David M. Pritchard (Nantes 2023), ‘L’Athènes du quatrième siècle en guerre: à la suite de Claude Mossé’, French Text with English Translation, Fourth-Century Athens at War: After Claude Mossé: An International Conference at the Nantes Institute for Advanced Study (France): 4-6 July 2023. (original) (raw)
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Claude Mossé was among the first female professors in France to specialise in Ancient History. Although she obtained brilliant results in History in her aggrégation (‘higher teaching diploma’), Claude chose to keep studying, not contemporary history, which was more fashionable in the 1940s, but what she had cherished in high school: the history of ancient Greece. Her first steps as a young ancient historian were quite similar to those of Jean-Pierre Vernant, with whom she would constantly work. The two of them sought out a space that was more open to research than what was allowed by the Marxism that was in its ascendancy. Claude was certainly a Marxist when she wrote her doctoral thesis and for quite a long time remained ‘a fellow traveller’ of the French Communist Party. Nevertheless, in the fullness of time, she did reconsider a number of the theories that La Fin de la démocratie athénienne had elaborated. Her boundless curiosity probably accounts for the variety and the remarkable number of her published works. The books and articles that appeared with impressive regularity were a rare combination of scholarly rigour and high-quality popularisation. It is no surprise that they reached a much larger audience than is usually the case for research-related works. As a politically engaged historian, Claude participated in the bold experiment that was the Vincennes University Centre, which would later become the University of Paris VIII. Among the Centre’s innovations was putting management into the hands of academics themselves. Claude knew well how to convince them of Ancient History’s vital importance. She was an enthusiastic teacher, who was close to her students. For me, working beside her throughout her career at Vincennes was an unforgettable experience. As a former student and colleague of Claude, I am going to reflect on her unique and beautiful career, her intellectual collaborations in and outside France, and her personal engagement in public life.
[AAC] Les petites annonces personnelles dans la presse contemporaine XVIIIe-XXe siècle
Maison de la Recherche 28 rue Serpente, 75006 Paris (France) Paris1 Panthéon Sorbonne-Centre d'histoire du XIXe siècle-Numapress Argumentaire : La forme de l'annonce est considérée par certains historiens comme l'acte de naissance de la presse. Les petites annonces personnelles se distinguent cependant peu à peu comme un genre à part entière dès lors que les journaux y voient une source de revenus. Elles représentent donc une originalité à la fois dans l'histoire de la presse et dans l'histoire de la publicité : ce sont des discours en marge du discours journalistique, et qui visent parfois moins la vente d'un bien que la mise en relation d'individus. À ce titre s'agit-il d'une écriture personnelle publique où l'intimité se lit à découvert, au prisme toutefois de nombreuses normes. Longtemps délaissées par les historiens, les petites annonces s'avèrent pourtant être un matériau de travail tout à fait riche pour des champs de recherche divers. Elles donnent un accès privilégié à ce que Georges Perec appelle « l'infra-ordinaire » d'une société. Les vibrations de ces offres et demandes en disent long sur le développement de nouveaux modes de rencontre dans une société de consommation où le marché s'impose dans les relations interpersonnelles. Ces rubriques sont donc autant d'observatoires pour comprendre les dynamiques à l'oeuvre dans une histoire des médias, du travail et des professions, de la consommation, de la rencontre, ou encore des échanges économico-sexuels, etc. Cette journée veut amener les chercheurs en sciences sociales à travailler sur le matériau spécifique qu'est la petite annonce, et ce sur un temps relativement long, celui de la presse, lorsque les feuilles imprimées prennent une importance quotidienne dans la vie des individus, de la fin du XVIII e au milieu du XX e siècle. Cela pourra être l'occasion d'offrir aux travaux portants sur la France quelques éclairages comparés. Axes proposés :-Le marché de la petite annonce : les propositions seront sensibles à la double dimension marchande de la question. Il faudra interroger le poids financier des petites annonces dans l'économie des journaux, tout en étant attentif aux transactions marchandes qui se jouent entre l'annonceur et son ou ses lecteurs. Il faudra donc penser les petites annonces comme un marché d'offres et de demandes.-Codes de lecture : entre le signifiant et le signifié. On s'intéressera également à ce que Philippe Artières appelle les « évènements de faible intensité [qui] rendent tout le reste intelligible », afin de retrouver « toutes ces inscriptions d'une époque qui tombent dans l'oubli et sans lesquelles, pourtant, rien n'est intelligible ». En effet l'originalité du support ne doit pas faire oublier sa grande banalité : la codification 1 du texte joue entre le dit et le non-dit, et le langage est aussi pauvre que la puissance évocatrice est forte. Quels sont les codes de lecture à discerner dans ces textes et comment écrire l'histoire de l'implicite ?-Sphère privée et sphère publique : les petites annonces tissent un jeu subtil entre anonymat et intimité. Quelles mises en scène de soi opèrent les annonceurs sur les pages des journaux ? Que tirer de la singularité de ces petits textes de l'éphémère, à la croisée des sources et des archives ? Ils sont un observatoire privilégié de l'histoire de l'intimité, du genre et des sexualités, mais par le prisme d'une expression publique dont il faut saisir tous les enjeux. Modalités de soumission Les propositions (300 mots) accompagnées d'une courte biographie sont à envoyer avant le 30 décembre 2017 à claire-lise.gaillard@Univ-Paris1.fr et hannah.frydman@rutgers.edu, en français ou en anglais. Artières, Philippe. Miettes: éléments pour une histoire infra-ordinaire de l'année 1980. Paris, Verticales, 2016, p.10.
2011
Dans la soirée du 2 janvier 2003, un incendie accidentel détruit partiellement le château de Lunéville, monument de l’histoire de la Lorraine ducale. Tout comme l’incendie du parlement de Rennes quelque dix ans plus tôt, l’événement est ressenti comme une catastrophe et suscite une forte « émotion patrimoniale ». Cet ouvrage restitue une enquête collective et pluridisciplinaire (ethnologie, sociologie, histoire), menée de 2004 à 2006, qui, profitant de ce que l’événement offrait l’opportunité d’ouvrir la boîte noire du monument, a voulu prendre la mesure des attachements pluriels et pas nécessairement convergents dont « est fait » le monument et, partant, des sentiments éprouvés, des ressorts de mobilisation pour sa reconstruction. L’émotion lunévilloise est appréhendée sous différents angles : sociologie de la mobilisation à travers le suivi de réunion de l’association Lunéville, château des Lumières et une enquête auprès des association patrimoniales locales ; approche de la dynamique émotionnelle avec l’analyse des lettres de réaction à l’incendie adressées à la mairie de Lunéville au cours des six mois qui ont suivi, ou encore via l’examen d’un corpus de propositions d’initiatives ; détermination des mobiles du don et des figures d’attachement au moyen d’une enquête auprès de donateurs ; évaluation des motifs de la reconstruction au regard du motif historique de la « Lorraine, terre de douleur » ; interrogation sur une équivalence « monstrueuse » pointée par les acteurs eux-mêmes : « des pierres contre des hommes ? », via un essai de mise en correspondance de l’événement lunévillois avec un événement lorrain concomitant : la fermeture de l’usine Daewoo et son incendie, dans la banlieue de Longwy. D’où il ressort que la cause patrimoniale se construit sur une tension entre des appropriations savantes du monument et leurs instrumentations politiques (le monument comme objet d’une politique culturelle et de développement local) et des « consommations populaires » qui tissent la mémoire locale du bâtiment. Ainsi le cas lunévillois est-il exemplaire (et l’entrée par l’émotion féconde) en ce qu’il permet de comprendre à la fois les modalités de l’arraisonnement patrimonial et les débordements contemporains de l’action sur le passé. Que le patrimoine soit le produit d’une formule d’arraisonnement consistant en un refroidissement de l’objet du passé et une désensibilisation à ses effets, il faut se rendre à l’évidence de cette singularité contemporaine qu’est la démocratisation, annoncée voici un siècle par Aloïs Riegl, du sentiment du passé.
Luisa Andriollo, Annick PETERS-CUSTOT, Paul Magdalino, Alessio Sopracasa, Association des Amis du Centre d’Histoire et Civilisation de Byzance ACHCByz, Marie-Hélène Blanchet, vincent deroche, Maria Gerolymatou, Sophie Métivier, Olivier Delouis, Constantin Zuckerman, Michel Kaplan, Mark Whittow, Smilja P Marjanović-Dušanić
Mélanges Jean-Claude Cheynet, 2017
Pour leur savoir et leur enseignement, nous louons toujours les maîtres ; mais qui dira ce que les maîtres doivent à leurs disciples ? Dois-je avouer que je suis fière parce que mon premier élève en Sorbonne (c’était en 1967) fut Jean-Claude Cheynet ? À propos des mouvements de sédition fomentés par des étrangers, je lui avais alors demandé de traduire et de commenter le terme « ethnikos » mentionné dans le Stratégikon de Kékaumenos. Qui aurait pu prévoir, quelques années plus tard, quand Jean-Claude Cheynet commençait sa thèse d’État sur « Milieux et foyers de perturbations dans l’Empire byzantin (963-1210) », qu’il deviendrait le spécialiste incontesté de l’histoire mouvementée de la société byzantine, ainsi que le meilleur connaisseur de l’administration complexe mais efficace de l’Empire de Byzance ? Il y a réussi en se penchant sur la source quasi unique qui permet de connaître et d’éclairer cette question : les sceaux byzantins. Jean-Claude Cheynet, qui a succédé au maître incomparable de cette discipline, Nicolas Oikonomidès, reste aujourd’hui l’un des très rares défricheurs des secrets de la sigillographie byzantine. Mais pourquoi parler seulement de l’apport de Jean-Claude Cheynet à la connaissance de la société byzantine et de son évolution, quand l’étendue de ses travaux (près de deux cents titres de livres et d’articles) montre l’éventail impressionnant de ses intérêts ? Ceux-ci concernent tous les aspects de la vie de Byzance et cela pendant toute la durée de cet empire millénaire. Jean-Claude Cheynet fait ainsi partie d’une espèce rare, celle des « byzantinistes complets ». Il connaît Byzance comme l’on connaît une personne aimée que l’on a fréquentée longtemps sans jamais être déçu. Il sait les rouages de l’administration, les méthodes de la diplomatie, les attitudes des dirigeants comme celles des simples citoyens du menu peuple ; il déchiffre les enjeux et les dangers de la politique étrangère, les relations avec l’Église et avec son clergé supérieur ; bref, il connaît Byzance de l’intérieur comme s’il y avait vécu. L’Empire byzantin n’a pas de secrets pour cet érudit passionné et passionnant. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’il ait su transmettre cette passion aux nombreux élèves qu’il a eus pendant sa longue et fructueuse carrière de professeur à la Sorbonne. Il est aussi symptomatique que Jean-Claude Cheynet n’ait pas hésité à consacrer du temps et des efforts continus au service de la byzantinologie. Il assura la direction de laboratoires scientifiques dépendant du CNRS ; il supervisa des éditions de documents, des études relatives aux sources historiques et fut responsable de revue ; enfin, il dirigea les thèses de jeunes byzantinistes qui continuent aujourd’hui son œuvre. En un mot, c’est un collègue estimé, un maître aimé et un savant accompli. La place de Jean-Claude Cheynet dans la hiérarchie du petit monde des byzantinistes (Roberto S. Lopez nous estimait un millier dans le monde) se trouve au sommet et y restera longtemps. Hélène Ahrweiler
Chapitre 10 : entretien avec Eugene Seneta
Bulletin de la Société des amis de la Bibliothèque de l'Ecole polytechnique, 2015
Eugene Seneta [[Seneta]]-professeur émérite à l'université de Sydney (School of Mathematics and Statistics)-est réputé pour ses contributions en probabilités et statistiques dont certaines ont débouché sur des applications aux domaines de la finance. Membre de l'Australian Academy of Sciences depuis 1985, il a aussi beaucoup contribué à l'histoire des probabilités et statistiques; il revient dans cet entretien sur ses collaborations avec François Jongmans ainsi qu'avec Henri Breny, Bernard Bru et Karen Hunger Parshall. Il nous montre ainsi que les articles cosignés avant d'être des traces écrites sont avant tout des histoires de rencontres humaines. When and how do you meet François Jongmans ? The initial contact and further collaboration centered on the figure of the French mathematical the statistician Irenée-Jules Bienaymé (1796-1878), IJB in the sequel. After publication of the book of Heyde and Seneta [1977], I eventually traced a descendant, Alain Bienaymé, a professor of Economics at Paris IX Dauphine, who in a letter of February 2, 1981, mentioned the possibility of existence in the Bienaymé family of some documents of IJB. The next epoch was a paper by Butzer and Jongmans [1989] about P.L. Chebyshev (1821-1894) and his contacts with Western European scientists. IJB had been one such contact.
Presque chaque année, à l’époque classique, une oraison funèbre était prononcée en l’honneur des Athéniens morts au combat. Il y a quarante ans, Nicole Loraux a transformé notre compréhension de l’oraison funèbre. Son Invention d’Athènes a démontré l’importance de ce genre de discours, qui rappelait aux Athéniens leur identité en tant que peuple. Loraux a montré comment chaque mise en scène de l’oraison funèbre avait aidé les Athéniens à conserver la même identité de soi pendant plus d’un siècle. La contrepartie est que L’Invention d’Athènes est loin d’être un ouvrage exhaustif. Loraux a minimisé la spécificité de chaque auteur. Naturellement, cela lui a permis de prouver plus facilement que les discours funèbres qui nous sont parvenus faisaient partie d’une tradition à la fois longue et inchangée. Mais la conséquence négative fut que, de manière générale, L’Invention d’Athènes a laissé de côté la spécificité de chacun de ces discours. L’oraison funèbre était un genre exprimant un militarisme culturel frappant : elle affirmait que les Athéniens gagnaient presque toujours les guerres qu’ils menaient et qu’ils en tiraient de grands avantages. L’Invention d’Athènes n’a jamais comparé ce type de discours avec les autres genres littéraires produits par la démocratie athénienne. En conséquence, Loraux n’a pas pu poser la question de savoir si d’autres genres littéraires avaient, à un moment donné, contrebalancé le militarisme culturel de l’oraison funèbre. J’ai dirigé un grand projet dans le but de compléter systématiquement L’Invention d’Athènes. Les participants de ce projet se sont rencontrés une première fois à Strasbourg en 2018. Nous avons eu une deuxième rencontre à Lyon en 2020. Les presses universitaires de Cambridge publieront prochainement notre ouvrage collectif de dix-neuf chapitres. The Athenian Funeral Oration: After Nicole Loraux répond aux questions importantes que Loraux a laissées de côté et complète l’analyse intertextuelle qui fait défaut à L’Invention d’Athènes. Ce qui émerge est un discours qui eut un impact politique beaucoup plus grand que Loraux ne le pensait. A funeral speech was delivered almost every year for classical Athenians who had died in war. Forty years ago, Nicole Loraux transformed our understanding of the funeral oration. Her Invention of Athens showed how important this genre was for reminding the Athenians who they were as a people. Loraux proved how each staging of this speech helped them to maintain the same self-identity for over a century. Nevertheless, The Invention of Athens was also far from a complete work. Loraux played down authorship as an object of study. Certainly, this made it easier for her to prove that the surviving funeral speeches were part of a long-stable tradition. But it also meant unfortunately that The Invention of Athens generally ignored the important questions about each of them. The funeral oration articulated a striking cultural militarism: it claimed that the Athenians almost always won their wars, from which they reaped large benefits. The Invention of Athens never compared this speech with the other literary genres that Athenian democracy sponsored. Therefore, Loraux was unable to show whether other genres ever counterbalanced the funeral oration’s cultural militarism. I have directed a large project to complete systematically The Invention of Athens. Project-members first met in Strasbourg in 2018. We had a second meeting in Lyon in 2020. Cambridge University Press will soon publish our edited volume of 19 chapters. The Athenian Funeral Oration: After Nicole Loraux answers the important questions that Loraux ignored and completes the intertextual analysis that is simply missing in The Invention of Athens. What emerges is a speech that had a much greater political impact than Loraux ever thought.