fin de celleci, l'exécution du traître Ganelon est commentée par ce vers : « Quiconque trahit se perd, et les autres avec lui. » L'auréole de martyr du fidèle Roland brille d'un éclat d'autant plus vif.
2015/2 by Pierre Rusch
ABSTRACT - This study maintains that metaphorology corresponds to an archaeology of the history ... more ABSTRACT - This study maintains that metaphorology corresponds to an archaeology of the history of concepts. Setting out from a reconstruction of the debates throughout the history of concepts in Germany, the aim is to clarify this archaeological project in which metaphorology and history of concepts are inseparable and then to give an account of Blumenberg’s philosophy of history.
RÉSUMÉ - Cette étude soutient que la métaphorologie correspond à une archéologie de l’histoire des concepts. Partant d’une reconstruction des débats qui traversent l’histoire allemande des concepts, il s’agit d’abord de préciser ce projet archéologique dans lequel métaphorologie et histoire conceptuelle sont inséparables pour thématiser ensuite la philosophie de l’histoire de Blumenberg.
Books by Pierre Rusch
Théoricien de premier plan, Georges Lukacs (1885-1971) laisse une série d'oeuvres emblématiques, ... more Théoricien de premier plan, Georges Lukacs (1885-1971) laisse une série d'oeuvres emblématiques, dont La Théorie du roman. Le colloque réuni à Budapest en 2010, dont cet ouvrage est issu, a voulu examiner son oeuvre sous l'angle de son actualité pour nous aujourd'hui. Dans le domaine de l'éthique comme dans l'esthétique, dans la politique et la théorie sociale comme dans l'ontologie, Lukacs a laissé des traces durables et décisives.
Résumé : Jean Paulhan s’est fait une spécialité d’un étonnement très peu naïf devant les énigmes ... more Résumé : Jean Paulhan s’est fait une spécialité d’un étonnement très peu naïf devant les énigmes communes de l’existence. Il détecte notamment dans la vie quotidienne une conscience aiguë des rapports entre les signes et les choses, ainsi qu’une remarquable capacité à les maîtriser. En prolongeant ces intuitions élémentaires, il retrouve au cœur du quotidien les germes d’une morale, d’une esthétique, d’une méthode intellectuelle, d’une métaphysique, peut-être même d’une authentique religiosité.
Une vertu de la civilisation est de nous épargner les occasions de manifester la sauvagerie intac... more Une vertu de la civilisation est de nous épargner les occasions de manifester la sauvagerie intacte de nos instincts. Rares sont désormais les situations dans lesquelles tuer nos semblables pourrait directement augmenter nos propres chances de survie. Mais sommes-nous réellement devenus si humains que nous partagerions, le cas échéant, les ressources ou l'espace disponibles, et renoncerions à nous préférer ? Pourquoi tenir compte du poids mort des vieillards et des nourrissons ? Et ce passager clandestin, qui ne devrait même pas être là ? Sans parler de survie : ne sacrifierions-nous pas encore et toujours Iphigénie à notre gloire ? Femme et enfants à notre réussite professionnelle, voire seulement à l'image que nous chérissons de nous-mêmes ? Bien sûr : nous le faisons tous les jours, de même que les passagers clandestins sont tous les jours rejetés à la mer. Mais nous confions à d'autres le soin de délester le radeau. Nous le ferions pour gagner un jour de vie ou un signe de reconnaissance – d'autant plus volontiers pour acquérir l'immortalité. Dans ses études sur l'art paléolithique, Max Raphael identifie une constellation remarquable. Il suppose qu'une grande partie des figures gravées ou peintes dans les cavernes sont étroitement liées aux croyances palingénésiques des hommes préhistoriques. Comme le soleil et la lune, comme la nature au printemps, comme le grand ours au sortir de l'hibernation, l'homme meurt et renaît.
Cahiers philosophiques, 2010
On ne me le pardonnera pas : moi, qui ne crois pas à la Création, j'en comprends encore l'idée po... more On ne me le pardonnera pas : moi, qui ne crois pas à la Création, j'en comprends encore l'idée pour l'avoir jadis "produite" sous mes yeux dans la chambre noire. Depuis, je peux au moins pressentir comment naissent les concepts 1 . » L'historiographie des idées, chez Hans Blumenberg, acquiert son statut philosophique en intégrant une réflexion sur les conditions d'apparition du nouveau dans la pensée et la pratique humaines. C'est manifestement le cas pour les grands ouvrages consacrés à la naissance de la modernité (La Légitimité des Temps modernes, La Genèse du monde copernicien 2 ). Mais les monographies métaphorologiques (La Lisibilité du monde, Sorties de caverne, Le Souci traverse le fleuve, Naufrage avec spectateur) gravitent autour du même noyau. La question est toujours : comment passe-t-on d'un paradigme à l'autre, comment se retrouve-t-on soudain (mais ce n'est pas le passage, c'est la découverte qui est soudaine) dans un paysage changé ? Divers modèles ont été avancés : accumulation, évolution, différenciation, ou au contraire éternelle reproduction. Quelle serait à cet égard la proposition blumenbergienne ? J'ai esquissé ailleurs 3 quelques pistes, concernant principalement La Légitimité des Temps modernes. Mais il peut être instructif, dans cette perspective, de revenir sur des textes plus anciens (et de dimensions plus modestes), où Blumenberg tente de décrire un tel changement de paradigme sur l'idée même de « création » -plus exactement, sur la revendication moderne du pouvoir créateur de l'homme. Il s'agit des articles « Imitation de la nature. Sur la préhistoire de l'idée de l'homme créateur » et « Concept de réalité et possibilité du roman » 4 ,
Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique, 2014
This article appeared in a journal published by Elsevier. The attached copy is furnished to the a... more This article appeared in a journal published by Elsevier. The attached copy is furnished to the author for internal non-commercial research and education use, including for instruction at the authors institution and sharing with colleagues.
La modernité se présente volontiers comme une tentative pour sauver la singularitéempirique, phén... more La modernité se présente volontiers comme une tentative pour sauver la singularitéempirique, phénoménale ou subjectivecontre les mauvais universaux de la tradition ou de l'habitude collective. Mais elle n'est pas forcément prête à assumer les conséquences d'un strict nominalisme, qui risque de l'entraîner où elle ne veut pas aller. La détermination d'un nouveau point d'équilibre entre la réalité singulière de l'oeuvre et les catégories qu'elle mobilise constitue un aspect primordial de l'invention artistique, et un contenu central de sa théorisation. Les écrits de Carl Einstein offrent à cet égard une riche matière: il fréquentait trop les ateliers, pour qu'aucune tentation spéculative pût jamais lui faire oublier la nécessaire fidélité aux oeuvres. Et il était trop profondément théoricien pour jamais s'enfermer dans leur description et renoncer à rendre compte de ses préférences.
Actuel Marx, 2009
par Pierre RUSCH L'oeuvre d'art pose, éminemment, la question de la temporalité de l'invention hu... more par Pierre RUSCH L'oeuvre d'art pose, éminemment, la question de la temporalité de l'invention humaine. L'oeuvre dure : pas seulement l'objet matériel, mais l'idée qu'elle figure. Si elle n'a pas de subsistance propre, on la répète, et le rite prend la même valeur d'éternité que la sculpture de granit -et que la montagne pardessus. « L'heure était propice à répéter sans trêve, afin de n'en pas omettre un mot, les beaux parlers originels : où s'enferment, assurent les maîtres, l'éclosion des mondes, la naissance des étoiles, le façonnage des vivants, les ruts et les monstrueux labeurs des dieux maori. Et c'est affaire aux promeneursdenuit, aux haèrépo à la mémoire longue, de se livrer, d'autel en autel et de sacrificateur à disciple, les histoires premières et les gestes qui ne doivent pas mourir » 1 . Même l'objet technique, utilitaire, ne se périme pas tant qu'on le croit : l'outil et la machine gardent leur puissance évocatoire longtemps après que l'usage s'en est perdu. Nous sommes requis par tout ce que l'homme a fait, sitôt que se dissipe le brouillard de l'habitude. Il ne s'agit pas là d'une disposition subjective, mais d'un mode d'être des objets, dont les oeuvres d'art témoignent plus que tout autre. L'esthétique doit s'interroger sur cette action de l'oeuvre dans (et sur) le temps, elle doit éclairer la structure ontologique qu'elle présuppose : cette même structure qui, nouant survivances, traditions, imagination, fait résonner le passé dans l'objet actuel. La résilience des oeuvres suggère l'idée de la permanence du genre humain, elle lui donne un support matériel. Elle supprime entre les époques l'étrangeté, sans abolir les différences. De toute évidence, le temps reste toujours en course. Des matériaux, des formes, des contenus différents sont apparus. D'anciens ont peutêtre disparu. De quel homme la succession des oeuvres projettetelle l'image ? Marx s'est une fois aventuré sur ce terrain, sans bonheur : l'épopée grecque comme expression d'une « enfance normale » de l'humanité, merveilleux moment d'équilibre entre l'état réel de la société et l'image qu'elle se fait du monde. C'est aller contre le témoignage criant de l'expérience esthétique. L'art archaïque n'est pas une promesse : l'éblouissement et le mystère de la mise en forme symbolique du monde sont donnés là tout entiers, dès le départ. La fuite même du sens ne nous rend pas les oeuvres plus étrangères. Plus loin encore que les récits homériques, les peintures et les gravures paléolithiques, les agencements de mégalithes, les mythes originels exercent une fascination où le charme du 1 V. Segalen, Les Immémoriaux, in OEuvres Complètes I, Paris, Robert Laffont (coll. Bouquins), p. 107.
Vingtieme Siecle-revue D Histoire, 1991
Je suis fasciste parce que j'ai mesuré le progrès de la décadence en Europe. J'ai vu dans le fasc... more Je suis fasciste parce que j'ai mesuré le progrès de la décadence en Europe. J'ai vu dans le fascisme le seul moyen de contenir et de réduire cette décadence 1 . » Drieu la Rochelle « …l'ambiguïté de l'époque. La trahison des hommes résulte le plus souvent de leur déception à l'égard d'un pays trop disloqué, trop incertain, pour satisfaire à leurs voeux de fraternité. Un traître est avant tout l'enfant d'un pays en désaccord. » Robert Aron 2 La trahison présente de nombreux visages. On trouverait pour une « histoire universelle de la trahison » des exemples à foison, jusque dans la Bible. L'Antiquité, si l'on veut bien donner au terme « intellectuel » une extension aussi anachronique, livre des noms comme Alcibiade, l'homme d'État athénien, ou Flavius Josèphe, l'historien juif, tous deux passés à l'ennemi. La trahison joue un rôle central dans les grandes épopées du 1 Pierre Drieu la Rochelle, « Bilan », in NRF, n° 58, janvier 1943, p. 105. 2 Robert Aron, Le piège où nous a pris l'histoire, Paris, 1950. 1 Moyen Âge, à partir desquelles se forgèrent au XIXème siècle nos mythologies nationales : la chanson des Nibelungen en Allemagne et la chanson de Roland en France 3 . À la fin de celleci, l'exécution du traître Ganelon est commentée par ce vers : « Quiconque trahit se perd, et les autres avec lui. » L'auréole de martyr du fidèle Roland brille d'un éclat d'autant plus vif.
ABSTRACT - This study maintains that metaphorology corresponds to an archaeology of the history ... more ABSTRACT - This study maintains that metaphorology corresponds to an archaeology of the history of concepts. Setting out from a reconstruction of the debates throughout the history of concepts in Germany, the aim is to clarify this archaeological project in which metaphorology and history of concepts are inseparable and then to give an account of Blumenberg’s philosophy of history.
RÉSUMÉ - Cette étude soutient que la métaphorologie correspond à une archéologie de l’histoire des concepts. Partant d’une reconstruction des débats qui traversent l’histoire allemande des concepts, il s’agit d’abord de préciser ce projet archéologique dans lequel métaphorologie et histoire conceptuelle sont inséparables pour thématiser ensuite la philosophie de l’histoire de Blumenberg.
Théoricien de premier plan, Georges Lukacs (1885-1971) laisse une série d'oeuvres emblématiques, ... more Théoricien de premier plan, Georges Lukacs (1885-1971) laisse une série d'oeuvres emblématiques, dont La Théorie du roman. Le colloque réuni à Budapest en 2010, dont cet ouvrage est issu, a voulu examiner son oeuvre sous l'angle de son actualité pour nous aujourd'hui. Dans le domaine de l'éthique comme dans l'esthétique, dans la politique et la théorie sociale comme dans l'ontologie, Lukacs a laissé des traces durables et décisives.