Rhétorique, public et « manipulation » (original) (raw)

Rhétorique, public et "manipulation", Hermès n°38, 2004

2004

Rhetorics, audience and “manipulation”. Rhetorics can be seen as a theory of reception and of audience, inside a theory of the way discourse is produced. This view leads to a critique of the “manipulation” paradigm and suggests that information and communication sciences may defend, against these manipulation ideas and vocabulary, a need for a circumstantial analysis of the rhetoric and argumentative forms which are operating through mediatic discourses.

"Nous sommes le public". Apports de la Rhétorique à l'analyse des publics. Réseaux n°126, 2004

2004

In this article the author applies Perelman's theory of argumentation to develop an intermediate level of reception between the 'model viewer'? and the 'public'? as a community of use: the 'audience'?, a limited collective constructed by viewers in response to a collective targeted by a particular programme. He starts with attested reactions such as readers' mail and analyses how viewers construct the collective that gives the programme meaning for them, while the relationship with a programme guarantees a relationship with a text. There are thus recurrent forms of audience production that the author calls repertoires.

Rhétorique, images médiatiques et construction du monde commun

Rhétorique, images médiatiques et construction du monde commun Cristina Peñamarín Quelle que soit la position que l'on adopte par rapport à la question de savoir si c'est l'homme ou le monde qui est en jeu dans la crise actuelle, une chose est sûre : la réponse qui place l'homme au centre du souci et qui prétend devoir le changer et lui porter secours est profondément non politique. Car, au centre de la politique, on trouve toujours le souci pour le monde. (Arendt, H. 1995, Qu'est-ce que la politique. Paris, Seuil. Textes écrits entre 1955 y 1959) 1. Monde commun et sphère publique médiatisée 1 Nous habitons dans un « monde commun ». Cette expression récurrente a un double sens : le monde est notre chez nous, il appartient à l'individu et à la communauté, à la fois pour dire qu'il nous héberge tous et que nous devons en prendre soin comme de notre propre chez nous. Or ce qui intéresse Arendt, c'est le chez nous que nous construisons avec nos paroles et nos actions, de façon volontaire et involontaire. Cette idée dépasse largement celle de la planète-monde qui, grâce à la diffusion des discours écologistes, est conçue dans la nécessité d'en prendre soin et de la préserver. Toutefois, je crains que notre perception du monde comme construction collective soit bien pauvre, que cette dimension collective du monde soit quasiment absente de nos représentations, de nos discours, de nos images, de nos métaphores et récits quotidiens. C'est pourquoi je voudrais ici aborder notamment les (rares) images du monde qui nous permettent de comprendre le monde comme construction collective. En considérant le monde commun comme un concept essentiel en politique, Arendt fait référence au monde dans ses rapports aux « objets fabriqués par la main de l'homme, ainsi qu'aux questions de ceux qui habitent ensemble dans le monde fait par l'homme » (Arendt 1993: 61). La politique devient ainsi la composition progressive du monde commun, comme le signale Latour (2011). Dans cette perspective, si l'idée que la parole et l'action contribuent à la configuration du monde et de son sens commun surgit à partir des publics, la responsabilité de chacun par rapport à ses paroles, à ses images et à ses actions devient alors la dimension éthique de base. Notre environnement communicationnel est si dense, si mobile, si surabondant que nous avons tendance à croire que dans les images d'origine multiple, parues sur les innombrables écrans et les supports quotidiens, il y a « de tout ». Toutefois, force est de constater qu'il s'agit là d'un leurre, puisque certaines représentations ne figurent pas dans ces immenses archives d'inscriptions mobiles et enregistrables. Ainsi, bien que ces archives soient immenses, elles sont aussi limitées et non exhaustives. Cette question est fondamentale dans la vie publique et nous pouvons nous demander ce que contient et ce qui est exclu des encyclopédies courantes ; comment le « normal », le réel et le possible y sont définis. Et aussi comment comprendre leur dynamique de stabilisation et de changement. Pour Arendt, toutes les sociétés ont besoin de créer une sphère publique

La place de la rhétorique dans l’opération traduisante de la publicité

Articles hors thème, 2014

Jusqu’ici, et suivant une approche descriptive, on a cherché à répondre à la question « Comment traduit-on une publicité ? » en oubliant la nature intrinsèque du discours publicitaire. Et pourtant, pour pouvoir adapter un message publicitaire, l’opération que réalise le traducteur suppose et implique en amont la connaissance et la compréhension de la nature rhétorique de la publicité. Nous entendons ici par rhétorique la technique de la communication et du discours persuasif. La question qui se pose d’emblée pour le traducteur du domaine publicitaire n’est donc pas tellement « Comment traduit-on une publicité ? », mais plutôt « Que traduit-on dans une publicité ? » Suivant une approche prescriptive, nous analysons dans cet article le discours publicitaire en tant qu’acte perlocutoire, en nous concentrant sur l’argumentation et ses modèles les plus élémentaires. Nous proposons ainsi un survol théorique à l’usage du traducteur et fondé sur la théorie de l’argumentation appliquée à la ...

La rhétorique comme misdirection : l’art du bien parler et les tours de magie

Pallas, 2013

Ma contribution 1 porte sur la métaphore du prestidigitateur appliquée à la rhétorique. Elle appartient à mon étude générale sur l'image du prestidigitateur dans les littératures grecques et latines. Sur ce sujet, que je sache, il n'existe pas d'étude exhaustive, alors qu'il y en a beaucoup sur la magie. Le prestidigitateur devait pourtant être un personnage assez commun : le Digeste 2 prévoit des peines pour les accidents causés par les enchanteurs de serpents, et le prestidigitateur pouvait être un sujet occasionnel de portrait. Pline l'Ancien 3 rapporte l'histoire d'une femme peintre, Irène ou Calypso (selon qu'on interprète Calypso comme nominatif ou accusatif) qui aurait peint un ancien prestidigitateur, Théodore. Praestigiator est un mot si commun qu'il est employé par Varron 4 comme exemple de nomen agentis professionnel formé par le préfixe-tor. L'art de l'illusion, cela va sans dire, ne fait pas partie des arts transmis par écrit. On peut donc le reconstituer seulement par voie indirecte, à travers d'occasionnelles citations ou des métaphores dans des oeuvres qui parlent d'autre chose. Mon intervention trouve son origine dans le fait que la métaphore de la prestidigitation se trouve souvent liée à l'art de la parole. Je souligne prestidigitation, car on doit ici préciser : le mot « magie » est en effet équivoque ; il peut indiquer des pouvoirs surnaturels, ou bien leur simple simulation par l'art de l'illusionnisme. Le mot « magicien », en français, peut se référer tout simplement à un artiste, et non pas à un médium doué de pouvoirs surhumains. Il existe, cependant, une zone d'ombre entre magie et prestidigitation, qui passe à travers un mécanisme : celui de la suspension de l'incrédulité, dans le meilleur des cas, et, dans le pire des cas, celui de l'imposture. J'essaierai ici de me limiter au domaine de l'illusionnisme, puisque les liaisons

Rhétorique administrative, stratégies discursives et mauvaise nouvelle

Canadian Journal for Studies in Discourse and Writing/Rédactologie

In argumentative discourse, writers strategize to present the reader with a vision of the world that appears to have the credibility of truth. This article analyses a corpus of annual reports and examines the discursive strategies that writers employ to construct the image of"truth" that supports and "justifies" a poor .financial peiformance. Le discours argumentatif prend forme dans le langage, instrument de symbolisation, qu'un énonciateur s'approprie pour rendre compte de sa schématisation du monde et pour convaincre un destinataire qu'il dit vrai. Nous examinons ici les stratégies discursives à l'oeuvre dans un corpus de rapports annuels, de manière à construire l'effet de sens vérité recherché par l'énonciateur, alors qu'il doit justifier de mauvais résultats financiers. 1 ARGUMENTATION ET POUVOIR SONT AU COEUR DES REIATIONS HUMAINES en société, tout est enjeu, tout est à définir en fonction des intérêts de chacun et des groupes d'influence, qui se disputent les différents pouvoirs d'une communauté. Le discours argumentatif est le lieu de médiation de ces intérêts souvent contradictoires, tout au moins lorsqu'il n'est pas remplacé par des actes violents. Ce qui fait dire à Georges Vignaux (1978 : 137) que, «Le discours du pouvoir passe par le pouvoir du discours.» :Cun configure l'autre, et vice versa : l'argumentation, construite en fonction d'une stratégie de pouvoir, trouve son expression privilégiée dans le discours, qui légitimera subséquemment le pouvoir qu'il a contribué à façonner. :Censemble de ces manipulations de nature symbolique laisse des traces apparentes dans le discours. Quelqu'un parle, se manifeste dans tout discours. Entre la réalité et le discours argumentatif, donc, se glisse irrémédiablement un énonciateur ayant pour but d'établir, d'édifier des faits et des vérités, de les

La rhétorique de la crise et la révocation de la sphère publique

* This text is an examination of the democratic public sphere in relation to the presently dominating crisis discourse. More precisely, we endeavor to expose assumptions, aims and consequences entailed by the discourse of crisis, hereafter considered as a rhetorical apparatus asserting that crisis reveals an unambiguous and mandatory nature of things imposing self-evident and thus non deliberative decisions concerning both singular existence and communities. The crisis discourse serves to endorse indisputable certainty and therefore to blur or even suppress indeterminacy. Nevertheless, and it is our guiding allegation formulated mainly in reference to Claude Lefort's political thought, the possibility of democracy and of its public sphere depends constitutively on a unique indeterminacy. Our analysis proves that restoring certainty cannot but go along with a naturalist fallacy and an abuse of rhetoric power postponing deliberative-shaped democratic practices. This line of reasoning comes to define public sphere as a rhetorical counter-power strategy meant to reassert democratic indeterminacy

Rhétorique, théâtralité et corps actorial

Dix-septième siècle, 2007

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Rhétorique et communication de crise

La recherche en communication de crise est toujours à ses débuts. Voilà pourquoi il serait difficile de parler d'"émergences et de continuités" dans ce domaine étant donné que des écoles ou des traditions ne se sont pas encore constituées. Jusqu'à aujourd'hui, la littérature publiée sur le sujet (et plus généralement, sur la gestion de crise ou le phénomène de crise) a plutôt été dominée par les praticiens que par les théoriciens, ce qui explique pourquoi la plupart des ouvrages se basent sur des théories opérationnelles, c'est-à-dire sur des expériences acquises par des consultants et mises en oeuvre afin de trouver des solutions simples (voir par exemple Meyers 1986, Regester 1989 ou Barton 2000). Cela signifie en plus que la littérature adopte une perspective restreinte : c'est toujours à partir du point de vue du destinateur, à savoir les entreprises ou les organisations, que les "bons conseils" sont donnés. Il faut pourtant mentionner que des ouvrages scientifiques ont vu le jour depuis la fin des années 1980 (voir par exemple .

Ironie, rhétorique et démocratie

HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2009

sur les arts et le langage IRONIE, RHÉTORIQUE ET DÉMOCRATIE Plutôt que de l'analyser isolément, j'aimerais considérer l'ironie dans le cadre de la théorie des quatre tropes majeurs telle qu'elle est fixée une première fois par Ramus (Dialectique, 1543-1555), réinterprétée par Vossius (Institutions oratoires, 1606) et Vico (Principes d'une Science nouvelle, 1725, 1744) puis exploitée par Burke dans A Grammar of Motives (1945). Ramus repense la classification des tropes et des figures en ramenant de douze (Quintilien) à quatre le nombre des tropes, correspondant aux quatre façons principales de changer la signification propre d'un mot : par métonymie, c'est-àdire déplacement des causes aux effets, du sujet à l'adjoint ou vice versa ; par métaphore, c'est-à-dire comparaison ; par synecdoque, c'est-à-dire passage du tout à la partie ou de la partie au tout ; par ironie enfin, c'est-à-dire passage d'une chose à son sens opposé 1. Les quatre tropes reposent sur les mêmes lieux, les mêmes relations qui fondent les principaux arguments dans la méthode, dans l'invention. Vico assimile les quatre tropes rhétorico-poétiques aux opérations logiques de l'entendement et il les utilise pour définir une nouvelle logique et philosophie de l'histoire : à l'âge des dieux correspond la métaphore ; à l'âge des héros, la métonymie, période où un sens commun cohérent commence à se fracturer en une pluralité de visions du monde concurrentes ; à l'âge des hommes, la synecdoque ; à l'âge présent où la réflexion et l'abstraction l'emportent sur les sens et l'imagination, où la prose succède à la poésie, le stade de l'ironie, c'est-à-dire le retournement ou l'inversion des valeurs d'antan. A partir du paragraphe 2 de la Poétique aristotélicienne, où les oeuvres d'imagination sont classées en fonction des aptitudes comparées du héros, mais sans référence explicite à la théorie des quatre tropes majeurs, Northrop Frye dans Anatomie de la critique, en 1957, arrive à un tableau assez comparable à celui de Vico de la corrélation entre âges de l'histoire et dominante de chacun des quatre tropes dans sa théorie des modes et des genres : la « littérature européenne de fiction des quinze derniers siècles » serait passée par une gradation continue de l'âge mythique des dieux, à l'âge du héros des récits légendaires, au héros