Olivier Ihl | Sciences Po Grenoble (original) (raw)
Papers by Olivier Ihl
Revue internationale de politique comparée, 2012
Le cliche de Thibault passe pour la premiere illustration photographique d’un reportage dans les ... more Le cliche de Thibault passe pour la premiere illustration photographique d’un reportage dans les journaux. La rue du Faubourg-du-Temple lors des sanglantes journees de juin 1848 : telle est la scene capturee par ce celebre daguerreotype. Cet article interroge cette experience optique. Celle-ci ne lance-t-elle pas comme une passerelle entre la perception individuelle et la chronique du monde, la petite et la grande histoire ? Qu’est-ce que l’œil peut voir sur ces images emouvantes ? Pour le savoir, il importe evidemment d’identifier ce « Thibault » que l’on imagine juche avec son lourd equipement de boites, de fioles et d’egouttoirs en face de la femme au bonnet blanc qui a surpris son geste. De quel lieu exact a-t-il pu prendre cette serie de vues sur des barricades de juin 1848 ? Cette prise de vue permet, plus largement, d’interroger le statut acquis par ce traitement optique de l’evenement. De quelle representation du reel participe-t-il alors qu’au meme moment se met en place la...
How did state action become an object of scientific enquiry? Any answer to such a question implie... more How did state action become an object of scientific enquiry? Any answer to such a question implies recognition of the fact that the management of both human beings and systems is carried out and legitimized thanks to specialized skills. Since the advent in Europe of absolute monarchies and the development of administrations with a monopoly over all government functions, power has been legitimized by science, rather than by secrecy. As a result, scientists, administrators, philanthropists, writers, magistrates and many others put their knowledge at the service of the “governmental sciences”. Under the pretext of introducing reforms, they impose new notions of rationality on state action and thus contribute to changing the way the administration functions. To explain the emergence of “State engineering” through the institutionalizing of these “disciplines”, we must use two intersecting viewpoints, the first focusing on the job of rationalizing the conditions of state intervention, and...
Cultures & conflits, 1993
Revue d'histoire du XIXe siècle, 2015
Revue internationale de politique comparée, 2012
Revue Française d'Histoire des Idées Politiques, 2004
La conception que developpa Francois Guizot des complots, brigues et autres attentats, dans un te... more La conception que developpa Francois Guizot des complots, brigues et autres attentats, dans un texte publie en 1821, se veut proche d’une science de gouvernement. Science qui, a la maniere du cameralisme allemand, pretendait fondre la philosophie politique et les preceptes de l’action administrative en une sorte de savoir d’Etat destine a incarner une autre rationalite sur et dans la gestion de l’ordre public. Un travail d’autant plus interessant qu’il inspirera la loi du 23 avril 1832 et que son auteur sera lui-meme confronte, comme ministre de Louis-Philippe, a des mouvements insurrectionnels qui mettront a rude epreuve cette conception de la science du pouvoir.
Revue d'histoire du XIXe siècle, 1996
... indicateurs socio-politiques comporte la meme ambi-guite que le precedent. Si Ton concoit les... more ... indicateurs socio-politiques comporte la meme ambi-guite que le precedent. Si Ton concoit les indicateurs comme des signes observables de dimensions ou de variables que Ton ne peut saisir directement (e'est la definition de Grawitz dans son Lexique des sciences sociales ...
Politique américaine, 2024
Over the last two decades, the weaponization of electoral fraud has given rise to serious concern... more Over the last two decades, the weaponization of electoral fraud has given rise to serious concerns in the United States and has shaken US politics to its core. It exacerbates the polarization of the electorate and erodes confidence in the integrity of elections. This article examines the historical and political underpinnings of this political trend, which has grown unprecedentedly from one election to the next. What does it mean for the two major parties to try to regulate these attacks on the right to vote? These strategies can even be fueled by false statements and fake news. In any case, they are part of a partisan reformism. In other words, demands that have been carefully thought through to change the rules of the game in the immediate interests of each political party. At the risk of pitting electoral performance against the public interest and victory at the ballot box against the rule of law.
Revue de l'Institut de sociologie de l'ULB (Bruxelles), 2021
"Donner sa voix » : il n'est sans doute pas de formule plus répandue pour désigner le fait de par... more "Donner sa voix » : il n'est sans doute pas de formule plus répandue pour désigner le fait de participer à une élection. Dans le vocabulaire démocratique, la locution a longtemps renvoyé à un petit morceau de papier. Les électeurs y portaient leur voeu au sein d'une assemblée, puis dans un bureau de vote. En France, ce moyen d'expression remonte à la Révolution. Il fut conservé durant la Restauration et la Monarchie de Juillet avant qu'un bulletin imprimé par l'Etat ne le supplante progressivement. En Belgique, ce sont les lois électorales de 1831 et de 1836 qui ont codifié ce support matériel. Mais avec le même souci, celui de distinguer le bulletin (le billet écrit) du suffrage (la préférence exprimée pour un ou plusieurs candidats).
Revue française d’administration publique, 102, avril-juin 2002, p. 229-243 (avec Martine Kaluszynski)., 2002
Comment la conduite de l’action publique est-elle devenue objet de science ? Tel est l’enjeu de c... more Comment la conduite de l’action publique est-elle devenue objet de science ? Tel est l’enjeu de cet axe de recherche développé depuis 2000 au CERAT et auquel cet article donne une formulation théorique. Avec l’avènement en Europe des monarchies absolutistes, avec le développement d’administrations monopolisant les fonctions gouvernementales, la science tient une place capitale dans le gouvernement des hommes. Nombreux vont être dès lors les réformateurs s’efforçant de constituer leurs savoirs en « sciences gouvernementales ». Des savants évidemment, mais aussi des administrateurs, des philanthropes, des mécènes, des hommes de lettres, des magistrats… Souvent sans sépulture académique, ces figures ont eu un rôle déterminant. Elles ont imposé, sous couvert de projets réformistes, de nouvelles connaissances au cœur de l’action publique. Reconstituer leur rôle ne revient pas à réparer une injustice. Il s’agit plutôt d’analyser l’entrée en jeu de savoirs dont participent les dispositifs ...
Revue internationale de politique comparée, 2012
Le cliche de Thibault passe pour la premiere illustration photographique d’un reportage dans les ... more Le cliche de Thibault passe pour la premiere illustration photographique d’un reportage dans les journaux. La rue du Faubourg-du-Temple lors des sanglantes journees de juin 1848 : telle est la scene capturee par ce celebre daguerreotype. Cet article interroge cette experience optique. Celle-ci ne lance-t-elle pas comme une passerelle entre la perception individuelle et la chronique du monde, la petite et la grande histoire ? Qu’est-ce que l’œil peut voir sur ces images emouvantes ? Pour le savoir, il importe evidemment d’identifier ce « Thibault » que l’on imagine juche avec son lourd equipement de boites, de fioles et d’egouttoirs en face de la femme au bonnet blanc qui a surpris son geste. De quel lieu exact a-t-il pu prendre cette serie de vues sur des barricades de juin 1848 ? Cette prise de vue permet, plus largement, d’interroger le statut acquis par ce traitement optique de l’evenement. De quelle representation du reel participe-t-il alors qu’au meme moment se met en place la...
How did state action become an object of scientific enquiry? Any answer to such a question implie... more How did state action become an object of scientific enquiry? Any answer to such a question implies recognition of the fact that the management of both human beings and systems is carried out and legitimized thanks to specialized skills. Since the advent in Europe of absolute monarchies and the development of administrations with a monopoly over all government functions, power has been legitimized by science, rather than by secrecy. As a result, scientists, administrators, philanthropists, writers, magistrates and many others put their knowledge at the service of the “governmental sciences”. Under the pretext of introducing reforms, they impose new notions of rationality on state action and thus contribute to changing the way the administration functions. To explain the emergence of “State engineering” through the institutionalizing of these “disciplines”, we must use two intersecting viewpoints, the first focusing on the job of rationalizing the conditions of state intervention, and...
Cultures & conflits, 1993
Revue d'histoire du XIXe siècle, 2015
Revue internationale de politique comparée, 2012
Revue Française d'Histoire des Idées Politiques, 2004
La conception que developpa Francois Guizot des complots, brigues et autres attentats, dans un te... more La conception que developpa Francois Guizot des complots, brigues et autres attentats, dans un texte publie en 1821, se veut proche d’une science de gouvernement. Science qui, a la maniere du cameralisme allemand, pretendait fondre la philosophie politique et les preceptes de l’action administrative en une sorte de savoir d’Etat destine a incarner une autre rationalite sur et dans la gestion de l’ordre public. Un travail d’autant plus interessant qu’il inspirera la loi du 23 avril 1832 et que son auteur sera lui-meme confronte, comme ministre de Louis-Philippe, a des mouvements insurrectionnels qui mettront a rude epreuve cette conception de la science du pouvoir.
Revue d'histoire du XIXe siècle, 1996
... indicateurs socio-politiques comporte la meme ambi-guite que le precedent. Si Ton concoit les... more ... indicateurs socio-politiques comporte la meme ambi-guite que le precedent. Si Ton concoit les indicateurs comme des signes observables de dimensions ou de variables que Ton ne peut saisir directement (e'est la definition de Grawitz dans son Lexique des sciences sociales ...
Politique américaine, 2024
Over the last two decades, the weaponization of electoral fraud has given rise to serious concern... more Over the last two decades, the weaponization of electoral fraud has given rise to serious concerns in the United States and has shaken US politics to its core. It exacerbates the polarization of the electorate and erodes confidence in the integrity of elections. This article examines the historical and political underpinnings of this political trend, which has grown unprecedentedly from one election to the next. What does it mean for the two major parties to try to regulate these attacks on the right to vote? These strategies can even be fueled by false statements and fake news. In any case, they are part of a partisan reformism. In other words, demands that have been carefully thought through to change the rules of the game in the immediate interests of each political party. At the risk of pitting electoral performance against the public interest and victory at the ballot box against the rule of law.
Revue de l'Institut de sociologie de l'ULB (Bruxelles), 2021
"Donner sa voix » : il n'est sans doute pas de formule plus répandue pour désigner le fait de par... more "Donner sa voix » : il n'est sans doute pas de formule plus répandue pour désigner le fait de participer à une élection. Dans le vocabulaire démocratique, la locution a longtemps renvoyé à un petit morceau de papier. Les électeurs y portaient leur voeu au sein d'une assemblée, puis dans un bureau de vote. En France, ce moyen d'expression remonte à la Révolution. Il fut conservé durant la Restauration et la Monarchie de Juillet avant qu'un bulletin imprimé par l'Etat ne le supplante progressivement. En Belgique, ce sont les lois électorales de 1831 et de 1836 qui ont codifié ce support matériel. Mais avec le même souci, celui de distinguer le bulletin (le billet écrit) du suffrage (la préférence exprimée pour un ou plusieurs candidats).
Revue française d’administration publique, 102, avril-juin 2002, p. 229-243 (avec Martine Kaluszynski)., 2002
Comment la conduite de l’action publique est-elle devenue objet de science ? Tel est l’enjeu de c... more Comment la conduite de l’action publique est-elle devenue objet de science ? Tel est l’enjeu de cet axe de recherche développé depuis 2000 au CERAT et auquel cet article donne une formulation théorique. Avec l’avènement en Europe des monarchies absolutistes, avec le développement d’administrations monopolisant les fonctions gouvernementales, la science tient une place capitale dans le gouvernement des hommes. Nombreux vont être dès lors les réformateurs s’efforçant de constituer leurs savoirs en « sciences gouvernementales ». Des savants évidemment, mais aussi des administrateurs, des philanthropes, des mécènes, des hommes de lettres, des magistrats… Souvent sans sépulture académique, ces figures ont eu un rôle déterminant. Elles ont imposé, sous couvert de projets réformistes, de nouvelles connaissances au cœur de l’action publique. Reconstituer leur rôle ne revient pas à réparer une injustice. Il s’agit plutôt d’analyser l’entrée en jeu de savoirs dont participent les dispositifs ...
Este libro reúne diversos trabajos elaborados por un amplio catálogo de expertos en distintos ámb... more Este libro reúne diversos trabajos elaborados por un amplio catálogo de expertos en distintos ámbitos (juristas, sociólogos, ingenieros, historiadores...) que aportan una desusada y enriquecedora pluralidad de perspectivas sobre el voto electrónico, con la finalidad explícita de examinar las relaciones existentes entre innovaciones técnicas, prácticas jurídicas y actitudes sociopolíticas en esta materia. En efecto, aunque frecuentemente el voto electrónico sea considerado como una cuestión técnica, aislada del proceso electoral, y por tanto de su contexto social y cultural, su introducción no supone sólo una incorporación de algoritmos; por el contrario, supone tanto una forma de elegir (para los electores) como de hacerse elegir (para los candidatos), lo que exige tener en cuenta los constreñimientos, los intereses prácticos y las creencias que subyacen a -y condicionan- la elección de éste u otro método. Para ello, se examinan detalladamente sus antecedentes, sus alternativas, los conflictos que -histórica y actualmente- suscita los intereses (políticos, sociales, económicos) que rodean el debate en cada contexto, las diferencias entre modelos de organización electoral centralizados o descentralizados, las dificultades de su puesta en práctica... En definitiva, se trata de interpretar el significado político de esta (u otra) forma de voto: ¿a qué, y a quién(es) sirven las máquinas de votación?
The first photographic portrait is... French The first photographic portrait was taken in Paris,... more The first photographic portrait is... French
The first photographic portrait was taken in Paris, in 1837, by Louis Daguerre. Who was the mystery man on the picture, « Mr. Huet »? My latest book, published in French, reveals not only who he was, but how and where this ground-breaking photograph was realized. This fascinating story will take you to the Museum of Natural History in Paris, where the Huet family had their quarters. The book also unearths a wealth of unknown facts about the famous inventor Louis Daguerre. What kind of man was he? How his Diorama got « accidentally » burnt down? How did he receive all honors from the French State? Based on meticulous archive research, this book proves that photography was not invented in Great Britain or in the United States, but in France, in the forgotten world of Parisian lithographers and engravers of the first half of the nineteenth century.
A travers l'histoire du graveur et caricaturiste Louis Marie Bosredon, O. Ihl présente la France ... more A travers l'histoire du graveur et caricaturiste Louis Marie Bosredon, O. Ihl présente la France de 1848, une époque charnière pour la démocratie représentative, avec la naissance du suffrage universel et la popularisation de l'image photographique.
Paris, juin 1848. La révolution gronde dans les rues de la capitale. Partout, des barricades sont... more Paris, juin 1848. La révolution gronde dans les rues de la capitale. Partout, des barricades sont dressées. L'une d'elle, rue du Faubourg-du-Temple, va accompagner l’avènement du photo-journalisme. Dans l’éveil d’un petit matin parisien, trois forteresses obstruent une rue presque déserte. Une image aussi célèbre que méconnue. Due à un certain Thibault, elle montre une insurrection en acte. Qui en est l’auteur ? Et d'où vient ce mystérieux daguerréotype ?
Cette enquête inédite nous plonge en fait dans la petite histoire d’un homme, là, dans la grande histoire de la République. Suffrage universel, soulèvements populaires, industrialisation de la presse et de l’art : en revenant sur les pas de cet étrange reportage, ce livre nous fait découvrir la naissance d’une culture visuelle. Celle dont dépend notre conception même de la représentation politique.
Elles sont partout – dans les entreprises, les administrations, les académies, à l’école, à l’arm... more Elles sont partout – dans les entreprises, les administrations, les académies, à l’école, à l’armée, dans le sport, la littérature, la science, les médias… Abolies en 1790 par la Constituante au nom de l’égalité nouvelle, raillées par Tocqueville comme pâles imitations, « ni bien réglées ni bien savantes », des mœurs aristocratiques, les « distinctions » redeviennent très vite, pour la République, un moyen de conduire les esprits et les corps. On ne compte plus aujourd’hui les décorations officielles qui prétendent être la juste mesure du mérite. La « révolution disciplinaire » de Michel Foucault a érigé la peine en moyen de contrôle social. Or l’emprise de la récompense, autre technique du pouvoir, n’est pas moindre. Surtout depuis que l’émulation managériale en a fait une figure centrale de la dynamique capitaliste. Cette émulation décorative attendait son historien. Aujourd’hui banalisée et professionnalisée, hiérarchisée et fonctionnelle, la récompense au mérite, par des signes purement honorifiques ou des primes en numéraire, est devenue, pour la démocratie libérale, une entreprise permanente de cotation sociale. La démocratie n’a pas abaissé les grandeurs, encore moins avili les dignités comme le craignaient ses détracteurs, effrayés par la montée de la roture et de l’État. Non, elle en a fait un nouveau moyen de salut : à chacun de devenir, pour son bien, un émule – tout à la fois un rival et un exemple.
La République, surtout dans la période fondatrice de la Troisième, a été fertile en célébrations ... more La République, surtout dans la période fondatrice de la Troisième, a été fertile en célébrations ; il suffit de songer au 14 Juillet. Mais la fête républicaine, toute hantée qu’elle soit par les grands souvenirs de la Révolution, par son répertoire de dates, de chants, d’emblèmes et de héros, a ajouté ses propres difficultés et contraintes à celles que Mona Ozouf avait naguère mises en lumière pour la fête révolutionnaire. Solennité à caractère religieux et même franchement catholique ? Liturgie civique d’inspiration protestante ? Culte patriotique avec saints et martyrs ? C’est une quatrième formule qui a fini par l’emporter, celle des proches de Jules Ferry : une communion citoyenne individualiste et laïque. Non sans débats de doctrine et même de philosophie que cet ouvrage restitue dans leurs richesses et leurs subtilités. Mais le mérite et l’originalité de ce livre sont de doubler cette interrogation théorique de l’identité républicaine d’une plongée dans les profondeurs provinciales et, loin des grandes scénographies parisiennes, de s’établir au village, après Maurice Agulhon, pour suivre la politique locale à l’époque où pavoiser, c’était soutenir la candidature de la République. De nos jours où la ferveur des solennités paraît si difficile à ranimer, la longue histoire que nous fait revivre l’auteur suggère comment, de cette forme de vote politique pour la République, le vrai jour de fête est devenu, en définitive, le jour même du vote et des élections.
La supériorité du vote est de nos jours proclamée par toutes les chartes constitutionnelles. Mieu... more La supériorité du vote est de nos jours proclamée par toutes les chartes constitutionnelles. Mieux : elle est célébrée comme un modèle universel d’accès au bien commun. Mais que savons-nous au juste de cette procédure de désignation ? D’où vient-elle et comment s’est-elle imposée ? Pourquoi la lutte politique a-t-elle pris la forme qu’on lui connaît, celle d’une compétition entre des structures spécialisées dans la conquête et la conservation des mandats ? Quels sont les fondements de cette « démocratie électorale » ? Quels sont les instruments, les procédures, les savoir-faire qui concrètement la rendent possible ? En quoi le bulletin de vote peut-il être tenu pour le verdict d’une opinion ? Où en est la « science » électorale en cette fin de siècle ?
Voilà quelques-unes des interrogations auxquelles invite cet ouvrage. Alors que les sirènes du temps inciteraient plutôt à psalmodier, par exemple que « La démocratie, c’est l’élection plus les partis » comme on disait autrefois « Le communisme, c’est l’électricité f lus les soviets », un pari est ici relevé : restituer à acte du vote toute sa richesse historique et politique. Traverser l’espace et le temps pour rendre compte des multiples expériences que ce rite politique a abritées, depuis la Grèce ou la Rome antiques jusqu’aux campagnes « high tech » des récentes élections présidentielles américaines. Une manière de faire mieux connaissance avec une institution devenue à ce point familière qu’elle nous paraît souvent invisible : l’institution électorale.
Ce livre se veut une invitation à redécouvrir les savoirs et les pratiques qui façonnent notre ex... more Ce livre se veut une invitation à redécouvrir les savoirs et les pratiques qui façonnent notre expérience du vote. N’en déplaise aux commentateurs de nos soirées électorales, l’élection n’est pas seulement le moyen de faire valoir une opinion, c’est aussi un rituel social, une mise en scène codifiée en fonction de multiples enjeux. Bulletin, scanner optique, carte électorale, urne, machine à voter : notre rapport aux instruments de la vie électorale se métamorphose. De nouvelles interrogations sur la façon d’élire et de se faire élire émergent, et l’histoire matérielle de la démocratie représentative ouvre à la réflexion de stimulantes pistes. Cet ouvrage de synthèse sur la dimension matérielle et socio-historique des opérations électorales rassemble les résultats de plusieurs enquêtes menées depuis une quinzaine d’années. Une histoire qui révèle les défis de l’acte de vote, entre technique et politique, mises en scène et mobilisation, archaïsme et modernité.
Scandales sanitaires, principe de précaution, risque sismique, etc., les médias sont le reflet de... more Scandales sanitaires, principe de précaution, risque sismique, etc., les médias sont le reflet de ce qu’on ne peut plus gouverner sans prévoir. Aujourd’hui les rapports entre science et pouvoir sont de plus en plus épineux, mais aussi de plus en plus imbriqués. L’analyse des ingénieries de gouvernement constitue une voie de recherche nouvelle, s’attachant à comprendre les interactions spécifiques entre savoirs académiques et pratiques bureaucratiques dans un contexte de mondialisation. Cet ouvrage de référence décrit les rapports entre sciences et action gouvernementale, à l’heure où se multiplient les interrogations sur l’expertise, la technocratie, et la substitution des compétences à la règle de la représentation. À travers les contributions des meilleurs spécialistes, l’ouvrage met ainsi en relief les effets sociaux de la recherche académique, et rend compte de la succession des modèles qui gouvernent les « sciences » de l’action publique. Il montre ainsi combien les sciences dans l’État peuvent se muer en sciences de l’État, et parasiter le jeu traditionnel de la représentation démocratique.
Quelle place les savoirs produits par la science politique tiennent-ils dans le gouvernement des ... more Quelle place les savoirs produits par la science politique tiennent-ils dans le gouvernement des hommes et des territoires ? Comment ces outils d’analyse sont-ils mobilisés concrètement par les pouvoirs publics ou les groupes d’intérêt ? Par qui sont-ils certifiés et sous quelles conditions ? En retour, quelle incidence a cette instrumentalisation sur la nature et le statut des laboratoires où s’élaborent ces concepts politiques ? Dans l’Europe contemporaine, jamais ces questions n’ont paru si sensibles. Il est vrai qu’une véritable industrie des « études » et « expertises » s’est développée. Longtemps cantonnée à la fonction Recherche des administrations nationales, la voilà qui s’organise dans et autour des institutions européennes : Conseil de l’Europe, Commission, Banque centrale européenne, Parlement, Cour de Justice, etc. Phénomène entièrement nouveau ? Sans doute pas. Que la recherche scientifique participe des processus de régulation publique est un fait ancien. Pourtant les formes prises par cette « participation » appellent de nos jours une réflexion spécifique. Invoquées ou contestées, elles sont au cœur des controverses sur les façons d’administrer la Cité. Défendues par les uns comme un garde-fou contre la démagogie et le populisme, elles sont attaquées par les autres comme mettant en péril les règles de la représentation politique, voire comme une manière de « confisquer » la décision publique. Derrière ce débat, une question se pose : comment les savoirs de l’action publique hérités des Trente Glorieuses se sont-ils recomposés notamment sous la double action de t’européanisation des politiques publiques et de la redéfinition du rôle de l’État face au marché ? Quelles figures du pouvoir sont associées à cette transformation fondamentale, celle du passage d’un monopole étatique à une pluralité de systèmes d’action publique, celle de rapports renouvelés entre ingénierie de gouvernement, sciences sociales et action politique.
La conduite des hommes et des choses ? Elle doit s’exercer depuis le XIXe siècle en Europe par la... more La conduite des hommes et des choses ? Elle doit s’exercer depuis le XIXe siècle en Europe par la mobilisation de « savoirs spécialisés ». Non par l’observance stricte du droit, fut-il naturel, ou dans l’ombre portée de la Philosophie mais guidée par « l’expérience ». Il ne s’agit nullement pour ses hérauts de dégager les formes du Gouvernement le plus légitime ou de déterminer quelle portion de liberté l’homme peut avoir reçue de la nature. Délaissant ces « spéculations métaphysiques », les sciences de gouvernement ont frayé la voie à un autre discours. Si la gestion des hommes et des territoires doit être soustraite aux catégories philosophiques ou juridiques, par exemple à l’antique prudentia civilis avec ses préceptes solennels influencées par le néo-stoïcisme, c’est parce que la rationalité du gouvernement est désormais conçue comme une rationalité sur le gouvernement. Parce qu’elle se fonde sur des outils et des techniques élevés au rang de garants, sinon de critères de l’action publique. Voilà à quoi s’attache cet ouvrage issu d’un colloque organisé par le CERAT notamment le groupe de sociologie historique des sciences de gouvernement.
Depuis quelques années, dans les démocraties européennes, se sont développés des partis et des mo... more Depuis quelques années, dans les démocraties européennes, se sont développés des partis et des mouvements qualifiés de « populistes ». En Autriche, en Suisse, aux Pays-Bas, en Italie mais également en France ou au Danemark, en Belgique ou au Portugal. Devant l’ampleur du phénomène, certains observateurs ont évoqué le déferlement d’une véritable lame de fond. À quelques semaines d’intervalle, l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle française et le succès de la liste Pim Fortuyn aux Pays-Bas ont fini par convaincre les plus réticents. Sans cesse sollicitée, la notion de populisme a fini ainsi par devenir un mot-valise : sans doute irremplaçable mais terriblement équivoque. Un terme qui ne cesse de gagner en extension ce qu’il perd en capacité de désignation, fonctionnant autant comme épouvantail que comme principe de mobilisation ou catégorie d’analyse. C’est pour comprendre les ressorts et la portée de ce phénomène qu’a été réalisé cet ouvrage qui rassemble les meilleurs spécialistes européens : philosophes, historiens, politistes, sociologues ou juristes. Les auteurs montrent en particulier combien cette notion doit être réexaminée, d’abord au regard des évolutions des formes de l’action publique dans les sociétés européennes. Ensuite, par rapport à la trame de ses usages les plus immédiats, notamment ceux visant à légitimer ou délégitimer les leaders et mots d’ordre de mouvements qui prospèrent surtout par leur dénonciation des « pathologies » d’une démocratie confisquée. Une manière de mieux comprendre la contestation dont est l’objet aujourd’hui la démocratie représentative, le rôle des savoirs gouvernementaux dans cette « crise », d’éclairer en somme les enjeux d’un tournant néo-populiste semblable à un nouveau spectre venant hanter le Vieux Continent.
Parcourir une histoire, parcourir une ville ? C'est au fil d'une idée fort simple que fut entrepr... more Parcourir une histoire, parcourir une ville ? C'est au fil d'une idée fort simple que fut entrepris cet ouvrage qui a mobilisé des historiens professionnels mais aussi des étudiants de l'IEP de Grenoble et le Musée de la Résistance et de la Déportation. Soixante ans après la Libération de Grenoble, il s’agissait de renouer avec l’histoire d’une ville. Plus précisément, avec une histoire dans la ville. Avec les rues, les avenues, les places qui ont accueilli et façonné ces années terribles. Avec les lieux (bâtiments officiels, casernes, hôtels, prisons, caches et même boîtes aux lettres) qui formaient le paysage quotidien de ce qui fut une bataille politique, civique et militaire. Guide, traité, mémorial ? Rien de tout cela. Ce qui s’est imposé, c’est l’impératif du recueil. Au sens premier du terme. Dans ces pages, des fragments d’histoire ont trouvé refuge. Photographies, biographies, témoignages, notices, tracts, articles de presse, archives : autant de supports qui, rassemblés, ont permis de frayer la voie à une volonté de connaissance : celle d’une période encore trop douloureuse pour n’être que simple inventaire.
Qui n’a jamais été intrigué par le spectacle, au coin des rues, de ces vies de quelques mots drap... more Qui n’a jamais été intrigué par le spectacle, au coin des rues, de ces vies de quelques mots drapées d’une solennité en lettres blanches ? Pour quelques noms célèbres (place Victor Hugo, esplanade François Mitterrand), combien de figures aujourd’hui oubliées, combien de symboles à demi effacés ? Cet ouvrage trouve là son point de départ, dans une préoccupation citoyenne qui en fait toute l’originalité. Cette flânerie, de façon vivante, s’efforce de renouer avec la mémoire d’une ville dont les dénominations portent depuis 1789 l’empreinte du combat pour la liberté. Son but est de faire comprendre l’importance de ces personnages et des ces symboles que Grenoble arbore avec fierté à l’angle de ses rues, et de raviver l’éclat de ces rêves d’exemplarité que de modestes plaques en émail bleu ont enveloppé, non pas dans le suaire d’un passé nationaliste ou communautaire, mais dans l’éternité d’une notoriété passionnément républicaine.
Au sein de ce qui s'appelait encore la Société des sciences et des arts. le fauteuil n" 31 a peu ... more Au sein de ce qui s'appelait encore la Société des sciences et des arts. le fauteuil n" 31 a peu retenu l'attention. Il n'est pourtant pas comme les autres. Créé en 1840, ce fauteuil s'offre à une discipline nouvelle : la« science sociale". L' expression reste controversée en ces années. Elle traduit une revendication tout à la fois politique et scientifique. C'est le moment où les critiques.du jusnaturalisme héritées de Jean-Jacques Rousseau se transforment, chez les premiers socialistes, en une tradition d'étude inédite. En cette première moitié du XIXe siècle, une science de gouvernement prend son essor : l'économie politique. Mais à qui doit-on son développement au sein de l'Académie ? Car il est deux "Joseph Rey" qui prétendent à ce titre... Un essai de microhistoire qui éclaire de curieuses pratiques d'écriture entre science et politique...
in Janine Chêne (dir.), La mission culturelle de l’Université au XXIe siècle. Journée Nationale Art + Université + Culture (14 mai 2003), Lille, Université de Lille 3, 2004, p. 155-165.
in La laïcité. Histoires nationales, perspectives européennes, ARIES, GREPH, IEP de Lyon, Actes du colloque de Valence « Regards croisés sur la laïcité : droit, histoire, philosophie », Lyon, Jacques André éditeur, 2005, p. 112-124.
in Approche de l’histoire et de la littérature de trois pays européens : Construire l’Europe dans les bibliothèques, France, Danemark, Portugal, Séminaire Ariane, Grenoble, 1998, p. 9-20.
Est-il possible de représenter la République en France ? Si l’on parle de brandir le buste de Mar... more Est-il possible de représenter la République en France ? Si l’on parle de brandir le buste de Marianne après avoir tiré les tables des banquets ou applaudi aux retraites aux flambeaux : assurément. Mais si l’on entend, comme les historiens s’y sont employés, les allégories et célébrations qui l’ont soutenue dans ses combats : même réponse. Mais s’il s’agit de dire ce que recouvrent ces dispositifs pédagogiques, comment ils opèrent, sur quoi ils agissent, quelle puissance ils mettent en jeu, par qui ils ont été inventés : le doute aussitôt s’installe. Qu’est ce qui est au fondement sociohistorique de cette intimité collective ? C’est à cette question que s’attache cet article, en revenant sur les emblèmes et les rites qui ont naturalisé l’idée et l’image de la République.
in Collectif, Histoires de bal. Vivre, représenter, recréer le bal, Paris, Cité de la musique, 1998, p. 71-83.
La République a toujours été passionnément attachée à l’idée des bals publics. Comme si, au pied ... more La République a toujours été passionnément attachée à l’idée des bals publics. Comme si, au pied de ces kiosques à musique, quelque chose d’essentiel devait s’accomplir. Alors que l’orchestration de la liesse est devenue aujourd’hui un paysage sonore sans écho ni repère, la nostalgie, elle, demeure. La nostalgie, oui mais de quoi ? En fait, entre le 14 Juillet et les orchestrations en plein vent, il y a plus qu’une histoire. Une secrète nécessité. D’ailleurs, à chaque date charnière, 1936, 1945, 1958, 1981, les mêmes gestes ressurgissent. Des instruments montent sur les estrades tandis que des rampes de couleurs sont accrochées aux corniches des devantures. Aujourd’hui, l’on danse toujours. Certes, sans les airs patriotiques et sans les obsessions politiques du passé. Mais ce qui demeure assurément, c’est la fascination pour une forme de rassemblement qui, à travers les plaisirs du corps et de la rencontre, célèbre la figure d’un peuple à la fois sujet du spectacle et objet de la liesse.
in Florence Gétreau (dir.), Les musiciens de rue, catalogue de l’exposition du Musée des Arts et Traditions populaires, Paris, Réunion des Musées Nationaux, 1997, p. 87-92.
Le bal du 14 juillet est devenu une véritable institution des fêtes françaises. Depuis 1880, date... more Le bal du 14 juillet est devenu une véritable institution des fêtes françaises. Depuis 1880, date de création de cette célébration en l’honneur de la République, les musiciens et le public sont fidèles à son rendez-vous annuel. La place publique est le lieu du bal, mais aussi, selon les époques, un bastringue, un carrefour de rue, une simple estrade, une guinguette, un kiosque à musique, un jardin ou un parc, une salle de village ou de château. Les musiciens des premiers bals du 14 juillet élaborent des spectacles qui invitent rire et sacré sous les guirlandes tricolores. Ils entraînent la foule dans la danse, mais aussi dans une joie patriotique. Le bal, citoyen, entretient le souvenir de l’histoire héroïque de la Révolution, d’une insurrection qui est l’affaire de tous. Tour à tour officielle, frondeuse, allusive, subversive, clandestine, la musique de rue des bals du 14 juillet raconte à sa façon l’histoire politique de la France. La Marseillaise côtoie l’Internationale, et sous l’Occupation par exemple, La Carmagnole et le Ça ira sont diffusés sur Radio Londres, au matin de chaque 14 Juillet.
in Rester libres ! Les expressions de la liberté, des Allobroges à nos jours, catalogue d’exposition, Grenoble, Musée dauphinois de Grenoble, 2006, p. 69-78.
in Culture républicaine, Citoyenneté et lien social, CRDP de Bourgogne, 1997, p. 37-51.
En 1996, le gouvernement a décidé de placer l’anniversaire de la proclamation de la première Répu... more En 1996, le gouvernement a décidé de placer l’anniversaire de la proclamation de la première République sous le signe de croix des « origines ». En présence du pape et des plus autorités de l’Etat, il a été entrepris d’honorer le quinzième centenaire du baptême de Clovis. Cet article s’interroge sur cette commémoration en portant l’attention aux précédents anniversaires : à l’assemblage théorique des débats dans lequel cette figure a circulé, aux configurations historiques dans lesquelles de tels usages commémoratifs ont pu circuler, aux affrontements esthétiques et historiographiques que son souvenir a suscités. En somme, il s’agit de comprendre l’étrange passion qui, périodiquement, redonne vie à ce fantôme de pierre.
in Yves Poirmeur, Pierre Mazet (dir.), Le métier politique en représentations, Paris, L'Harmattan, 1999, p. 51-88.
Reprenant dans une publication française l’enquête publiée par Kluwer Law International sur les f... more Reprenant dans une publication française l’enquête publiée par Kluwer Law International sur les fraudes électorales, cet article s’intéresse à la période du règlement des litiges électoraux. Celui des recours et des contestations. Intentées soit par les victimes, soit par les fraudeurs eux-mêmes, ces réclamations alimentent un contentieux qui est loin d’être négligeable, loin aussi de ne réconcilier que mauvais perdants et mauvais joueurs. D’où le fil directeur de cet article qui consiste à poser dans toute son étendue une question : qu’est ce qu’une fraude en matière d’élection ? Sur quels savoirs faire repose-t-elle ? On s’effarouche devant la corruption électorale, on la redoute, on al proscrit. Et pourtant, tout montre qu’il existe bel et bien une prime proprement politique à la fraude.
in Vincent Duclert, Christophe Prochasson, Perrine Simon-Nahum (dir.), Il s'est passé quelque chose... le 21 avril 2002, Paris, Editions Denoël, 2003, p. 144-155.
Le 21 avril 2002, la France a été choquée par les résultats de l’élection présidentielle. « Séism... more Le 21 avril 2002, la France a été choquée par les résultats de l’élection présidentielle. « Séisme », « raz de marée », « tremblement de terre » : à croire les éditoriaux, le résultat de ce scrutin fut une surprise. Personne n’avait rien vu venir… Et pourtant. Le 21 avril a été précédé d’un 17 Mars (2002) au Portugal, d’un 20 Novembre (2001) au Danemark. Pour ne rien dire des derniers scrutins législatifs en Autriche, en Suisse ou en Italie. Il été suivi d’un 15 Mai aux Pays-Bas et même, n’en déplaise aux « Candide de la politique », d’un 15 Septembre en Suède. L’article revient sur ce mouvement de fond, celui d’une contestation de la légitimité même de la démocratie représentative, en s’efforçant de dégager les dynamiques sociales et politiques qui ont pu lui donner naissance. Sur la fabrique de l’événement et l’épuisement d’un modèle de représentation et de décision lui-même appuyé sur une science de gouvernement aujourd’hui en pleine métamorphose. (Descriptif se rapportant à l'ouvrage)
in Michel Offerlé (dir.), La profession politique XIXe-XXe siècles, Paris, Belin, 1999, p. 333-356.
L’étude du financement des campagnes des congressmen aux Etats-Unis permet de réévaluer les réqui... more L’étude du financement des campagnes des congressmen aux Etats-Unis permet de réévaluer les réquisits économiques de la professionnalisation politique. La campagne électorale n’est pas ouverte aux candidats qui veulent et savent se présenter. Elle est d’abord ouverte à ceux qui peuvent la financer. D’où la montée de la règle de l’autofinancement. Etudier la carrière politique sous cet aspect, c’est dégager les conditions sociales de l’activité de représentation et ce dans une situation où la logique notabiliaire (le propriétaire d’une grande fortune jouissant d’un statut économique indépendant) et celle de représentants des grandes formations partisanes, loin de s’opposer, se confondent. C’est l’essor de l’entrepreneur ploutocratique dont cet article examine l’avènement dans les élections américaines en observant notamment le rôle des spécialistes des campagnes dans l’essor de ces batailles financières.
in Olivier Ihl, Janine Chêne, Eric Vial, Ghislain Waterlot (dir.), La tentation populiste au cœur de l’Europe, Paris, La Découverte, 2003, p. 228-244.
Mercredi 15 mai 2002. La liste de Pim Fortuyn (Lijst Pim Fortuyn ou LPF) devient, lors des électi... more Mercredi 15 mai 2002. La liste de Pim Fortuyn (Lijst Pim Fortuyn ou LPF) devient, lors des élections législatives, la seconde formation politique des Pays-Bas. Un résultat qui lui ouvre toutes grandes les portes du gouvernement de coalition que s’apprête à diriger le chrétien-démocrate Balkenende. C’est ce qui fait la dimension critique de cet appel au peuple. Abstention croissante, coupure entre élus et citoyens, éloignement des pouvoirs : autant de pathologies de la démocratie représentative auxquelles la rhétorique populiste propose, elle, une solution immédiate. Un procès instruit avec « l’appui » conjoncturel de telle ou telle affaire de corruption, ou sur le fond d’une anomie urbaine toujours plus prononcée, avec sa détérioration des conditions de logement, ses modes d’aliénation culturelle et de « compétition » dans le travail. Ces évolutions, qui laissent sans réponse le politique, ne menacent-elles pas les fondements de la démocratie sous sa double figure électorale et institutionnelle ?
in Raffaele Romanelli (ed.), How Did They Become Voters: The History of Franchise in Modern European Representational Systems, La Haye, Kluwer Law International, 1998, p. 77-110.
Yves Deloye, Claudine Haroche, Olivier Ihl (dir.), Le protocole ou la mise en forme de l’ordre politique, Paris, L’Harmattan, coll. Logiques politiques, 1996, p. 233-261.
in Jacques Lagroye † (dir.), La politisation, Paris, Belin, 2003, p. 279-299.
En 1963, la communication d’Edward Lorentz l’énonçait comme une boutade : « Est-ce qu’un battemen... more En 1963, la communication d’Edward Lorentz l’énonçait comme une boutade : « Est-ce qu’un battement d’ailes de papillon au Brésil peut provoquer une tornade au Texas ? ». Sous la plume des éditorialistes et de nombre d’ « experts », le point d’interrogation est oublié. La formule a désormais l’allure d’une sentence : le papillon de Floride a fait trembler Washington. Un fétichisme procédural qui, faute de s’interroger sur la manière dont, au cœur de chaque technologie de dénombrement, se rencontrent stratégies de promoteurs, controverses académiques et instrumentation partisane, faute aussi de se déprendre d’un certain positivisme managérial en matière de vote, risque fort de ne susciter qu’à un lynchage technologique. Un de plus dans une histoire électorale qui en comprend déjà beaucoup. C’est pourquoi il faut revenir sur ces méthodes de comptage censés garantir l’exactitude des résultats électoraux. Revenir sur les conditions de légitimité d’un scrutin : qu’est-ce qui assure la crédibilité d’un chiffre de vote ? Revenir sur les instances qui viennent certifier la valeur démocratique d’une élection (quel rôle y jouent les avocats, cabinets de consultants, sondeurs et politologues ?). Revenir sur les intérêts professionnels qui valorisent certaines technologies de vote (fabricants, entreprises médiatiques, bureaux d’étude spécialisés). En somme, sur les attendus proprement politiques du souci de « performance » en la matière.
in André Gueslin, Dominique Kalifa (dir.), Les exclus en Europe 1830-1930, Paris, Éd. de l’Atelier, 1999, p. 180-192.
En 1895, la veuve du Président Sadi Carnot confit à l’Académie des sciences morales et politiques... more En 1895, la veuve du Président Sadi Carnot confit à l’Académie des sciences morales et politiques la mission de découvrir les plus « méritantes » des veuves d’ouvriers chargées d’enfants et frappées par la pauvreté. Pour désigner les heureuses élues, les académiciens devront mettre sur pied un véritable concours de la misère. Une ingénierie de la récompense honorifique. Invités à comparer des milliers de demandes, historiens, criminologues, économistes ou sociologues couronnés par l’Institut de France seront conduits à rétribuer les vertus du malheur. A établir des degrés dans la pénurie, à construire une figure spécifique de l’exclue méritante, à fixer des principes de la grandeur indigente. En somme, à mettre un tarif à la moralité des plus démunis.
in Philippe Poirrier (dir.), Les collectivités locales et la culture. Les formes de l’institutionnalisation, XIXe-XXe siècles, Paris, La Documentation française / Comité d’Histoire du Ministère de la Culture / Fondation des sciences de l’homme, 2002, p. 127-144.
in Guy Bensimon (dir.), Histoire des représentations du marché, Paris, Michel Houdiard éditeur, 2005, p. 709-728.
French Politics, Culture & Society, vol. 24, n° 1, Spring 2006, p. 8-26., 2006
This article focuses on the findings of a study of titles and honors in twentieth-century France,... more This article focuses on the findings of a study of titles and honors in twentieth-century France, in which these signs are analyzed as a government technique in their own right. This article shows how, transformed into a state emulation, a style of bureaucratic authority was created, a mode of coercion that favored an impersonal style of control over and between various corps of administrators, artists, managers, journalists, or elected representatives. A government technique was constituted in the distribution of the croix de la légion d'honneur, the most famous of these decorations—one with a conception of exemplarity (that of marks of distinction serving as a model for behaviors transcending the frame of legal obligations) and an emphasis on the soundness of behaviors, the guarantee and objective of a policy of conduct openly intended to replace the policy of rights or classes inherited from the French Revolution. Philosophers and intellectuals were to transform this intuition into a political paradigm: virtue can also, in its own way, be a rule of policing. Rationalized by a fast-growing bureaucracy, these marks of grandeur that constituted a means of emulation have now been trivialized to the extent of no longer being analyzed as such. Reconsidering the conditions in which they operate, this article proposes an interpretation of uses and functions through which the decoration invented by Napoléon spawned an administration of honors, the crucible of a full-blown government science.
in Sudhir Hazareesingh (dir.), The Jacobin Legacy in Modern France, Oxford, Oxford University Press, 2002, p. 158-182., 2002
¿Cómo explicar el éxito de las teorías de la conspiración que, por ejemplo, hacen de un libro tan... more ¿Cómo explicar el éxito de las teorías de la conspiración que, por ejemplo, hacen de un libro tan dudoso como el Código Da Vinci, un best seller mudial? Tal es la pregunta que interesa discutir aquí. Para precisar las características y la " mecanica " de las teorías de la conspiración, en particular aquellas que las hacen tanatractivas, tan socialmente eficaces e incluso ineludibles, se puede evocar el caso de un adepto "ideal " de la Teoría de la conspiración. Con este fin en este libro los autores, se limitan a examinar su versión externa, a saber, aquella que Carlos Pereda denomina aquí mismo: la Teoría de la Conspiración, el caso ideal, no carente de plasmaciones empíricas abundantes, de un individuo que se adhiere o se deja seducir por la " teoría " de que un solo actor sea Dios, los judíos, los neoliberales, los extraterrestres o lagún político maligno o un solo " macrosujeto " social nación, pueblo, cultura, globalización., que determina unilateral y mecánicamente, y por lo general de manera oculta, los innumerables hilos de la realidad social, o mejor, del teatro nacional y, a veces, sin continuidad, del teatro mundial.
Santiago de Chile, Lom, 2004
¿Qué justifica un procedimiento como la elección? Rara vez buscamos explicar lo que recubre la in... more ¿Qué justifica un procedimiento como la elección? Rara vez buscamos explicar lo que recubre la institución que le sirve de emblema: el voto. ¿Cuáles son los instrumentos que pueden regular la competencia para acceder a los puestos de poder? ¿Cuàles son los aspectos relevantes del análisis científica sobre los comportamientos suscitados por el acto de votar? ¿Cuál sería la influencia ejercida sobre las maneras de hacer política, es decir, tanto las maneras de votar como las de ser elegido? Olivier Ihl desarrola las interrogantes suscitadas por lo que puede llamarse la sociologia histórica del voto. Ello importa una reinterpretación global del valor atribuido al sufragio, que se presenta como un tribunal delante del cual comparecen las figuras de autoridad, ese que obliga al poder a inclinarse. Así el voto hace del ciudadano ya no el objeto, sino el sujeto de lo político. La eleccion no solo suma los votos sino que favrica y perpetúa una division del trabajo dentro del espacio público. Y al analizar cómo se utiliza, podermos ver que, en algunos Estados, quien resulta elegido por sufragio, en más de un 90 % corresponde a aquel que más dinero invirtió en la campaña electoral.
in Victor M. Franco Pellotier, Danièle Dehouve, Aline Hémond (editores), Formas de Voto. Pràcticas de las asambleas y toma de decisiones. Un acercamiento comparativo, Publicaciones de la Casa Chata, Mexico, 2011, p. 273-292., 2011
Со времен зарождения первых государственных праздников в период революции 1789 года о них написан... more Со времен зарождения первых государственных праздников в период революции 1789 года о них написано уже немало работ. Эти работы можно разбить на три категории. Первую составляют хроники декораторов, инженеров и архитекторов XIX века, авторы которых стараются описывать праздники с практической точки зрения. Они делают акцент на празднике как представлении, требующем особой постановки[1]. Праздники понимаются не как некий повторяющийся феномен, а как серия отдельно организуемых событий.
Философская интерпретация праздника образует собой вторую категорию работ, более энциклопедичных и описательных. Эти работы являются продуктом зарождающихся наук о человеке. Праздники здесь пытаются интерпретировать в терминах «социальных взаимоотношений», «публичного братства» или «национальных добродетелей». Эти тексты по большей части написаны в жанре «жития святых»: напомнить историю праздника – значит с ностальгией и гордостью восславить прошлое. «Публичная радость» – это универсальная форма, скрывающаяся в «инстинкте собраний» или «общей страсти» человека. Это антропологический взгляд, объясняющий праздники через верования и различные универсальные понятия, такие, как «народ», «нация» или «равенство».
Ce cours se propose d’analyser les principaux enjeux de l'entrée en démocratie, une question ici ... more Ce cours se propose d’analyser les principaux enjeux de l'entrée en démocratie, une question ici mise en relation constante avec la forme de l'Etat et les dynamiques sociales qui traversent chaque société. Approches théoriques, critères servant à évaluer la « sincérité » des élections, controverses scientifiques, exemples concrets de « transition vers la démocratie » : cet enseignement entend amener les étudiants à adopter une perspective critique sur la nature et les voies de ce changement tenu aujourd’hui pour l’horizon même de la politique, ainsi que sur la définition et les frontières de la « démocratie électorale ».
in Collectif, Réfléchir le management au miroir du handicap, Paris, Le bord de l’eau, 2013, p. 66-80.
in Collectif, Le Diabète, une épidemie silencieuse, préface de F. Bourdillon, Paris, Le bord de l’eau, 2013, p. 223-229.
in Jean-Marc Ferry, Caroline Guibet Lafaye, Mark Hunyadi (dir.), Penser la santé, Paris, PUF, 2010, p. 143-148.
in Danièle Bloch, Benoît Heilbrunn, Gérard Le Gouès (dir.), Les représentations du corps vieux, Fondation Eisai, Paris, PUF, 2008, p. 97-104.
in Claudine Attias-Donfut, Maurice Godelier, François Jullien, Serge Koster, Serge Marti, Bertrand Vergely (dir.), Quand est-ce que je vieillis ?, Fondation Eisai, Paris, PUF, 2007, p. 123-129.
in La Semaine de la Science de St-Michel-sur-Orge, Espace Marcel Carné, Ed. Le Bord de l’Eau, 2006, p. 127-150.
Revue française de science politique 2023/2 (Vol. 73)
Olivier Ihl Revue française de science politique 2023/2 (Vol. 73), 2023
Revue Française de Science Politique, 2020
Revue française de science politique, 2022
Pourquoi les décorations se sont-elles développé sous la IIIè République ? Sans doute parce que, ... more Pourquoi les décorations se sont-elles développé sous la IIIè République ? Sans doute parce que, pour ses fondateurs, elles proposaient un avantage immédiat : celui d’exercer une forme de publicité assurant à ce régime de disposer d’une technique d’universalisation sans équivalent. Jules Simon le remarque : “sans la publicité, le courage civil est toujours une exception (…) Pour que l’esprit public se forme et se maintienne, il faut cette grande voix de la nation qui distribue chaque jour l’éloge et le blâme, qui rappelle sans cesse les principes sociaux, les intérêts communs”. Le point mérite attention. La décoration prétend être vue mais surtout que l’on voit et se laisse voir à travers elle. Par là, elle retient sous sa vue le regard qui s’y fixe. En développant le système des décorations, la république allait se faire le représentant de la portée de ce regard.
Revue française d'Histoire des idées politiques, 4, 1996, 412-418
in Revue française de science politique, vol. 60, n° 1, février 2010, p. 183-185.
in Revue française de science politique, vol. 62, n° 4, août 2012, p. 726.
in Revue française de science politique, vol. 60, n° 1, février 2010, p. 141-144.
Ouvrages recensés : Antonio Correa Gómez, El último suplicio. Ejecuciones públicas en la formació... more Ouvrages recensés : Antonio Correa Gómez, El último suplicio. Ejecuciones públicas en la formación republicana de Chile 1810-1843, Santiago, Ocho Libros Editores, 2007 ; Carmen McEvoy (dir.), Funerales republicanos en América del Sur : Tradición, ritual, nación, 1832-1896, Santiago, Ediciones Centro de Estudios Bicentenarios, 2006 ; Paulina Peralta C., °Chile tiene fiesta ! El origen del 18 de septiembre (1810-1837), Santiago, LOM Ediciones, 2007 ; Rafael Sagredo Baeza, Vapor al norte, tren al sur. El viaje presidencial como práctica política en Chile. Siglo XIX, Santiago/México, D.F., Centro de Investigaciones Diego Barros Arana de la DIBAM/El Colegio de México, 2001.
in Revue française de science politique, vol. 63, n° 1, février 2013, p. 171-173.
Revue française de science politique, vol. 62, n° 5-6, octobre-décembre 2012, p. 972-976.
in Christiane Veauvy (dir.), Les femmes dans l'espace public. Itinéraires français et italiens, Paris, Ed. de la Maison des sciences de l'Homme / Le Fil d'Ariane, 2004 (1ère éd. 2002), p. 316.
in Le Mouvement Social, 184, juillet-septembre 1998, p. 123-124.
in Le Mouvement Social, n° 176, 1996, p. 130-133
in Le Mouvement social, n° 166, 1994, p. 125-128.
in Le Mouvement Social, 166, 1994, p. 131-134.
in Schweizerische Zeitschrift für Geschichte, 44 (4), 1994, p. 421-422.
in Revue française de science politique, vol. 41, n° 4, août 1991, p. 583-586.
Comprendre comment la culture populaire est devenue une catégorie d’intervention publique dans le... more Comprendre comment la culture populaire est devenue une catégorie d’intervention publique dans le Mexique 2920 à 2006 : tel est l’enjeu principal du livre que Cesar Guevara Gonzalez propose à la sagacité des lecteurs. Issu d’un travail de doctorat conduit à Sciences Po Grenoble, travail considérable en trois volumes intitulé « La mise en forme et la transformation d’un champ de l’action publique : socio-histoire de la culture populaire au Mexique », il a pour ambition de restituer la politique culturelle « aux enjeux politiques qui ont émaillé l’histoire du système mexicain ». Une façon de faire enfin droit aux conflits des forces sociales et groupes d’intérêts qui s’en sont réclamés, que le régime politique soit nationaliste-révolutionnaire dans sa version « cardeniste » ou « echeverriste » ou néo-libéral dans sa version « foxiste ».
In the eye of the daguerreotype. On the Rue du Faubourg du Temple in June 1848. The shot is said... more In the eye of the daguerreotype. On the Rue du Faubourg du Temple in June 1848.
The shot is said to be the first photographic illustration of a newspaper report. The scene captured by this famous daguerreotype is the Rue du Faubourg du Temple during the bloody days of June 1848. The picture shows a barricade on an empty street at 7:30am, Sunday 25 June. On the following 8 July the newspaper L’Illustration published two of these shots as woodcuts. Against the backdrop of insurrection, they celebrated the return to order. Yet even though two of Thibault’s plates have been kept at the Orsay Museum, and another at the Carnavalet Museum, little is known about their author. The plates are nevertheless considered to be one of the founding events of the history of photography. Manifestly, the place photographed, the operator’s identity, the motive behind the shot : everything here is indeed enigmatic. Hence the current investigation which seeks to establish the identity of the daguerreotypist and retrace the genealogy of this shot.