Claude PEREZ | Aix-Marseille Université (original) (raw)
Papers by Claude PEREZ
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Jun 1, 2018
Versants, Oct 19, 2017
Reproduction et traduction, même partielles, interdites. Tous droits réservés pour tous les pays.
Revue critique de fixxion française contemporaine, Dec 15, 2015
On entend souvent dans Soumission (comme dans beaucoup de romans de Houellebecq) une tonalité ass... more On entend souvent dans Soumission (comme dans beaucoup de romans de Houellebecq) une tonalité assertive, didactique, sentencieuse. Le personnage-narrateur peut bien faire état à l'occasion d'un "doute généralisé" 1 , son langage n'est pas celui d'un sceptique. Il multiplie les assertions de vérité, les abstractions généralisantes, les thèses tantôt triviales et tantôt provocantes, sur un ton d'évidence lassée : "Tel est le cas, dans nos sociétés encore occidentales et social-démocrates..." (11); "le vieillissement chez l'homme n'altère que très lentement son potentiel érotique, alors que chez la femme l'effondrement se produit avec une brutalité stupéfiante..." (24). La confusion règne, bien sûr ; la Vérité est hors d'atteinte (même si, d'une certaine façon, le roman fait mine de raconter son retour); mais les "vérités" pullulent, comme des mouches. Comme des mouches -ou comme des choses. Les vérités, comme chez ces positivistes dont Houellebecq se réclame parfois, sont des choses, ou comme des choses. Une vérité, chez lui, ne constitue pas une promesse, ne laisse pas entrevoir un avenir. Elle termine ; elle clôt ; elle met fin à la discussion. Elle est toujours une réduction ; elle jouit d'être une réduction. Ainsi : "elle avait légèrement écarté les cuisses, c'était le langage du corps ça, on était dans le réel" (42). Ou encore : cette relation "n'était que l'application d'un modèle" (20) ; "l'amour chez l'homme n'est rien d'autre que la reconnaissance pour le plaisir donné" (39) ; le système électif "n'était guère plus que le partage du pouvoir entre gangs rivaux" (50). Rien d'autre que... La vérité est, comme disait Renan, toujours triste. Aucun apophatisme chez Houellebecq ; pas non plus de relativisme. Ses narrateurs ne peuvent pas grand-chose, mais ils ont lu des sociologues, des psychologues, ou les abrégés qu'en font les journaux. Ils citent Nietzsche, Sun Tzu, Cyrulnik, Clausewitz. Sur le point d'appeler une escort, c'est "l'obscure notion kantienne de devoir envers soi" (196) qui se présente à leur esprit. Tentés par le suicide, ils ne parlent pas de "la dégradation de la vie", mais de "la dégradation de 'la somme des fonctions qui résistent à la mort' dont parle Bichat" (207). C'est faire le savant à peu de frais ; c'est aussi installer entre le sujet et le monde un rapport constamment abstrait, privé de toute fraîcheur et de toute immédiateté. C'est une vieille idée que l'intellect ne connaît pas les singuliers. Et de fait, il n'y a guère de singuliers dans Soumission. Aurélie ou Sandra, Chloé ou Violaine, n'importe : les "conclusions" qu'on tire de leur fréquentation sont identiques (21). Tout est pris dans des séries ; tous sont pris dans des séries. L'existence individuelle est une "brève illusion" (127). Triomphe de la sociologie. Les personnages de Houellebecq logent entièrement dans les statistiques. D'où suit qu'il n'y a pas d'autrui, ou à peine. L'unique véritable objet du narrateur, lui-même mis à part, c'est "la société". On comprend que le sensible n'est pas à la fête, même quand son irruption paraissait aller de soi. Ainsi, les rêveries érotiques du promeneur mâle dans Paris sont décrites comme "la détection des cuisses de femmes, la projection mentale reconstruisant la chatte à leur intersection, processus dont le pouvoir d'excitation est directement proportionnel à la longueur des jambes dénudées" (177). Description qu'on croirait faite exprès pour désamorcer "l'excitation" qu'elle mentionne. Ailleurs, quelques coïts
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2015
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2007
Je voudrais essayer non pas seulement de faire une communication sur Caillois, mais de prendre ap... more Je voudrais essayer non pas seulement de faire une communication sur Caillois, mais de prendre appui sur cet auteur, sur quelques textes de cet auteur, pour contribuer à la réflexion commune sur les rapports et les échanges entre littérature et sociologie. Si j'ai pensé à lui, c'est bien entendu parce que, comme d'autres, il est regardé à la fois comme un artiste, un homme de lettres, et comme un sociologue. Il passe pour appartenir à l'un et à l'autre domaine ; ses livres peuvent être un objet d'études pour les littéraires et pour les sociologues. On ne doit pas se cacher pourtant que la symétrie suggérée par la coordination est trompeuse. Caillois est peut-être l'un et l'autre : il ne l'est pas également. Ce sont les littéraires qui aujourd'hui s'intéressent à lui ; ce sont les thèses de littérature qui citent L'Homme et le Sacré ; Starobinski, Hollier, Jenny, etc. qui le commentent. Les sociologues sont plus discrets. Je me souviens d'un vieux Panorama des idées contemporaines de Picon (1968) qui citait une page de L'Homme et le Sacré sous la rubrique Sciences sociales, côte à côte avec des textes de Lévi-Strauss, Raymond Aron, Raymond Barre… Plus récemment, toutefois, dans son édition de 1984, le Robert des noms propres donne Caillois comme « essayiste » : ce qui n'est pas le terme retenu pour Alain Touraine. Les panoramas, les manuels, les histoires et les dictionnaires de sociologie récents que j'ai consultés (sans autre prétention que de donner un coup de sonde) font à Caillois une certaine place : ils ne la font pas toujours (par exemple le Traité de sociologie de Boudon ne mentionne pas du tout Caillois, pas même au chapitre Religion) ils ne la font pas très grande, ils la font parfois. Un ouvrage d'initiation dans la collection Grand Amphi, chez Bréal, comporte une référence à Caillois. L'ouvrage Ethnologie-Anthropologie de Ph. Laburthe-Tolra et Jean-Pierre Warnier (PUF) en comporte deux ; la bibliographie mentionne Les Jeux et les Hommes et L'Homme et le Sacré. D'une manière générale, ces deux livres m'ont paru être les plus cités, en particulier le dernier. L'article « sacré » de l'Universalis (éd. 1995) lui consacre un paragraphe : c'est un paragraphe sévère où Dominique Casajus accuse Caillois d'avoir fait un contresens sur Durkheim, et de construire une idée du sacré qui a plus à voir avec « les nostalgies de l'auteur » qu'avec une « réalité sociologique clairement établie » ; pour finir, il enchaîne ainsi : « L'idée du sacré réapparaît sous une forme plus savante […] chez l'anthropologue américain Turner ». On s'en doutait : pour certains sociologues au moins, Caillois n'est pas un auteur sérieux 1 . Même Michel Maffesoli, qu'on pourrait imaginer mieux disposé à son égard, et qui a contribué à un volume collectif 1 Je note encore que Marcel Gauchet, dans Le Désenchantement du monde, mentionne la plupart des auteurs mentionnés par Caillois, de Rudolf Otto à Durkheim ; mais de Caillois lui-même, sauf erreur, pas un mot. Je note aussi que Giorgio Agamben se montre très sévère avec la théorie cailloisienne de la réversibilité du sacré, qui ne peut plus, dit-il, nous servir à rien. Je note enfin que Caillois est absent de la bibliographie et de la réflexion du récent numéro 22, 2° sem. 2003, de la Revue du MAUSS (Mouvement anti-utilitariste en sciences sociales) intitulé « Qu'est-ce que le religieux ? », où pourtant la question du sacré est explicitement abordée par des sociologues qui se réclament de celui qui fut le maître de Caillois. Je remercie Alain Guillemin, de l'Université de Provence, qui a bien voulu confirmer mon sentiment de non-spécialiste touchant le jugement porté par la corporation des sociologues et des anthropologues.
Commentaire, May 25, 2022
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Jun 1, 2011
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2019
Lecture et sidération Actualité/inactualité de l'ekplexis Je lis, sous la plume de Gracq, ceci: P... more Lecture et sidération Actualité/inactualité de l'ekplexis Je lis, sous la plume de Gracq, ceci: Puissances de Claudel : je me souviens d'un jour où, tournant le bouton de la radio en quête d'un poste, j'entendis sortir de l'appareil la voix d'une actrice qui disait le passage de l'Échange sur le théâtre, Il y a la scène, et il y a la salle, et ne sachant encore de quoi au juste il retournait car je n'avais pas lu la pièce, je restai complètement coi et stupide, comme un lapin qu'on soulève de terre par les oreilles 1 . Je commence avec ce récit : avec le mélange d'amusement, de curiosité, de sympathie et de réserve aussi qu'il suscite, ou peut susciter, chez le lecteur contemporain. Curiosité, parce qu'un événement de ce genre n'est pas si courant. Sympathie, parce que pour des professionnels de la lecture dont les yeux ont couru sur tant de textes indifférents, une telle expérience paraît forcément désirable. Réticence aussi, pourtant : à la puissance (ou surpuissance) qui se marque ici, répond souvent aujourd'hui un mouvement plus ou moins marqué de recul et de retrait. On se méfie souvent aujourd'hui de ces auteurs dont l'autorité réduit au silence le lecteur, le laisse « coi et stupide », fait de lui une proie. Ce qui se produit dans le récit de Gracq, nos théories de la lecture n'en disent d'ordinaire pas grand-chose. Elles ne prêtent aucune attention à ces micro événements, leur « lecteur idéal » ne s'y confronte jamais. Jadis, pourtant, la rhétorique, plus attentive au lecteur ou à l'auditeur empirique, mais aussi la philosophie, ont prêté attention à des phénomènes de ce genre. Elles ont eu un nom pour eux. Ce que rapporte Gracq, elles l'auraient nommé en latin stupor (dans quoi on reconnaît le stupide du fragment cité) et en grec ekplexis. Le grec ekplexis dérive d'un verbe qui s'emploie pour dire l'action de la foudre, frapper. Le dictionnaire Bailly le définit : « étonnement produit pas un coup ». Dans son acception rhétorique, ou poéticienne, il se rencontre chez Aristote, Plutarque, Longin, Plotin, Porphyre... Il désigne alors la fin que le poème veut atteindre, ou encore l'effet de la Beauté. Je cite quelques textes canoniques. Voici d'abord Aristote, Poétique (1460b 25) si des choses impossibles figurent dans le poème, c'est une faute ; mais cette faute est excusable si la fin propre de l'art est atteinte (cette fin a déjà été indiquée) si de cette façon, tel ou tel morceau de l'oeuvre est rendu ἐκπληκτικώτερον, plus saisissant L'ekplexis est le but de l'art, et c'est aussi l'effet produit ponctuellement par un détail (meros), une intensité circonscrite. C'est à la fois une finalité globale et un événement, ou un incident de langage. L'ekplexis tient au thaumaston, qui peut se traduire par merveilleux, mais aussi par surprenant, extraordinaire. Elle légitime même le recours à l'alogon, l'absurde. Ainsi, dit Aristote, dans Iliade, XXII, 205 sq. lorsque Achille fait signe aux Grecs de s'arrêter afin de lui laisser le soin d'abattre lui-même Hector : au théâtre, ce serait ridicule, mais ce ridicule n'est pas sensible dans l'épopée où l'action n'est pas représentée, et le geste invraisemblable est bienvenu parce qu'il produit de l'ekplexis.
donc, ce qu'il me faut, ce sont des Faits. Vous n'enseignerez rien à ces garçons et à ces filles ... more donc, ce qu'il me faut, ce sont des Faits. Vous n'enseignerez rien à ces garçons et à ces filles que des faits. Dans la vie, on n'a besoin que de Faits. Ne plantez rien d'autre et extirpez tout le reste. Vous ne pouvez former l'esprit d'animaux raisonnables qu'avec des faits ; rien d'autre ne leur sera jamais d'aucune utilité. C'est d'après ce principe que j'élève mes propres enfants et d'après ce principe que j'élève ces enfants-là. Tenez-vous en aux faits, Monsieur.» (Charles Dickens, Les Temps difficiles, Gallimard, 1956, p. 21). Pourquoi un colloque sur le document ? Ce ne sont pas les raisons qui manquent. La première est institutionnelle : c'est le projet ANR « Histoire de l'idée de littérature » dans lequel ce colloque s'inscrit. Dans l'histoire de l'idée de littérature, l'idée de document a une place ; même, elle en a plusieurs. Pourtant, l'idée, et le mot, ont peu de place dans la théorie. En dépit de l'usage qu'ont pu en faire les naturalistes, les surréalistes, les avantgardes russes et américaines, et aussi Warburg, Bataille, Foucault, ou encore Benjamin, il n'y a pas d'entrée document dans les dictionnaires d'esthétique 1 : ni dans le Vocabulaire d'esthétique de Souriau (l'entrée documentaire, qui seule y figure, ne concerne par la littérature, mais les arts plastiques et le cinéma) ; ni dans le récent Dictionnaire d'esthétique et de philosophie de l'art de Morizot et Pouivet (Armand Colin, 2007). Celui-ci n'a pas d'entrée documentaire, mais une entrée document d'art (problématique à plusieurs titres 2 ). Alors que « la fiction » suscite l'engouement qu'on sait, « le document » (présumé non fictif) est loin d'obtenir les mêmes faveurs. Bien sûr, il y a foison de monographies érudites sur les documents utilisés par tel ou tel ; et depuis une vingtaine d'années l'intérêt pour la « littérature non fictionnelle» n'a fait que croître. Mais cette littérature ne se confond pas avec celle qu'on dit « documentaire ». Et puis c'est une chose de s'intéresser au non fictionnel dans le cadre d'une théorie générale des genres, comme Genette ou Schaeffer ; c'en est une autre de réfléchir aux usages littéraires du document 3 . S'il existe une réflexion sur le document, c'est plutôt chez ceux qui travaillent aujourd'hui sur le témoignage ou sur l'archive qu'on peut espérer la trouver. Cette discrétion de « la théorie » est d'autant plus paradoxale que « la création » contemporaine fait grand usage de documents. Les bornes chronologiques du projet ANR 1 Il y en a une dans le récent Dictionnaire du littéraire, de Paul Aron, Denis Saint-Jacques et Alain Viala, Paris, PUF, 2002 ; il y est question surtout de l'éventuelle valeur documentaire de la littérature. 2 Cette notion, selon l'auteur de l'article, date de l'époque surréaliste. En fait, elle est nettement plus ancienne. Par ailleurs, l'expression « document d'art », aujourd'hui datée, ne recouvre qu'une petite partie des usages du document.
Littérature, 2014
Depuis quand y a-t-il de « l'imaginaire »? Cet adjectif substantivé appartient aujourd'hui à la l... more Depuis quand y a-t-il de « l'imaginaire »? Cet adjectif substantivé appartient aujourd'hui à la langue commune. Il appartient également au vocabulaire spécifique des sciences humaines. Les glossaires, les lexiques spécialisés lui font une place ; les publications savantes en font un usage constant -et instable. C'est en français surtout que le succès de « l'imaginaire » est spectaculaire. Mais le substantif est aujourd'hui passé tel quel en anglais (the imaginaire) ; des calques -plus ou moins répandusexistent en italien (l'immaginario, depuis les années 70 ou 80 1 ), en allemand (das Imaginäre 2 ), ou en anglais de nouveau (the imaginary 3 ). En anglais toutefois, L'Imaginaire médiéval se traduit The Medieval Imagination, et L'Imaginaire de Sartre a été traduit The Psychology of imagination 4 . En français même, le succès est récent. Les sciences humaines ne s'occupent pas, ou quasiment pas, de « l'imaginaire » avant Sartre ; en tout cas, pas sous ce nom-là. Littré ne connaît pas le mot. Il connaît l'adjectif. Il connaît le substantif féminin appartenant au vocabulaire de l'algèbre. Mais il ne mentionne pas le substantif masculin, bien qu'il soit en usage déjà lorsque le dictionnaire paraît. Le DHLF et le TLF datent de 1820 l'apparition de l'emploi substantivé. Ils citent un même fragment du journal de Maine de Biran, commentant une phrase de Fénelon relative à la présence de Dieu : celle-ci se reconnaît par « une suggestion intérieure [...] sans aucun mélange de sensible ou d'imaginaire » 5 . Il existe pourtant des exemples plus anciens: dans l'Oberman de Senancour, par exemple 6 ou plus tôt encore, en 1760, dans le Journal de Barbier 7 . FRANTEXT signale une occurrence dans La Prétieuse ou le Mystère des ruelles, de l'abbé de Pure, en 1656 8 . Ces exemples lointains sont néanmoins excessivement clairsemés. Même le XIXème siècle se sert peu de « l'imaginaire ». Certes, il se trouve chez Baudelaire, Flaubert, plus tard Villiers ou Segalen. Mais un sondage dans un CDRom qui rassemble les grands textes de la critique « de Laharpe à Proust 9 » donne seulement 17 occurrences, contre 3.832 pour « l'imagination ». La fréquence augmente à mesure que le temps s'écoule, la courbe se redressant à partir des années 1870, puis plus franchement vers 1920 10 . Mais c'est avec le livre éponyme de Sartre que débute vraiment, en 1940, la fortune savante de 1
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2012
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific r... more HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L'archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d'enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
Documents pour l'histoire du français langue étrangère ou seconde
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2004
International audienc
Versants. Revista suiza de literaturas románicas, 2017
Ce que j’essaie de transmettre, c’est sans doute une certaine manière de lire, un certain type d’... more Ce que j’essaie de transmettre, c’est sans doute une certaine manière de lire, un certain type d’attention qui se situe aux antipodes de l’instrumentalisation sommaire dont la littérature est l’objet chaque fois qu’il est question d’elle dans les médias. C’est un certain usage des œuvres, un certain rapport, un certain commerce, que l’on peut avoir avec elles, et que j’éprouve comme une liberté
Faut-il s’en étonner ? Le nom de Baudelaire ne se rencontre pas si fréquemment sous la plume de S... more Faut-il s’en étonner ? Le nom de Baudelaire ne se rencontre pas si fréquemment sous la plume de Segalen. L’index des Œuvres complètes, dans l’édition Bouillier, ne mentionne pas plus d’une douzaine d’occurrences, dont plusieurs très fugitives ; les plus nombreuses se trouvent dans l’Essai sur le mystérieux et bien sûr, mais pas tant qu’on aurait pu le penser (3 seulement), dans l’article de 1902 sur « Les synesthésies et l’école symboliste ». Claudel ou Rimbaud sont incontestablement plus pré..
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2013
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific r... more HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L'archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d'enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2019
Commentaire, 2022
During the first half of the 20th century, Paul Claudel has been one of the most famous and most ... more During the first half of the 20th century, Paul Claudel has been one of the most famous and most celebrated french writers, mainly a poet and a playwright. And from 1921 to 1935, this poetand this much devout catholic-became also one of the main french diplomats, ambassador to Japan (1921-1927), to the United States (1927-1933) and to Belgium (1933-1935). After his retirement (1935) he became a sort of political journalist and an « écrivain engagé ». From this period (1935 to his death in 1955), the french collective memory has mainly focused on the poem Aux martyrs espagnols (To the Spanish Martyrs, spring 1937), a tribute to "Holy Spain" which "drew the sword" against the leftists who wanted to "burn up God", and on the Paroles au Maréchal (Words to the Marshal, December 1940) which praise Philippe Pétain. It has been forgotten that these Paroles had been written a fortnight after Pierre Laval's arrest (this seemed to put an end to the policy of « collaboration » with Germany, that Claudel hated and ridiculed), by a man spied on at his own home by Vichy's police 1. We have also forgotten Claudel's stance against Mussolini's war in Ethiopia in 1935, his aversion to fascism and to the french far right of Charles Maurras, his Zionism (from the 1920s) and his public criticism of racism. His letter of December 1941 to the Chief Rabbi of France, the day after the so-called "roundup of notables", is rarely quoted. "No other author condemned anti-Semitic persecution so vigorously", writes British historian Julian Jackson, "most never did" 2. 2 J.
Hégémonie de l'ironie ?
Les colloques, comme les livres, et comme les etres humains, s’engendrent les uns les autres. Cel... more Les colloques, comme les livres, et comme les etres humains, s’engendrent les uns les autres. Celui-ci n’echappe pas a la regle. Son origine est a chercher dans un autre colloque, organise il y a deux ans, par le meme centre de recherches d’Aix-en-Provence, ORLAC aujourd’hui devenu CIELAM. Il s’agissait alors de l’ironie au XIX° siecle. Mais le centre en question abrite aussi des vingtiemistes, et des contemporaneistes. Il etait donc tres naturel que l’idee nous vienne de faire pour le siecle vingt, et plus specialement pour son dernier quart, ce qui avait ete fait pour le siecle d’avant. Cette idee, cependant, n’allait pas sans susciter des hesitations : des questions, ou des series de questions. Premiere serie : l’ironie ? Encore ? Est-ce bien necessaire ? Est-ce qu’apres tant de travaux remarquables: de Man, Hamon, Behler, Schoentjes… sans parler des anglo-saxons, il y a vraiment besoin d’y revenir ? Pire : est-ce qu’il y a place encore pour une reflexion qui ne se bornerait pas a valider des hypotheses deja connues, des conclusions bien etablies et a les verifier par des etudes de cas, ou en mettant les choses au mieux a les modifier a la marge ? L’hypermodernite ne se concoit pas sans l’ironie. On l’a dit. On le sait. Est-ce bien utile de le redire ? Est-ce bien utile de revenir sur ce que Richard Rorty appelait il y a deja un quart de siecle –en 1980, precisement, donc au tout debut de la periode que nous nous sommes donnee pour champ d’etudes– le « ton crepusculaire et
Ce document a été généré automatiquement le 8 janvier 2020. Il est issu d'une numérisation par re... more Ce document a été généré automatiquement le 8 janvier 2020. Il est issu d'une numérisation par reconnaissance optique de caractères.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Jun 1, 2018
Versants, Oct 19, 2017
Reproduction et traduction, même partielles, interdites. Tous droits réservés pour tous les pays.
Revue critique de fixxion française contemporaine, Dec 15, 2015
On entend souvent dans Soumission (comme dans beaucoup de romans de Houellebecq) une tonalité ass... more On entend souvent dans Soumission (comme dans beaucoup de romans de Houellebecq) une tonalité assertive, didactique, sentencieuse. Le personnage-narrateur peut bien faire état à l'occasion d'un "doute généralisé" 1 , son langage n'est pas celui d'un sceptique. Il multiplie les assertions de vérité, les abstractions généralisantes, les thèses tantôt triviales et tantôt provocantes, sur un ton d'évidence lassée : "Tel est le cas, dans nos sociétés encore occidentales et social-démocrates..." (11); "le vieillissement chez l'homme n'altère que très lentement son potentiel érotique, alors que chez la femme l'effondrement se produit avec une brutalité stupéfiante..." (24). La confusion règne, bien sûr ; la Vérité est hors d'atteinte (même si, d'une certaine façon, le roman fait mine de raconter son retour); mais les "vérités" pullulent, comme des mouches. Comme des mouches -ou comme des choses. Les vérités, comme chez ces positivistes dont Houellebecq se réclame parfois, sont des choses, ou comme des choses. Une vérité, chez lui, ne constitue pas une promesse, ne laisse pas entrevoir un avenir. Elle termine ; elle clôt ; elle met fin à la discussion. Elle est toujours une réduction ; elle jouit d'être une réduction. Ainsi : "elle avait légèrement écarté les cuisses, c'était le langage du corps ça, on était dans le réel" (42). Ou encore : cette relation "n'était que l'application d'un modèle" (20) ; "l'amour chez l'homme n'est rien d'autre que la reconnaissance pour le plaisir donné" (39) ; le système électif "n'était guère plus que le partage du pouvoir entre gangs rivaux" (50). Rien d'autre que... La vérité est, comme disait Renan, toujours triste. Aucun apophatisme chez Houellebecq ; pas non plus de relativisme. Ses narrateurs ne peuvent pas grand-chose, mais ils ont lu des sociologues, des psychologues, ou les abrégés qu'en font les journaux. Ils citent Nietzsche, Sun Tzu, Cyrulnik, Clausewitz. Sur le point d'appeler une escort, c'est "l'obscure notion kantienne de devoir envers soi" (196) qui se présente à leur esprit. Tentés par le suicide, ils ne parlent pas de "la dégradation de la vie", mais de "la dégradation de 'la somme des fonctions qui résistent à la mort' dont parle Bichat" (207). C'est faire le savant à peu de frais ; c'est aussi installer entre le sujet et le monde un rapport constamment abstrait, privé de toute fraîcheur et de toute immédiateté. C'est une vieille idée que l'intellect ne connaît pas les singuliers. Et de fait, il n'y a guère de singuliers dans Soumission. Aurélie ou Sandra, Chloé ou Violaine, n'importe : les "conclusions" qu'on tire de leur fréquentation sont identiques (21). Tout est pris dans des séries ; tous sont pris dans des séries. L'existence individuelle est une "brève illusion" (127). Triomphe de la sociologie. Les personnages de Houellebecq logent entièrement dans les statistiques. D'où suit qu'il n'y a pas d'autrui, ou à peine. L'unique véritable objet du narrateur, lui-même mis à part, c'est "la société". On comprend que le sensible n'est pas à la fête, même quand son irruption paraissait aller de soi. Ainsi, les rêveries érotiques du promeneur mâle dans Paris sont décrites comme "la détection des cuisses de femmes, la projection mentale reconstruisant la chatte à leur intersection, processus dont le pouvoir d'excitation est directement proportionnel à la longueur des jambes dénudées" (177). Description qu'on croirait faite exprès pour désamorcer "l'excitation" qu'elle mentionne. Ailleurs, quelques coïts
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2015
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2007
Je voudrais essayer non pas seulement de faire une communication sur Caillois, mais de prendre ap... more Je voudrais essayer non pas seulement de faire une communication sur Caillois, mais de prendre appui sur cet auteur, sur quelques textes de cet auteur, pour contribuer à la réflexion commune sur les rapports et les échanges entre littérature et sociologie. Si j'ai pensé à lui, c'est bien entendu parce que, comme d'autres, il est regardé à la fois comme un artiste, un homme de lettres, et comme un sociologue. Il passe pour appartenir à l'un et à l'autre domaine ; ses livres peuvent être un objet d'études pour les littéraires et pour les sociologues. On ne doit pas se cacher pourtant que la symétrie suggérée par la coordination est trompeuse. Caillois est peut-être l'un et l'autre : il ne l'est pas également. Ce sont les littéraires qui aujourd'hui s'intéressent à lui ; ce sont les thèses de littérature qui citent L'Homme et le Sacré ; Starobinski, Hollier, Jenny, etc. qui le commentent. Les sociologues sont plus discrets. Je me souviens d'un vieux Panorama des idées contemporaines de Picon (1968) qui citait une page de L'Homme et le Sacré sous la rubrique Sciences sociales, côte à côte avec des textes de Lévi-Strauss, Raymond Aron, Raymond Barre… Plus récemment, toutefois, dans son édition de 1984, le Robert des noms propres donne Caillois comme « essayiste » : ce qui n'est pas le terme retenu pour Alain Touraine. Les panoramas, les manuels, les histoires et les dictionnaires de sociologie récents que j'ai consultés (sans autre prétention que de donner un coup de sonde) font à Caillois une certaine place : ils ne la font pas toujours (par exemple le Traité de sociologie de Boudon ne mentionne pas du tout Caillois, pas même au chapitre Religion) ils ne la font pas très grande, ils la font parfois. Un ouvrage d'initiation dans la collection Grand Amphi, chez Bréal, comporte une référence à Caillois. L'ouvrage Ethnologie-Anthropologie de Ph. Laburthe-Tolra et Jean-Pierre Warnier (PUF) en comporte deux ; la bibliographie mentionne Les Jeux et les Hommes et L'Homme et le Sacré. D'une manière générale, ces deux livres m'ont paru être les plus cités, en particulier le dernier. L'article « sacré » de l'Universalis (éd. 1995) lui consacre un paragraphe : c'est un paragraphe sévère où Dominique Casajus accuse Caillois d'avoir fait un contresens sur Durkheim, et de construire une idée du sacré qui a plus à voir avec « les nostalgies de l'auteur » qu'avec une « réalité sociologique clairement établie » ; pour finir, il enchaîne ainsi : « L'idée du sacré réapparaît sous une forme plus savante […] chez l'anthropologue américain Turner ». On s'en doutait : pour certains sociologues au moins, Caillois n'est pas un auteur sérieux 1 . Même Michel Maffesoli, qu'on pourrait imaginer mieux disposé à son égard, et qui a contribué à un volume collectif 1 Je note encore que Marcel Gauchet, dans Le Désenchantement du monde, mentionne la plupart des auteurs mentionnés par Caillois, de Rudolf Otto à Durkheim ; mais de Caillois lui-même, sauf erreur, pas un mot. Je note aussi que Giorgio Agamben se montre très sévère avec la théorie cailloisienne de la réversibilité du sacré, qui ne peut plus, dit-il, nous servir à rien. Je note enfin que Caillois est absent de la bibliographie et de la réflexion du récent numéro 22, 2° sem. 2003, de la Revue du MAUSS (Mouvement anti-utilitariste en sciences sociales) intitulé « Qu'est-ce que le religieux ? », où pourtant la question du sacré est explicitement abordée par des sociologues qui se réclament de celui qui fut le maître de Caillois. Je remercie Alain Guillemin, de l'Université de Provence, qui a bien voulu confirmer mon sentiment de non-spécialiste touchant le jugement porté par la corporation des sociologues et des anthropologues.
Commentaire, May 25, 2022
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Jun 1, 2011
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2019
Lecture et sidération Actualité/inactualité de l'ekplexis Je lis, sous la plume de Gracq, ceci: P... more Lecture et sidération Actualité/inactualité de l'ekplexis Je lis, sous la plume de Gracq, ceci: Puissances de Claudel : je me souviens d'un jour où, tournant le bouton de la radio en quête d'un poste, j'entendis sortir de l'appareil la voix d'une actrice qui disait le passage de l'Échange sur le théâtre, Il y a la scène, et il y a la salle, et ne sachant encore de quoi au juste il retournait car je n'avais pas lu la pièce, je restai complètement coi et stupide, comme un lapin qu'on soulève de terre par les oreilles 1 . Je commence avec ce récit : avec le mélange d'amusement, de curiosité, de sympathie et de réserve aussi qu'il suscite, ou peut susciter, chez le lecteur contemporain. Curiosité, parce qu'un événement de ce genre n'est pas si courant. Sympathie, parce que pour des professionnels de la lecture dont les yeux ont couru sur tant de textes indifférents, une telle expérience paraît forcément désirable. Réticence aussi, pourtant : à la puissance (ou surpuissance) qui se marque ici, répond souvent aujourd'hui un mouvement plus ou moins marqué de recul et de retrait. On se méfie souvent aujourd'hui de ces auteurs dont l'autorité réduit au silence le lecteur, le laisse « coi et stupide », fait de lui une proie. Ce qui se produit dans le récit de Gracq, nos théories de la lecture n'en disent d'ordinaire pas grand-chose. Elles ne prêtent aucune attention à ces micro événements, leur « lecteur idéal » ne s'y confronte jamais. Jadis, pourtant, la rhétorique, plus attentive au lecteur ou à l'auditeur empirique, mais aussi la philosophie, ont prêté attention à des phénomènes de ce genre. Elles ont eu un nom pour eux. Ce que rapporte Gracq, elles l'auraient nommé en latin stupor (dans quoi on reconnaît le stupide du fragment cité) et en grec ekplexis. Le grec ekplexis dérive d'un verbe qui s'emploie pour dire l'action de la foudre, frapper. Le dictionnaire Bailly le définit : « étonnement produit pas un coup ». Dans son acception rhétorique, ou poéticienne, il se rencontre chez Aristote, Plutarque, Longin, Plotin, Porphyre... Il désigne alors la fin que le poème veut atteindre, ou encore l'effet de la Beauté. Je cite quelques textes canoniques. Voici d'abord Aristote, Poétique (1460b 25) si des choses impossibles figurent dans le poème, c'est une faute ; mais cette faute est excusable si la fin propre de l'art est atteinte (cette fin a déjà été indiquée) si de cette façon, tel ou tel morceau de l'oeuvre est rendu ἐκπληκτικώτερον, plus saisissant L'ekplexis est le but de l'art, et c'est aussi l'effet produit ponctuellement par un détail (meros), une intensité circonscrite. C'est à la fois une finalité globale et un événement, ou un incident de langage. L'ekplexis tient au thaumaston, qui peut se traduire par merveilleux, mais aussi par surprenant, extraordinaire. Elle légitime même le recours à l'alogon, l'absurde. Ainsi, dit Aristote, dans Iliade, XXII, 205 sq. lorsque Achille fait signe aux Grecs de s'arrêter afin de lui laisser le soin d'abattre lui-même Hector : au théâtre, ce serait ridicule, mais ce ridicule n'est pas sensible dans l'épopée où l'action n'est pas représentée, et le geste invraisemblable est bienvenu parce qu'il produit de l'ekplexis.
donc, ce qu'il me faut, ce sont des Faits. Vous n'enseignerez rien à ces garçons et à ces filles ... more donc, ce qu'il me faut, ce sont des Faits. Vous n'enseignerez rien à ces garçons et à ces filles que des faits. Dans la vie, on n'a besoin que de Faits. Ne plantez rien d'autre et extirpez tout le reste. Vous ne pouvez former l'esprit d'animaux raisonnables qu'avec des faits ; rien d'autre ne leur sera jamais d'aucune utilité. C'est d'après ce principe que j'élève mes propres enfants et d'après ce principe que j'élève ces enfants-là. Tenez-vous en aux faits, Monsieur.» (Charles Dickens, Les Temps difficiles, Gallimard, 1956, p. 21). Pourquoi un colloque sur le document ? Ce ne sont pas les raisons qui manquent. La première est institutionnelle : c'est le projet ANR « Histoire de l'idée de littérature » dans lequel ce colloque s'inscrit. Dans l'histoire de l'idée de littérature, l'idée de document a une place ; même, elle en a plusieurs. Pourtant, l'idée, et le mot, ont peu de place dans la théorie. En dépit de l'usage qu'ont pu en faire les naturalistes, les surréalistes, les avantgardes russes et américaines, et aussi Warburg, Bataille, Foucault, ou encore Benjamin, il n'y a pas d'entrée document dans les dictionnaires d'esthétique 1 : ni dans le Vocabulaire d'esthétique de Souriau (l'entrée documentaire, qui seule y figure, ne concerne par la littérature, mais les arts plastiques et le cinéma) ; ni dans le récent Dictionnaire d'esthétique et de philosophie de l'art de Morizot et Pouivet (Armand Colin, 2007). Celui-ci n'a pas d'entrée documentaire, mais une entrée document d'art (problématique à plusieurs titres 2 ). Alors que « la fiction » suscite l'engouement qu'on sait, « le document » (présumé non fictif) est loin d'obtenir les mêmes faveurs. Bien sûr, il y a foison de monographies érudites sur les documents utilisés par tel ou tel ; et depuis une vingtaine d'années l'intérêt pour la « littérature non fictionnelle» n'a fait que croître. Mais cette littérature ne se confond pas avec celle qu'on dit « documentaire ». Et puis c'est une chose de s'intéresser au non fictionnel dans le cadre d'une théorie générale des genres, comme Genette ou Schaeffer ; c'en est une autre de réfléchir aux usages littéraires du document 3 . S'il existe une réflexion sur le document, c'est plutôt chez ceux qui travaillent aujourd'hui sur le témoignage ou sur l'archive qu'on peut espérer la trouver. Cette discrétion de « la théorie » est d'autant plus paradoxale que « la création » contemporaine fait grand usage de documents. Les bornes chronologiques du projet ANR 1 Il y en a une dans le récent Dictionnaire du littéraire, de Paul Aron, Denis Saint-Jacques et Alain Viala, Paris, PUF, 2002 ; il y est question surtout de l'éventuelle valeur documentaire de la littérature. 2 Cette notion, selon l'auteur de l'article, date de l'époque surréaliste. En fait, elle est nettement plus ancienne. Par ailleurs, l'expression « document d'art », aujourd'hui datée, ne recouvre qu'une petite partie des usages du document.
Littérature, 2014
Depuis quand y a-t-il de « l'imaginaire »? Cet adjectif substantivé appartient aujourd'hui à la l... more Depuis quand y a-t-il de « l'imaginaire »? Cet adjectif substantivé appartient aujourd'hui à la langue commune. Il appartient également au vocabulaire spécifique des sciences humaines. Les glossaires, les lexiques spécialisés lui font une place ; les publications savantes en font un usage constant -et instable. C'est en français surtout que le succès de « l'imaginaire » est spectaculaire. Mais le substantif est aujourd'hui passé tel quel en anglais (the imaginaire) ; des calques -plus ou moins répandusexistent en italien (l'immaginario, depuis les années 70 ou 80 1 ), en allemand (das Imaginäre 2 ), ou en anglais de nouveau (the imaginary 3 ). En anglais toutefois, L'Imaginaire médiéval se traduit The Medieval Imagination, et L'Imaginaire de Sartre a été traduit The Psychology of imagination 4 . En français même, le succès est récent. Les sciences humaines ne s'occupent pas, ou quasiment pas, de « l'imaginaire » avant Sartre ; en tout cas, pas sous ce nom-là. Littré ne connaît pas le mot. Il connaît l'adjectif. Il connaît le substantif féminin appartenant au vocabulaire de l'algèbre. Mais il ne mentionne pas le substantif masculin, bien qu'il soit en usage déjà lorsque le dictionnaire paraît. Le DHLF et le TLF datent de 1820 l'apparition de l'emploi substantivé. Ils citent un même fragment du journal de Maine de Biran, commentant une phrase de Fénelon relative à la présence de Dieu : celle-ci se reconnaît par « une suggestion intérieure [...] sans aucun mélange de sensible ou d'imaginaire » 5 . Il existe pourtant des exemples plus anciens: dans l'Oberman de Senancour, par exemple 6 ou plus tôt encore, en 1760, dans le Journal de Barbier 7 . FRANTEXT signale une occurrence dans La Prétieuse ou le Mystère des ruelles, de l'abbé de Pure, en 1656 8 . Ces exemples lointains sont néanmoins excessivement clairsemés. Même le XIXème siècle se sert peu de « l'imaginaire ». Certes, il se trouve chez Baudelaire, Flaubert, plus tard Villiers ou Segalen. Mais un sondage dans un CDRom qui rassemble les grands textes de la critique « de Laharpe à Proust 9 » donne seulement 17 occurrences, contre 3.832 pour « l'imagination ». La fréquence augmente à mesure que le temps s'écoule, la courbe se redressant à partir des années 1870, puis plus franchement vers 1920 10 . Mais c'est avec le livre éponyme de Sartre que débute vraiment, en 1940, la fortune savante de 1
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2012
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific r... more HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L'archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d'enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
Documents pour l'histoire du français langue étrangère ou seconde
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2004
International audienc
Versants. Revista suiza de literaturas románicas, 2017
Ce que j’essaie de transmettre, c’est sans doute une certaine manière de lire, un certain type d’... more Ce que j’essaie de transmettre, c’est sans doute une certaine manière de lire, un certain type d’attention qui se situe aux antipodes de l’instrumentalisation sommaire dont la littérature est l’objet chaque fois qu’il est question d’elle dans les médias. C’est un certain usage des œuvres, un certain rapport, un certain commerce, que l’on peut avoir avec elles, et que j’éprouve comme une liberté
Faut-il s’en étonner ? Le nom de Baudelaire ne se rencontre pas si fréquemment sous la plume de S... more Faut-il s’en étonner ? Le nom de Baudelaire ne se rencontre pas si fréquemment sous la plume de Segalen. L’index des Œuvres complètes, dans l’édition Bouillier, ne mentionne pas plus d’une douzaine d’occurrences, dont plusieurs très fugitives ; les plus nombreuses se trouvent dans l’Essai sur le mystérieux et bien sûr, mais pas tant qu’on aurait pu le penser (3 seulement), dans l’article de 1902 sur « Les synesthésies et l’école symboliste ». Claudel ou Rimbaud sont incontestablement plus pré..
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2013
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific r... more HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L'archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d'enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2019
Commentaire, 2022
During the first half of the 20th century, Paul Claudel has been one of the most famous and most ... more During the first half of the 20th century, Paul Claudel has been one of the most famous and most celebrated french writers, mainly a poet and a playwright. And from 1921 to 1935, this poetand this much devout catholic-became also one of the main french diplomats, ambassador to Japan (1921-1927), to the United States (1927-1933) and to Belgium (1933-1935). After his retirement (1935) he became a sort of political journalist and an « écrivain engagé ». From this period (1935 to his death in 1955), the french collective memory has mainly focused on the poem Aux martyrs espagnols (To the Spanish Martyrs, spring 1937), a tribute to "Holy Spain" which "drew the sword" against the leftists who wanted to "burn up God", and on the Paroles au Maréchal (Words to the Marshal, December 1940) which praise Philippe Pétain. It has been forgotten that these Paroles had been written a fortnight after Pierre Laval's arrest (this seemed to put an end to the policy of « collaboration » with Germany, that Claudel hated and ridiculed), by a man spied on at his own home by Vichy's police 1. We have also forgotten Claudel's stance against Mussolini's war in Ethiopia in 1935, his aversion to fascism and to the french far right of Charles Maurras, his Zionism (from the 1920s) and his public criticism of racism. His letter of December 1941 to the Chief Rabbi of France, the day after the so-called "roundup of notables", is rarely quoted. "No other author condemned anti-Semitic persecution so vigorously", writes British historian Julian Jackson, "most never did" 2. 2 J.
Hégémonie de l'ironie ?
Les colloques, comme les livres, et comme les etres humains, s’engendrent les uns les autres. Cel... more Les colloques, comme les livres, et comme les etres humains, s’engendrent les uns les autres. Celui-ci n’echappe pas a la regle. Son origine est a chercher dans un autre colloque, organise il y a deux ans, par le meme centre de recherches d’Aix-en-Provence, ORLAC aujourd’hui devenu CIELAM. Il s’agissait alors de l’ironie au XIX° siecle. Mais le centre en question abrite aussi des vingtiemistes, et des contemporaneistes. Il etait donc tres naturel que l’idee nous vienne de faire pour le siecle vingt, et plus specialement pour son dernier quart, ce qui avait ete fait pour le siecle d’avant. Cette idee, cependant, n’allait pas sans susciter des hesitations : des questions, ou des series de questions. Premiere serie : l’ironie ? Encore ? Est-ce bien necessaire ? Est-ce qu’apres tant de travaux remarquables: de Man, Hamon, Behler, Schoentjes… sans parler des anglo-saxons, il y a vraiment besoin d’y revenir ? Pire : est-ce qu’il y a place encore pour une reflexion qui ne se bornerait pas a valider des hypotheses deja connues, des conclusions bien etablies et a les verifier par des etudes de cas, ou en mettant les choses au mieux a les modifier a la marge ? L’hypermodernite ne se concoit pas sans l’ironie. On l’a dit. On le sait. Est-ce bien utile de le redire ? Est-ce bien utile de revenir sur ce que Richard Rorty appelait il y a deja un quart de siecle –en 1980, precisement, donc au tout debut de la periode que nous nous sommes donnee pour champ d’etudes– le « ton crepusculaire et
Ce document a été généré automatiquement le 8 janvier 2020. Il est issu d'une numérisation par re... more Ce document a été généré automatiquement le 8 janvier 2020. Il est issu d'une numérisation par reconnaissance optique de caractères.