Errances de la tolérance (original) (raw)
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Apports et limites de la tolérance
2015
Vincent de Coorebyter e terme de tolérance est à la fois familier, largement revendiqué et mal défini. Il est frappant de constater qu'il joue un rôle discret dans les débats contemporains sur la multiculturalité : il ne constitue pas un principe directeur des débats, une notion clé comme peuvent l'être la liberté, la neutralité ou la laïcité. De même, les textes juridiques qui régissent la pluralité convictionnelle contournent la notion de tolérance au profit de termes qui ne sont pourtant pas, en première approche, beaucoup plus précis. L'objectif de cet article est d'avancer quelques clés d'explication-très partielles-de cet état de fait, en contournant les événements et les évolutions propres à la Belgique. Nous nous bornerons à évoquer une période précise, celle de l'âge d'or de la tolérance, et à dégager quelques leçons des expériences françaises et anglaises qui contribuent à expliquer, nous semble-t-il, le relatif déclin de la notion de tolérance : notre objectif est d'indiquer pourquoi la liberté et l'égalité sont plus essentielles que la tolérance, et ont fini par la supplanter dans notre boîte à outils conceptuelle. Les apports de la tolérance De la seconde moitié du 16 e siècle à la seconde moitié du 18 e siècle, on ne parle pas encore de reconnaître, en toute généralité, la liberté de culte et de conscience, ainsi que l'égalité entre citoyens qui devrait en découler : les esprits les plus ouverts militent en faveur de la tolérance. En 1598, les quatre textes rassemblés sous le nom d'édit de Nantes accordent, par la volonté du roi Henri IV, la tolérance aux protestants français ; en 1689, pour contribuer au rétablissement de la paix civile en Angleterre, Locke publie sa Lettre sur la tolérance ; en 1763, c'est encore un Traité sur la tolérance que publie Voltaire en réaction à l'affaire Calas ; en 1787, c'est par un édit de tolérance que Louis XVI accorde un état civil aux protestants français, qui en avaient été privés par la révocation de l'édit de Nantes en 1685.
La Tolérance a-t-elle un Avenir?
Philosophica, 2000
Peut-on voir derrière la notion de tolérance, pratiquer un exercice de suspicion philosophique à son égard? En d'autres termes, au lieu d'énumérer les raisons qui en font un devoir pour l'homme rationnel et moderne, ne devrions-nous pas tenter de comprendre pourquoi elle se réalise et se matérialise dans certaines conditions et pourquoi elle paraît-et se révèle-nettement utopique dans d'autres? Au lieu d'égrener les justifications de ce qui est considéré comme un devoir-être ou une norme morale, ne serait-il pas utile de la connaître comme un être de fait, et d'examiner les raisons qui font qu'elle est ce qu'elle est, indépendamment de nos souhaits, de nos volontés, de nos prêches et de nos justifications? Pourquoi la tolérance s'impose-t-elle dans certaines conditions (sociétés polythéistes de l'antiquité, Espagne musulmane, Europe protestante) et pourquoi est-elle rejetée dans d'autres?
Tolérance(s). Réflexions préliminaires
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2019
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2019
Par sa définition la tolérance recouvre un champ étendu qui laisse une grande latitude d'interprétation et peut aller jusqu'au laisser faire ou à la démission de la pensée. Il a fallu des penseurs comme Pierre Bayle, John Locke ou Voltaire pour apporter un sens réellement humaniste et lumineux à la tolérance qui ne peut exister sans le partage et la confrontation des idées. Au niveau humaniste la tolérance doit intégrer l'ouverture à la conscience de l'autre. C'est la condition d'application du partage humain où tous s'enrichissent de leurs différences. Mais il ne faut pas oublier que le champ de ce partage ne peut être restreint aux murs académiques de la pensée.
Si l'intolérance, en philosophie, prend fréquemment la forme du rejet non argumenté de textes ou d'auteurs dont on ne partage pas les idées, on peut dire, a contrario, que les écrits et l'enseignement de Jacques Bouveresse témoignent d'une rare tolérance, lui qui a consacré articles et cours à l'examen et la défense d'auteurs injustement ignorés dont la pensée ne s'accorde que très partiellement à la sienne. Mais il a aussi bien, et peut-être même davantage encore, su montrer qu'en philosophie comme ailleurs, il importait de reconnaître les limites de la tolérance, de critiquer ce qui est rationnellement intolérable, en menant au besoin, pour la défense de la rationalité, un véritable combat.
Errance et passage à la limite
Carnets, 2017
La frontière est ce qui sépare et relie deux côtés dont elle participe à la fois. Ligne de partage, elle est clôture au-delà de laquelle on devient un étranger sorti du pays, mais aussi seuil à partir duquel on se laisse habiter par des paysages, aux confins d'un inconnu dont l'étrangeté paraît repousser toute limite. On parlera dans un cas d'errance, et dans l'autre on parlera plutôt de passage. Ici, mouvement désorienté dans les marges, et là, carrefour à la croisée de marches inventées par des chemins qui marquent. Un espace est tantôt celui du point tantôt celui du pont. Le point sera celui d'une île de quarantaine où, chez Le Clézio, des migrants sont internés dans l'attente de leur embarquement pour l'île Maurice. Et le pont sera celui qu'empruntent les personnages de McCarthy pour franchir la frontière américano-mexicaine. Une aventure existentielle attend les voyageurs. Au lieu du but affiché : retour à des origines incertaines au contact d'un ailleurs, on touche à des limites où le dépassement de celles-ci révèle un envers intérieur. Et la frontière, opérant normalement la territorialisation des lieux, finit par déterritorialiser l'espace en amenant l'homme au bout de lui-même et des choses. 2 La frontière américano-mexicaine est la matérialisation d'une limite abstraite intérieure à tout l'espace américain, de part et d'autre d'un seul et même fleuve en double appellation (Rio Grande/Rio Bravo), cher au western. Une Frontière majuscule est refoulée jusqu'à l'océan, bordure ultime et naturelle où se noie cet objet géographique instable à la dissolution duquel on doit l'apparition d'un double objet topique appelé border, au sens de frontière qui barre la route, ou frontier, au sens de front pionnier qui trace une voie. Dans un cas l'espace est fixé par des limites et dans l'autre il est sans arrêt déplacé. Le Sud est un substitut de l'Ouest absenté 1 , dont McCarthy ressuscite et simultanément démolit le mythe en 1985 avec Méridien de sang. C'est au Sud, à présent, que les cowboys adolescents de la Trilogie des confins s'en vont prendre la route et perdre le nord et la vie, comme il arrive aussi dans No Country For Old Men en 2005. À chaque fois, passer la frontière équivaut donc à dépasser les limites. Un dépassement fait se poser la question du passage à la limite. Autant la frontière est ce qui territorialise un espace, autant son passage est ce qui désoriente un réel. On essaiera de montrer qu'il y va d'une inversion Errance et passage à la limite Carnets, Deuxième série-10 | 2017
Qu'est-ce que la tolérance ? Une idée neuve La tolérance a mauvaise réputation : notion aux contours flous, aux enjeux éthiques et politiques mal déterminés souvent synonyme d'indécision et parfois de lâcheté ; de libéralisme et de scepticisme « mous ». Elle passe pratiquement pour un voeux pieux et théoriquement pour un concept sans consistance. S'ils ne sont pas anglogaxons les philosophes y touchent rarement tant elle paraIt relever des discours médiatiques de la « bonne volonté ». Il lui faudrait des conditions d'existence pratiques et concepruelles qu'elle n'a peut-être jamais eues. François Laruelle
La tolérance est elle une vertu ?
Études littéraires, 2000
Célèbres par leur lutte contre l'intolérance, les philosophes du XVIIIe siècle n'ont cependant pas été les apôtres d'une tolérance inconditionnelle, conçue comme excellente en soi. Toute la difficulté tient, en effet, à l'existence de l'intolérable, laquelle rend indispensable l'analyse de ce qu'on doit ou ne doit pas tolérer. Voltaire fait de la tolérance un devoir minimal, destiné à être remplacé par la fraternité, cependant que Rousseau, dans sa fine analyse des mystifications engendrées par la prétendue tolérance, risque lui-même de passer pour intolérant. Dans le domaine de la religion, l'idéal de tolérance tend finalement à être dépassé vers la fin du siècle.
المجلة التونسية للدراسات الفلسفية, 2015
Justice et tolérance Mehdi SAIDEN Lors de cette intervention j'aimerais réfléchir avec vous au sujet d'un texte qui expose une conception de la justice qui m'a paru assez intéressante. Le rapport avec la problématique générale des discussions de notre colloque va peut-être vous paraitre comme n'étant pas évident, mais je crois pouvoir démontrer que les questions que soulève le passage que je propose d'étudier est au coeur du sujet de notre rencontre. Je vous propose d'abord de prendre connaissance du texte en question. Il s'agit en fait d'une anecdote ou plutôt d'une parabole du genre qu'on trouve assez souvent dans la littérature arabe. C'est l'histoire de deux hommes qui se sont trouvés ensemble pour voyager. Ils sont de conditions différentes, non égalitaires et même opposées à plusieurs égards : l'un est en effet de condition plutôt aisée, voyageant confortablement en selle et a de quoi manger et boire audelà de ses besoins. L'autre par contre voyage péniblement à pied et était plutôt nécessiteux. Le texte précise que le premier était de confession zarathustrienne, un mage dit « majūsī ». Alors que l'autre était un juif. Pendant qu'ils voyageaient et discutaient, le mage demanda au juif : « c'est quoi ta religion ?