L’Orient multiple de Jean Potocki (original) (raw)
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Juifs d’Orient : Une histoire plurimillénaire
Témoigner. Entre histoire et mémoire
EXPO L'Institut du monde arabe à Paris a consacré du 24 novembre 2021 au 13 mars 2022 une exposition fort intéressante aux « Juifs d'Orient », qui s'inscrit dans le projet d'une suite d'expositions faisant place à chacune des trois religions du Livre 1. Nous avons eu l'occasion de visiter « Juifs d'Orient. Une histoire plurimillénaire », certes un jour de grande affluence. La foule compacte qui se pressait dans les salles parfois exiguës ne nous a cependant pas empêché d'admirer les pièces de nature très diverse qui couvrent un arc historique de plus de deux mille ans, la longue période où les juifs ont été présents dans ces régions du monde qui s'étendent de l'Iran à l'Espagne et du Maroc au Yémen.
Jean Potocki rentré de Chine trop tôt
Dix-huitième Siècle, 1999
Jean Potocki : Memoire sur l'ambassade de Chine. Presented by Daniel Beauvois, Alexandre Stroev and Dominique Triaire. ; In 1806, Jean Potocki returned from China furious and disappointed. He had been the scientific director of the mission sent to Pekin a year earlier by Alexander I of Russia, which had just failed miserably, having got no further than Ulan-Bator. According to Potocki, it was clearly the fault of the Russian personnel, who were self-important and incompetent. On the way, he wrote a Memoire addressed to the Foreign Minister, in which he recounted the story of the mission and analysed the reasons for its failure. The incomplete draft he kept was until now the basis for the various editions of the work. We provide here the complete original Memoire sent to the Minister, discovered in the Foreign archives of the Russian Empire. Annexed is a summary written in 1808, from the Paris Archives, showing that there was for a time a more or less official cooperation between Napoleon and Alexander.
"Loin des charmeurs de serpents : le Voyage dans l'Empire de Maroc de Jean Potocki"
Les Écrivains français et le monde arabe, Travaux de littérature XXIII, volume réalisé sous la direction scientifique de Ralph Heyndels, pp. 147-154, 2010
Cet article propose une analyse du style de Potocki voyageur et souligne son art particulièrement consommé pour dessiller le lecteur sur les impostures pratiquées par les peuples qu’il rencontre au Maroc. Son regard témoigne d’une grande aptitude à la curiosité, d’un goût prononcé pour tout ce qui peut le surprendre et l’émerveiller. Mais au moment même où l’on pourrait croire qu’il y a chez lui quelque chose d’enfantin, ressurgissent au détour d’un mot son œil acéré et son esprit clairvoyant. Jamais il ne démantèle totalement l’illusion. Avec une élégance rare, il laisse sauve une apparence trompeuse, que seule l’évocation d’un détail fait trembler. Son regard qui se voudrait innocent joue d’une fausse naïveté pour faire surgir comme incidemment, par l’emploi anodin des propositions grammaticalement suppressibles et donc contingentes, un détail qui dévoile la supercherie.
Jean Potocki en géologue. Entre sciences de la Terre et historie.
Jean Potocki: le travail du temps. Autour d'un bicentenaire, 2019
Cette collection publie des recueils d'articles ou des monographies consacrées aux études littéraires ainsi qu'aux liens que la littérature entretient avec les grands domaines de la pensée et des arts. Elle comprend trois séries : -Le Centaure. « Dans la fierté de mes forces libres, j'errais, m'étendant de toutes parts dans ces déserts. » (Maurice de Guérin) La série Le Centaure propose des travaux d'histoire et de théorie de la littérature. Elle est ouverte au questionnement interdisciplinaire et à toutes les orientations critiques et méthodologiques dès lors qu'il est question de littérature, des formes et des visées qui lui sont propres. Le conseil scientifique du Centaure est constitué de membres représentatifs de la diversité des équipes de recherche en littérature de l'université Paul-Valéry Montpellier 3 et de chercheurs internationaux.
"Insaisissable Constantinople ou l'expérience du relativisme chez Jean Potocki"
Vers l’Orient européen : Voyages et images. Pays roumains, Bulgarie, Grèce, Constantinople, Editura Universitatii din Bucuresti, textes édités par Lidia Cotea, pp. 279-286, 2009
Le Voyage en Turquie et en Égypte est le premier voyage de Potocki qui donne lieu à une relation. S’y lisent de nombreux passages qui signalent le caractère inouï de l’expérience que représente la découverte de l’Orient. Constantinople, terrain fécond pour une déstabilisation des repères, favorise chez le voyageur l’émergence d’un relativisme qui conditionnera par la suite dans toute son œuvre la vision qu’il aura du monde. L’incapacité des mots à définir la capitale turque, le caractère duplice de l’espace entre surface et souterrains, reconstruction fictionnelle et réalité, ou encore la bigarrure, les dissonances, les déséquilibres qui déstructurent le tableau, voilà ce qui intéresse Potocki dans le lieu qu’il découvre. Refusant de se laisser cerner, enfermer dans la sphère d’un savoir systémique, Constantinople offre un vaste terrain expérimental de l’homme. Le voyageur n'est pas là pour confirmer un savoir, mais pour ouvrir l'éventail des possibles, accéder aux lieux interdits, et goûter le caractère illimité du monde. Obéissant aux seuls principes de plaisir et de curiosité, pleinement conscient que c'est là le seul moyen de comprendre ce qui l’entoure, il se laisse dériver et voit dans l’exemple turc un échantillon de la complexité du réel.
Dictionnaire des lieux et pays mythiques (Bouquins), 2011
Orient (Gustave Moreau). Parmi la quantité impressionnante de tableaux réalisés par le peintre français Gustave Moreau (1826-1898), nombreux sont ceux que l'on peut qualifier d'exotiques au sens où l'entend le critique Mario Praz : « non pas à cause de la seule présence d'éléments étrangers […] mais […] inspirée par les émotions provoquées par l'évocation de pays étrangers ou par leur contact, en particulier par certains pays de l'Orient ou du midi » (Praz M., « Exotisme » dans Dictionnaire des genres et notions littéraires, Paris, Encyclopaedia Universalis et Albin Michel, 1997, pp. 270-271). Malgré sa culture classique qui devrait l'entraîner vers des sujets et un art beaucoup plus traditionnels, Moreau est curieux de toute l'humanité, et en particulier de l'Orient au sens large (Asie et Afrique du Nord-Est, auxquelles on peut rajouter l'Europe de l'Est et notamment la Grèce). Or Gustave Moreau n'a que très peu voyagé, et jamais aussi loin ; il ne se soucie d'ailleurs absolument pas du « réalisme », de l'exactitude des lieux qu'il peint : il laisse libre court à son imagination nourrie d'images diverses et reconstitue l'Orient tel qu'il le rêve, tel qu'il voudrait qu'il soit, tel qu'il habite ses fantasme-un Orient que l'on peut qualifier de mythique, le terme de « mythe » étant ici envisagé dans ses acceptions diverses. En quoi peut-on dire que l'Orient de Moreau est mythique ?
Jean Potocki. Manuscrit trouvé à Saragosse (1810)
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2019
MANUSCRIT TROUVÉ À SARAGOSSE. 1 Le Comte d'Olivadez n'avoit pas encore établi des Colonies étrangères dans la Siera Moréna ; cette chaîne de monts sourcilleux, qui séparent l'Andalousie d'avec la Manche, n'étoit alors habitée que par des Contrebandiers des Bandits et quelques Bohémiens qui passoient pour manger les voyageurs qu'ils avoient assassinés : et de la le proverbe Espagnol : " Las Citanas de Siera Moréna quieren carne de hombres. " Ce n'est pas tout. Le voyageur qui se hasardoit dans cette sauvage contrée, s'y trouvoit, disoit on assailli par mille terreurs capables de glacer les plus hardis courages. Il entendoit des voix lamentables se mèler aux sifflements de la tempête, des lueurs trompeuses l'égaroient, et des mains invisibles le poussoient vers des abimes sans fond. À la vérité quelques auberges isolées se trouvoient éparses sur cette route désastreuse ; mais des revenants plus diables que les cabaretiers eux mêmes, avoient forcé ceux-ci à leur céder la place, et se retirer en des pays où leur répos ne fut plus troublé que par les reproches de leur conscience, sorte de fantomes avec qui les aubergistes ont des accomodements ; celui de l'hottellerie d'Anduhar attestoit S t Jacques de Compostelle de la vérité de ces récits merveilleux. Enfin il ajoutoit que les archers de la S te Hermandad avoi[en]t réfusé de se charger d'aucune expédition pour la Sierra Moréna, et que les voyageurs prenoient la route de Jaen ou celle de l'Estramadoure. Je lui répondis que ce choix pouvoit convenir à des voyageurs ordinaires ; mais que le Roi Don Philippe Quinto, ayant eu la grace de m'honnorer d'une commission de Capitaine aux Gardes Vallones, les loix sacrées de l'honneur me préscrivoient de me rendre à Madrid, par le chemin le plus court, sans demander s'il étoit le plus dangereux. " Mon jeune Seigneur /:réprit l'hôte:/ votre merced me permetra de lui observer, que si le Roi l'a honoré d'une compagnie aux gardes avant que l'age eut honoré du plus léger duvet le menton de vôtre merced, il seroit expedient de faire des preuves de prudence ; or je dis que lorsque les Démons s'emparent d'un pays… " Il en eut dit d'avantage, mais je piquai des deux et m'arrêtai hors de la portée de ses rémontrances ; alors je me retournai et je le vis qui me montroit de loin la route de l'Estramadoure. Mon valet Lopez de Moschito, mon Zagal me regardoient d'un air piteux qui vouloit dire à peu près la même chose. Je fis semblant de ne les point comprendre et m'enfonçai dans les bruyères où dépuis l'on a bati la colonie appellée la Carlota À la place même où se trouve aujourd'hui la maison de poste étoit alors un abri fort connu des muletiers qui l'appelloient Los Alcornoques où les chaines verts, parce que deux beaux arbres de cette espèce ombrageoient une source abondante que recevoit un abreuvoir de marbre. C'était là seule eau et le seul ombrage que l'on trouvat dépuis Andouhar jusqu'à l'auberge dite Venta-Quemada. Cette Auberge était batie au milieu d'un désert, mais grande et spacieuse. C'était proprement un ancien château des Mores détruit ancienement par un incendie et réparé dépuis pour en faire une hotellerie, de la le nom de Venta-Quemada. Un bourgeois de Murcie s'y était établi. Les voyageurs partoient donc le matin d'Andoulhar, dinoient à los Alcornoques des provisions qu'ils avoient apportées, et puis ils avoient couché à la Venta-Quemada ; souvent même ils y passoient la journée du lendemain, pour s'y préparer au passage de montagnes et faire de nouvelles provisions ; tel était aussi le plan de mon voyage 1 Cette copie compte 135 p. ; elle provient de la bibliothèque de Łańcut dont le cachet frappe la première page.