Aude-Solveig EPSTEIN | Université Paris Nanterre (original) (raw)
Papers by Aude-Solveig EPSTEIN
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Oct 14, 2020
VertigO, Oct 1, 2010
ABSTRACT
Actes du colloque sur « Les libertés économiques face aux défis du XXIème siècle. Quel équilibre jurisprudentiel ? », organisé à l’Université Lyon 2, le 30 novembre 2023, 2023
Le bon niveau d’étiage entre libertés économiques et protection de l’environnement est constammen... more Le bon niveau d’étiage entre libertés économiques et protection de l’environnement est constamment rediscuté, et les juges ont de nombreuses occasions d’intervenir dans cette conversation. La contribution du juge judiciaire à ce débat est plus discrète que celle des autres juridictions ou du Conseil constitutionnel. Cette discrétion résulte moins d’une fatalité technique que du choix qui fut fait, à partir du début du XIXe siècle, de confier une sorte de monopole de la protection de l’environnement aux pouvoirs publics. Dans un système où la protection de l’environnement relevait au premier chef de la responsabilité des autorités publiques, ce furent les juges de l’action publique qui eurent, à titre principal, à contrôler le positionnement du curseur entre protection de l’environnement et promotion des libertés économiques, et le pouvoir, le cas échéant, d’exiger des pouvoirs publics qu’ils le réajustent. Toutefois, l’évolution de la législation et de la jurisprudence judiciaire en France au cours des vingt dernières années scelle l’émergence d’un droit privé de l’environnement autonome par rapport à la réglementation administrative. C’est ainsi qu’après une période de reflux historique, au cours de laquelle une régulation principalement administrative des conflits entre libertés économiques et protection de l’environnement s’est sédimentée, le juge judiciaire joue dorénavant un rôle croissant dans la détermination du point d’équilibre entre les deux.
Cahiers Droit, sciences & technologies, Oct 31, 2021
Résumé de la recension: L’ouvrage présente l’originalité de croiser les réflexions menées sur la ... more Résumé de la recension: L’ouvrage présente l’originalité de croiser les réflexions menées sur la marchandisation de la nature d’un côté et sur celle du corps de l’autre. Le droit, l’économie, la philosophie et la sociologie sont représentés dans ce livre qui, tel un kaléidoscope, donne à voir des images diverses et évolutives de la marchandisation des biens contestés. Sur un plan théorique, l’ouvrage présente l’intérêt d’inviter à réinvestir le libéralisme, dans sa double dimension économique et politique, et l’analyse économique du droit, afin d’en faire jaillir des arguments de nature à contrer les méfaits du système économique actuel, lequel s’avère être plus une économie de grandes entreprises qu’une économie de marché.
A.-S. Epstein & M.-A. Chardeaux (dir.), Le droit économique de l'environnement: Acteurs et méthodes, Mare & Martin, 2023
Revue Trimestrielle de Droit Financier, 2023
Abstract:The European Directive of December 14, 2022 regarding sustainability reporting requires ... more Abstract:The European Directive of December 14, 2022 regarding sustainability reporting requires that large European undertakings identify, and thereby hopefully prevent or limit, the environmental and social risks associated with their activities. This requirement applies not only to environmental damages and human rights abuses that could threaten the financial situation of regulated companies, but also those which expose human rights and the environment to intrinsically significant risks, irrespective of their possible financial ramifications. The aim of this mandatory transparency is to make European production more sustainable. Commentators generally insist on the role of stakeholders in this transformation: increased transparency on corporate practices is said to bolster the bargaining power of trade unions and associations. However, the underlying philosophy of sustainability reporting in the EU is not only to inform third parties, or to infuse the company with the fear of possible external pressure, but also to push company directors to seriously reflect on the sustainability of the corporate business model and of the associated value chain. In other words, the governance model inspiring the making of European sustainability reporting law in Europe is not only that of the Benthamian Panopticon, but also the managerial precept that "you (only) manage (what) you measure". Two distinct logics thus underpin the European legislation on governance through sustainability disclosure : the improvement of corporate practices is deemed to be the result of both external pressure or the risk thereof (governance by stakeholders or by transparency alone), and internal reflection (reflexive governance). Although these two dimensions are theoretically compatible, their articulation raises issues in practice. For example, meticulous regulation of the way in which information ought to be produced could both promote the comparability of data on which external pressure feeds, and fuel a tick-in-the box approach to compliance, to the detriment of genuine reflection on the company's strategy and business model. Some may doubt that governance through disclosure will live up to its promise, all the more so if companies can choose to a large extent which information to disclose and in what format. Rather than begging large multinationals to rethink their practices and business models, why not compel them to do so? Disclosure-based governance is certainly not a panacea, but it is perhaps one of the few options we have today at domestic and regional level to make the practices of large multinational corporations more sustainable (alongside the use of public subsidies and public procurement). From this perspective, the fundamental pitfall of the new Directive on sustainability reporting is perhaps not so much its continued reliance on reflexive governance, but rather the lack of tools to secure genuine reflection at the top of large undertakings. This article suggests reform avenues to remedy this situation, and thereby to boost the environmental reflexivity of large undertakings.
Mots clés : Régulation par l’information ; Reporting durabilité des entreprises ; Responsabilité sociale des entreprises ; Droit de l’Union européenne
Keywords : Transparency-based governance ; Corporate sustainability reporting; Corporate social responsibility; EU Law
Résumé : La directive du 14 décembre 2022 concernant la publication d’informations en matière de durabilité pousse les grandes entreprises européennes à identifier, et par-là espère-t-on à prévenir ou limiter, les risques écologiques et sociaux de leurs activités. Sont concernés non seulement les atteintes à l’environnement et aux droits humains qui pourraient menacer la solidité financière des entreprises concernées, mais aussi celles qui exposent les droits de l’homme et l’environnement à des risques intrinsèquement significatifs, indépendamment de leurs ramifications financières éventuelles. La finalité prêtée à cette transparence imposée est de rendre le tissu productif européen plus soutenable. Les commentateurs insistent généralement sur le rôle des parties prenantes dans ce gain de soutenabilité : la mise en transparence des pratiques des entreprises est supposée renforcer le pouvoir de pression et de négociation des syndicats et associations. Toutefois, l’enjeu du reporting institué par la directive du 14 décembre 2022 n’est pas seulement d’informer les tiers, ou d’infuser dans l’entreprise la crainte de pressions externes, mais aussi de pousser les dirigeants d’entreprise à réfléchir plus avant au modèle d’affaires choisi et à la configuration de la chaîne de valeur associée. En d’autres termes, le modèle de gouvernance qui inspire la fabrique du droit européen du reporting sur la durabilité n’est pas seulement celui du Panoptique benthamien, mais aussi le précepte gestionnaire qui veut que l’ « on (ne) gère (que) ce que l’on mesure ». Deux logiques distinctes sous-tendent ainsi la régulation par l’information à l’œuvre : l’amélioration des pratiques des entreprises est réputée procéder tantôt de pressions externes ou du risque de telles pressions (gouvernance par les parties prenantes ou par la seule transparence), tantôt de la réflexion interne (gouvernance réflexive). Bien que ces deux ressorts de la régulation par l’information soient théoriquement compatibles, leur articulation pratique pose des problèmes. Ainsi, une réglementation minutieuse du mode de fabrication des informations pourrait à la fois favoriser la comparabilité des données dont se nourrissent les pressions externes, et alimenter une mise en conformité de pure forme, au détriment d’une réelle réflexion sur la stratégie de l’entreprise et son modèle d’affaire. Si les entreprises conservent une réelle marge de manœuvre dans la fabrique de l’information sur la durabilité, c’est ainsi afin d’éviter de sacrifier la gouvernance réflexive sur l’autel de la gouvernance par les parties prenantes. L’espoir placé dans une telle régulation par l’information pourra sembler, à certains, comme un vœu pieu. Plutôt que de supplier les grandes entreprises multinationales de réinterroger leurs pratiques et leurs modèles d’affaire, pourquoi ne pas les contraindre à le faire ? La régulation par l’information n’est assurément pas une panacée, mais elle est peut-être la seule option effectivement disponible aujourd’hui pour rendre les pratiques des grandes entreprises plus compatibles avec les objectifs écologiques collectifs (à côté des subventions publiques et de la commande publique). Dans cette perspective, et compte tenu des débats persistants sur ce en quoi consiste une production durable, l’écueil fondamental de la Directive n’est peut-être pas d’avoir conservé l’orientation réflexive des textes qui l’avaient précédée, mais de l’avoir insuffisamment « outillée ». En effet, le texte ne garantit pas que les dirigeants des grandes entreprises réfléchissent vraiment au modèle d’affaire des entreprises qu’ils dirigent, et à sa compatibilité avec les limites des écosystèmes. Cet article propose plusieurs pistes afin d’y remédier et, ce faisant, d’amplifier la réflexivité environnementale des grands groupes.
M. Friant-Perrot et N. de Grove-Valdeyron (eds.), Les 20 ans du règlement sur la législation et la sécurité alimentaire dans l’Union européenne : Bilan et perspectives, 2023
Le foisonnement d’informations aux consommateurs sur les conditions de traitement des animaux d’é... more Le foisonnement d’informations aux consommateurs sur les conditions
de traitement des animaux d’élevage aurait théoriquement de quoi susciter de l’espoir. En France, l’industrie des productions animales est aujourd’hui plus opaque que celle du nucléaire. Or une transparence accrue sur l’état des pratiques du secteur rendrait possible l’exercice, sur les entreprises concernées, de pressions de nature à la fois politique (risque de renforcement de la réglementation) et marchande (risque de remise en cause de certains partenariats commerciaux, de boycott des consommateurs ou de désinvestissement par certains investisseurs éthiques), susceptibles de déboucher sur une amélioration progressive du traitement des animaux.
Toutefois, la communication sur le bien-être animal des entreprises s’apparente aujourd’hui plus souvent à un plaidoyer pro domo vague et non justifié qu’à une réelle mise en transparence des pratiques. Nous sommes ainsi bien loin de l’information précise, objective et comparable qui rendrait possible une authentique régulation par l’information. Nous n’en sommes pas même au stade où l’on pourrait espérer que l’information suscite une vraie prise de conscience de l’importance des enjeux de protection animale jusqu’aux niveaux les plus élevés de la hiérarchie des entreprises. Bref, il reste beaucoup à faire pour rendre possible une régulation par l’information en matière de bien-être animal.
Une telle régulation par l’information ne constituerait certes pas la panacée : la priorité devrait être, plutôt, à des transformations substantielles de la réglementation sur le bien-être des animaux d’élevage, afin que celle-ci protège mieux les animaux qu’elle ne le fait aujourd’hui. Bien que l’Union européenne soit souvent présentée parmi les « bons élèves » de la protection animale, la législation européenne reste, en effet, très en deçà de ce qui serait nécessaire pour garantir le bien-être animal3. D’une part, quantité de mauvais traitements et mutilations sont autorisés. D’autre part, les moyens à la disposition des services d’inspection sont très insuffisants.
Cependant, l’équilibre des forces politiques en présence n’est pas favorable à une amélioration globale et significative de la législation sur le bien-être animal dans le secteur agroalimentaire4. Dans ce contexte, il faut se résoudre à ne pas désespérer trop vite des potentialités de la régulation par l’information : peut-être que c’est la meilleure option dont nous disposions dans le contexte institutionnel actuel. Qui plus est, les politiques informa¬tionnelles peuvent utilement compléter et/ou préparer des transformations plus substantielles. L’expérience montre ainsi que l’étiquetage obligatoire du mode d’élevage des poules pondeuses a contribué à augmenter la demande d’oeufs élevés en plein air, et que les déports de consommation observés vers le « hors-cage » ont contribué à rendre politiquement acceptable la fin – aujourd’hui annoncée – de l’élevage en cage des poules dans l’Union européenne.
Afin de généraliser un tel cercle vertueux, par lequel la communication aux consommateurs favorise une amélioration significative du traitement des animaux, le droit actuel devrait néanmoins connaître un certain nombre de transformations. Ces dernières ne se situent pas seulement au niveau – relativement superficiel – des règles juridiques, mais aussi au niveau – plus fondamental – des hypothèses et des valeurs qui irriguent nos conceptions du droit économique en général, du droit de la consommation et du droit du commerce international en particulier. Et c’est ainsi qu’après avoir évoqué la prolifération des allégations relatives au bien-être animal dans la com¬munication d’entreprise (I), je présenterai les principales transformations juridiques à opérer en vue de rendre possible une régulation par l’informa¬tion des consommateurs en matière de bien-être animal (II).
Innovations agronomiques, 2023
La certification est convoquée en renfort pour maintenir la confiance dans un système économique ... more La certification est convoquée en renfort pour maintenir la confiance dans un système économique complexe et destiné à échapper pour une très large part au contrôle des autorités publiques. L’objet de cette contribution est de mettre à jour certains des enjeux juridiques associés au développement de la certification en matière de protection animale. Ces enjeux diffèrent selon que la certification est légalement obligatoire, demandée par un partenaire commercial (et/ou vantée dans des communications commerciales à destination des consommateurs.
EU Law Live, 2023
The international community’s ambition to transition towards a sustainable economy is fundamental... more The international community’s ambition to transition towards a sustainable economy is fundamentally challenging for capitalist economies. Harmonizing current economic growth rates with the respect of planetary boundaries would indeed require technological breakthroughs which haven’t occurred yet. Technological enthusiasts suppose that new technologies will emerge in the future which will make economic growth sustainable. However, there are considerable concerns regarding the plausibility that such technological breakthroughs will happen soon enough, about their availability worldwide, and about their potential risks and negative side-effects (including the rebound effect and potential detrimental impacts on human rights). No matter how one personally stands in this debate, one thing seems certain: taking the sustainability challenge seriously means that the legal infrastructure of capitalism will have to change.
EU Journal of Consumer Law (REDC), 2023
Information related to farm animal welfare has proliferated to an astonishing degree in the EU, u... more Information related to farm animal welfare has proliferated to an astonishing degree in the EU, under the form of voluntary labels on animal-source products’ front-of-packs, in advertising, and in companies’ institutional communication. However, these communications are often vague and deceptive, which is closely tied to the fact that
they are still under-regulated under EU law. This paper thus examines the conditions required in order for disclosure-based regulation to potentially improve the treatment of farm animals in the EU, by focusing on consumer information. The first section presents the many forms of commercial claims that corporations voluntarily formulate on farm animal welfare. The second section details shortcomings in the regulation of animal welfare claims by food corporations in the EU. The third section proposes legal reforms, as well as implementation opportunities to improve transparency about the treatment to which farm animals are subjected by companies operating on the EU market.
M. Torre-Schaub, A. Stevignon et B. Lormeteau (eds.), Les risques climatiques à l’épreuve du droit [Legal Stakes of Climate Litigation], IRJS Editions., 2022
A.-S. Epstein & M . Nioche (eds.), Le droit économique, levier de la transition écologique ? [Economic law: a lever for the ecological transition ?], Larcier, Collection “Droit Economie International”, 2022
Government agencies were traditionally supposed to take over the handling of conflicts regarding ... more Government agencies were traditionally supposed to take over the handling of conflicts regarding the use of the environment. However, governments across the world now support the development of environmental norms drafted and implemented by private actors. One can cast doubt upon the potential of these private environmental governance regimes. Indeed, the quality checks (duty to draft and publish an environmental impact statement) and democratic guarantees that have been attached to the governmental regulation of the environment (notably the public right-to-know and its right to participate to environmental decisions) have not been transposed to private environmental governance. As a consequence, the ongoing privatisation of environmental governance might lead to a decline in environmental democracy and ecological efficiency. This article highlights reform avenues in order to solve this issue without giving up on private environmental governance.
L e 13 octobre 2022, l' Assemblée nationale a finalement rejeté l'amendement au projet de loi de ... more L e 13 octobre 2022, l' Assemblée nationale a finalement rejeté l'amendement au projet de loi de finances pour 2023 destiné à priver de réduction d'impôt les dons « aux associations dont les adhérents sont reconnus coupables d'actes d'intrusion sur les propriétés privées agricoles et établissements industriels ». Il faut s'en réjouir. En effet, sous l'apparence d'une mesure fiscale, cet amendement tentait en fait d'interdire aux associations de défense de l'environnement et de la protection animale de documenter l'inapplication du droit en vigueur ou son insussance pour garantir la protection de l'environnement, de la santé et du bien-être animal en contexte agricole. Lire aussi : Budget 2023 : adoption surprise en commission d'un amendement ciblant les associations de protection animale Au-delà, cet amendement posait d'évidentes difficultés juridiques. En effet, à quelle nécessité répondait la création d'une sanction complémentaire à la sanction principale visant le membre de l'association ? Si une association était complice de l'infraction commise par son adhérent, elle s'exposait déjà à des sanctions civiles et pénales ; et si l'association était étrangère à l'infraction commise, à quel titre la sanctionner ? Une source de préoccupation En outre, supprimer la déductibilité fiscale des dons faits à une association revient le plus souvent, en
Le droit économique : levier de la transition écologique ?, Bruylant, 2022
Préface des actes du colloque sur Le droit économique : levier de la transition écologique ? orga... more Préface des actes du colloque sur Le droit économique : levier de la transition écologique ? organisé avec Marie Nioche à la Commission de régulation de l'énergie les 14 et 15 juin 2021.
Revue internationale de droit économique, 2022
Special Issue of the Revue Internationale de Droit économique [International review of Economic L... more Special Issue of the Revue Internationale de Droit économique [International review of Economic Law], 2021/2
G. Bargain & F. Juredieu (dir.), La pérennité de l'entreprise, LexisNexis, 2022
Socially responsible investment is often referred to as an investment that supports the sustainab... more Socially responsible investment is often referred to as an investment that supports the sustainability of the company. However, a significant part of the assets managed in a so-called "socially responsible" manner are invested in companies whose activities are not environmentally sustainable. The sustainability of these allegedly socially responsible asset owners is therefore at stake. Moreover, the label "SRI", or even that of "environmentally sustainable investment", is not synonymous with greater patience on the part of investors, or with a moderation of the lure of short-term gains. As a consequence, the presence of socially responsible investors among the shareholders is no guarantee of sustainability for investee companies. The inability of SRI to guarantee the sustainability of both financial actors and investee companies raises doubts about the potential of the current European strategy, which consists of simply encouraging financial actors to be virtuous or prudent, mainly through broadly framed informational requirements. Instead, a more proactive environmental regulation of finance is required.
in F. Safi & A. Casado (eds.), L’entreprise face aux défis environnementaux, IRJS, 2022
M. Torre-Schaub, A. Jézéquel, B. Lormeteau & A. Michelot (ed.), Dictionnaire juridique du changement climatique, Mare & Martin, 2022
I. Michallet (dir). Bien-être et normes environnementales, Mare & Martin, 2022
Protecting the environment is often presented as going hand in hand with protecting animals and t... more Protecting the environment is often presented as going hand in hand with protecting animals and their well-being. However, environmental law is still very hermetic to animal welfare, especially when it comes to farmed animal welfare. This article claims that this reluctance to embrace farmed animal welfare among environmental law's objectives illustrates the lack of critical teeth of environmental regulations. To a very large extent, environmental regulations have accompanied the destruction of nature and legitimized it, instead of stymiing it. Embracing farmed animal welfare amongst its objectives would enable environmental law to not just better support environmental justice, but also to achieve efficiency gains.
***
Dans l’esprit de nos contemporains, du moins en Europe, la protection de l’environnement va de pair avec le bien-être des animaux, en particulier celui des animaux d’élevage. Une convergence des luttes s’est d’ailleurs observée à plusieurs reprises entre l’aspiration écologiste à une agriculture moins polluante et la revendication animaliste d’un élevage moins concentrationnaire. Dans les pratiques mises en œuvre par les éleveurs, on constate également des tentatives intéressantes en vue d’établir une harmonie entre ces deux préoccupations. Le système juridique reste cependant en retrait de la convergence à l’œuvre, puisqu’il isole les normes tournées vers la protection de l’environnement (droit de l’environnement) de celles qui ont pour vocation d’améliorer le sort des animaux d’élevage (droit rural). Le refus d’ériger le bien-être des animaux d’élevage en objectif du droit de l’environnement exprime un parti pris politique, celui de ne pas contrarier l’intensification de l’élevage, telle qu’elle a été activement soutenue par les politiques publiques depuis les Trente Glorieuses. Ce faisant, le droit de l’environnement poursuit un modèle de transition écologique qui puise aux sources de la soutenabilité faible : il ne s’agit pas tant de repenser les modèles de production et de consommation dans un souci de justice environnementale que de développer des technologies capables de traiter de manière ciblée les maux les plus graves de l’élevage intensif. Le sujet du bien-être des animaux d’élevage invite ainsi à se poser la question du modèle de transition écologique soutenu par le droit de l’environnement. Pourquoi ne pas ériger le bien-être animal au rang de critère de sélection parmi les différentes options normatives destinées à la protection de l’environnement ? Ce faisant, le droit de l’environnement œuvrerait d’un même mouvement à l’amélioration de l’environnement, à la protection du bien-être animal et à la protection des droits sociaux des travailleurs qui œuvrent au contact des animaux dans des conditions actuellement souvent incompatibles avec la dignité des uns comme des autres. En intégrant l’objectif de bien-être animal, le droit de l’environnement recouvrirait un peu de sa capacité critique, de sa sensibilité à la question sociale et de son enracinement éthique.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Oct 14, 2020
VertigO, Oct 1, 2010
ABSTRACT
Actes du colloque sur « Les libertés économiques face aux défis du XXIème siècle. Quel équilibre jurisprudentiel ? », organisé à l’Université Lyon 2, le 30 novembre 2023, 2023
Le bon niveau d’étiage entre libertés économiques et protection de l’environnement est constammen... more Le bon niveau d’étiage entre libertés économiques et protection de l’environnement est constamment rediscuté, et les juges ont de nombreuses occasions d’intervenir dans cette conversation. La contribution du juge judiciaire à ce débat est plus discrète que celle des autres juridictions ou du Conseil constitutionnel. Cette discrétion résulte moins d’une fatalité technique que du choix qui fut fait, à partir du début du XIXe siècle, de confier une sorte de monopole de la protection de l’environnement aux pouvoirs publics. Dans un système où la protection de l’environnement relevait au premier chef de la responsabilité des autorités publiques, ce furent les juges de l’action publique qui eurent, à titre principal, à contrôler le positionnement du curseur entre protection de l’environnement et promotion des libertés économiques, et le pouvoir, le cas échéant, d’exiger des pouvoirs publics qu’ils le réajustent. Toutefois, l’évolution de la législation et de la jurisprudence judiciaire en France au cours des vingt dernières années scelle l’émergence d’un droit privé de l’environnement autonome par rapport à la réglementation administrative. C’est ainsi qu’après une période de reflux historique, au cours de laquelle une régulation principalement administrative des conflits entre libertés économiques et protection de l’environnement s’est sédimentée, le juge judiciaire joue dorénavant un rôle croissant dans la détermination du point d’équilibre entre les deux.
Cahiers Droit, sciences & technologies, Oct 31, 2021
Résumé de la recension: L’ouvrage présente l’originalité de croiser les réflexions menées sur la ... more Résumé de la recension: L’ouvrage présente l’originalité de croiser les réflexions menées sur la marchandisation de la nature d’un côté et sur celle du corps de l’autre. Le droit, l’économie, la philosophie et la sociologie sont représentés dans ce livre qui, tel un kaléidoscope, donne à voir des images diverses et évolutives de la marchandisation des biens contestés. Sur un plan théorique, l’ouvrage présente l’intérêt d’inviter à réinvestir le libéralisme, dans sa double dimension économique et politique, et l’analyse économique du droit, afin d’en faire jaillir des arguments de nature à contrer les méfaits du système économique actuel, lequel s’avère être plus une économie de grandes entreprises qu’une économie de marché.
A.-S. Epstein & M.-A. Chardeaux (dir.), Le droit économique de l'environnement: Acteurs et méthodes, Mare & Martin, 2023
Revue Trimestrielle de Droit Financier, 2023
Abstract:The European Directive of December 14, 2022 regarding sustainability reporting requires ... more Abstract:The European Directive of December 14, 2022 regarding sustainability reporting requires that large European undertakings identify, and thereby hopefully prevent or limit, the environmental and social risks associated with their activities. This requirement applies not only to environmental damages and human rights abuses that could threaten the financial situation of regulated companies, but also those which expose human rights and the environment to intrinsically significant risks, irrespective of their possible financial ramifications. The aim of this mandatory transparency is to make European production more sustainable. Commentators generally insist on the role of stakeholders in this transformation: increased transparency on corporate practices is said to bolster the bargaining power of trade unions and associations. However, the underlying philosophy of sustainability reporting in the EU is not only to inform third parties, or to infuse the company with the fear of possible external pressure, but also to push company directors to seriously reflect on the sustainability of the corporate business model and of the associated value chain. In other words, the governance model inspiring the making of European sustainability reporting law in Europe is not only that of the Benthamian Panopticon, but also the managerial precept that "you (only) manage (what) you measure". Two distinct logics thus underpin the European legislation on governance through sustainability disclosure : the improvement of corporate practices is deemed to be the result of both external pressure or the risk thereof (governance by stakeholders or by transparency alone), and internal reflection (reflexive governance). Although these two dimensions are theoretically compatible, their articulation raises issues in practice. For example, meticulous regulation of the way in which information ought to be produced could both promote the comparability of data on which external pressure feeds, and fuel a tick-in-the box approach to compliance, to the detriment of genuine reflection on the company's strategy and business model. Some may doubt that governance through disclosure will live up to its promise, all the more so if companies can choose to a large extent which information to disclose and in what format. Rather than begging large multinationals to rethink their practices and business models, why not compel them to do so? Disclosure-based governance is certainly not a panacea, but it is perhaps one of the few options we have today at domestic and regional level to make the practices of large multinational corporations more sustainable (alongside the use of public subsidies and public procurement). From this perspective, the fundamental pitfall of the new Directive on sustainability reporting is perhaps not so much its continued reliance on reflexive governance, but rather the lack of tools to secure genuine reflection at the top of large undertakings. This article suggests reform avenues to remedy this situation, and thereby to boost the environmental reflexivity of large undertakings.
Mots clés : Régulation par l’information ; Reporting durabilité des entreprises ; Responsabilité sociale des entreprises ; Droit de l’Union européenne
Keywords : Transparency-based governance ; Corporate sustainability reporting; Corporate social responsibility; EU Law
Résumé : La directive du 14 décembre 2022 concernant la publication d’informations en matière de durabilité pousse les grandes entreprises européennes à identifier, et par-là espère-t-on à prévenir ou limiter, les risques écologiques et sociaux de leurs activités. Sont concernés non seulement les atteintes à l’environnement et aux droits humains qui pourraient menacer la solidité financière des entreprises concernées, mais aussi celles qui exposent les droits de l’homme et l’environnement à des risques intrinsèquement significatifs, indépendamment de leurs ramifications financières éventuelles. La finalité prêtée à cette transparence imposée est de rendre le tissu productif européen plus soutenable. Les commentateurs insistent généralement sur le rôle des parties prenantes dans ce gain de soutenabilité : la mise en transparence des pratiques des entreprises est supposée renforcer le pouvoir de pression et de négociation des syndicats et associations. Toutefois, l’enjeu du reporting institué par la directive du 14 décembre 2022 n’est pas seulement d’informer les tiers, ou d’infuser dans l’entreprise la crainte de pressions externes, mais aussi de pousser les dirigeants d’entreprise à réfléchir plus avant au modèle d’affaires choisi et à la configuration de la chaîne de valeur associée. En d’autres termes, le modèle de gouvernance qui inspire la fabrique du droit européen du reporting sur la durabilité n’est pas seulement celui du Panoptique benthamien, mais aussi le précepte gestionnaire qui veut que l’ « on (ne) gère (que) ce que l’on mesure ». Deux logiques distinctes sous-tendent ainsi la régulation par l’information à l’œuvre : l’amélioration des pratiques des entreprises est réputée procéder tantôt de pressions externes ou du risque de telles pressions (gouvernance par les parties prenantes ou par la seule transparence), tantôt de la réflexion interne (gouvernance réflexive). Bien que ces deux ressorts de la régulation par l’information soient théoriquement compatibles, leur articulation pratique pose des problèmes. Ainsi, une réglementation minutieuse du mode de fabrication des informations pourrait à la fois favoriser la comparabilité des données dont se nourrissent les pressions externes, et alimenter une mise en conformité de pure forme, au détriment d’une réelle réflexion sur la stratégie de l’entreprise et son modèle d’affaire. Si les entreprises conservent une réelle marge de manœuvre dans la fabrique de l’information sur la durabilité, c’est ainsi afin d’éviter de sacrifier la gouvernance réflexive sur l’autel de la gouvernance par les parties prenantes. L’espoir placé dans une telle régulation par l’information pourra sembler, à certains, comme un vœu pieu. Plutôt que de supplier les grandes entreprises multinationales de réinterroger leurs pratiques et leurs modèles d’affaire, pourquoi ne pas les contraindre à le faire ? La régulation par l’information n’est assurément pas une panacée, mais elle est peut-être la seule option effectivement disponible aujourd’hui pour rendre les pratiques des grandes entreprises plus compatibles avec les objectifs écologiques collectifs (à côté des subventions publiques et de la commande publique). Dans cette perspective, et compte tenu des débats persistants sur ce en quoi consiste une production durable, l’écueil fondamental de la Directive n’est peut-être pas d’avoir conservé l’orientation réflexive des textes qui l’avaient précédée, mais de l’avoir insuffisamment « outillée ». En effet, le texte ne garantit pas que les dirigeants des grandes entreprises réfléchissent vraiment au modèle d’affaire des entreprises qu’ils dirigent, et à sa compatibilité avec les limites des écosystèmes. Cet article propose plusieurs pistes afin d’y remédier et, ce faisant, d’amplifier la réflexivité environnementale des grands groupes.
M. Friant-Perrot et N. de Grove-Valdeyron (eds.), Les 20 ans du règlement sur la législation et la sécurité alimentaire dans l’Union européenne : Bilan et perspectives, 2023
Le foisonnement d’informations aux consommateurs sur les conditions de traitement des animaux d’é... more Le foisonnement d’informations aux consommateurs sur les conditions
de traitement des animaux d’élevage aurait théoriquement de quoi susciter de l’espoir. En France, l’industrie des productions animales est aujourd’hui plus opaque que celle du nucléaire. Or une transparence accrue sur l’état des pratiques du secteur rendrait possible l’exercice, sur les entreprises concernées, de pressions de nature à la fois politique (risque de renforcement de la réglementation) et marchande (risque de remise en cause de certains partenariats commerciaux, de boycott des consommateurs ou de désinvestissement par certains investisseurs éthiques), susceptibles de déboucher sur une amélioration progressive du traitement des animaux.
Toutefois, la communication sur le bien-être animal des entreprises s’apparente aujourd’hui plus souvent à un plaidoyer pro domo vague et non justifié qu’à une réelle mise en transparence des pratiques. Nous sommes ainsi bien loin de l’information précise, objective et comparable qui rendrait possible une authentique régulation par l’information. Nous n’en sommes pas même au stade où l’on pourrait espérer que l’information suscite une vraie prise de conscience de l’importance des enjeux de protection animale jusqu’aux niveaux les plus élevés de la hiérarchie des entreprises. Bref, il reste beaucoup à faire pour rendre possible une régulation par l’information en matière de bien-être animal.
Une telle régulation par l’information ne constituerait certes pas la panacée : la priorité devrait être, plutôt, à des transformations substantielles de la réglementation sur le bien-être des animaux d’élevage, afin que celle-ci protège mieux les animaux qu’elle ne le fait aujourd’hui. Bien que l’Union européenne soit souvent présentée parmi les « bons élèves » de la protection animale, la législation européenne reste, en effet, très en deçà de ce qui serait nécessaire pour garantir le bien-être animal3. D’une part, quantité de mauvais traitements et mutilations sont autorisés. D’autre part, les moyens à la disposition des services d’inspection sont très insuffisants.
Cependant, l’équilibre des forces politiques en présence n’est pas favorable à une amélioration globale et significative de la législation sur le bien-être animal dans le secteur agroalimentaire4. Dans ce contexte, il faut se résoudre à ne pas désespérer trop vite des potentialités de la régulation par l’information : peut-être que c’est la meilleure option dont nous disposions dans le contexte institutionnel actuel. Qui plus est, les politiques informa¬tionnelles peuvent utilement compléter et/ou préparer des transformations plus substantielles. L’expérience montre ainsi que l’étiquetage obligatoire du mode d’élevage des poules pondeuses a contribué à augmenter la demande d’oeufs élevés en plein air, et que les déports de consommation observés vers le « hors-cage » ont contribué à rendre politiquement acceptable la fin – aujourd’hui annoncée – de l’élevage en cage des poules dans l’Union européenne.
Afin de généraliser un tel cercle vertueux, par lequel la communication aux consommateurs favorise une amélioration significative du traitement des animaux, le droit actuel devrait néanmoins connaître un certain nombre de transformations. Ces dernières ne se situent pas seulement au niveau – relativement superficiel – des règles juridiques, mais aussi au niveau – plus fondamental – des hypothèses et des valeurs qui irriguent nos conceptions du droit économique en général, du droit de la consommation et du droit du commerce international en particulier. Et c’est ainsi qu’après avoir évoqué la prolifération des allégations relatives au bien-être animal dans la com¬munication d’entreprise (I), je présenterai les principales transformations juridiques à opérer en vue de rendre possible une régulation par l’informa¬tion des consommateurs en matière de bien-être animal (II).
Innovations agronomiques, 2023
La certification est convoquée en renfort pour maintenir la confiance dans un système économique ... more La certification est convoquée en renfort pour maintenir la confiance dans un système économique complexe et destiné à échapper pour une très large part au contrôle des autorités publiques. L’objet de cette contribution est de mettre à jour certains des enjeux juridiques associés au développement de la certification en matière de protection animale. Ces enjeux diffèrent selon que la certification est légalement obligatoire, demandée par un partenaire commercial (et/ou vantée dans des communications commerciales à destination des consommateurs.
EU Law Live, 2023
The international community’s ambition to transition towards a sustainable economy is fundamental... more The international community’s ambition to transition towards a sustainable economy is fundamentally challenging for capitalist economies. Harmonizing current economic growth rates with the respect of planetary boundaries would indeed require technological breakthroughs which haven’t occurred yet. Technological enthusiasts suppose that new technologies will emerge in the future which will make economic growth sustainable. However, there are considerable concerns regarding the plausibility that such technological breakthroughs will happen soon enough, about their availability worldwide, and about their potential risks and negative side-effects (including the rebound effect and potential detrimental impacts on human rights). No matter how one personally stands in this debate, one thing seems certain: taking the sustainability challenge seriously means that the legal infrastructure of capitalism will have to change.
EU Journal of Consumer Law (REDC), 2023
Information related to farm animal welfare has proliferated to an astonishing degree in the EU, u... more Information related to farm animal welfare has proliferated to an astonishing degree in the EU, under the form of voluntary labels on animal-source products’ front-of-packs, in advertising, and in companies’ institutional communication. However, these communications are often vague and deceptive, which is closely tied to the fact that
they are still under-regulated under EU law. This paper thus examines the conditions required in order for disclosure-based regulation to potentially improve the treatment of farm animals in the EU, by focusing on consumer information. The first section presents the many forms of commercial claims that corporations voluntarily formulate on farm animal welfare. The second section details shortcomings in the regulation of animal welfare claims by food corporations in the EU. The third section proposes legal reforms, as well as implementation opportunities to improve transparency about the treatment to which farm animals are subjected by companies operating on the EU market.
M. Torre-Schaub, A. Stevignon et B. Lormeteau (eds.), Les risques climatiques à l’épreuve du droit [Legal Stakes of Climate Litigation], IRJS Editions., 2022
A.-S. Epstein & M . Nioche (eds.), Le droit économique, levier de la transition écologique ? [Economic law: a lever for the ecological transition ?], Larcier, Collection “Droit Economie International”, 2022
Government agencies were traditionally supposed to take over the handling of conflicts regarding ... more Government agencies were traditionally supposed to take over the handling of conflicts regarding the use of the environment. However, governments across the world now support the development of environmental norms drafted and implemented by private actors. One can cast doubt upon the potential of these private environmental governance regimes. Indeed, the quality checks (duty to draft and publish an environmental impact statement) and democratic guarantees that have been attached to the governmental regulation of the environment (notably the public right-to-know and its right to participate to environmental decisions) have not been transposed to private environmental governance. As a consequence, the ongoing privatisation of environmental governance might lead to a decline in environmental democracy and ecological efficiency. This article highlights reform avenues in order to solve this issue without giving up on private environmental governance.
L e 13 octobre 2022, l' Assemblée nationale a finalement rejeté l'amendement au projet de loi de ... more L e 13 octobre 2022, l' Assemblée nationale a finalement rejeté l'amendement au projet de loi de finances pour 2023 destiné à priver de réduction d'impôt les dons « aux associations dont les adhérents sont reconnus coupables d'actes d'intrusion sur les propriétés privées agricoles et établissements industriels ». Il faut s'en réjouir. En effet, sous l'apparence d'une mesure fiscale, cet amendement tentait en fait d'interdire aux associations de défense de l'environnement et de la protection animale de documenter l'inapplication du droit en vigueur ou son insussance pour garantir la protection de l'environnement, de la santé et du bien-être animal en contexte agricole. Lire aussi : Budget 2023 : adoption surprise en commission d'un amendement ciblant les associations de protection animale Au-delà, cet amendement posait d'évidentes difficultés juridiques. En effet, à quelle nécessité répondait la création d'une sanction complémentaire à la sanction principale visant le membre de l'association ? Si une association était complice de l'infraction commise par son adhérent, elle s'exposait déjà à des sanctions civiles et pénales ; et si l'association était étrangère à l'infraction commise, à quel titre la sanctionner ? Une source de préoccupation En outre, supprimer la déductibilité fiscale des dons faits à une association revient le plus souvent, en
Le droit économique : levier de la transition écologique ?, Bruylant, 2022
Préface des actes du colloque sur Le droit économique : levier de la transition écologique ? orga... more Préface des actes du colloque sur Le droit économique : levier de la transition écologique ? organisé avec Marie Nioche à la Commission de régulation de l'énergie les 14 et 15 juin 2021.
Revue internationale de droit économique, 2022
Special Issue of the Revue Internationale de Droit économique [International review of Economic L... more Special Issue of the Revue Internationale de Droit économique [International review of Economic Law], 2021/2
G. Bargain & F. Juredieu (dir.), La pérennité de l'entreprise, LexisNexis, 2022
Socially responsible investment is often referred to as an investment that supports the sustainab... more Socially responsible investment is often referred to as an investment that supports the sustainability of the company. However, a significant part of the assets managed in a so-called "socially responsible" manner are invested in companies whose activities are not environmentally sustainable. The sustainability of these allegedly socially responsible asset owners is therefore at stake. Moreover, the label "SRI", or even that of "environmentally sustainable investment", is not synonymous with greater patience on the part of investors, or with a moderation of the lure of short-term gains. As a consequence, the presence of socially responsible investors among the shareholders is no guarantee of sustainability for investee companies. The inability of SRI to guarantee the sustainability of both financial actors and investee companies raises doubts about the potential of the current European strategy, which consists of simply encouraging financial actors to be virtuous or prudent, mainly through broadly framed informational requirements. Instead, a more proactive environmental regulation of finance is required.
in F. Safi & A. Casado (eds.), L’entreprise face aux défis environnementaux, IRJS, 2022
M. Torre-Schaub, A. Jézéquel, B. Lormeteau & A. Michelot (ed.), Dictionnaire juridique du changement climatique, Mare & Martin, 2022
I. Michallet (dir). Bien-être et normes environnementales, Mare & Martin, 2022
Protecting the environment is often presented as going hand in hand with protecting animals and t... more Protecting the environment is often presented as going hand in hand with protecting animals and their well-being. However, environmental law is still very hermetic to animal welfare, especially when it comes to farmed animal welfare. This article claims that this reluctance to embrace farmed animal welfare among environmental law's objectives illustrates the lack of critical teeth of environmental regulations. To a very large extent, environmental regulations have accompanied the destruction of nature and legitimized it, instead of stymiing it. Embracing farmed animal welfare amongst its objectives would enable environmental law to not just better support environmental justice, but also to achieve efficiency gains.
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Dans l’esprit de nos contemporains, du moins en Europe, la protection de l’environnement va de pair avec le bien-être des animaux, en particulier celui des animaux d’élevage. Une convergence des luttes s’est d’ailleurs observée à plusieurs reprises entre l’aspiration écologiste à une agriculture moins polluante et la revendication animaliste d’un élevage moins concentrationnaire. Dans les pratiques mises en œuvre par les éleveurs, on constate également des tentatives intéressantes en vue d’établir une harmonie entre ces deux préoccupations. Le système juridique reste cependant en retrait de la convergence à l’œuvre, puisqu’il isole les normes tournées vers la protection de l’environnement (droit de l’environnement) de celles qui ont pour vocation d’améliorer le sort des animaux d’élevage (droit rural). Le refus d’ériger le bien-être des animaux d’élevage en objectif du droit de l’environnement exprime un parti pris politique, celui de ne pas contrarier l’intensification de l’élevage, telle qu’elle a été activement soutenue par les politiques publiques depuis les Trente Glorieuses. Ce faisant, le droit de l’environnement poursuit un modèle de transition écologique qui puise aux sources de la soutenabilité faible : il ne s’agit pas tant de repenser les modèles de production et de consommation dans un souci de justice environnementale que de développer des technologies capables de traiter de manière ciblée les maux les plus graves de l’élevage intensif. Le sujet du bien-être des animaux d’élevage invite ainsi à se poser la question du modèle de transition écologique soutenu par le droit de l’environnement. Pourquoi ne pas ériger le bien-être animal au rang de critère de sélection parmi les différentes options normatives destinées à la protection de l’environnement ? Ce faisant, le droit de l’environnement œuvrerait d’un même mouvement à l’amélioration de l’environnement, à la protection du bien-être animal et à la protection des droits sociaux des travailleurs qui œuvrent au contact des animaux dans des conditions actuellement souvent incompatibles avec la dignité des uns comme des autres. En intégrant l’objectif de bien-être animal, le droit de l’environnement recouvrirait un peu de sa capacité critique, de sa sensibilité à la question sociale et de son enracinement éthique.
J'ai coordonné la rédaction de ce référentiel dans le cadre de l’association InfoTrack . Il s'agi... more J'ai coordonné la rédaction de ce référentiel dans le cadre de l’association InfoTrack . Il s'agit du premier référentiel indépendant destiné à réguler les communications commerciales des entreprises dans le domaine du bien-être animal.
Ce standard est issu du travail mené par un collectif d’étudiants, d’enseignants et de chercheurs, d’abord dans le cadre de l’Ecole de Droit de Sciences Po Paris puis sous l’égide de l’Association InfoTrack créée en 2019.
Les Principes directeurs comprennent 25 recommandations à destination des entités qui souhaitent communiquer sur leurs bonnes pratiques en matière de bien-être animal ou qui développent des labels/étiiquettes intégrant des critères de bien-être animal.
Parce qu’ils fournissent une grille d’évaluation objective des prétentions des entreprises en matière de bien-être animal, ces Principes directeurs pourront également aider les parties prenantes à évaluer les communications commerciales sur le sort des animaux d’élevage, que ce soit en termes de contenu informatif ou d’intégrité du processus d’élaboration.
This report highlights key hurdles that, in practice, stymie the remediation of environmental dam... more This report highlights key hurdles that, in practice, stymie the remediation of environmental damages. It results from the work of a working group bringing together academics and practitioners. I have written this report on the basis of the commission's reflections and discussions.
French law now requires the compensation of environmental damages, understood as damages to the e... more French law now requires the compensation of environmental damages, understood as damages to the environment itself. But the remediation of environmental damages still falls short in practice, to a large extent because of a lack of clear identification of the different damages that should be remedied. In this paper, I present the result of a research project I have participated to, which has proposed a typology of environmental damages.
Mare & Martin, 2023
Du droit des sociétés au droit du commerce international en passant par le droit de la commande p... more Du droit des sociétés au droit du commerce international en passant par le droit de la commande publique ou le droit de la concurrence, toutes les disciplines du droit économique sont, d’une manière croissante, sollicitées afin d’accélérer la transition écologique. Il en résulte l’essor d’un « droit économique de l’environnement » dont il convient de mettre au jour toutes les virtualités. Manifestement, ses acteurs et ses méthodes diffèrent de ceux du droit de l’environnement et du droit économique traditionnels. Ainsi, les grandes entreprises multinationales y jouent un rôle de premier plan. Par ailleurs, les régulateurs économiques s’interrogent sur leur vocation à orienter, voire à contrôler les politiques écologiques des acteurs du marché. Bien plus, les parties prenantes sollicitent l’attribution de nouvelles prérogatives de contrôle et de participation. Parallèlement, les méthodes et les principes classiques du droit de l’environnement (étude d’impact environnemental, principe de conciliation entre objectifs écologiques et économiques, principe de précaution, etc.) infusent le droit économique. L’ouvrage prend la mesure des bifurcations résultant de ces mutations, et il les analyse dans une perspective critique et interdisciplinaire. Il identifie encore de prometteuses perspectives de réforme.
Bruylant, 2022
Le présent ouvrage est le fruit des réflexions menées lors du colloque qui s’est tenu à Paris les... more Le présent ouvrage est le fruit des réflexions menées lors du colloque qui s’est tenu à Paris les 14 et 15 juin 2021. L’ambition de ce colloque était d’appréhender le droit économique et le droit de l’environnement, non plus seulement en termes de conciliation, mais en termes de synergies. Toutes les branches du droit économique – droit des sociétés, droit du commerce international, droit des contrats internationaux, régulation financière, etc. – sont aujourd’hui sollicitées afin d’accélérer la transition écologique.
L’ouvrage ne se contente pas de mettre en évidence les manifestations concrètes de cette tendance en droit positif. Il donne les clefs d’une compréhension globale du phénomène. Il explore aussi un certain nombre de pistes de réformes futures.
La première partie de l’ouvrage s’interroge sur la généalogie et le bien-fondé de cette mutation écologique du droit économique. La deuxième partie se propose de réinterpréter les grandes notions du droit économique à la lumière des enjeux écologiques. La troisième partie questionne les modalités selon lesquelles la protection de l’environnement est aujourd’hui mise en balance avec les droits et libertés économiques. Les quatrième et cinquième parties sont consacrées au renouvellement des modèles de régulation, envisagé sous deux angles différents. La quatrième partie braque les projecteurs sur le rôle accru des acteurs privés dans la régulation environnementale. Enfin, la cinquième partie est constituée d’une table ronde. Elle donne la parole aux régulateurs économiques et financiers, afin que ces derniers s’expriment sur l’intégration de la transitio écologique dans leur mandat.
L’ouvrage intéressera tant les praticiens que les théoriciens du droit économique et du droit de l’environnement, ainsi que les étudiants désireux d’approfondir les questions se situant à la confluence de ces deux disciplines.
This book analyzes the rise of a new form of governance of corporate environmental impacts that r... more This book analyzes the rise of a new form of governance of corporate environmental impacts that relies mainly the production and dissemination of information. Instead of or alongisde with more substantive environmental duties, companies are increasingly being asked to disclose information on the environmental impacts of their activities and their environmental targets. aThe book sketches a genealogy and a critical theory of governance through corporate disclosure in environmental law and beyond. It highlights reforms required in order for informational governance to live up to its promises. This book has been awarded received the Alexandre Varenne Institute Prize (now the Joinet Prize) in the category: "Private law: fundamental concepts and comparative law" (2015).
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Cet ouvrage analyse l’essor d’une nouvelle forme de régulation des impacts environnementaux des entreprises qui s’adosse essentiellement à des obligations de produire et de diffuser des informations. Ces informations portent, selon les cas, sur les impacts environnementaux des entreprises et/ou sur leurs objectifs de performance environnementale. La thèse propose une théorie générale de la régulation par l’information dont la portée dépasse le champ de l’environnement. La généalogie, les ramifications juridiques, les potentialités et les faiblesses de cette régulation informationnelle sont mises en avant. Des réformes sont préconisées en vue de faire en sorte que les espoirs placés dans la régulation informationnelle de l’environnement ne soient pas infondés. Cette thèse a reçu le Prix de l’Institut Alexandre Varenne (devenu Prix Joinet) dans la catégorie : « Droit privé : concepts fondamentaux et droit comparé » (2015).
Corporate environmental disclosure < French and comparative law
Présentation lors des Carrefours de l'innovation agronomique 2022 Retrouvez la vidéo de la journé... more Présentation lors des Carrefours de l'innovation agronomique 2022
Retrouvez la vidéo de la journée ici: https://www.youtube.com/watch?v=slEqBoS4XHM
Sustainability Lunchtime Seminars: Where Environmental Law Meets Economic Law, 17 May, 2022, 2022
Capitalism rests on a legal architecture organized around a series of binary distinctions. The de... more Capitalism rests on a legal architecture organized around a series of binary distinctions. The development of large transnational corporations has eroded the relevance of many of these traditional binaries. It is now clear that traditional oppositions between public and private law on the one hand, and national and international law on the other, are all but useful to understand and to govern private economic powers that craft a global law spanning beyond Nation States. However, another dichotomy that marks the traditional legal structure of capitalism remains very (too) prevalent: it is the one that dissociates business law, supposedly dedicated to developing economic transactions, and external regulations, supposed to remedy the negative externalities and distortions in the distribution of value that result from these transactions. The presentation will highlight the need to distance oneself from this dichotomy, by studying the propensity of the divide between business law and environmental law to fuel the ecological crisis. A critical cross-analysis of business law and environmental law will be proposed, from which several original reform proposals will emerge.
Dismantling the Dichotomy Between Business and Environmental law, Lunch Seminar of the Companies,... more Dismantling the Dichotomy Between Business and Environmental law, Lunch Seminar of the Companies, Markets and Sustainability Group, University of Osly Faculty of Law, April 7, 2022
Talk at the "Animal and the Law" Training session organized by the National School of the Magistr... more Talk at the "Animal and the Law" Training session organized by the National School of the Magistracy (May 2022)
Présentation lors de la Formation sur L'animal et le droit dispensée dans le cadre de la formation continue des magistrats par l'Ecole nationale de la magistrature (Mai 2022)
2022 (January) La régulation de entreprises transnationales, par-delà la distinction entre le dr... more 2022 (January) La régulation de entreprises transnationales, par-delà la distinction entre le droit des affaires et le droit de l’environnement [Dismantling the dichotomy between environmental and business law to govern large transnational companies], Séminaire Entreprise, Responsabilité et Civilisation [Seminar : Corporation, Responsibility and Civilization], Ecole des Mines, Paristech
En Europe, la protection de l’environnement a longtemps été pensée comme la province du droit de l’environnement. Dans le même temps, ce dernier a été globalement conçu comme une discipline autonome, applicable uniquement aux activités situées sur le territoire national. Or la délocalisation de la production de la plupart des risques écologiques dans des pays en développement pousse à questionner ce modèle, d’autant que bon nombre des dommages à l’environnement ainsi délocalisés reviendront ensuite en boomerang, à l’instar des gaz à effet de serre qui réchauffent l’atmosphère planétaire où qu’ils aient été émis.
Plusieurs outils juridiques ont alors vu le jour pour favoriser la responsabilisation de la grande entreprise européenne, appelée à impulser une écologisation de l’ensemble de sa chaîne de valeur transnationale, au-delà de ce que la législation environnementale locale prescrit effectivement. Toutefois, ces outils restent pour l’heure plus incitatifs que directement contraignants. Serait-il légitime et possible d’aller au-delà en créant les conditions d’une réelle responsabilité juridique des grandes entreprises européennes pour les dommages à l’environnement qu’elles rendent possibles et dont elles tirent profit ? La présentation examinera cette question en mettant en avant la fécondité d’une analyse intégrant le double point de vue du droit des affaires et du droit de l’environnement.
The text of my speech at the Court of Cassation (the French Supreme Court) during a conference ho... more The text of my speech at the Court of Cassation (the French Supreme Court) during a conference hosted by APCEF on May 17, 2019. At this conference, I presented the report of the APCEF working group on the remediation of ecological damage. The program and the video are available here: https://www.apcef.com/652_p_53896/colloque-du-17-mai-2019.html
Lecture I gave at Paris Nanterre University in 2019 There are different conceptions of CSR, of... more Lecture I gave at Paris Nanterre University in 2019
There are different conceptions of CSR, of what it means for a business to be responsible. Depending on one’s conception of CSR and of its main drivers (economic or politic), one does not reach the same conclusions on its historical meaning . Some analysts consider CSR as pathbreaking : it would urge the democratization of corporate governance and/or an increased alignment between private action and public good.
For others, CSR represents an alliance between “business-as-usual” and "window-dressing". In this vein, CSR is regarded with skepticism as a new trick of capitalism: a new ideology designed in order to make people believe that the accumulation of money in giant corporations managed in the interest of their shareholders serves the public good.
Dans un certain nombre de circonstances, et en particulier en matière d'élevage et de pêche, le d... more Dans un certain nombre de circonstances, et en particulier en matière d'élevage et de pêche, le droit appréhende les traitements générateurs de souffrances pour les animaux (enfermement, mutilations, privations, etc.) non comme des actes répréhensibles, mais comme des pratiques ordinaires, considérées comme nécessaires pour répondre à des impératifs économiques. Cette conférence mettra en évidence comment le droit économique en Europe soutient voire encourage, à travers ses différentes branches (droit des sociétés, droit de la consommation, droit financier, droit de la concurrence, droit fiscal, droit du commerce international, droit du travail, etc.), l'exploitation – qui peut se révéler cruelle – des animaux. Tout en braquant les projecteurs sur la question animale, le colloque sera aussi l’occasion d’identifier, dans le fonctionnement actuel du droit économique, un certain nombre de facteurs qui concourent également à la destruction de l’environnement et aux atteintes aux droits fondamentaux. Dans une approche plus prospective, les intervenants identifieront aussi les techniques juridiques à activer en vue de faire du droit économique un levier – potentiellement très puissant – d’amélioration du traitement des animaux, dans le contexte de l’Union européenne. La conférence s’adresse aux chercheurs et aux praticiens qui s’intéressent aux potentialités du droit économique pour résoudre les maux de notre temps, ainsi qu’aux spécialistes du droit de l’animal qui s’interrogent sur les modalités concrètes d’amélioration du sort des animaux.
I co-organized this 2-days conference on the ecologization of business law, its actors and method... more I co-organized this 2-days conference on the ecologization of business law, its actors and methods, at Paris Nanterre University on June 7-8, 2022.
I runned this online workshop series on sustainable corporate governance between January and June... more I runned this online workshop series on sustainable corporate governance between January and June 2021. Most presentations have been published in a special issue of the International Review of Economic Law (2021/2): https://www.cairn.info/revue-internationale-de-droit-economique-2021-2.htm
I co-organized this conference at the French Energy Agency (Paris) in June 2021
I helped organizing this series of conferences at the French Supreme Court on Environmental Law ... more I helped organizing this series of conferences at the French Supreme Court on Environmental Law & Economics.