Etienne Copeaux - Academia.edu (original) (raw)
Essais sur la Turquie d'aujourd'hui by Etienne Copeaux
Borders and the Changing Boundaries of Knowledge. Brandell (ed.), Sweedish Institute in Istanbul Transactions, vol. 22, 2015
There are several ways of studying the history of a historical narrative: from outside (instituti... more There are several ways of studying the history of a historical narrative: from outside (institutions, authors, academic trends, etc.) and from inside; in the latter case, the historian must become a discourse analyst, and build a method in accordance with the discourse itself. But his work can rapidly lead from an analysis of a representation to an analysis of words, pirctures or maps, which all are signs. Soon the signs become themselves research topics and, like the leaves of a tree, can enable the researcher to identify the tree itself. Thus, insignificant objects in the daily press or in the urban landscape can reveal the nature of a state ideology. From history to linguistics and semiology, from semiology to anthropology, and back to micro-history: mapping out a posteriori the path I have followed, I am just trying here to find a coherence in my previous researches about contemporary Turkey and Cyprus.
Cahiers d'Etudes du Monde Turco-Iranien (CEMOTI), 1993
Le prométhéisme doit être d’abord défini comme un mouvement de réfugiés d’URSS, né de l’échec des... more Le prométhéisme doit être d’abord défini comme un mouvement de
réfugiés d’URSS, né de l’échec des républiques indépendantes surgies dans
l’empire russe lors de la révolution de 1917. Les capitales d’Europe occidentale en reçurent alors les anciens dirigeants, qui, après avoir tenté une opposition contre l’armée rouge, cherchèrent à reconstituer un front anti-bolchevique dans l’exil.
Une étude s’impose d’autant plus que les peuples de l’ex-URSS redécouvrent leur histoire, ancienne et récente. Nul doute qu’un intérêt va naître ou renaître pour des personnages qui ont tenté, pendant plus de trente ans, de maintenir vivant, dans l’exil, l’esprit national. Mais le mouvement prométhéen concerne l’histoire des mouvements d’opposition au bolchevisme, l’histoire de la guerre froide et l’histoire récente de la Turquie, puisqu’il existe une osmose entre les nationalistes turcs et les animateurs turcophones du mouvement. Enfin, par la constitution et l’utilisation de réseaux s’étendant sur tout le pourtour de l’URSS, de Helsinki à Tokyo en passant par Varsovie, Berlin, Paris, Istanbul, Shanghaï, Mukden, le mouvement prométhéen est un type exemplaire d’organisation d’exilés. Qu’ils aient étés ou non manipulés par diverses puissances, de tels destins méritent une étude approfondie.
Préface à "La Malédiction" de Adnan Çelik et Namık Kemal Dinç. Paris, L'Harmattan, 2021, pp. 7-15, 2021
On sait maintenant que les auteurs de violences sont assaillis de cauchemars, et que leur mal-êtr... more On sait maintenant que les auteurs de violences sont assaillis de cauchemars, et que leur mal-être se transmet de génération en génération.
C'est la malédiction dont il est question ici, celle qui rôde en Turquie, encore et encore, depuis le génocide des Arméniens en 1915.
Copeaux, Etienne (2020). « Préface », in Erkal, Genco, Sivas '93. Traduit du turc par Selin Altıparmak, L'Espace d'un instant, 2020, pp. 5-19., 2020
Préface à la pièce de théâtre réalisée par Genco Erkal sur le pogrom de Sivas. Le 3 juillet 1993,... more Préface à la pièce de théâtre réalisée par Genco Erkal sur le pogrom de Sivas. Le 3 juillet 1993, une foule fanatisée met le feu à l'hôtel où s'étaient réfugiés de nombreuses personnes, presque toutes de confession alévie, parmi lesquelles beaucoup d'artistes, écrivains, poètes, bardes, musiciens. 37 d'entre elles sont mortes. C'est un des événements les plus traumatiques dans l'histoire de la Turquie contemporaine.
Ce texte est une version plus développée d'un exposé prononcé à l'université de Berkeley le 20 av... more Ce texte est une version plus développée d'un exposé prononcé à l'université de Berkeley le 20 avril 2019, dans le cadre d'un symposium sur le thème « Debating the Origins, Development, and Impact of the Armenian Genocide (1850s-1938) », à l'invitation de Stephan Astourian et de l'Institute of Slavic, East European and Eurasian Studies (ISEEES).
Me basant sur l'hypothèse de l'existence parmi la population turque d'un sentiment de culpabilité généralisé, consécutif au génocide de 1915, je reconsidère ici le nationalisme et l'écriture de l'histoire en Turquie (dans leurs caractères excessifs même) comme des effets du génocide. Le sentiment de culpabilité et l'impossibilité (ou le refus) du deuil ont en effet nécessité d'ouvrir des « issues de secours », selon l'expression d'A. Mitscherlich, par la création de préjugés et stéréotypes aptes à faciliter le processus de refoulement ou de déni des violences commises.
Analyse de la présence et de la signification de la forme cartographique de la Turquie dans le de... more Analyse de la présence et de la signification de la forme cartographique de la Turquie dans le dessin caricatural de la presse turque, principalement en 1996, au moment de l'exercice du pouvoir par le parti islamiste Refah. Ces "caricartures" sont une forme originale de transmission des stéréotypes concernant la nation, l'ennemi, les caractères de la Turquie... en parfait accord avec les stéréotypes scolaires et en s'appuyant sur le savoir partagé transmis par l'école. En l'absence d'un "idéal-type" caricatural du Turc (comme l'oncle Sam pour les Etats-Unis, le Français coiffé d'un béret ou le Deutscher Michel), la carte joue un rôle important dans la représentation et la personnification du pays.
Etude présentée en 1997, publiée en turc, inédite en français
Pour délimiter ce que j'appelle "le problème turc" et l'impact du génocide des Arméniens dans la ... more Pour délimiter ce que j'appelle "le problème turc" et l'impact du génocide des Arméniens dans la culture politique turque du XXe siècle, je poursuis ma réflexion en délaissant la méthode historique classique et en faisant un long détour par l'Allemagne et les penseurs allemands et autrichiens. Dans ce premier article, je verrai comment Hannah Arendt peut nous éclairer, avant de poursuivre avec Karl Jaspers, Alexandre et Margarete Mitscherlich, enfin Sigmund Freud.
Etre coupable, culpabiliser... Quel est le degré de culpabilité de la population d'un Etat qui a ... more Etre coupable, culpabiliser... Quel est le degré de culpabilité de la population d'un Etat qui a commis un crime de masse? Est-elle de nature politique, morale, métaphysique? Est-il possible de comparer la Turquie post-génocidaire à l'Allemagne de 1945?
Karl Jaspers, auteur de La culpabilité allemande, un ouvrage paru en 1946, peut nous y aider.
Comme pour Hannah Arendt et Karl Jaspers, je propose ici une lecture d'Alexander Mitscherlich pou... more Comme pour Hannah Arendt et Karl Jaspers, je propose ici une lecture d'Alexander Mitscherlich pour comprendre la situation en Turquie et tenter de répondre au « défi de la comparaison » prôné par Jacques Semelin dans son introduction à Purifier et détruire.
Freud penseur politique? Il n'en était pas loin mais n'a pas franchi le pas. Pourtant, dans ses é... more Freud penseur politique? Il n'en était pas loin mais n'a pas franchi le pas. Pourtant, dans ses écrits tardifs, il nous fournit des éclairages et des outils pour la compréhension de la Turquie (et du reste). C'est la quatrième série de mes notes de lecture préparatoires à mon travail sur les masques de la violence en Turquie
Ce texte est version rédigée d'un exposé présenté lors d'un panel de la Ligue des Droits de l'Hom... more Ce texte est version rédigée d'un exposé présenté lors d'un panel de la Ligue des Droits de l'Homme à Marseille le 24 octobre 2017, initialement publié sur susam-sokak.fr le 19 octobre 2017] Novembre 1998, manifestation contre le PKK à Lice (Kurdistan de Turquie), organisée par les autorités. Photo extraite du quotidien d'extrême-droite Türkiye, 17 novembre 1998
Une mémoire des Arméniens se maintient ou s'élabore difficilement parmi les populations turques q... more Une mémoire des Arméniens se maintient ou s'élabore difficilement parmi les populations turques qui vivent en ces lieux parmi des fantômes. Ils savent qu'il ne vivent pas dans un nulle part, que les terres qu'ils cultivent appartenaient à d'autres que leurs ancêtres. C e passé continue de façonner le présent, et la Turquie ne pourra se démocratiser que lorsqu'elle aura réglé ce problème de mémoire.
La démocratie a-t-elle jamais existé en Turquie? Alors que les chancelleries et les organisations... more La démocratie a-t-elle jamais existé en Turquie? Alors que les chancelleries et les organisations internationales, après le 15 juillet, rappelaient la "légitimité" d'Erdogan, "élu démocratiquement", il faut s'interroger sur la nature segmentaire de la démocratie turque, qui, si elle existe, comporte un vaste "corps nocturne" selon l'expression d'Achille Mbembe. Et puis, la Turquie ne serait-elle pas le "corps nocturne" de la démocratie européenne?
Une analyse du discours de Recep Tayyip Erdogan prononcé lors du meeting géant de Yenikapı (Istan... more Une analyse du discours de Recep Tayyip Erdogan prononcé lors du meeting géant de Yenikapı (Istanbul), le 7 août 2016. Et des hypothèses sur une éventuelle captation de l'héritage kémaliste par le président.
La petite ville de Ceylanpınar (Ras al'Aïn pour les Arabes, Serekaniye pour les Kurdes), à la fro... more La petite ville de Ceylanpınar (Ras al'Aïn pour les Arabes, Serekaniye pour les Kurdes), à la frontière turco-syrienne, est un point de passage particulier en raison de l'existence, sur la frontière, d'une immense ferme d'Etat, qui abrite elle-même un immense camp de réfugiés syriens
Ce texte présenté à l'IFRI en 2014 replace le mouvement de Gezi dans un contexte plus long de con... more Ce texte présenté à l'IFRI en 2014 replace le mouvement de Gezi dans un contexte plus long de contestation de la politique environnementale de la gouvernance AKP, et tente une définition du mouvement par ses propres acteurs. Evoquant les réflexions d'Alain Touraine, il interroge les notions d'objectifs, de mobilisation et de veille sociale opérées par des Sujets "déchirés entre le marché et la communauté", entre l'idéologie de la globalisation et les pouvoirs communautaires, qu'ils soient d'inspiration nationaliste ou religieuse.
Malgré l'ampleur du mouvement de Gezi, le Premier ministre Erdogan n'a pas daigné reporter son vo... more Malgré l'ampleur du mouvement de Gezi, le Premier ministre Erdogan n'a pas daigné reporter son voyage officiel en Tunisie. Il rentre à Istanbul le 7 juin, accueilli par une petite foule de partisans. Juché sur le toit d'un autobus, il délivre un discours annonçant aux "vandales" (çapulcu) que la fête est finie. Tout en annonçant à mots couverts un durcissement de la répression, il adresse à la Turquie profonde, "la Turquie qui travaille et croit en Dieu", des propos rassurants et démagogiques. A la lecture de ce discours, on comprend que la sombre période que traverse la Turquie, en particulier depuis 2016, est la revanche sur le mouvement de Gezi.
Cela couvait mais nous ne savions pas que l'incendie viendrait des arbres de la place de Taksim. ... more Cela couvait mais nous ne savions pas que l'incendie viendrait des arbres de la place de Taksim. Depuis plusieurs jours, des associations, des groupes de citoyens, des « collectifs » en formation tentaient de défendre la promenade située en plein coeur d'Istanbul, le dernier espace vert du centre ville, contre les tronçonneuses, puis contre les policiers, les gaz et les canons à eau. Il faisait beau et chaud. Des groupes campaient sur place pour occuper le lieu. Cela ressemblait à une révolte écologique, à une protestation verte, au mouvement de Notre-Dame des Landes. Mais la protestation en rejoignait d'autres, qui vibraient depuis quelques mois sur Facebook : la Ville était en train de devenir une marchandise. Les hôtels de luxe se multipliaient, chassant les espaces conviviaux qui animaient le quartier convivial de Beyoglu. Les rives du Bosphore étaient de moins en moins accessibles. Des incendies bizarres, à la gare de Haydarpasa puis à l'université de Galatasaray, faisaient suspecter des projets immobiliers de luxe. Cela se sentait, la Ville était à vendre ; le penchant « islamiste » du gouvernement AKP cachait mal sa tendance de fond, l'ultra-libéralisme.
Lire Foucault en considérant la Turquie Etienne Copeaux [Texte initialement publié le 11 novembre... more Lire Foucault en considérant la Turquie Etienne Copeaux [Texte initialement publié le 11 novembre 2012 sur susam-sokak.fr, le blog d'Etienne Copeaux] A propos du cours délivré au collège de France le 14 janvier 1976, publié dans le volume « Il faut défendre la société », Cours au Collège de France, 1976, Paris, Gallimard-Seuil, 1997, pp. 21-36. Je ne sais pas si Michel Foucault s'est jamais intéressé à la Turquie, ni à un autre pays que le sien. Pourtant, ce qu'il professe semble applicable à des champs qu'il ne connaissait pas ; est-une preuve de la validité de ses thèses ? Dans son cours au Collège de France du 14 janvier 1976, il continue d'examiner comment s'exerce le pouvoir, et invite à réfléchir sur l'existence d'un triangle fondamental par lequel s'exercerait l'autorité : le pouvoir, le droit, la vérité. A plusieurs reprises dans ce cours, Foucault prend la précaution de préciser que ses assertions valent « dans une société comme la nôtre ». Mais ailleurs il risque : « C'est vrai pour toute société » ; et il redit plus loin en généralisant : « Il n'y a pas d'exercice du pouvoir sans une certaine économie des discours de vérité ». Certes, quelle société pourrait échapper à un pouvoir qui ne serait fondé sur un quelconque droit oral ou écrit, et qui n'élaborerait sa propre « vérité » historique ou mythique ? Essayons d'appliquer ceci à la Turquie. Foucault ne le dit pas, mais ce mot de « vérité » doit le plus souvent être compris comme « mensonge », car l'un des plus importants effets d'un pouvoir est la capacité de faire admettre aux subordonnés que le noir est blanc, ou que la guerre, c'est la paix, et que le mensonge, c'est la vérité. C'est pourquoi Foucault utilise également la tournure « effets de vérité » plus conforme,
Borders and the Changing Boundaries of Knowledge. Brandell (ed.), Sweedish Institute in Istanbul Transactions, vol. 22, 2015
There are several ways of studying the history of a historical narrative: from outside (instituti... more There are several ways of studying the history of a historical narrative: from outside (institutions, authors, academic trends, etc.) and from inside; in the latter case, the historian must become a discourse analyst, and build a method in accordance with the discourse itself. But his work can rapidly lead from an analysis of a representation to an analysis of words, pirctures or maps, which all are signs. Soon the signs become themselves research topics and, like the leaves of a tree, can enable the researcher to identify the tree itself. Thus, insignificant objects in the daily press or in the urban landscape can reveal the nature of a state ideology. From history to linguistics and semiology, from semiology to anthropology, and back to micro-history: mapping out a posteriori the path I have followed, I am just trying here to find a coherence in my previous researches about contemporary Turkey and Cyprus.
Cahiers d'Etudes du Monde Turco-Iranien (CEMOTI), 1993
Le prométhéisme doit être d’abord défini comme un mouvement de réfugiés d’URSS, né de l’échec des... more Le prométhéisme doit être d’abord défini comme un mouvement de
réfugiés d’URSS, né de l’échec des républiques indépendantes surgies dans
l’empire russe lors de la révolution de 1917. Les capitales d’Europe occidentale en reçurent alors les anciens dirigeants, qui, après avoir tenté une opposition contre l’armée rouge, cherchèrent à reconstituer un front anti-bolchevique dans l’exil.
Une étude s’impose d’autant plus que les peuples de l’ex-URSS redécouvrent leur histoire, ancienne et récente. Nul doute qu’un intérêt va naître ou renaître pour des personnages qui ont tenté, pendant plus de trente ans, de maintenir vivant, dans l’exil, l’esprit national. Mais le mouvement prométhéen concerne l’histoire des mouvements d’opposition au bolchevisme, l’histoire de la guerre froide et l’histoire récente de la Turquie, puisqu’il existe une osmose entre les nationalistes turcs et les animateurs turcophones du mouvement. Enfin, par la constitution et l’utilisation de réseaux s’étendant sur tout le pourtour de l’URSS, de Helsinki à Tokyo en passant par Varsovie, Berlin, Paris, Istanbul, Shanghaï, Mukden, le mouvement prométhéen est un type exemplaire d’organisation d’exilés. Qu’ils aient étés ou non manipulés par diverses puissances, de tels destins méritent une étude approfondie.
Préface à "La Malédiction" de Adnan Çelik et Namık Kemal Dinç. Paris, L'Harmattan, 2021, pp. 7-15, 2021
On sait maintenant que les auteurs de violences sont assaillis de cauchemars, et que leur mal-êtr... more On sait maintenant que les auteurs de violences sont assaillis de cauchemars, et que leur mal-être se transmet de génération en génération.
C'est la malédiction dont il est question ici, celle qui rôde en Turquie, encore et encore, depuis le génocide des Arméniens en 1915.
Copeaux, Etienne (2020). « Préface », in Erkal, Genco, Sivas '93. Traduit du turc par Selin Altıparmak, L'Espace d'un instant, 2020, pp. 5-19., 2020
Préface à la pièce de théâtre réalisée par Genco Erkal sur le pogrom de Sivas. Le 3 juillet 1993,... more Préface à la pièce de théâtre réalisée par Genco Erkal sur le pogrom de Sivas. Le 3 juillet 1993, une foule fanatisée met le feu à l'hôtel où s'étaient réfugiés de nombreuses personnes, presque toutes de confession alévie, parmi lesquelles beaucoup d'artistes, écrivains, poètes, bardes, musiciens. 37 d'entre elles sont mortes. C'est un des événements les plus traumatiques dans l'histoire de la Turquie contemporaine.
Ce texte est une version plus développée d'un exposé prononcé à l'université de Berkeley le 20 av... more Ce texte est une version plus développée d'un exposé prononcé à l'université de Berkeley le 20 avril 2019, dans le cadre d'un symposium sur le thème « Debating the Origins, Development, and Impact of the Armenian Genocide (1850s-1938) », à l'invitation de Stephan Astourian et de l'Institute of Slavic, East European and Eurasian Studies (ISEEES).
Me basant sur l'hypothèse de l'existence parmi la population turque d'un sentiment de culpabilité généralisé, consécutif au génocide de 1915, je reconsidère ici le nationalisme et l'écriture de l'histoire en Turquie (dans leurs caractères excessifs même) comme des effets du génocide. Le sentiment de culpabilité et l'impossibilité (ou le refus) du deuil ont en effet nécessité d'ouvrir des « issues de secours », selon l'expression d'A. Mitscherlich, par la création de préjugés et stéréotypes aptes à faciliter le processus de refoulement ou de déni des violences commises.
Analyse de la présence et de la signification de la forme cartographique de la Turquie dans le de... more Analyse de la présence et de la signification de la forme cartographique de la Turquie dans le dessin caricatural de la presse turque, principalement en 1996, au moment de l'exercice du pouvoir par le parti islamiste Refah. Ces "caricartures" sont une forme originale de transmission des stéréotypes concernant la nation, l'ennemi, les caractères de la Turquie... en parfait accord avec les stéréotypes scolaires et en s'appuyant sur le savoir partagé transmis par l'école. En l'absence d'un "idéal-type" caricatural du Turc (comme l'oncle Sam pour les Etats-Unis, le Français coiffé d'un béret ou le Deutscher Michel), la carte joue un rôle important dans la représentation et la personnification du pays.
Etude présentée en 1997, publiée en turc, inédite en français
Pour délimiter ce que j'appelle "le problème turc" et l'impact du génocide des Arméniens dans la ... more Pour délimiter ce que j'appelle "le problème turc" et l'impact du génocide des Arméniens dans la culture politique turque du XXe siècle, je poursuis ma réflexion en délaissant la méthode historique classique et en faisant un long détour par l'Allemagne et les penseurs allemands et autrichiens. Dans ce premier article, je verrai comment Hannah Arendt peut nous éclairer, avant de poursuivre avec Karl Jaspers, Alexandre et Margarete Mitscherlich, enfin Sigmund Freud.
Etre coupable, culpabiliser... Quel est le degré de culpabilité de la population d'un Etat qui a ... more Etre coupable, culpabiliser... Quel est le degré de culpabilité de la population d'un Etat qui a commis un crime de masse? Est-elle de nature politique, morale, métaphysique? Est-il possible de comparer la Turquie post-génocidaire à l'Allemagne de 1945?
Karl Jaspers, auteur de La culpabilité allemande, un ouvrage paru en 1946, peut nous y aider.
Comme pour Hannah Arendt et Karl Jaspers, je propose ici une lecture d'Alexander Mitscherlich pou... more Comme pour Hannah Arendt et Karl Jaspers, je propose ici une lecture d'Alexander Mitscherlich pour comprendre la situation en Turquie et tenter de répondre au « défi de la comparaison » prôné par Jacques Semelin dans son introduction à Purifier et détruire.
Freud penseur politique? Il n'en était pas loin mais n'a pas franchi le pas. Pourtant, dans ses é... more Freud penseur politique? Il n'en était pas loin mais n'a pas franchi le pas. Pourtant, dans ses écrits tardifs, il nous fournit des éclairages et des outils pour la compréhension de la Turquie (et du reste). C'est la quatrième série de mes notes de lecture préparatoires à mon travail sur les masques de la violence en Turquie
Ce texte est version rédigée d'un exposé présenté lors d'un panel de la Ligue des Droits de l'Hom... more Ce texte est version rédigée d'un exposé présenté lors d'un panel de la Ligue des Droits de l'Homme à Marseille le 24 octobre 2017, initialement publié sur susam-sokak.fr le 19 octobre 2017] Novembre 1998, manifestation contre le PKK à Lice (Kurdistan de Turquie), organisée par les autorités. Photo extraite du quotidien d'extrême-droite Türkiye, 17 novembre 1998
Une mémoire des Arméniens se maintient ou s'élabore difficilement parmi les populations turques q... more Une mémoire des Arméniens se maintient ou s'élabore difficilement parmi les populations turques qui vivent en ces lieux parmi des fantômes. Ils savent qu'il ne vivent pas dans un nulle part, que les terres qu'ils cultivent appartenaient à d'autres que leurs ancêtres. C e passé continue de façonner le présent, et la Turquie ne pourra se démocratiser que lorsqu'elle aura réglé ce problème de mémoire.
La démocratie a-t-elle jamais existé en Turquie? Alors que les chancelleries et les organisations... more La démocratie a-t-elle jamais existé en Turquie? Alors que les chancelleries et les organisations internationales, après le 15 juillet, rappelaient la "légitimité" d'Erdogan, "élu démocratiquement", il faut s'interroger sur la nature segmentaire de la démocratie turque, qui, si elle existe, comporte un vaste "corps nocturne" selon l'expression d'Achille Mbembe. Et puis, la Turquie ne serait-elle pas le "corps nocturne" de la démocratie européenne?
Une analyse du discours de Recep Tayyip Erdogan prononcé lors du meeting géant de Yenikapı (Istan... more Une analyse du discours de Recep Tayyip Erdogan prononcé lors du meeting géant de Yenikapı (Istanbul), le 7 août 2016. Et des hypothèses sur une éventuelle captation de l'héritage kémaliste par le président.
La petite ville de Ceylanpınar (Ras al'Aïn pour les Arabes, Serekaniye pour les Kurdes), à la fro... more La petite ville de Ceylanpınar (Ras al'Aïn pour les Arabes, Serekaniye pour les Kurdes), à la frontière turco-syrienne, est un point de passage particulier en raison de l'existence, sur la frontière, d'une immense ferme d'Etat, qui abrite elle-même un immense camp de réfugiés syriens
Ce texte présenté à l'IFRI en 2014 replace le mouvement de Gezi dans un contexte plus long de con... more Ce texte présenté à l'IFRI en 2014 replace le mouvement de Gezi dans un contexte plus long de contestation de la politique environnementale de la gouvernance AKP, et tente une définition du mouvement par ses propres acteurs. Evoquant les réflexions d'Alain Touraine, il interroge les notions d'objectifs, de mobilisation et de veille sociale opérées par des Sujets "déchirés entre le marché et la communauté", entre l'idéologie de la globalisation et les pouvoirs communautaires, qu'ils soient d'inspiration nationaliste ou religieuse.
Malgré l'ampleur du mouvement de Gezi, le Premier ministre Erdogan n'a pas daigné reporter son vo... more Malgré l'ampleur du mouvement de Gezi, le Premier ministre Erdogan n'a pas daigné reporter son voyage officiel en Tunisie. Il rentre à Istanbul le 7 juin, accueilli par une petite foule de partisans. Juché sur le toit d'un autobus, il délivre un discours annonçant aux "vandales" (çapulcu) que la fête est finie. Tout en annonçant à mots couverts un durcissement de la répression, il adresse à la Turquie profonde, "la Turquie qui travaille et croit en Dieu", des propos rassurants et démagogiques. A la lecture de ce discours, on comprend que la sombre période que traverse la Turquie, en particulier depuis 2016, est la revanche sur le mouvement de Gezi.
Cela couvait mais nous ne savions pas que l'incendie viendrait des arbres de la place de Taksim. ... more Cela couvait mais nous ne savions pas que l'incendie viendrait des arbres de la place de Taksim. Depuis plusieurs jours, des associations, des groupes de citoyens, des « collectifs » en formation tentaient de défendre la promenade située en plein coeur d'Istanbul, le dernier espace vert du centre ville, contre les tronçonneuses, puis contre les policiers, les gaz et les canons à eau. Il faisait beau et chaud. Des groupes campaient sur place pour occuper le lieu. Cela ressemblait à une révolte écologique, à une protestation verte, au mouvement de Notre-Dame des Landes. Mais la protestation en rejoignait d'autres, qui vibraient depuis quelques mois sur Facebook : la Ville était en train de devenir une marchandise. Les hôtels de luxe se multipliaient, chassant les espaces conviviaux qui animaient le quartier convivial de Beyoglu. Les rives du Bosphore étaient de moins en moins accessibles. Des incendies bizarres, à la gare de Haydarpasa puis à l'université de Galatasaray, faisaient suspecter des projets immobiliers de luxe. Cela se sentait, la Ville était à vendre ; le penchant « islamiste » du gouvernement AKP cachait mal sa tendance de fond, l'ultra-libéralisme.
Lire Foucault en considérant la Turquie Etienne Copeaux [Texte initialement publié le 11 novembre... more Lire Foucault en considérant la Turquie Etienne Copeaux [Texte initialement publié le 11 novembre 2012 sur susam-sokak.fr, le blog d'Etienne Copeaux] A propos du cours délivré au collège de France le 14 janvier 1976, publié dans le volume « Il faut défendre la société », Cours au Collège de France, 1976, Paris, Gallimard-Seuil, 1997, pp. 21-36. Je ne sais pas si Michel Foucault s'est jamais intéressé à la Turquie, ni à un autre pays que le sien. Pourtant, ce qu'il professe semble applicable à des champs qu'il ne connaissait pas ; est-une preuve de la validité de ses thèses ? Dans son cours au Collège de France du 14 janvier 1976, il continue d'examiner comment s'exerce le pouvoir, et invite à réfléchir sur l'existence d'un triangle fondamental par lequel s'exercerait l'autorité : le pouvoir, le droit, la vérité. A plusieurs reprises dans ce cours, Foucault prend la précaution de préciser que ses assertions valent « dans une société comme la nôtre ». Mais ailleurs il risque : « C'est vrai pour toute société » ; et il redit plus loin en généralisant : « Il n'y a pas d'exercice du pouvoir sans une certaine économie des discours de vérité ». Certes, quelle société pourrait échapper à un pouvoir qui ne serait fondé sur un quelconque droit oral ou écrit, et qui n'élaborerait sa propre « vérité » historique ou mythique ? Essayons d'appliquer ceci à la Turquie. Foucault ne le dit pas, mais ce mot de « vérité » doit le plus souvent être compris comme « mensonge », car l'un des plus importants effets d'un pouvoir est la capacité de faire admettre aux subordonnés que le noir est blanc, ou que la guerre, c'est la paix, et que le mensonge, c'est la vérité. C'est pourquoi Foucault utilise également la tournure « effets de vérité » plus conforme,
Anne Bazin, Catherine Perron (eds.), How to Address the Loss? Forced Migrations, Lost Territories and the Politics of History. A Comparative Approach in Europe and at its Margins in the XXth Century, Brussels, Peter Lang, 2017, 2017
In considering the losses sustained by the Ottoman empire after World War I, one generally thinks... more In considering the losses sustained by the Ottoman empire after World War I, one generally thinks of territorial amputations. But it was even more so, since the period of transition between the empire and the republic was characterized by a genocide, and mass expulsions based on religious criteria, which were carrie d on during the Rebpubli until 1974. The result was mournig, disorientation and a feeling of guilt. since the policy of ethnic-religious cleansing cannot be overtly achnowledged, the Republic of Atatürk has set up a new historicval narrative, taught since 1931, which erases the history of the victims and glorifies the Turkish race, then, from the seventies onwards, a Muslim national identity. The discomfort and anxiety caused by the losses and crimes was compensaded by a virulent, wenophobic and revanchist nationalism based on religion as much as on "race", and the cult of a reassuring Father (whether Atatürk or Erdogan), who acts, up to the present, as a compass and a solace for the Turkish-Muslim population. As a result, Turkey will not experience democracy, and will remain guide'd by a nationalist ideology, until the loss is acknowledged and the crime confessed.
Nous avons rêvé la Grèce. Représentations et idéalisations de l'héritage hellénique, éd. de Boccard, Paris, 2016, pp. 219-244
Exacerbés par les excès du philhellénisme et de la turcophobie, les récits historiques se sont or... more Exacerbés par les excès du philhellénisme et de la turcophobie, les récits historiques se sont orientés vers la construction d'un "miracle turc", intégrant lui aussi l'héritage de l'Antiquité. Cette tendance a correspondu d'une part à la période kémaliste de fondation de la nation, d'autre part à celle de la candidature de la Turquie à l'entrée dans l'Union européenne.
Borders and the Changing Boundaries of Knowledge, Edited by Inga Brandell, Marie Carlsson, Önver Çetrez, Istanbul, Swedish Research Institute in Istanbul Transactions, vol. 22, pp. 77-88, 2015
There are several ways of studying the history of a historical narrative: from outside (instituti... more There are several ways of studying the history of a historical narrative: from outside (institutions, authors, academic trends, etc.) and from inside; in the latter case, the historian must become a discourse analyst, and build a method in accordance with the discourse itself. But his work can rapidly lead from an analysis of a representation to an analysis of words, pirctures or maps, which all are signs. Soon the signs become themselves research topics and, like the leaves of a tree, can enable the researcher to identify the tree itself. Thus, insignificant objects in the daily press or in the urban landscape can reveal the nature of a state ideology. From history to linguistics and semiology, from semiology to anthropology, and back to micro-history: mapping out a posteriori the path I have followed, I am just trying here to find a coherence in my previous researches about contemporary Turkey and Cyprus.
Borders and the Changing Boundaries of Knowledge, Edited by Inga Brandell, Marie Carlsson, Önver Çetrez
There are several ways of studying the history of a historical narrative: from outside (instituti... more There are several ways of studying the history of a historical narrative: from outside (institutions, authors, academic trends etc.) and from inside; in the latter case, the historian must become a discourse analyst, and build a method in accordance with the discourse itself. But his work can rapidly lead from an analysis of a representation to an analysis of words, pictures or maps, which all are signs. Soon the signs become themselves research topics and, like the leaves of a tree, can enable the researcher to identify the tree itself. Thus, insignificant objects in the daily press or in the urban landscape can reveal the nature of a state ideology. From history to linguistics and semiology, from semiology to anthropology, and back to micro-history: mapping out a posteriori the path I have followed, I am just trying here to find a coherence in my previous researches about contemporary Turkey and Cyprus.
Cahiers de la Méditerranée, 86 | 2013, 319-329.
There is no historical myth in Turkey that idealizes the Ottoman past as a period of harmonious r... more There is no historical myth in Turkey that idealizes the Ottoman past as a period of harmonious religious coexistence. Ottoman society was very cosmopolitan, while today’s Turkish Republic is almost exclusively Muslim. Between the two eras there was a genocide, along with massacres, pogroms, and desecrations. Rather than needing a myth, the Republic needs silence. But Turkey must build and consolidate itself around a consensus based on Western values. Instead, it relies on a strong, mythical vision of its origins and founder with two components: secularism and tolerance. These are both untouchable dogmatic elements, though social and political realities regularly undermine them.
À la connaissance de l’auteur, il n’existe pas en Turquie de mythe historique idéalisant le passé ottoman comme une période de bonne entente interreligieuse. La société ottomane était très cosmopolite, alors que la république d’aujourd’hui est « à 99 % musulmane ». Entre les deux périodes, il y a eu un génocide, des massacres, des pogroms et des profanations. Plus que d’un mythe, la République a besoin de silence. Mais elle a besoin de se construire et de s’affirmer sur des valeurs occidentales et consensuelles. Elle fonctionne sur une vision puissamment mythifiée de l’histoire de ses débuts et de son fondateur, avec deux sous mythes d’ordre religieux, la laïcité et la tolérance, éléments intouchables du dogme et pourtant périodiquement démentis par la réalité.
Etienne Copeaux, "Haritatür. Türk Karikatüründe Cografi Harita", in Eldem (Ethem), Tibet (Aksel), Pekin (Ersu) (éd.), Bir Allame-i Cihan: Stefanos Yerasimos Anısına. Textes français traduits en turc par Sirin Tekeli, Istanbul, Kitap Yayınevi, 2012, pp. 191-216.], 2012
Ce texte a été présenté lors d'un colloque organisé par l'Orient-Institut d'Istanbul et l'Univers... more Ce texte a été présenté lors d'un colloque organisé par l'Orient-Institut d'Istanbul et l'Université Bilgi. Inédit en français, il a été publié en allemand sous cette référence: Etienne Copeaux, « Geschichtsunterricht zwischen Affekt und Intellekt » in Nohl, Arnd-
Michael – Pusch, Barbara (Ed.), Bildung und gesellschaftlicher Wandel in der Türkei.
Historische und aktuelle Aspekte [Education et changement social en Turquie. Aspects
historiques et actuels] (Istanbuler Texte und Studien ; vol. 26), Würzburg, Ergon-Verlag,
2011, 308 p. ISBN 978-3-89913-867-2)
Nohl Arndt-Michael, Pusch Barbara, Bildung und gesellschaftlicher Wandel in der Türkei. Historische und aktuelle Aspekte, Würzburg, Ergon Verlag, 2011, pp. 109-120, 2011
Kaya Ugur (ed.), Dynamiques contemporaines en Turquie. Ruptures, continuités ? Paris, L'Harmattan, 2010, 2010
En 1996-7997, poar la premièrefois, un parti est au pouuoir en Turquie, er cette péri... more En 1996-7997, poar la premièrefois, un parti est au pouuoir en Turquie, er cette période a înltnu ttne gueffe sanr nerci entre /et < /aiListet > kéna/ittet et /a t réaclion nligieuse >, qui tbst conclae par une inîerention de l'arrnée, et a deriné dau la uie politique un rcmblant de bipnlaité dlnt la laicité serait le plan dt tliuage. Mais le bourdonnement des manifestations de rut'ace peat réuéler detfssuru plus nnplexes. L'une d'e//et renuoie à la téléologie kénalisn ; son anafin permet tle uoir iomment-chaque camp /'a inaoquée oa relournée afn de disrediter nn adaersaire en tentant de /e repousser dans t'til (parré réuolu>. Une autre condaitplusprér'i$nent au concepr de kicité, qui estplu un éuénenent discanf qae l'objet d'an débat defond. Enfn letfrares se cheuauchent, îe Lî1irent, elles n'ont pas toutes la même importance et je poserai la question de la Éalité mâme d'une ,t/pture entre la période Refablol et wllet qui lbnt précédée et suiuie.
Diplomatie, n° 36, janvier-février 2009, p. 60, 2009
A propos d'une carte représentant l'histoire alléguée de "la tribu turque des Kurdes", émise par ... more A propos d'une carte représentant l'histoire alléguée de "la tribu turque des Kurdes", émise par l'armée turque en 1998. A ce bref article j'ai adjoint l'original de la carte telle qu'elle a été distribuée au public.
« Manuels scolaires : détournements et contournement », Outre-Terre. Revue française de géopolitique, n° 10, 2005, pp. 157-172., 2005
Ce texte, écrit en 2004, offre un résumé commode des grandes lignes de ma thèse de doctorat (1994... more Ce texte, écrit en 2004, offre un résumé commode des grandes lignes de ma thèse de doctorat (1994) sur l'enseignement de l'histoire en Turquie et l'instrumentalisation de l'histoire par le nationalisme. La seconde partie propose quelques réflexions sur les moyens d'élaborer un récit historique turc plus "européen".
« La transcendance d’Atatürk », in Mayeur-Jaouen Catherine (dir.), Saints et héros du Moyen-Orient contemporain, Paris, Maisonneuve et Larose, 2002, pp. 121-138., 2002
in Alain Dieckhoff , Riva Kastoryano: Nationalismes en mutation en Méditerranée orientale Paris, CNRS Editions, 2002
Une exploration des mots "millet" et "milliyet", une étude de la rémanence de leur connotation re... more Une exploration des mots "millet" et "milliyet", une étude de la rémanence de leur connotation religieuse dans leur emploi politique, à travers le sphénomènes d'enracinement du concept dans le passé, et celui de la projection du présent sur le passé.
Koulouri Christina (ed.), Clio in the Balkans. The Politics of History Education, Thessaloniki, 2002, 2002
excerpt from Koulouri Christina (ed.), Clio in the Balkans. The Politics of History Education, Thessaloniki, Center for Democracy and REconciliation in South-East Europe (CDRSEE), 2002, pp. 300-312
« Le récit historique turc, une réponse au miracle grec », in Grivaud Gilles (éd.), Les Mishellénismes. Actes du séminaire organisé à l’Ecole française d’Athènes (16-18 mars 1998), Athènes, EFA, 2001, pp. 111-120., 2001
Revue d’Etude de la Méditerranée et du Monde Musulman, 2000
Résumé : Le kémalisme, idéologie officielle de la république de Turquie, a pris pour modèle la so... more Résumé : Le kémalisme, idéologie officielle de la république de Turquie, a pris pour modèle la société et les institutions européennes. Cependant, pour légitimer les importantes réformes des années trente aux yeux de l’opinion, le pouvoir culturel a choisi de les faire passer pour un retour aux anciennes traditions turques du Moyen Age pré-musulman et musulman. C’est pourquoi, dans les discours historiques scolaire et académique, l’accent a été vigoureusement porté sur le versant asiatique et médiéval du passé des Turcs.
De la sorte, Atatürk lui-même a été présenté, non pas comme un légataire des valeurs occidentales qu’il avait contribué à importer en Turquie, mais comme l’héritier de certains héros de l’histoire turque médiévale. Le kaghan Bilge, qui a dirigé au VIIIe siècle les Turcs dits Célestes en Haute-Asie, est censé représenter les pures valeurs de la turcité, non influencée encore par l’islam. Quant au sultan seldjoukide Alparslan, qui a vaincu les Byzantins en Anatolie orientale et a ouvert ce pays aux Turcs, il est considéré comme le créateur de l’actuelle Turquie musulmane.
Dans le récit historique, ces deux héros sont explicitement présentés comme les prédécesseurs d’Atatürk. Des procédés rhétoriques et discursifs permettent à la fois de projeter les préoccupations du présent sur ce passé médiéval et de légitimer le présent par le passé. Chacun des deux héros porte des valeurs différentes - la turcité “pure” et la turcité musulmane - qui ont leur propre fonction dans l’idéologie kémaliste et dans la mémoire collective.
Summary : Kemalist ideology, which is the official thought of contemporary Turkey, has been strongly inspired by existing European models. But in order to legitimize the radical reforms of the thirties, it seemed necessary to present them as a return to old Turkish traditions. Thus, the historical discourse strongly emphasized Asian and medieval chapters of Turkish past.
Consequently, Atatürk himself is not presented as a heir of European values he contributed to bring to Turkey, but as a successor of some medieval heroes. Bilge, khan of the Göktürk tribe in Central Asia (viiith century), is presented as an embodiment of « pure » Turkish values, i.e. without any islamic influence. Alparslan, sultan of the Seljuks (xith century), who defeated the Byzantines in eastern Anatolia and made the Turkish settlement possible in this region, is seen as the very founder of present muslim Turkey.
In the historical narrative, both heroes are explicitly presented as heralds of Atatürk. By the mean of rhetoric and discursive processes, political concerns of present times are projected onto this medieval past, and the present is legitimized by the past. Each heroe embodies a different virtue (the « pure » Turkish spirit and the « muslim » Turkish spirit) which have their own function in State ideology and in collective memory.
Etienne Copeaux, « Le consensus obligatoire », in Rigoni Isabelle (éd.), Turquie : Les mille visages. Politique, religion, femmes, immigration, Paris, Syllepse, 2000, pp. 89-104., 2000
Ce texte a été publié en 2000 sous cette référence :
” La nation turque est musulmane ” : Histoire, islam et nationalisme, in Groc Gérard (dir.), Formes nouvelles de l’islam en Turquie. Les Annales de l’autre islam, n° 6, Inalco-Erism, Paris, 1999, pp. 327- , 1999
Voir également la série « La Turquie des années 1990 » Le découpage du temps en décennies ou en s... more Voir également la série « La Turquie des années 1990 » Le découpage du temps en décennies ou en siècles, commode, conduit à chercher des spécificités à des unités temporelles qui ne sont que des vues de l'esprit. Beaucoup d'événements et de phénomènes des « années 1990 » ont duré, soit parce qu'il s'agit de tendances de fond, soit parce que leurs conséquences se font toujours sentir : je suis d'accord avec Arlette Farge (Des lieux pour l'histoire, 1997) qui estime que dans l'histoire d'un fait douloureux, les souffrances et les peines subies font partie de l'événement et le font durer.
Jeunes Arméniennes à la manifestation des femmes, Istanbul, 8 mars 2014. Photo E.C. Le 17 février... more Jeunes Arméniennes à la manifestation des femmes, Istanbul, 8 mars 2014. Photo E.C. Le 17 février 2015, Libération publiait un texte de Cengiz Aktar intitulé « La malédiction turque », un texte très important et juste, qui incite les Turcs, après la reconnaissance nécessaire du génocide, à passer à une autre nécessité, celle de reconnaître et d'analyser le trouble qui s'est emparé de l'ensemble de la société turque après 1915, un trouble qui dure, et à propos duquel Aktar propose de « commencer la thérapie collective ».
La rue asphaltée était chose inconnue dans leurs banlieues ; ils venaient visiter, étonnés, ces q... more La rue asphaltée était chose inconnue dans leurs banlieues ; ils venaient visiter, étonnés, ces quartiers qui devaient leur sembler étrangers. Dans les quartiers périphériques, la mer semblait aussi lointaine qu'à Ankara. Le dimanche, à la belle saison, ils venaient la contempler en famille, se pressant sur les rives du Bosphore à Tophane ou Üsküdar. Lorsqu'ils avaient un peu d'argent, ils s'offraient, exceptionnellement, un tour en bateau. Mais on voyait aussi des gens littéralement perdus, des familles sans toit errer dans les rues, prostrées sur les trottoirs, des femmes, des jeunes filles, un enfant dans les bras, enveloppé dans une couverture, n'osant même pas mendier. Des hommes nous accostaient en nous racontant des histoires pathétiques.
Le mardi 17 septembre 1996, vers 23 heures, des coups de feu éclatent à Varto, bourgade du départ... more Le mardi 17 septembre 1996, vers 23 heures, des coups de feu éclatent à Varto, bourgade du département de Mus. Une fusillade très dense s'ensuit, et jusqu'au matin la petite ville semble soumise à une lourde attaque du PKK. Attaque ? Il n'y a qu'un seul mort, un policier, pas de prisonniers ni de tués du PKK, pas d'autres victimes ni de blessés après une fusillade intense qui a duré douze heures.
Trois récits s'opposent sur l'incident qui malgré leurs contradictions dénotent une chose : les « forces de sécurité » font ce qu'elles veulent dans ces petites villes du sud-est.
C'est la première attaque en règle des laïcistes contre le parti islamiste Refah. Fin août 1996, ... more C'est la première attaque en règle des laïcistes contre le parti islamiste Refah. Fin août 1996, le député Refah Fethullah Erbas se rend dans un camp du PKK en Irak pour négocier la libération de prisonniers de l'armée turque. Son initiative, appuyée par la Ligue des droits de l'Homme, est torpillée par la presse laïciste qui le désigne comme "traître", parce qu'il a été photographié sous le drapeau du PKK...
"Le 30 juin 1996, le PKK réussit pour la première fois un attentat-suicide à Tunceli, sacrifiant ... more "Le 30 juin 1996, le PKK réussit pour la première fois un attentat-suicide à Tunceli, sacrifiant une de ses jeunes militantes dont le nom de guerre, Zilan, renvoie aux massacres de 1930. Pourquoi ce mode opératoire ? Pourquoi à Tunceli ? Et surtout, pourquoi sacrifier une jeune femme, la première d'une longue série ?
Ce texte, écrit pour l'essentiel en 2009, est un exposé de mes interrogations sur les méthodes ut... more Ce texte, écrit pour l'essentiel en 2009, est un exposé de mes interrogations sur les méthodes utilisées tout au long de mon parcours de chercheur, entre l'histoire, l'analyse de discours, la sémiologie, la cartographie. Il pose également la question du corpus à examiner, son choix, ses limites...
article initialement publié sur susam-sokak.fr le 29 mars 2014]
Esquisse n° 47 -La Fetih commémorée et la fetih inavouable : une hypothèse Etienne Copeaux [Artic... more Esquisse n° 47 -La Fetih commémorée et la fetih inavouable : une hypothèse Etienne Copeaux [Article publié initialement sur susam-sokak.fr le 17 janvier 2014] La commémoration de la Fetih, avec ses fastes, les défilés militaires, la musique des mehter, les beaux costumes et les discours glorieux, est-elle la célébration impossible de l'islamisation presque complète du territoire au XX e siècle ? (Cet article fait suite à « Erdogan, Erbakan et la prise de Constantinople ») Dernière modification : 18 décembre 2018 Le défilé des janissaires au départ de la porte de Belgrade. Photo Hürriyet, 30 mai 1996
Cet article de décembre 2013, entièrement révisé, ouvre une série sur la signification politique,... more Cet article de décembre 2013, entièrement révisé, ouvre une série sur la signification politique, de nos jours, de la prise de Constantinople. Il traite de la naissance, dans les années 1950, d'un mouvement de fond porté par l'islam politique, qui réclame assidument la réouverture de Sainte-Sophie au culte musulman. Si les deux articles suivants traitent de cette question pour les années 1990, on verra que R.T. Erdogan n'est que le continuateur de ce courant.
Suite de l'étude sur la crise turco-italienne de novembre 1998. L'art de la manipulation des foul... more Suite de l'étude sur la crise turco-italienne de novembre 1998. L'art de la manipulation des foules, l'uniformité des médias, de gauche comme de droite, dans le traitement d'un événement censé faire consensus parmi la population. Et la manière dont cette même presse dissimule les réactions kurdes, et la mort, au cours de son arrestation, de l'instituteur Metin Yurtsever. Mais comme on le verra le football est là pour régler les situations de crise...
C'était trois mois avant la capture d'Öcalan au Kenya, en février 1999.
Taraf Gazetesi, Jul 10, 2012
Texte publié à la demande de la rédaction du quotidien Taraf, pour Büsra Ersanlı, qui était empri... more Texte publié à la demande de la rédaction du quotidien Taraf, pour Büsra Ersanlı, qui était emprisonnée depuis octobre 2011
Eldem, Pekin, Tibet, Anadol (eds), Bir Allame-i Cihan Stefanos Yerasimos (1942-2005), Istanbul, Kitap Yayınevi, 2012, Cilt 1, 209-233 , 2012
Güncel Hukuk. Aylık Hukuk Dergisi, Aralık 2012 / 12 - 108, pp. 16-17
Bora Tanıl (ed.), Modern Türkiye'de Siyasî Düsünce - Cilt 4 - Milliyetçilik, Iletisim Yayınları, s. 44-50, 2002
Defter - Edeboyat, Tarih, Politika, Felsefe. Kıs [hiver] 1998 - Yıl 11 - Sayı 32, 1998
« Bir Haritanın Tarihi - 2 » [Histoire d’une carte - 2], Defter, 33, bahar 1998, pp. 115-122 [inédit en français]., 1998
« GeçmiÒ Yabancı Bir Ülkedir. Tarih Ders Kitaplarında Türklüfiün Temsili » [Le passé est un pays étranger. La représentation de la turcité dans les manuels scolaires d’histoire], entretien avec |. Kaya ∑ahin et Semih Sökmen, Defter, 1998, pp. 90-105 [inédit en français].
Balibar - Borne - Bouineau - Copeaux - Leca - Schnapper, Dersimiz: yurttaslık, Istanbul, Kesit Yayınları, 1998, pp. 167-187
Semih Vaner (haz.), Unutkan Tarih. sovyet Sonrası Türkdilli Alan, Istanbul, Metis Yayınları, 1997, s. 17-51.
Ce texte présenté à l'IFRI en 2014 replace le mouvement de Gezi dans un contexte plus long de con... more Ce texte présenté à l'IFRI en 2014 replace le mouvement de Gezi dans un contexte plus long de contestation de la politique environnementale de la gouvernance AKP, et tente une définition du mouvement par ses propres acteurs. Evoquant les réflexions d'Alain Touraine, il interroge les notions d'objectifs, de mobilisation et de veille sociale opérées par des Sujets "déchirés entre le marché et la communauté", entre l'idéologie de la globalisation et les pouvoirs communautaires, qu'ils soient d'inspiration nationaliste ou religieuse.
Le 30 juin 1996, le PKK réussit pour la première fois un attentat-suicide, sacrifiant une de ses ... more Le 30 juin 1996, le PKK réussit pour la première fois un attentat-suicide, sacrifiant une de ses jeunes militantes. Pourquoi ce mode opératoire ? Pourquoi sacrifier une jeune femme, lapremière d'une longue série ? Après l'évocation de l'événement et de ses signifiants multiples, j'analyserai le processus de "sanctification" de la jeune femme, dans les mois qui
suivent l'attentat, puis au cours des dernières années, où le discours des organisations militaires kurdes font d'elle la fondatrice d'un âge nouveau pour "la femme kurde".
Le discours historique d'inspiration nationaliste, engendré par la Perte, est aussi glorieux que ... more Le discours historique d'inspiration nationaliste, engendré par la Perte, est aussi glorieux que celle-ci est immense. A tel point qu'à force d'évoquer la gloire, les héros et leurs exploits, il exprime en réalité une profonde frustration et un malaise incurable, sauf par la reconnaissance de ce qui est advenu. Pour masquer et refouler le crime originel, il a fallu des constructions rhétoriques et politiques nationalistes imposées par des régimes autoritaires. C'est pourquoi la démocratie ne pourra jamais exister en Turquie tant que la Perte ne sera pas acceptée, et que ce crime sera nié.
L'acceptation des uns par les autres : Ne serait-ce pas cela, le grand djihad, la «magnifique esp... more L'acceptation des uns par les autres : Ne serait-ce pas cela, le grand djihad, la «magnifique espérance» de Jacques Berque?
[Ce texte a été lu dans le cadre d'un panel "Post-Charlie" organisé par Virginie Greene et le Department of Romance Languages and Literatures, Harvard University, 9 avril 2015]
Exposé présenté à l'INALCO (Paris) en 2010
"De l'Adriatique à la mer de Chine". Les représentations turques du monde turc à travers les manuels scolaires d'histoire, 1931-1993. Université de Paris-VIII. Sous la direction de Stéphane Yerasimos. Décembre 1994, 1994
"De l'Adriatique à la mer de Chine". Les représentations turques du monde turc à travers les manuels scolaires d'histoire, 1931-1993. Université de Paris-VIII. Sous la direction de Stéphane Yerasimos. Décembre 1994, 1994
"De l'Adriatique à la mer de Chine". Les représentations turques du monde turc à travers les manuels scolaires d'histoire, 1931-1993. Université de Paris-VIII. Sous la direction de Stéphane Yerasimos. Décembre 1994, 1994
Chapitre huit : L'expression ouverte du kémalisme déroulement chronologique du récit s'interrompt... more Chapitre huit : L'expression ouverte du kémalisme déroulement chronologique du récit s'interrompt pour établir ces relations : le récit laisse la place au commentaire.
"De l'Adriatique à la mer de Chine". Les représentations turques du monde turc à travers les manuels scolaires d'histoire, 1931-1993. Université de Paris-VIII. Sous la direction de Stéphane Yerasimos. Décembre 1994, 1994
"De l'Adriatique à la mer de Chine". Les représentations turques du monde turc à travers les manuels scolaires d'histoire, 1931-1993. Université de Paris-VIII. Sous la direction de Stéphane Yerasimos. Décembre 1994, 1994
"De l'Adriatique à la mer de Chine". Les représentations turques du monde turc à travers les manuels scolaires d'histoire, 1931-1993. Université de Paris-VIII. Sous la direction de Stéphane Yerasimos. Décembre 1994, 1994
"De l'Adriatique à la mer de Chine". Les représentations turques du monde turc à travers les manuels scolaires d'histoire, 1931-1993. Université de Paris-VIII. Sous la direction de Stéphane Yerasimos. Décembre 1994, 1994
« Chronique bibliographique : Dagarcık [La Besace], de Kutlu Adalı », CEMOTI, n° 31, janvier-juin 2001, pp. 291-294., 2001
Ergenekon », un nom mythique très prisé en politique (1997) Etienne Copeaux Depuis l'émergence de... more Ergenekon », un nom mythique très prisé en politique (1997) Etienne Copeaux Depuis l'émergence de l'affaire Ergenekon, nombreux sont ceux, hors de Turquie (et même en Turquie) qui se demandent ce que signifie ce terme et quelle est son origine. Je propose ici un extrait un peu remanié de mon ouvrage Espaces et temps de la nation turque (1997), lui-même tiré de ma thèse « De l'Adriatique à la mer de Chine. Les représentations turques du monde turc à travers les manuels scolaires d'histoire » (1994). On trouvera également d'excellentes précisions dans Wikipedia en anglais : http://en.wikipedia.org/wiki/Ergenekon. Voici la référence à utiliser pour citer ce texte : Copeaux Etienne, Espaces et temps de la nation turque. Analyse d'une historiographie nationaliste, 1931-1993, Paris, CNRS Éditions, 1997, pp. 157-165 Les inscriptions de l'Orkhon : le passé exemplaire des Turcs Au sud du lac Baïkal, mais sur le territoire de l'actuelle Mongolie, coule la rivière Orkhon, affluent de la Selenga, qui se jette dans le lac. Sur les rives de l'Orkhon s'est développée aux VII e et VIII e siècles une culture qui a laissé des vestiges, notamment des stèles sur lesquelles sont gravés des textes en turc ancien et en Chinois. Il s'agit des plus anciennes oeuvres en langue turque, datées par les spécialistes du début du VIII e siècle. Ces textes, très élaborés et très beaux, relatent l'histoire des « Turcs célestes » (Göktürk), une organisation politique dirigée par un « kaghan » (khan ou kagan). Plus exactement qu'un empire, les Turcs célestes auraient contrôlé une zone d'intervention militaire, de razzia, s'étendant depuis les monts Khangaï (lieu supposé des forêts mythiques d'Ötüken) jusqu'à l'ouest chinois, entre la Sibérie et le Tibet, et à certaines périodes de la mer d'Aral à la muraille de Chine.
Copeaux Etienne, Mauss-Copeaux Claire, Taksim! Chypre divisée, Lyon, Aedelsa, 2005, pp. 87-106, 2005
Espaces et temps de la nation turque. Analyse d'une historiographie nationaliste, Paris, CNRS-Editions, 1997, 369 p., 1997
Etienne Copeaux, Claire Mauss-Copeaux, Taksim! Chypre divisée. Lyon, Aedelsa, 2005., 2005
France Arménie, 2023
Interview par Tigrane Yégavian dans France Arménie, mai 2023, à propos de la parution de la nouve... more Interview par Tigrane Yégavian dans France Arménie, mai 2023, à propos de la parution de la nouvelle édition de "Taksim! Chypre divisée" par Etienne Copeaux et Claire Mauss-Copeaux, aux Presses de l'INALCO, Paris
Cela fait 42 ans que la petite île de Chypre porte la division en son sein. D’un côté la Républiq... more Cela fait 42 ans que la petite île de Chypre porte la division en son sein. D’un côté la République Turque de Chypre Nord, autoproclamée, uniquement reconnue par Ankara. De l’autre, au sud, la République de Chypre, membre de l’UE. Pendant plus de trente ans, la ligne de démarcation a été hermétiquement fermée. Aujourd’hui, alors que les négociations en vue de la réunification sont au point mort, de jeunes Chypriotes tentent de créer des ponts entre les communautés. Comment réapprendre à vivre ensemble alors que la justice n’a pas été rendue pour les victimes du conflit ? La réunification est-elle la condition de la réconciliation ? Un reportage d’Angélique Kourounis suivi d’un débat avec Etienne Copeaux, historien spécialiste de Chypre et Sévane Garibian, juriste spécialiste de la justice transitionnelle.
« L'enquête et la photo », in Léa Gauthier (éd.), Suspended spaces n° 01 - Famagusta, Paris, BlackJack Editions/Les Presses du Réel, 2012, pp. 84-97, 2012
Spécialiste du nationalisme turc pour l’un et de la mémoire des conflits pour l’autre, c’est avec... more Spécialiste du nationalisme turc pour l’un et de la mémoire des conflits pour l’autre, c’est avec cette double expérience que nous avons approché la partie nord de Chypre et que nous avons enquêté de 1995 à 2004, alors que sa population n’avait jusqu’alors pratiquement pas été étudiée.
Pour notre enquête, nous avons beaucoup utilisé l’outil photographique, sans préoccupation esthétique. Nous comprenions assez mal, au début, ce que nous observions ; la photo nous aidait à mémoriser, classer et analyser les multiples traces, empreintes, signes visibles dans le paysage chypriote. Toutefois nous n’avons jamais envisagé de faire un reportage photographique sur Chypre ; d’ailleurs, le livre que nous avons publié en 2005 ne comporte aucune photo, et nous n’avons jamais publié ni même présenté nos photos en public. C’est qu’une image extraite de son contexte peut en être très facilement détournée, et la question chypriote étant toujours une plaie ouverte, nous sommes méfiants quant à leur utilisation ou leur simple perception.
Copeaux, Etienne (2008). « Politique et toponymie au nord de Chypre », in De Rapper Gilles, Sintès Pierre, Kaurinkauski Kira, Nommer et classer dans les Balkans, Athènes, Ecole française d'Athènes, 2008, pp. 257-268, 2008
Jusqu'en 1974, la toponymie chypriote était très mêlée et reflétait les cultures qui s'étaient su... more Jusqu'en 1974, la toponymie chypriote était très mêlée et reflétait les cultures qui s'étaient succédé dans l'île. La souveraineté ottomane, à partir de 1571, n'a guère modifié cet état de choses : la marque turque dans ce domaine était très discrète jusqu'au XX e siècle, au point que des villages peuplés de musulmans avaient conservé des noms relatifs à l'hagiographie orthodoxe. Les choses ont changé avec le développement du nationalisme. D è s 1 9 5 8 , l e s n o m s d e s v i l l a g e s m u s u l m a n s o n t é t é systématiquement turquifiés. Un double système onomastique a été en usage, chaque communauté désignant un même village par un nom différent. En 1974, avec l'invasion du nord de l'île par l'armée turque et l'expulsion des Grecs orthodoxes de ce territoire, les toponymes du nord ont tous été changés au profit de noms turcs. Cet article fait le point sur ces deux vagues de modifications, le choix des toponymes par la population, les mouvements nationalistes ou les commissions ad hoc, et sur l'usage actuel qui peut être différent des prescriptions officielles, et peut dénoter chez les habitants une sympathie pour le nationalisme turc ou au contraire une aspiration au retour à la mixité perdue en 1974.
« Kıbrıs : Bugünü Anlamak Için Tarihçi Perspektifinden Bir Bakıs », in ÇAGLA Cengiz, GÜLALP Haldun (haz.), Semih Vaner Anısına. Avrupa Birligi Demokrasi ve Laiklik [Hommage à Semih Vaner. L'Union européenne, la démocratie, la laïcité], Istanbul, Metis, 2010, pp. 166-185.
Cet article, pensé en 2008-2009 et publié en 2010, tente une synthèse des problèmes historiques q... more Cet article, pensé en 2008-2009 et publié en 2010, tente une synthèse des problèmes historiques qui, depuis le milieu voire le début du XX e siècle, ont plongé l'île de Chypre dans une série de malheurs dont elle ne peut, jusqu'à présent (2017) s'extraire.
« Kuzey Kıbrıs’ta Tarih ve Kimlik », in Hasgüler Mehmet (dir.), Kıbrıslılık, Istanbul, Agora Kitaplıgı, 2008, pp. 20-36., 2008
De Rapper Gilles, Sintès Pierre, Kaurinkauski Kira, Nommer et classer dans les Balkans, Athènes, Ecole française d'Athènes, 2008, pp. 257-268, 2008
« Une épave surchargée de politique », in S. MÜLLER CELKA et J.-C. DAVID, Patrimoines culturels en Méditerranée orientale : recherche scientifique et enjeux identitaires : Chypre, une stratigraphie de l’identité. Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Lyon, 2007., 2007
L'instrumentalisation politique d'une découverte archéologique à Chypre, l'épave d'un bateau de l... more L'instrumentalisation politique d'une découverte archéologique à Chypre, l'épave d'un bateau de l'époque hellénistique
Dividing Past and Present. The 'Green Line' in Cyprus 1974-2003, in Brandell, Inga (ed.), State Frontiers. Borders and Boundaries in the Middle East, London, New York: I.B. Tauris, 2006, pp. 33-51, 2006
« Chronique bibliographique : Dafiarcık [La Besace], de Kutlu Adalı », CEMOTI, n° 31, janvier-juin 2001, pp. 291-294., 2001
Kutlu Adalı, journaliste chypriote assassiné en 1996, avait publié ses "Chroniques villageoises" ... more Kutlu Adalı, journaliste chypriote assassiné en 1996, avait publié ses "Chroniques villageoises" écrites entre 1961 et 1963. Publiées sous le titre Dagarcık, ces articles nous présentent une face inconnue, rurale, au plus près de la terre et de la population musulmane de Chypre. C'est un témoignage qui n'a pas d'équivalent dans la littérature sur Chypre.
This paper presents an analysis of the main chronicles in the Turkish press in 1996-1997, and poi... more This paper presents an analysis of the main chronicles in the Turkish press in 1996-1997, and points out the existence of two main discourses.