Amandine Mussou | Université Paris Diderot (original) (raw)
Livres by Amandine Mussou
Ce livre, suivant la proposition d’Apollinaire, « prend au sérieux les fantômes » : il explore un... more Ce livre, suivant la proposition d’Apollinaire, « prend au sérieux les fantômes » : il explore un phénomène insistant de « revenance » - celui de la référence médiévale, qui occupe une place importante dans la poésie contemporaine. Cette place, affichée, est loin d’être circonscrite : la mémoire du Moyen Âge traverse aujourd’hui des œuvres relevant d’univers poétiques multiples. Très présente dans la poésie de langue française, elle est sans frontière : on la retrouve dans la plupart des langues européennes ainsi que sur le continent américain. Souvent convoquée par des œuvres perçues comme expérimentales, elle peut être paradoxale, nous obligeant à penser cette apparente contradiction : l’invention contemporaine et la résurgence médiévale comme procédant d’un même geste - anachronique, inventif et prospectif.
C’est ce geste que ce volume voudrait restituer, en saisissant les lignes de force de la rencontre du texte poétique et du matériau médiéval. Particulièrement accueillante au fonctionnement de la mémoire, l’expérience poétique ne délivre pas le passé « tel qu’en lui-même » : le présent du poème le recompose par bribes et le fait exister autrement.
Pour mettre au jour la nature de cette invention poétique et la spécificité de la référence médiévale qui s’y joue, le parcours proposé fait dialoguer les vivants et les morts, mêle les voix, critiques et poétiques, et recueille des poèmes inédits, du Moyen Âge et d’aujourd’hui.
"Entre incarnation et abstraction, les échecs fascinent : la richesse de leurs représentations da... more "Entre incarnation et abstraction, les échecs fascinent : la richesse de leurs représentations dans la littérature et les arts en est le témoin.
Bien plus qu’un pur divertissement de la pensée, les échecs sont là pour désigner autre chose – un ailleurs, un au-delà qui reflèterait, fidèlement ou en le déformant, le monde réel. Cette puissance allégorique des échecs a été perçue dès leur implantation en Occident.
L’histoire des échecs semble refléter l’histoire de la guerre et, plus généralement, les composantes sociales du monde dans lequel on joue. C’est le caractère spéculaire de ce jeu qui est étudié dans ce volume. Les échecs façonnent-ils un monde à l’image du réel ou fonctionnent-ils comme un univers autonome ?
La configuration des pièces comme la portée symbolique du jeu sont clairement influencées par le contexte social et politique de chaque époque. Du jeu comme idéal, comme forme d’utopie politique ou artistique, au jeu comme univers autonome, qui modèle un récit ou une toile loin de toute volonté mimétique, ce volume, issu d’une journée d’étude organisée à l’École normale supérieure en 2007, se propose d’examiner les rapports qu’entretiennent les échecs avec le monde. L’approche s’est voulue interdisciplinaire et transhistorique. "
Chapitres de thèse by Amandine Mussou
Numéros de revues by Amandine Mussou
Cet article présente le numéro 20 de Fabula-LhT et détaille quelques-unes des questions méthodolo... more Cet article présente le numéro 20 de Fabula-LhT et détaille quelques-unes des questions méthodologiques qu’il se pose : peut-on expérimenter avec le passé ? Le médiéviste peut-il remonter dans le temps (du présent au passé) ou remonter le temps (du passé au présent) ? Peut‑on encourager les anachronismes et les contrôler ? Comment concilier la prise en compte de l’historicité à laquelle nous rappelle sans cesse la textualité médiévale avec la spéculation théorique et la production de concepts poétiques exportables au-delà du Moyen Âge ?
This article presents Fabula-LhT issue n°20 and details some of the methodological questions it raises: how can we experiment with the past? How could the medievalist travel through time (from the present to the past, as well as from the past back to the present)? Is it possible to encourage and control the use of anachronisms? How can we reconcile the consideration of historicity and theoretical speculations?
Articles by Amandine Mussou
Mélanges de l’École française de Rome - Moyen Âge [En ligne], 132-1 | 2020 ("Bibliothérapies médiévales", sous la direction de Florent Coste et Anne Robin)
As the Aristotelian and the Arabo-Latin traditions did, medieval physicians think about how readi... more As the Aristotelian and the Arabo-Latin traditions did, medieval physicians think about how reading can be related to sleeping. This article aims to confront scientific theories and pieces of advice given by medieval physicians to literary representations of soporific or invigorating effects of the book. In medieval fictions, some characters fall asleep while reading, others stay awake all night long, a book in their hands. But the sleepy reader is ambivalent and he or she is not diametrically opposed to the reader absorbed in a page-turner. These scenes representing the book’s somatic effects don’t only translate an etiological or therapeutic discourse; more importantly, they tend to build authors’ self-representations.
Dans le sillage du corpus aristotélicien mais aussi de la tradition arabo-latine, il arrive aux médecins médiévaux d’examiner l’influence de la lecture sur le sommeil et la veille. Il s’agit ici de confronter les théories scientifiques et les conseils des régimes de santé aux représentations littéraires des effets soporifiques ou au contraire revigorants de la lecture. Certains personnages de fictions médiévales s’endorment un livre à la main, d’autres sont maintenus éveillés par leurs lectures. Or la figure du lecteur somnolent est ambivalente et ne s’oppose pas diamétralement à celle du lecteur tenu en haleine. En effet, dans ces scènes de lecture représentant les effets somatiques du livre, loin d’une transposition du discours médical à visée étiologique ou thérapeutique, c’est l’élaboration de figures d’auteurs qui prime.
Au tournant des XIVe et XVe siècles, Évrart de Conty et Christine de Pizan proposent une articula... more Au tournant des XIVe et XVe siècles, Évrart de Conty et Christine de Pizan proposent une articulation singulière du vers et de la prose et érigent l’octosyllabe français au rang de vers digne d’être commenté. Évrart de Conty, à qui l’on doit l’un des premiers arts poétiques en français, dans lequel l’octosyllabe est défini comme « la meilleur [rime] de toutes et de la plus raisonable mesure », se livre vraisemblablement à un auto commentaire lorsqu’il glose en prose l’ample récit allégorique en octosyllabes intitulé Les Eschés amoureux ; Christine de Pizan commente en prose cent injonctions octosyllabiques dans l’Epistre Othea, quand le prologue figurant dans certains manuscrits est écrit en décasyllabes et ne suscite pas de glose.
Cette communication a proposé d’étudier l’usage que ces deux auteurs font de l’octosyllabe, vers qui appelle son propre commentaire dans les dispositifs retenus. Il s’est agi d’examiner ce qui fonde le mistere de ce vers, revendiqué plus ou moins explicitement, en considérant notamment les potentialités ouvertes par le jeu sur la rime et la métrique : ces effets viennent-ils obscurcir le texte en octosyllabes ou participent-ils à l’élaboration de sa transparence ? L’éclairage du discours théorique sur le vers délivré par Évrart de Conty dans son commentaire est venu alimenter cette réflexion.
Under the reign of King Charles VI, Évrart de Conty and Christine de Pizan, in Le Livre des esche... more Under the reign of King Charles VI, Évrart de Conty and Christine de Pizan, in Le Livre des eschez amoureux moralisés and the Epistre Othea, upraised their own works in French verse as texts deserving a (self-)commentary. This article analyses the construction of a vernacular glossator’s posture which echoes an institutionalization of French literature that critics have already underlined. I will study tricks and strategies used by these two hybrid authors, both poets and commentators, centaur and mermaid, as Mary McCarthy says about Nabokov’s Pale Fire : Évrart de Conty and Christine de Pizan reveal the meaning of their own poetry in their texts in prose and intentionally build the mystery of their verse, promoting the dignity of vernacular auctorités.
Medieval and Renaissance Authors and Texts, ], p.
Les Eschés amoureux, la déesse Pallas annonce qu'elle ne veut pas Mettre au lonc par ordre en che... more Les Eschés amoureux, la déesse Pallas annonce qu'elle ne veut pas Mettre au lonc par ordre en chest pas Tout ce que chilz livres comprent Qui a garir d'amours aprent, Car che seroit trop longue chose 1 .
Figures royales à l'ombre du mythe Questes, n° 13 67 Le roi, le tyran et le sage : Charles VI, Ev... more Figures royales à l'ombre du mythe Questes, n° 13 67 Le roi, le tyran et le sage : Charles VI, Evilmerodag et Moïse dans Le Songe du vieil pelerin Amandine MUSSOU À la fin de l'année 1388, Charles VI est déclaré majeur et rappelle près de lui les anciens conseillers de son père, jusque-là évincés par ses propres oncles. L'année suivante, Philippe de Mézières accomplit un acte politique fort 1 en achevant la rédaction du Songe du vieil pelerin. Depuis 1380 et la mort de Charles V, dont il était un proche, il s'était retiré dans le couvent des Célestins à Paris. C'est là qu'il compose en langue vernaculaire le long récit allégorique du Songe du vieil pelerin destiné à Charles VI 2 . Philippe de Mézières, chargé par Charles V de l'éducation du dauphin, place tous ses espoirs de réforme dans la personne du jeune roi désormais aux commandes de l'État. L'auteur poursuit le projet chimérique de la reprise d'une croisade générale en Europe pour la restauration de l'Empire latin de Constantinople et la reconquête des lieux saints. Ce projet politique et idéologique repose sur la mise en place d'un personnel allégorique. Dans le prologue, Divine Providence apparaît en songe au vieil pelerin, le narrateur, incarné dans le récit par deux
Ce livre, suivant la proposition d’Apollinaire, « prend au sérieux les fantômes » : il explore un... more Ce livre, suivant la proposition d’Apollinaire, « prend au sérieux les fantômes » : il explore un phénomène insistant de « revenance » - celui de la référence médiévale, qui occupe une place importante dans la poésie contemporaine. Cette place, affichée, est loin d’être circonscrite : la mémoire du Moyen Âge traverse aujourd’hui des œuvres relevant d’univers poétiques multiples. Très présente dans la poésie de langue française, elle est sans frontière : on la retrouve dans la plupart des langues européennes ainsi que sur le continent américain. Souvent convoquée par des œuvres perçues comme expérimentales, elle peut être paradoxale, nous obligeant à penser cette apparente contradiction : l’invention contemporaine et la résurgence médiévale comme procédant d’un même geste - anachronique, inventif et prospectif.
C’est ce geste que ce volume voudrait restituer, en saisissant les lignes de force de la rencontre du texte poétique et du matériau médiéval. Particulièrement accueillante au fonctionnement de la mémoire, l’expérience poétique ne délivre pas le passé « tel qu’en lui-même » : le présent du poème le recompose par bribes et le fait exister autrement.
Pour mettre au jour la nature de cette invention poétique et la spécificité de la référence médiévale qui s’y joue, le parcours proposé fait dialoguer les vivants et les morts, mêle les voix, critiques et poétiques, et recueille des poèmes inédits, du Moyen Âge et d’aujourd’hui.
"Entre incarnation et abstraction, les échecs fascinent : la richesse de leurs représentations da... more "Entre incarnation et abstraction, les échecs fascinent : la richesse de leurs représentations dans la littérature et les arts en est le témoin.
Bien plus qu’un pur divertissement de la pensée, les échecs sont là pour désigner autre chose – un ailleurs, un au-delà qui reflèterait, fidèlement ou en le déformant, le monde réel. Cette puissance allégorique des échecs a été perçue dès leur implantation en Occident.
L’histoire des échecs semble refléter l’histoire de la guerre et, plus généralement, les composantes sociales du monde dans lequel on joue. C’est le caractère spéculaire de ce jeu qui est étudié dans ce volume. Les échecs façonnent-ils un monde à l’image du réel ou fonctionnent-ils comme un univers autonome ?
La configuration des pièces comme la portée symbolique du jeu sont clairement influencées par le contexte social et politique de chaque époque. Du jeu comme idéal, comme forme d’utopie politique ou artistique, au jeu comme univers autonome, qui modèle un récit ou une toile loin de toute volonté mimétique, ce volume, issu d’une journée d’étude organisée à l’École normale supérieure en 2007, se propose d’examiner les rapports qu’entretiennent les échecs avec le monde. L’approche s’est voulue interdisciplinaire et transhistorique. "
Cet article présente le numéro 20 de Fabula-LhT et détaille quelques-unes des questions méthodolo... more Cet article présente le numéro 20 de Fabula-LhT et détaille quelques-unes des questions méthodologiques qu’il se pose : peut-on expérimenter avec le passé ? Le médiéviste peut-il remonter dans le temps (du présent au passé) ou remonter le temps (du passé au présent) ? Peut‑on encourager les anachronismes et les contrôler ? Comment concilier la prise en compte de l’historicité à laquelle nous rappelle sans cesse la textualité médiévale avec la spéculation théorique et la production de concepts poétiques exportables au-delà du Moyen Âge ?
This article presents Fabula-LhT issue n°20 and details some of the methodological questions it raises: how can we experiment with the past? How could the medievalist travel through time (from the present to the past, as well as from the past back to the present)? Is it possible to encourage and control the use of anachronisms? How can we reconcile the consideration of historicity and theoretical speculations?
Mélanges de l’École française de Rome - Moyen Âge [En ligne], 132-1 | 2020 ("Bibliothérapies médiévales", sous la direction de Florent Coste et Anne Robin)
As the Aristotelian and the Arabo-Latin traditions did, medieval physicians think about how readi... more As the Aristotelian and the Arabo-Latin traditions did, medieval physicians think about how reading can be related to sleeping. This article aims to confront scientific theories and pieces of advice given by medieval physicians to literary representations of soporific or invigorating effects of the book. In medieval fictions, some characters fall asleep while reading, others stay awake all night long, a book in their hands. But the sleepy reader is ambivalent and he or she is not diametrically opposed to the reader absorbed in a page-turner. These scenes representing the book’s somatic effects don’t only translate an etiological or therapeutic discourse; more importantly, they tend to build authors’ self-representations.
Dans le sillage du corpus aristotélicien mais aussi de la tradition arabo-latine, il arrive aux médecins médiévaux d’examiner l’influence de la lecture sur le sommeil et la veille. Il s’agit ici de confronter les théories scientifiques et les conseils des régimes de santé aux représentations littéraires des effets soporifiques ou au contraire revigorants de la lecture. Certains personnages de fictions médiévales s’endorment un livre à la main, d’autres sont maintenus éveillés par leurs lectures. Or la figure du lecteur somnolent est ambivalente et ne s’oppose pas diamétralement à celle du lecteur tenu en haleine. En effet, dans ces scènes de lecture représentant les effets somatiques du livre, loin d’une transposition du discours médical à visée étiologique ou thérapeutique, c’est l’élaboration de figures d’auteurs qui prime.
Au tournant des XIVe et XVe siècles, Évrart de Conty et Christine de Pizan proposent une articula... more Au tournant des XIVe et XVe siècles, Évrart de Conty et Christine de Pizan proposent une articulation singulière du vers et de la prose et érigent l’octosyllabe français au rang de vers digne d’être commenté. Évrart de Conty, à qui l’on doit l’un des premiers arts poétiques en français, dans lequel l’octosyllabe est défini comme « la meilleur [rime] de toutes et de la plus raisonable mesure », se livre vraisemblablement à un auto commentaire lorsqu’il glose en prose l’ample récit allégorique en octosyllabes intitulé Les Eschés amoureux ; Christine de Pizan commente en prose cent injonctions octosyllabiques dans l’Epistre Othea, quand le prologue figurant dans certains manuscrits est écrit en décasyllabes et ne suscite pas de glose.
Cette communication a proposé d’étudier l’usage que ces deux auteurs font de l’octosyllabe, vers qui appelle son propre commentaire dans les dispositifs retenus. Il s’est agi d’examiner ce qui fonde le mistere de ce vers, revendiqué plus ou moins explicitement, en considérant notamment les potentialités ouvertes par le jeu sur la rime et la métrique : ces effets viennent-ils obscurcir le texte en octosyllabes ou participent-ils à l’élaboration de sa transparence ? L’éclairage du discours théorique sur le vers délivré par Évrart de Conty dans son commentaire est venu alimenter cette réflexion.
Under the reign of King Charles VI, Évrart de Conty and Christine de Pizan, in Le Livre des esche... more Under the reign of King Charles VI, Évrart de Conty and Christine de Pizan, in Le Livre des eschez amoureux moralisés and the Epistre Othea, upraised their own works in French verse as texts deserving a (self-)commentary. This article analyses the construction of a vernacular glossator’s posture which echoes an institutionalization of French literature that critics have already underlined. I will study tricks and strategies used by these two hybrid authors, both poets and commentators, centaur and mermaid, as Mary McCarthy says about Nabokov’s Pale Fire : Évrart de Conty and Christine de Pizan reveal the meaning of their own poetry in their texts in prose and intentionally build the mystery of their verse, promoting the dignity of vernacular auctorités.
Medieval and Renaissance Authors and Texts, ], p.
Les Eschés amoureux, la déesse Pallas annonce qu'elle ne veut pas Mettre au lonc par ordre en che... more Les Eschés amoureux, la déesse Pallas annonce qu'elle ne veut pas Mettre au lonc par ordre en chest pas Tout ce que chilz livres comprent Qui a garir d'amours aprent, Car che seroit trop longue chose 1 .
Figures royales à l'ombre du mythe Questes, n° 13 67 Le roi, le tyran et le sage : Charles VI, Ev... more Figures royales à l'ombre du mythe Questes, n° 13 67 Le roi, le tyran et le sage : Charles VI, Evilmerodag et Moïse dans Le Songe du vieil pelerin Amandine MUSSOU À la fin de l'année 1388, Charles VI est déclaré majeur et rappelle près de lui les anciens conseillers de son père, jusque-là évincés par ses propres oncles. L'année suivante, Philippe de Mézières accomplit un acte politique fort 1 en achevant la rédaction du Songe du vieil pelerin. Depuis 1380 et la mort de Charles V, dont il était un proche, il s'était retiré dans le couvent des Célestins à Paris. C'est là qu'il compose en langue vernaculaire le long récit allégorique du Songe du vieil pelerin destiné à Charles VI 2 . Philippe de Mézières, chargé par Charles V de l'éducation du dauphin, place tous ses espoirs de réforme dans la personne du jeune roi désormais aux commandes de l'État. L'auteur poursuit le projet chimérique de la reprise d'une croisade générale en Europe pour la restauration de l'Empire latin de Constantinople et la reconquête des lieux saints. Ce projet politique et idéologique repose sur la mise en place d'un personnel allégorique. Dans le prologue, Divine Providence apparaît en songe au vieil pelerin, le narrateur, incarné dans le récit par deux
À l’heure où l’on cherche à attribuer des pouvoirs consolatoires ou réparateurs à la littérature,... more À l’heure où l’on cherche à attribuer des pouvoirs consolatoires ou réparateurs à la littérature, voire à demander au livre de contribuer au bien-être de ses lecteurs, il paraît important de se garder de considérations universalisantes ou transhistoriques sur leurs vertus salutaires. Les médiévistes dans ce domaine, qu’ils soient spécialistes de théologie sacramentelle et pastorale, de médecine, de magie ou de littérature, partagent depuis plusieurs années un intérêt commun pour le « pouvoir des mots » et la « parole efficace » au Moyen Âge.
Ainsi, lors de la présente journée d’études, quelques-uns d’entre eux se proposent d’interroger les liens entre livres et écrits d’une part et médecine d’autre part : les auteurs du Moyen Âge prêtaient-ils des vertus thérapeutiques à l’écrit médiéval ? Dans quels cadres et dans quels contextes ces effets pourraient-ils nous être intelligibles ? Peut-on reconstruire ces arrière-plans historiques et intellectuels pour mieux comprendre le fonctionnement de ces pratiques textuelles ? Quel rôle accorder à la matérialité de l’écrit et à l’oralité de la performance dans une telle perspective ? Voit-on à cet égard se mettre en place des partages entre corps et esprit, entre santé et salut, entre médecine et religion ?
http://www.univ-paris3.fr/publications-de-la-silc-section-francaise--393070.kjsp?RH=1329834238527
https://www.fabula.org/colloques/sommaire6500.php Nul ne saurait nier que la chanson d’Aspremont... more https://www.fabula.org/colloques/sommaire6500.php
Nul ne saurait nier que la chanson d’Aspremont, composée vers 1190 et présentée d’emblée par le narrateur‑jongleur comme « une bonne chançon vaillant », est une chanson de geste.
À plus d’un titre, elle s’inscrit dans le sillage de la Chanson de Roland, à plusieurs égards son hypotexte, qui forge le modèle du genre en empathie profonde avec l’imaginaire de la société féodale. Pourtant, comme l’a souligné la critique, elle prend quelque distance avec la tradition. Sans jamais trahir la formule épique, elle use en effet de la multiplicité des thèmes, des personnages, des situations, des jeux de confrontation avec l’autre, formant comme un précipité de tout ce qui alimente le genre épique.
C’est cette atypicité que les articles réunis ici éclairent à nouveaux frais en des approches variées, rendant justice à une œuvre à la fois intrinsèquement épique et profondément originale, destinée à exalter l’engagement d’une communauté à l’aube de la troisième croisade.
Les articles ici recueillis, écrits dans la perspective de la préparation à la session 2020 des agrégations de Lettres, ont été réunis par Catherine Croizy-Naquet, Amandine Mussou et Anne Paupert, et mis en ligne avec le soutien de l'Université de Lausanne.